
Georges Gastaud dirige le secteur Etudes et prospective du PRCF. Initiative Communiste lui a demandé de commenter ce tumultueux début d’été politique et géopolitique.
Initiative Communiste : Comment vois-tu l’évolution de la situation internationale après les multiples actions menées par Kiev sur le sol russe ?
Georges Gastaud : En raison même des avancées russes de plus en plus rapides sur le terrain et des actes désespérés tentés par le camp ukro-otanien aux abois, la situation est hélas plus grave qu’elle ne l’a jamais été. D’une part les pourparlers d’Istambul sont bloqués, non par l’ « intransigeance russe », comme le serinent les médias, mais par le fait que le régime jusqu’au-boutiste de Kiev, vassal de l’UE-OTAN et otage volontaire des milices nazies qui pullulent en Ukraine, fait tout pour saboter la paix avec l’engagement de plus en plus déraisonnable des Starmer, Macron et autre Merz. Très vraisemblablement avec l’aide active des services secrets européens (et/ou français? Un député digne de ce nom osera-t-il poser la question au gouvernement?), l’opération « Toile d’Araignée » assortie de multiples attentats clairement terroristes (Pont de Crimée, tentative d’abattre l’hélicoptère de Poutine, attentats à la voiture piégée, déraillement de trains transportant des civils, etc.) vise à ridiculiser les pourparlers d’Istambul. Plus gravement encore, la destruction au sol d’avions russe de la flotte nucléaire stratégique constitue une tentative de sabotage délibéré, quoiqu’indirect, du Traité russo-américain faisant obligation aux deux superpuissances de parquer leurs avions stratégiques à l’air libre pour qu’ils soient repérables à tout moment par les satellites-espions de l’adversaire. Si les Américains sont impliqués dans ces opérations de sabotage à grande échelle, cela prouve le double jeu de Trump et même sa félonie car il a alors violé délibérément un traité dont il ne s’était pas retiré. Si Trump n’était même pas au courant, qu’il le dise et le prouve très vite car avec ce mode de fonctionnement, les nerfs de chacun sont chauffés au rouge. Ce ne serait du reste qu’à demi rassurant que le Maître suprême de l’axe euro-otano-kievién n’eût pas été informé, car cela prouverait que, incapable de contrôler ses vassaux ukro-européens, il ne domine plus rien et qu’il est donc un interlocuteur de moins en moins fiable pour les Russes, les Chinois, les Iraniens, les Coréens, etc.
La pire des situations, du moins pour ceux des Français qui s’intéressent à autre chose qu’à leurs affaires privées et qui ne sont pas candidats au suicide national, ce serait qu’il fût établi que les services français ont prêté la main de près ou de loin à cet acte de guerre majeur contre la Russie (l’opération Araignée) alors même que le Parlement français n’a jamais été saisi d’une déclaration de guerre à la Russie et que, dans sa masse, le peuple français ne veut à aucun prix d’une guerre nécessairement mondiale et exterminatrice entre nos deux peuples, alliés en 1914 et en 1945. En un sens, on peut dire que l’épicentre du bellicisme-exterminisme s’est décalé vers notre pays, dont l’euro-dissolution en cours dégage de mortelles toxines, d’autant plus que Macron ne se survit plus politiquement que par la guerre et pour la guerre. Cette situation est pour nous une honte et un danger majeurs car les agissements de Macron à l’échelle mondiale feraient évidemment de l’Hexagone la cible prioritaire des armes stratégiques russes si un conflit s’embrasait officiellement entre Paris et Moscou.
L’heure n’est pourtant pas à trembler, ni à s’occuper de n’importe quoi sauf d’agir pour la paix, mais il faut, dans toutes nos discussions, s’engager personnellement pour la paix mondiale, associer centralement cette cause décisive à toutes nos actions de terrain, montrer le lien de chacune d’elles avec l’ensemble des sujets sociopolitiques du jour, salaires, services publics, produire en France, etc. Si la paix mondiale est préservée, l’hégémonisme euro-atlantique déjà très ébranlé (d’où son extrême agressivité!) sera défait à moyen termes et les luttes anti-impérialistes des peuples deviendront irrésistibles de même que les luttes anticapitalistes de la classe ouvrière et des classes populaires. Si ce n’étaient finalement pas le cas, les horreurs de la Seconde Guerre mondiale seraient surpassées par celles qui nous menacent, y compris par la perspective d’une « guerre d’anéantissement général » que l’ex-Première Ministre anglaise Liz Truss, disait envisager froidement pour prix d’une victoire sur la Russie: au fond, ne l’oublions jamais, derrière leurs allures hyper-policées, les gens qui nous gouvernent sont majoritairement des fanatiques : et ils s’en vantent ouvertement puisqu’ils se flattent de n’avoir pas de « lignes rouges » !
