
Tant à l’échelle mondiale qu’à l’échelle française, les affrontements sociopolitiques parviennent à des points de bascule, ce qui donne de grandes responsabilités internationales et nationales à tous les militants révolutionnaires et progressistes.
POINTS DE BASCULE
Par Georges Gastaud, responsable du Secteur Etudes et Prospective du PRCF – 31 juillet 2025.
Sur le plan international, le rassurisme n’est pas de saison
Sur le plan international, le « rassurisme » n’est pas de saison et ceux qui vendent les plumes de l’Aigle états-unienne avant de l’avoir abattue, par ex. en annonçant prématurément le triomphe assuré des BRICS sur l’hégémonisme euro-atlantique, ne rendent pas service au mouvement populaire. Au contraire, le peuple travailleur doit intervenir bien plus fortement qu’aujourd’hui pour défendre la paix. Certes, Trump a, dans un premier temps, plutôt décéléré à propos de l’Ukraine. Non pour servir la paix, car l’impérialisme US devenu hégémonisme planétaire ne saurait changer de nature et le soutien débridé que Trump apporte, avec l’UE, Allemagne en tête, au génocideur Netanyahou, prouve que l’exterminisme est un trait de plus en plus affiché du capitalisme-impérialisme contemporain. En réalité, même s’il est vrai que Trump aimerait se dégager en partie du bourbier ukrainien pour pouvoir recentrer l’US Army sur le choc militaire à venir avec la Chine, la politique ukrainienne du président états-unien consiste, sans lâcher l’OTAN ni exclure un engagement militaire direct contre la Russie, à:

- européaniser la « guerre par procuration » opposant « Kiev » à Moscou,
- orcer les dirigeants européens à augmenter massivement leur budget militaire (c’est chose faite!) et à assumer de facto les dépenses et les principaux risques liés à l’engagement européen de l’OTAN
- les faire « tirer les marrons du feu » en Ukraine au profit de l’Oncle Sam (qui vient de faire main basse sur les terres riches d’Ukraine, quel grand « patriote ukrainien » que ce Zelensky !),
- sommer les alliés européens de Washington de passer de juteuses commandes d’armement aux trusts US pour équiper à prix d’or la prétendue « armée européenne »,
- laisser Macron transformer l’ex-« parapluie nucléaire français » construit par de Gaulle en un paratonnerre attirant prioritairement sur nous d’éventuelles représailles nucléaires russes,
- plomber définitivement la croissance du rival/vassal européen (et surtout, du concurrent industriel allemand)…
- saisir le levier ukrainien pour imposer latéralement, mine de rien, d’énormes tarifs douaniers acceptés par l’UE et qui vont déboucher chez nous sur de nouveaux licenciements massifs…

Pire, Trump annonce qu’il va bientôt surenchérir sur le 18ème « paquet de sanctions » anti-russes décrété par l’UE et qu’il va imposer d’énormes sanctions « secondaires » aux BRICS s’obstinant à commercer avec la Russie; bref, l’Aigle MAGA se mue en méga-vautour et en rajoute sur les lois extraterritoriales américaines frappant déjà Cuba et le Venezuela bolivarien. Comment alors éviter, à moins que les BRICS ne se fissurent à cette occasion à l’instigation du très social-démocrate Lula, une conflagration majeure entre l’Ouest global et l’Est global puisque le but avoué des super-sanctions euro-américaines est rien d’imposer un « changement de régime » à Moscou et à Pékin en provoquant dans ces pays l’équivalent du chaos mafieux qu’avait suscité en 1991 le triomphe de la contre-révolution sous influence impérialiste que résument en Russie les noms honnis de Gorbatchev et d’Eltsine?
Tout montre ainsi, quelles que soient les éventuelles phases à venir d’accalmie tactique ou de relance brutale du conflit ukrainien, que, Trump ou pas Trump, la marche au « conflit de haute intensité » annoncé par l’OTAN et par l’état-major français à sa botte demeure la ligne stratégique de l’hégémonisme euro-atlantique: la faille tectonique mondiale qui court de la Baltique à la Péninsule coréenne en passant par le Proche-Orient et la Mer de Chine, ne cesse ainsi de se creuser ; son enjeu n’est rien moins que le maintien et l’aggravation de l’hégémonisme occidental sur le monde, avec en prime, de terribles ravages sociaux pour les travailleurs du monde entier, ou bien l’émergence d’une nouvelle multipolarité fondée sur la « dé-dollarisation » de l’économie mondiale et sur la possibilité enfin offerte aux peuples du Sud (Afrique, Amérique latine) et de l’Asie, voire de l’Europe de l’Est et du Sud (dont fait de plus en plus partie la France en plein déclassement géopolitique), d’échapper à l’ordre inique issu de la victoire remporté en 1989/91 sur l’URSS par le bloc atlantique et sur ses relais russes d’alors, dirigeants félons du KGB en tête…

