Paris – 12 avril 2021– Dimanche 11 avril 2021, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF a été investi par la Conférence nationale de son parti par près de 75% des votants pour se porter candidat à l’élection présidentielle de 2022 ; il reste désormais aux 50.000 adhérents du PCF à se prononcer, les 8 et 9 mai prochains, sur ce choix que Fabien Roussel a ardemment défendu au nom de la nécessité d’avoir une « candidature communiste » en 2022.
L’option arrêtée à ce stade par la direction du PCF est totalement en retrait de l’option qu’avait arrêtée son dernier congrès, lequel imposait à la direction de présenter des candidats communistes identifiés à toutes les élections. Or, au moment même où la candidature Roussel est avancée pour la présidentielle, on apprend que dans la région Hauts-de-France dont le secrétaire national du PCF est originaire (il a longtemps été le bras droit d’Alain Bocquet), les candidats PCF se fondront dans la liste dirigée par les euro-fédéralistes anticommunistes d’Europe-Écologie-Les Verts (EELV).
A priori, l’annonce de Fabien Roussel devrait réjouir tout communiste, surtout après les désastreuses campagnes des euro-mutants Robert Hue en 2002 et Marie-George Buffet en 2007, qui ont précipité le PCF dans l’abîme. Mais cela ne saurait être le cas des militants franchement communistes du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), pour qui cette démarche, à supposer qu’elle vienne à terme, s’apparente à une « candidature étiquette » sans aucune chance de séduire les classes populaires. Et pour cause !
La dépendance mortifère envers la « social-démocratie »
Dans son discours prononcé le 11 avril 2021, tout en rappelant des évidences sur la dramatique situation économique, sociale et politique de la France, Fabien Roussel a, une nouvelle fois, ignoré les sujets fondamentaux expliquant le délitement du PCF depuis des années : sans nullement envisager un instant l’indispensable sortie de l’euro et de l’UE, le secrétaire national du PCF a plaidé pour « une France et une Europe solidaires », continuant de faire miroiter l’utopique « Europe sociale » qui empêche toute politique hostile au capitalisme, fusse-t-elle très timide comme l’a démontré depuis des décennies la social-démocratie aux abois.
Une social-démocratie après laquelle Fabien Roussel continue de courir, en appelant « les Verts et les socialistes à s’unir avec les Insoumis et les communistes ». Autrement dit, Fabien Roussel n’a aucun problème à fricoter avec des forces européistes, girondinistes au point d’approuver, comme tous les députés PCF présents en séance, la honteuse loi Molac qui s’apprête à mettre fin à la langue française commune langue commune unique de la République – participant ainsi à la destruction de la République une et indivisible que le grand PCF de Thorez, Cachin, Frachon, Duclos, Aragon, Éluard, voire de Georges Marchais, défendait jadis. Des forces contre-« réformistes », se soumettant aux desiderata du capitalisme sans oser le combattre et compatibles avec la droite macroniste, à l’image du ralliement de nombre de « socialistes » et d’« écologistes » à Macron en 2017 – sans compter le fait que Jadot prône une ligne « ni droite ni gauche » ! Des forces exprimant leur anticommunisme, au point d’adopter la honteuse résolution du 19 septembre 2019 au Parlement européen, faisant du communisme un équivalent du nazisme, appelant à demi-mots à interdire la faucille et le marteau en Europe et faisant droit aux fascisantes politiques d’interdiction des Partis communistes dans nombre d’anciens pays socialistes phagocytés par l’UE, comme en Pologne.
Et malgré cela, Fabien Roussel, tout en ignorant les propositions de débat du PRCF, s’enorgueillit de tendre la main à la « gauche », de se présenter en défenseur de « l’union de la gauche », de passer un accord avec le PS et EELV dans les Hauts-de-France – la lutte des places avant la lutte des classes ! – ou encore de répondre favorablement à la proposition de réunion formulée par Yannick Jadot pour le 17 avril prochain. Ou comment reconstituer, temporairement, la défunte « gauche plurielle » dont il ne reste plus rien, si ce ne sont des décombres sévèrement – et fort logiquement – sanctionnés par les classes populaires qui se réfugient massivement dans l’abstention ou, hélas, dans le vote en faveur de l’extrême droite fascisante et xénophobe.