Initiative Communiste : Gaza est actuellement en proie à un génocide de moins en moins dissimulable. Comment mieux mobiliser les travailleurs pour sauver le peuple palestinien de l’énorme purge ethnique assortie de famine organisée qu’il endure ?
Georges Gastaud : L’horreur est devenue si grave et visible que tout un tas de sales types qui, chez nous, avaient d’abord soutenu le méga-tortionnaire Netanhyahou, commencent à dire hypocritement en public: « trop c’est trop! ». Non parce que les massacres de femmes, d’enfants, de personnes malades, de travailleurs humanitaires, de journalistes, d’écrivains, les horrifient réellement, mais parce que cette engeance comprend soudain que, plus tôt que tard, on parlera dans les livres d’histoire du « génocide israélien de Gaza » et qu’alors, ceux qui se seront tus jusqu’au bout, ceux même qui, comme le célèbre « mendiant de l’amour » Enrico Macias, auront appelé à « dégommer » les militants de gauche pro-palestiniens en France, apparaîtront pour la postérité comme ce qu’ils sont: des complices de crimes de masse contre l’humanité.
J’ai récemment commis une vidéo parue sur le site du PRCF et intitulée « Gaza, ce Guernica des temps modernes ». A Guernica, qu’a jadis immortalisée la fresque de Picasso, les fascistes allemands alliés à Franco contre la République espagnole ont anéanti un village basque pro-républicain; ce faisant, ils ont affiché l’exterminisme nazi à l’international tout en préparant à la face du monde l’agression mondiale de 39/45, avec à la clé les camps d’extermination et les milliers d’Oradours commis par la Wehrmacht et autres milices de Bandera contre les populations russe, polonaise et biélorusse. A l’époque déjà, le « socialiste » Léon Blum qui dirigeait la France a opté pour la « non-intervention en Espagne », la Banque de France refusant même de rendre son or à la République espagnole étranglée et l’Union soviétique étant la seule à livrer des armes aux Républicains pendant que l’Internationale communiste mettait en place les Brigades d’Espagne*. Eh bien ce qui se passe à Gaza ne concerne pas seulement le peuple palestinien, ni même la cause plus globale de l’anti-impérialisme au Proche-Orient. Non, ce qui se décide à Gaza aujourd’hui comme ce qui se jouait avant-hier à Guernica, c’est bien le sort global de l’humanité : Gaza est un banc d’essai de cet exterminisme largement caractéristique de l’Axe euro-atlantique (dont le régime israélien est l’un des fers de lance avec l’Ukraine) qui, demain, menacera toute l’Humanité et qui, dès aujourd’hui, sape l’humanité de chacun puisqu’une humanité qui laisse froidement « faire ça » à des milliers de gens sans défense, renonce à toute dignité pour elle-même et se placera demain veulement sous le couteau du boucher impérialiste global. C’est pourquoi il ne suffit plus de se dire « solidaire des Palestiniens », si nécessaire que ce soit; il faut clamer que laisser égorger le peuple palestinien aujourd’hui, c’est préparer l’anéantissement de l’Humanité demain. Il ne s’agit pas seulement d’une question morale, à Gaza se joue l’autoconservation du genre humain tout entier. En effet, géopolitiquement, c’est un seul et même front mondial – celui qui serpente de la Baltique à la Péninsule coréenne en passant par le Donbass, le Proche-Orient et l’Iran, le Détroit de Taiwan et la Mer de Chine, voire le Cachemire où certains sont sûrement très content de voir s’entredéchirer des Etats membre ou sympathisant des BRICS. Partout, ce jusqu’au-boutisme oppose directement ou indirectement (y compris, en strangulant Cuba socialiste et le Venezuela bolivarien, ou en favorisant les pratiques génocidaires du sieur Kagamé à l’encontre du Congo démocratique) l’hégémonisme euro-atlantique, ce fauteur de guerre mondiale, à l’ensemble des peuples désireux de vivre une ère nouvelle de coopération internationale et de respect des souverainetés. De même que nous nous défendons nous-mêmes en défendant Cuba socialiste, de même défendre Gaza contre l’odieuse « Tsahal » (sic), c’est défendre toute l’humanité et l’humanité de chacun. Y compris la mémoire toujours hurlante de millions d’enfants juifs, tziganes, russes, etc. exterminés jadis par les nazis.