Certes les BRICS sont hétérogènes socio-politiquement, et nul ne prétend par ex. que les grands bourgeois qui dirigent directement ou indirectement le Brésil, l’Inde, l’Indonésie ou la Russie, ne soient pas, eux aussi, des suppôts de l’exploitation capitaliste, voire pour certains, des candidats à une nouvelle domination planétaire si l’occasion s’en présentait pour eux après-demain. Mais la structure planétaire actuelle du capitalisme-impérialisme mondial est ainsi faite que le bloc euro-atlantique « agrémenté » du régime israélien d’apartheid (lequel martyrise Gaza tout en outrageant la mémoire des victimes juives du nazisme) est présentement l’ennemi principaldes peuples si bien que sa défaite ne manquerait pas de relancer mondialement la lutte anticapitaliste du prolétariat. Déjà, la classe ouvrière est repartie à la contre-attaque gréviste en Inde, aux USA, en Grande-Bretagne, au Québec, au Mexique, au Bangladesh, en Corée du Sud, voire dans certains pays d’Europe de l’Ouest (grèves générales ces derniers temps en Grèce, Italie et Belgique). En effet, il n’y aura ni paix durable, ni développement co-planifié des peuples, ni transition écologique réussie dans le cadre du capitalisme s’adonnant à la quête effrénée du profit maximal. Tôt ou tard, les peuples, classe ouvrière en tête, devront se poser la question d’un socialisme-communisme de nouvelle génération libérant l’humanité de l’oppression nationale, de la casse environnementale, de l’exploitation de classe et de l’assujettissement d’un sexe par l’autre: il ne s’agit pas là d’une « belle utopie » car, sans la victoire du socialisme, l’humanité pourrait ne pas survivre à ce capitalisme devenu multidimensionnellent régressif sous son masque « geek » et « novateur »…
Bref, à moyen et à long termes, l’avenir pourrait redevenir souriant pour la jeunesse du monde car d’ores et déjà la « majorité mondiale » ne supporte plus l’oppression euro-atlantique et des suites comme le montre l’isolement mondial d’Israël, le refus du néocolonialisme en Afrique, les votes massifs à l’ONU contre le blocus de Cuba. Encore nous faut-il franchir le cap de l’immédiat, c’est-à-dire déjouer les plans de l’impérialisme euro-atlantique visant à stranguler la paix mondiale et à détruire l’un après l’autre les pays susceptibles de faire obstacle à l’oligarchie occidentale
D’autant que, contrairement à son attente, l’hégémonisme euro-occidental marque le pas partout : en Ukraine, l’armée de Kiev et ses bataillons de choc néonazis sont proches de l’écroulement face à la tactique d’usure pratiquée par l’armée russe. Face à la Marine US qui patrouille de la Mer de Chine à Taiwan, la marine chinoise monte en puissance et « marque à la culotte » l’ennemi déclaré. Non seulement Pyongyang ne tremble pas devant les manœuvres nucléairement armées que mènent à proximité de son littoral les Marines américaines et sud-coréennes, mais c’est à Séoul (Corée du Sud) que le
fascisant régime en place est tombé face à l’insurrection de la jeunesse préparée par la grève de Samsung. Cuba, dont la population est descendue dans les rues derrière le président Diaz-Canel pour défendre le socialisme (sous le slogan « la rue est aux révolutionnaires! »), vient d’être intégrée aux BRICS, ce qui constitue un pied de nez à Trump. Chez nous, les lettres ouvertes d’officiers condamnant la politique militaire de Macron se succèdent, et surtout, les débardeurs de Roissy ou de Marseille donnent l’exemple en refusant de charger du matériel militaire destiné à l’armée génocidaire de Netanyahou !
Que faire à l’échelle française ?

