
17 juillet 2025 – A nos lecteurs, Aux militants du PRCF et de la JRCF, Aux dirigeants de l’URC,
Dans le cadre d’un travail pour l’organisation d’une grande journée unitaire pour la paix le 11 novembre prochain – deux ans après le meeting organisé par le PRCF en novembre 2023 –, des débats nous agitent concernant la pertinence de défendre pour la France des concepts tels que le « patriotisme » et l’« indépendance nationale ». Nous nous permettons d’y répondre publiquement, afin que les débats idéologiques et stratégiques avancent au grand jour, avec franchise et dans un esprit de clarté militante et révolutionnaire.
Le PRCF, qui a déjà rencontré les organisations formant aujourd’hui l’URC en février 2024 et qui leur a proposé dès la formation de l’URC à l’automne 2024 – et depuis lors, à plusieurs reprises – une rencontre bilatérale pour discuter des points de convergence comme des lignes de fracture – proposition à laquelle nous n’avons, à ce jour, reçu aucune réponse constructive – estime qu’il est plus que jamais nécessaire de réarmer politiquement le camp révolutionnaire, en particulier face aux impasses actuelles dans lesquelles est enfermé le mouvement ouvrier.
C’est dans ce cadre que nous revendiquons sans ambiguïté la nécessité de défendre haut et fort, aujourd’hui en France, un patriotisme révolutionnaire et une lutte sans complexe pour l’indépendance nationale, dans la filiation du mot d’ordre communiste de la Résistance : « à la fois antifasciste, patriotique et révolutionnaire ». Pour nous, ce n’est pas un simple choix sémantique, mais une ligne de démarcation politique de fond pour qui veut nourrir une stratégie de rupture révolutionnaire avec l’ordre euro-atlantique qui menace la paix et broie notre pays.
La direction de l’URC nous oppose que nous ne serions pas dans une situation comparable à celle de Vichy ou du début de la « guerre froide ». Certes, les formes sont très différentes, mais qui peut nier que la bourgeoisie monopoliste dite « française », totalement intégrée à la logique transnationale du capital financier, cherche aujourd’hui à liquider l’existence même de la Nation française : sa langue, ses institutions républicaines, son droit du travail, ses services publics, son armée, sa diplomatie indépendante, sa République indivisible menacée par les séparatismes euro-régionalistes et plus généralement tous les acquis historiques de la souveraineté populaire issus de 1789, 1793, 1871, 1936, 1945 et 1968 ? Que signifie cette soumission complète et empressée des Sarkozy, Hollande, Macron, aux directives de l’Union européenne, cette marche accélérée à l’économie de guerre dictée par l’OTAN, cette construction d’une « armée européenne » intégrée dans une logique de bloc impérialiste contre la Russie et la Chine, si ce n’est la fin de l’indépendance nationale, voire à terme de l’existence nationale de notre pays quand il ne sera plus qu’une étoile, qui plus est régionalement morcelée, de l’Etat fédéral européen en gestation rapide ?
Nous ne partageons donc pas l’analyse selon laquelle la France resterait une Nation encore « indépendante » dont il ne faudrait pas revendiquer la libération. La Nation n’est pas un terrain neutre : soit elle est un outil au service de l’émancipation populaire, soit elle est absorbée et exploitée contre ceux qui la font vivre jour après jour, à commencer par ses propres travailleurs. Aujourd’hui, elle est méthodiquement dissoute par une bourgeoisie euro-atlantique qui « étouffe dans le cadre national ». Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le MEDEF avait publié son manifeste « Besoin d’aire » avant l’élection présidentielle de 2012.
C’est pourquoi nous ne voyons pas dans le concept de « patriotisme », un danger de confusion avec les intérêts d’une fraction de la bourgeoisie, mais au contraire un levier stratégique pour ré-articuler la question nationale et la question sociale comme le firent déjà Robespierre, Jaurès et Thorez, sans parler de la Commune de Paris dont l’insurrection fut déclenchée par le refus des ouvriers parisiens de laisser Thiers pactiser avec l’envahisseur prussien en privant les Parisiens des canons destinés à défendre la capitale. Il ne s’agit pas de soutenir une prétendue « France forte »… et néocoloniale chère aux souverainistes bourgeois, mais de reconstruire, avec les travailleurs et contre le Capital, une France indépendante, républicaine, pacifique, débarrassée du capitalisme, de l’impérialisme et de ses guerres, en marche révolutionnaire vers le socialisme-communisme.
Quant au terme de souveraineté populaire, nous le revendiquons aussi, mais il est, quand il est prononcé seul, insuffisant car il n’indique pas le périmètre de la souveraineté et se prête en conséquence aux manips et aux équivoques sur lesquelles jouent Macron et la fausse gauche quand ils se disent pour la souveraineté (sous-entendu : européenne) : on peut avoir des mécanismes électoraux et une façade démocratique tout en restant sous tutelle politique et militaire étrangère. Il nous faut donc articuler la souveraineté populaire, l’indépendance nationale, la démocratie populaire et le progrès social, comme l’ont toujours fait les grands mouvements de libération nationale à caractère progressiste ou socialiste.
Afin de clarifier clairement et publiquement les divergences et les points d’accord de nos deux organisations se réclamant de la Renaissance communiste — donc également les points de fonctionnement d’un parti léniniste que nous prétendons tous reconstruire —, nous réitérons notre proposition de rencontre bilatérale entre le PRCF et l’URC, et demandons d’en fixer la date rapidement pour que cette rencontre ait lieu dans l’élan de la rentrée, pour confronter fraternellement nos analyses et nos perspectives stratégiques. Cela nous paraît une condition de clarté indispensable si nous voulons donner du corps à une véritable union dans l’action des communistes.
Dans l’attente de votre réponse,
Le secrétariat national du PRCF