De ce point de vue, combien sont inconséquents les défenseurs français de Gaza qui, tout en dénonçant le méga-tortionnaire Netanyahou, encensent son grand ami Zelensky sans comprendre que c’est la même « ligne de front », le même grand Rift géopolitique mondial, qui traverse le Donbass, qui déchiquète le Proche-Orient et qui menace demain d’embraser l’Asie-Pacifique.
A cet égard, l’annonce par les dockers de Fos qu’ils ne chargeraient pas les armes destinées à Haifa pour massacrer les Palestiniens est d’une extrême importance car l’arme principale pour défendre la paix s’appelle le combat de classe internationaliste.
Initiative Communiste : Comment vois-tu le devenir de l’Union européenne en ce 20ème anniversaire du Non français à la Constitution européenne?
Georges Gastaud : Définitivement arrimée à l’OTAN au moyen de la funeste « armée européenne » en gestation, frénétiquement surexcitée par Charlemagne Macron qui se voit déjà en premier président du futur Etat fédéral européen, offerte en réalité à la domination régionale aggravée de l’impérialisme allemand massivement réarmé, l’UE est d’autant plus belliciste et fascisante qu’elle est de plus en plus rejetée par les peuples européens comme on le voit, de manières très diverses et souvent très déformée hélas, au fil des dernières élections en Europe de l’Est: les candidats européistes y sont battus ou « réélus » dans des conditions hautement suspectes (Moldavie, Roumanie, Pologne…).
Agressivité sans « lignes rouges » d’une part, car les dirigeants européens conduits par le trio létal Starmer/Merz/Macron sont désormais plus atlantistes que les Américains eux-mêmes: en Ukraine, ils poussent au torpillage des négociations d’Istambul (hormis les méchantes gens de quelques salles de rédaction, chacun comprend que le « cessez-le-feu inconditionnel » voulu par Zelensky et par les dirigeants européens signifie seulement: stopper l’offensive russe dans le Donbass pendant que Kiev se réarme pour contre-attaquer), appeler à la guerre à outrance, aider Kiev à frapper en profondeur le territoire russe, provoquer la guerre totale avec la Russie, voire avec la Chine populaire comme l’a déclaré la « diplomate » européenne Kaja Kallas (2). C’est aussi marcher objectivement, qu’on le veuille ou pas consciemment, vers la guerre d’extermination en espérant que les Américains seront forcés de défendre leur provoquants alliés européens, pour ne pas dire les euro-provocateurs. Mais bien entendu, les Russes, les Iraniens, les Nord-Coréens ne resteraient pas l’arme au pied dans cette hypothèse et l’on assisterait alors à une tout autre « lutte finale » qu’à celle qu’annonce le fraternel refrain universaliste de l’Internationale…
Si irrationnelle qu’elle d’un point de vue simplement humain, cette agressivité européenne est profondément politique et « rationnelle » d’un point de vue… capitaliste et impérialiste. En effet, les dirigeants de la France oligarchique et de la RFA impériale en voie de réarmement accéléré se voient déjà en « Europe-Puissance » mondiale; or c’est d’autant plus absurde que, pour se réarmer, les Etats européens se sont engagés auprès de Washington à dépenser jusqu’à 5% de leur PIB… pour acheter… des armes américaines, bien évidemment! En réalité, la triade Starmer-Macron-Merz prétend s’affranchir des USA par l’acte même qui accroîtra finalement sa dépendance à l’égard de l’Oncle Sam !