Français, nous portons une responsabilité particulière, voire centrale, dans la défense de la paix. En effet, Macron et le bloc ultraréactionnaire qui le soutient sur le plan diplomatico-militaire avec le renfort offensif du PS et des Verts (*) sont aujourd’hui les fers de lance de la marche à la guerre ; c’est en effet à Paris que siège la « Conférence des volontaires » qui prétend envoyer
en Ukraine un corps expéditionnaire franco-anglais, voire allemand, au risque de déclencher… la Troisième Guerre mondiale; et, dans la foulée, car les Russes ne resteront pas les bras ballants, la possible atomisation de la population française! Le front de la paix passe donc centralement par Paris. Il ne s’agit pas seulement d’activer le mouvement de défense de la paix, mais de le lier étroitement au mouvement populaire qui monte contre l’inique plan Bayrou. Politiquement, il faut aussi dessiner au plus tôt une large ALternative pacifique, populaire et patriotique retirant notre pays de cette UE-OTAN qui nous mène au suicide sur tous les plans avec le soutien direct ou discret selon les moments de l’ultra-réaction Retailleau/Ciotti/Le Pen: qui ne saisit en effet que, en cas d’échanges nucléaires entre la France et la Russie, notre peuple est sûr de disparaître de la scène historique, si ce n’est du nombre des vivants? Dès lors, qu’y a-t-il de plus patriotique que d’appeler le monde du travail et la jeunesse à assumer centralement la paix, l’indépendance nationale, le progrès social et la démocratie? Comme le clament les affiches du PRCF et de la JRCF, « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre! », « Europe atlantique ou monde pacifique, il faut choisir! », « Brisons les chaînes de l’Union européenne » et « Les jeunes veulent vivre! »…
Comment ne pas voir en outre que les 44 milliards que Bayrou veut prendre dans nos poches sont le pendant des 40 milliards, en sus des 413 déjà décidés dans la loi de programmation militaire, que Macron veut nous prendre pour faire SA guerre à la Russie (pour cela, certes, il n’y a ni « dette », ni » seuil des 3% européens »!). Sur le front social, il faut donc refuser globalement le plan Bayrou, dénoncer les mesures xénophobes de Retailleau qui divisent le peuple sur des bases ethnico-religieuses, en finir avec les « conclaves » bidon avec un gouvernement qui veut liquider tous les acquis arrachés par nos anciens au prix du sang, de la Révolution française aux grèves de 68 en passant par les conquêtes de 1906 (Jaurès), les avancées du Front populaire et des ministres communistes de la Libération appliquant le programme du CNR. Tout doit disparaître de la cinquième semaine de congés payés aux jours fériés (dont le 8 mai, et cela en plein réarmement de l’impérialisme allemand débridé!), des services publics purgés sans fin aux remboursements-maladie amputés, des retraites par répartition tailladées au recul des salaires et pensions sauvagement dissociés de l’inflation. Et tout cela au sortir de « discussions » sur l’âge de la retraite qui n’avaient d’autre but que de préparer un budget de guerre et d’austérité en donnant le change sur la volonté de discussion du Macronat! Honte aux dirigeants confédéraux, CFDT en tête, qui ont cautionné ce simulacre grossier destiné à nous endormir tout en permettant au RN et au PS de soutenir au Parlement le gouvernement qu’ils disaient combattre!
Manifestation nationale unitaire pour la paix et le progrès social !

C’est dans cet esprit que le PRCF a écrit à LFI, au PCF, aux dirigeants syndicaux, à plusieurs groupes de Gilets jaunes, etc. pour leur proposer d’organiser début septembre une grande manifestation nationale unitaire pour dire non au budget de guerre et de misère, oui à la retraite à 60 ans, oui à la paix mondiale et à la désescalade de l’Ukraine à Gaza, oui à la coopération entre tous les peuples, oui au progrès social et à la démocratie. Bien entendu, c’est avec le plus grand intérêt que le PRCF constate que s’amplifient les appels à bloquer l’exploitation capitaliste à partir du 10 septembre! Macron et l’oligarchie euro-atlantique détruisent la paix, nos acquis et notre pays, la bonne réponse digne du pays de Louise Michel et d’Ambroise Croizat, c’est de bloquer leurs profits tous ensemble et en même temps!
Jamais n’auront été aussi étroitement liées la défense de la paix et le sort de l’indépendance nationale, du progrès social et des libertés. Ce n’est nullement la nostalgie, mais l’efficacité du combat qui appelle est la renaissance d’un Parti communiste de combat, d’un mouvement franchement communiste de la jeunesse et d’un syndicalisme de classe affranchi des illusions sur l’UE et sur la « collaboration » Capital/Travail: c’est à cette renaissance communiste, à cette Alternative rouge et tricolore tournée vers le Frexit progressiste et vers le socialisme que travaillent le PRCF et sa dynamique organisation de jeunesse, la JRCF: vous tous qui voulez agir et non pas compter les points, rejoignez vite notre combat!