Des leurres et des insuffisances condamnant à l’impuissance
Qu’à cela ne tienne : Fabien Roussel estime nécessaire la présence d’une « candidature communiste » à l’élection présidentielle de 2022 ; c’est également le cas du PRCF, qui plaide pour une candidature franchement communiste et franchement insoumise à l’Union européenne, à l’euro et à l’OTAN. Or, comment Fabien Roussel pourrait-il incarner cette candidature de franche rupture avec les instruments de soumission de la souveraineté nationale et populaire que sont l’euro et l’UE alors que le Parti de la Gauche européenne, auquel le PCF est affilié, ne souhaite en sortir pour rien au monde ?! Comment espère-t-il combattre le capitalisme sans mener une vaste politique de nationalisations sous contrôle démocratique des travailleurs, première étape vers la socialisation de l’économie ?! Comment espère-t-il rompre totalement avec l’OTAN et combattre l’impérialisme états-unien en restant membre d’une UE qui est le « partenaire stratégique » de l’OTAN ?! Comment espère-t-il mettre fin au chômage et à la désindustrialisation massive en acceptant « l’économie de marché ouverte où la concurrence est libre et non faussée » qui est le socle commun de tous les traités européens et de tous les gouvernements réactionnaires qui dirigent les États-membres de l’UE ?! Comment espère-t-il reconstruire les services publics en restant au sein de l’UE qui ne reconnaît que les « services d’intérêt général » privatisables, que les multinationales peuvent donc prendre en charge en toute « légalité » ?!
Fabien Roussel s’apprête, après tous les euro-mutants « socialistes » et « communistes » à la Robert Hue, Marie-Georges Buffet ou Pierre Laurent – sans compter les « communistes new-look » comme Ian Brossat, le bras droit d’Anne Hidalgo – à susciter le désarroi parmi les classes populaires, au moment où la « tempête sociale et politique » tant crainte par Édouard Philippe commande de rompre totalement et définitivement avec l’euro, ce clone du Deutsche Mark austéritaire, l’UE, cette prison anticommuniste des peuples, l’OTAN, bras armé de l’impérialisme états-unien, et bien évidemment le capitalisme exterministe qui « ne développe la technique et la combinaison du procès de production social qu’en ruinant dans le même temps les sources vives de toute richesse : la terre et le travailleur » (Karl Marx). Au lieu de cela, Fabien Roussel se lance dans une campagne euro-compatible, préconisant « l’Europe des gens et pas de l’argent » ayant débouché sur le désastreux résultat de 2019, plaçant le PCF à hauteur du Parti animaliste.
Fabien Roussel, qui prétend incarner une « candidature communiste », ferait bien de méditer les paroles prémonitoires de Lénine qui, en août 1915, affirmait déjà : « Les États -Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles ou bien réactionnaires ». Il devrait tout autant méditer les paroles de Jean Jaurès qu’il se plaît tant à citer, quand ce dernier affirmait dès 1898 : « Tant que le prolétariat international ne sera pas assez organisé pour amener l’Europe à l’état d’unité, l’Europe ne pourra être unifiée que par une sorte de césarisme monstrueux, par un saint empire capitaliste qui écraserait à la fois les fiertés nationales et les revendications prolétariennes. Nous ne voulons pas d’une domesticité internationale. Nous voulons l’Internationale de la liberté, de la justice et du droit ouvrier. » Mais peut-on espérer réellement autre chose de la part d’un secrétaire général affirmant que le centralisme démocratique, abandonné il y a près de 30 ans, est pratiqué par Emmanuel Macron (sic) : ou comment étaler son inculture avec des propos anticommunistes ! Il est vrai que la référence au marxisme-léninisme a été abandonnée il y a plus de 40 ans par le PCF, et que la mandature Roussel a débuté avec l’abandon de la faucille et du marteau, cet emblème ouvrier et paysan des vrais communistes que le Parlement européen a entrepris, à mots couverts, d’interdire sous l’appellation honteuse de « symboles du communisme totalitaire » !
L’Alternative Rouge et Tricolore, seule voie pour une candidature franchement communiste et franchement insoumise !
Ce ne sont pas les quelques saillies aiguisées contre la « finance » et pour « l’abandon du capitalisme » qui feront de la candidature Roussel une candidature franchement communiste – et franchement insoumise à l’UE. Une telle candidature ne peut émerger que dans le cadre d’une campagne pour une Alternative Rouge et Tricolore qui appelle clairement, en lien avec les luttes sociales et avec le renouveau du syndicalisme de classe, au Frexit progressiste, donc à la sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme de plus en plus mortifère.
Prenant acte de l’absence de réponse de la direction nationale du PCF et de la poursuite de la ligne euro-mutante qui a conduit ce dernier dans son état actuel, et prenant également acte de l’absence de réponse et des reculs sur des sujets majeurs (principalement la sortie de l’euro et de l’UE) au sein de la France insoumise (FI), les militants franchement communistes et franchement insoumis à l’UE du PRCF mèneront, sous l’impulsion de leur porte-parole désigné Fadi Kassem, la campagne en faveur d’une Alternative Rouge et Tricolore, afin de reconquérir la souveraineté nationale et populaire pleinement et entièrement. Et ainsi, reconstruire une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, au moment où la France est menacée d’euro-dissolution et de fascisation galopante.
C’est seulement à ce prix que les aspirations populaires pourront être satisfaites et que sera écarté le faux « duel » et vrai duo Macron-Le Pen, afin qu’adviennent pour les citoyens et les travailleurs de France les « nouveaux Jours heureux » dont nous avons urgemment besoin !
- Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF,
- Fadi Kassem, porte-parole de l’Alternative Rouge et Tricolore.