Quelle absurdité que tout cela, alors que le mouvement des BRICS en extension rapide, que la fin probable, voire imminente, de la domination planétaire du dollar (et, par la même occasion, de la domination continentale de l’actuelle zone euro-mark?), que la mise en place des « Routes de la soie » ouvertes par principe à tout Etat de la planète qui le souhaiterait (y compris à la France!), permettraient au contraire à l’humanité de régler de manière coopérative les problèmes sociaux, culturels et environnementaux qui menacent sa survie et qui plombent son développement! S’agissant de la France, qui se délite à l’intérieur du carcan européen, cette prise en compte bien comprise des tendances planétaires aux multilatéralisme permettrait à notre pays de rompre enfin avec son tête-à-tête économique délétère avec la RFA pour, de nouveau, produire en France pour commercer à égalité avec tous les pays de tous les continents !
Pour autant il ne faut pas perdre de vue l’autre aspect de la contradiction: le rejet populaire de la « construction » européenne. Parce que le climat idéologique mondial est actuellement réactionnaire (depuis la chute de l’URSS, « le vent d’Ouest domine le vent d’Est« , pour inverser une formule de Mao), et plus encore parce que le lamentable antisoviétisme de confort (3) régnant à gauche a rendu nombre de PC morbidement arrimés à la social-démocratie (dont le PCF, hélas!) totalement impuissants à assumer le patriotisme populaire
sur des bases de classe, ce sont souvent les mouvements populistes de droite ou d’ultra-droite fascinés par Trump qui portent (et dévoient) pour le moment la protestation anti-UE. Sur des bases totalement inadéquates, faut-il le dire, et plus ou moins empreintes de xénophobie glauque, de misogynie rance, voire de haine antimusulmane assumée selon les pays. Il n’empêche que, en Moldavie, en Géorgie, en Roumanie, en Pologne, les partisans de l’UE essuient de lourdes défaites (ou de très forts reculs) et que le moins qu’on puisse dire, c’est que les peuples, principalement les classes populaires, NE CONSENTENT PAS à la marche vers une guerre antirusse continentale à laquelle voudraient les livrer les eurocrates, Macron en tête. En France même, un sondage récent révèle que, si les Français devaient voter à nouveau sur la constitution européenne, ils seraient encore plus nombreux qu’en 2005 à voter Non… Il reste certes encore beaucoup à faire pour expliquer à la jeunesse, que l’école et les médias euro-formatent et américanisent de 100 façons depuis l’enfance (avec en particulier le gavage au tout-anglais sur tous les plans), que, non, l’UE n’est pas une « belle opportunité » pour les jeunes: sur le fond, elle est une marche au suicide collectif! De même, l’euro ne nous « protège » de rien, et surtout pas des euro-privatisations en marche (SNCF, Poste, EDF…), de l’austérité salariale et des délocalisations. De même, la marche vers un monde de coopérations internationalistes et égalitaires ne passe aucunement par l’introuvable « Europe sociale, pacifique et écologique » chère à la social-démocratie en déclin continental, mais par un Frexit progressiste rouvrant à la France, et à tout pays qui voudrait la suivre, l’accompagner ou la précéder, la perspective d’un socialisme-communisme de nouvelle génération. Un socialisme que l’Etat fédéral européen d’essence fascisante et contre-révolutionnaire porté par l’hyper-dangereux Macron aurait au contraire pour fonction principale de forclore !

Initiative Communiste : Comment caractériser le gouvernement Bayrou en termes sociopolitiques ?
Georges Gastaud : C’est un gouvernement « réactionnaire sur toute la ligne » pour emprunter une expression de Lénine. Hystériquement belliqueux et euro-fédéraliste (sur quel mandat du peuple, d’ailleurs?), grossièrement xénophobe et antimusulman, antisocial au dernier degré comme le montrent à la fois le projet de « TVA (ANTI-)sociale » visant les couches populaires, la passivité dont il fait montre à propos des délocalisations et les coupes claires dans les budgets sociaux. En réalité, ce gouvernement est dominé par la personnalité inquiétante d’un Retailleau qui, derrière son étiquette mensongère de « Républicain », se comporte en variante à peine modernisée de la Chouannerie, son projet étant de « faire du RN sans le RN » en attendant d’ouvrir son offre politique, dès qu’il le sentira possible, à toute la droite de Macron à Marion Maréchal en passant par Bardella et Le Pen. L’avenir dira vite s’il est exagéré de qualifier le climat politique installé par ce gouvernement de « préfasciste » (hélas, on peut craindre que non!), mais chacun peut déjà constater la nature ultraréactionnaire d’un gouvernement qui, à défaut de revenir si peu que ce soit sur la contre-réforme des retraites, d’instituer la proportionnelle aux élections et d’en finir avec les privilèges dangereux de l’enseignement privé (terrifiante affaire Bétharam !), passe son temps à édicter des mesures d’exception contre les mouvements de défense de la Palestine tout en stigmatisant directement ou insidieusement « les musulmans ».

Initiative Communiste : Comment combattre efficacement ce gouvernement de la réaction ?
Georges Gastaud : Tout d’abord, en faisant l’exact contraire de ce qu’a fait la Gauche établie en gaspillant très l’élan résultant de sa surprenante semi-victoire aux législatives. D’abord en effet, LFI qui était la force motrice à gauche n’a rien trouvé de mieux à faire que de recycler
le PS moribond au moyen d’un prétendu « nouveau Front populaire ». Bien évidement, ledit PS n’a eu de cesse, une fois qu’il fut revenu en force au Parlement, de torpiller le projet LFI de destitution de Macron, de participer à la criminalisation de son ex-partenaire électoral et de relégitimer ce président démonétisé en allant
à tout moment dialoguer avec lui. De même le PS a-t-il plusieurs fois sauvé Bayrou en boudant (à l’unisson du RN…) les motions de censure déposées par LFI, qu’on peut au moins créditer de sa combativité. Ne parlons pas des Verts, passés du neutralisme pacifiste des années 80 à l’ultra-bellicisme antirusse actuel (le nucléaire civil, c’est crade, mais quoi de plus écolo que la guerre nucléaire, n’est-ce pas?). Ni de la clique du dangereux Raphaël Glucksmann, ce digne rejeton du défunt « philosophe » exterministe André Glucksmann qui, fanatiquement opposé au camp socialiste des années 80, et à l’unisson de Ronald Reagan, prêchait déjà la guerre nucléaire antisoviétique au risque assumé de risquer une « seconde mort de l’humanité » dans un livre de 1984 justifiant l’implantation en Europe des fusées Pershing II américains. Jusqu’à la disparition « exhaustive » de l’humanité dans « un échange de Pershings et de SS 20″… Et dire que des gens qui se croient de gauche, et qui parfois citent Jaurès (à contresens!), soutiennent ce va-t-en-guerre sans scrupules qu’un Rufin croit même décent d’inclure dans une future « primaire de la gauche de Poutou à Hollande »…

Soumis sur sa gauche à la pression des militants syndicaux de classe qui reprennent le juste slogan du PRCF « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre!« , le PCF de Roussel déclare enfin lancer une grande campagne pour la paix. Acceptons-en l’augure, mais rappelons qu’il n’en a pas moins voté les crédits de guerre pour l’Ukraine le 30 novembre 2023 en tant que député. Il faudrait en outre qu’il nous explique comment il pourra nationaliser la sidérurgie française en difficulté (détruite par l’UE depuis des décennies), préserver les acquis sociaux et augmenter les revenus du Travail (tous comprimés au nom de l’euro: salaires, retraites, remboursements maladie, indemnités chômage…) sans sortir de l’UE et de sa maudite monnaie unique synonyme d’austérité à perpétuité.
Quel désastre par ailleurs que ces états-majors confédéraux totalement impotents qui, tous affiliés à la Confédération Européenne des Syndicats (cette courroie de transmission « syndicale » de Bruxelles), se montrent incapables de rompre avec la CFDT jaune ! Elle a pourtant mené au désastre le mouvement pour les retraites et elle continue de cautionner le « conclave » gouvernemental bidon alors même que les hauts fonctionnaires du « COR » (qui ne risquent certes pas de se tuer au boulot!) prétendent même désormais aller plus loin encore que la retraite à 64 ans ! Mais après tout, dans cette belle Europe démocratique que nous chante à divers degré la gauche établie, n’avons-nous pas l’exemple du Danemark, dont les députés viennent de reporter l’âge de départ à 70 ans? A ce rythme, ce n’est plus la retraite des vieux qu’on nous annonce, mais la retraite des morts comme on disait au début du XXème siècle !
A l’inverse, le PRCF et les militants syndicaux qu’il fréquente, cheminots, métallos, chauffeurs de car, dockers, hospitaliers, enseignants, étudiants, oeuvrent à la relance du syndicalisme de combat et prônent la construction d’un grand mouvement « tous ensemble en même temps » sur la base de la construction démocratique d’une plateforme revendicative nationale fédératrice. Un mouvement capable de bloquer le profit capitaliste, de stopper l’économie européenne à flux tendus transitant par l’Hexagone, d’organiser une grève reconductible déterminée, interprofessionnelle et digne de ce nom. Tout cela sans épargner ni Macron, ni l’ « économie de guerre » impérialiste, ni la « construction » européenne dont la vraie signification de classe est de détricoter les acquis populaires de 1906, 1936, 45 et 68 !

Il faut notamment que le lien soit systématiquement fait dans les luttes entre la défense des conquêtes sociales, celle de l’indépendance nationale et celle de la paix mondiale. En ce sens, redisons que le slogan de masse soumis au mouvement ouvrier par le PRCF « L’argent pour les salaires, pas pour la guerre! » est appelé à retentir de plus en plus fort dans les manifs ouvrières.
Initiative Communiste : Quelles perspectives pour le PRCF ?
Georges Gastaud : On peut dire, sans « gonflette » aucune, que le PRCF et la JRCF sont en dynamique ; chose rassurante pour les vétérans communistes dont je fais désormais partie, la majorité des adhésions qui parviennent au Pôle (et, par définition, à la JRCF!) émane de plus en plus de la jeunesse. D’ores et déjà, le PRCF est fort d’une analyse théorique, philosophique, historique, économique, géopolitique, économique, politique, syndicale, effectuée à la lumière du matérialisme dialectique et affinée par sa direction nationale, par ses organisations locales et par ses commissions nationales de travail (Luttes, International, Philo, économie, Histoire, Culture, Condition féminine, Santé, Education…). Le Pôle a récemment
rénové de fond en comble son journal Initiative communiste, il publie une revue théorique de qualité (Etincelles), anime quotidiennement la bataille politique sur son site national, a fortement dynamisé et approfondi son travail organisationnel avec l’aide de tous, jeunes et anciens et il soutient les activités des « Cafés marxistes » et de l’Université Ch’ti Guevara du Nord-Pas-de-Calais. Le PRCF a aussi aidé la JRCF à devenir récemment une organisation de plein exercice. Il a participé récemmentà d’importantes réunions internationalistes à Cuba, en Russie, en Allemagne, en Irlande, en Afrique et en Grande-Bretagne et il prépare démocratiquement sa VIIème conférence nationale prévue pour le printemps 2026 en Bourgogne. Tout récemment, le Pôle a dynamiquement organisé ou coorganisé des rassemblements pluriels pour un 8 mai 2025 de lutte (Paris, Lens, Marseille, Toulouse, Bordeaux) ou pour un combatif anniversaire du Non à la constitution européenne (Paris) avec ses partenaires du PARDEM, du RPS-FIERS et de la Dynamique constituante.
Porteur d’un grand projet de socialisme-communisme de nouvelle génération indissociable de la défense éclairée du legs de l’Internationale communiste, des pays socialistes, de la Résistance antifasciste et des luttes anticoloniales du PCF marxiste-léniniste de naguère, le PRCF entretient des relations constructives avec des organisations démocratiques favorables au Frexit progressiste.

Le PRCF tend aussi la main aux communistes qui, quel que soit leur (non-) appartenance organisationnelle actuelle, veulent loyalement construire une Convergence d’Action Communiste. Avec l’approfondissement de la recherche théorique, cela est nécessaire pour que renaisse au plus vite le Parti communiste de combat dont les travailleurs de France, la Nation et la paix ont le plus grand besoin depuis que, hélas, le PCF actuel, désormais enchaîné par ses chefs au PGE social-européiste, s’est irréversiblement engagé dans la voie délétère de sa « mutation » antiléniniste, socialo-dépendante et euro-compatible.
ENTRETIEN AVEC GEORGES GASTAUD, DIRECTEUR D’INITIATIVE COMMUNISTE – réalisé le 4 juin 2025
Crédit Entretien avec Georges Gastaud – image d’illustration – IC – d’après IA.