
Alors que les agents de la DIR Ouest ont mené le 6 juin une opération escargot autour de Rennes pour dénoncer leurs conditions de travail et la dégradation continue du service public routier, il est temps de rappeler que cette situation n’est pas un accident. Elle est le produit direct des politiques de l’Union européenne capitaliste, qui sacrifie la sécurité, la santé, l’environnement et les travailleurs sur l’autel du profit.
Depuis plusieurs décennies, Bruxelles organise le démantèlement méthodique du fret ferroviaire public au profit de la « libre circulation » des biens… par la route. Cela signifie concrètement : toujours plus de camions, toujours plus de poids lourds sur des routes saturées, transformées en corridors commerciaux au service de la rentabilité des multinationales. Le transport routier est favorisé non parce qu’il est plus sûr ou plus écologique, mais parce qu’il est plus rentable pour les grands groupes, au prix de l’exploitation des travailleurs.
Des routes saturées, des agents de la DIR surexposés au danger
Ce déferlement de camions et de véhicules particuliers, encouragé et entretenu par l’Union européenne à travers ses traités et directives, n’a rien d’anodin pour les agents des DIR (Directions Interdépartementales des Routes). Ces personnels essentiels, garants de la sécurité de tous les usagers, voient leur mission devenir de plus en plus risquée.
Interventions sur bandes d’arrêt d’urgence, régulation du trafic, assistance en cas d’accidents : toutes ces tâches sont rendues infiniment plus dangereuses par l’explosion du trafic routier, notamment de poids lourds, conséquence directe de la casse du fret ferroviaire. Chaque jour, les agents prennent des risques croissants, exposés à des accidents graves voire mortels, pendant que les responsables politiques continuent d’ignorer sciemment les conséquences de leurs choix.
Une situation aggravée alors que ce service public est sous le coup d’importantes coupes budgétaires, par des effectifs toujours plus réduits, une pression au recours à la sous-traitance, et une pression permanente sur les agents des routes. Sous la contrainte euro austéritaire de la commission européenne, la RGPP de Sarkozy et autre MAP et budget base zéro de Macron ont rendu exsangue les DIR. Près de 2000 postes ont été supprimés entre 2007 et 2012. De 30 000 agents en 2006, les agents des DIR sont désormais moins de 10 000 dans un vaste plan social jamais avoué.
La fausse « RSE », ou comment l’UE maquille l’exploitation des chauffeurs routiers
Pour faire passer la pilule, la Commission européenne a mis en place la « Règlementation Sociale Européenne » (RSE), censée encadrer les temps de repos et de conduite des chauffeurs poids lourds. Mais cette pseudo-réglementation n’est qu’un chiffon rouge agité pour masquer une réalité brutale : l’exploitation des routiers européens est organisée, rationalisée, et encouragée à grande échelle.
Sous-payés, éloignés de leur domicile des semaines entières, dormant dans leur cabine, les chauffeurs routiers sont les esclaves modernes du marché unique européen. Leur souffrance et leur épuisement alimentent les profits des géants de la logistique, sans que la « RSE » n’y change rien. Pire encore, la pression à la rentabilité pousse certains employeurs à contourner ou violer ces maigres protections, avec la bénédiction tacite des institutions européennes.
L’UE, machine de guerre contre le rail, les agents publics et la sécurité routière
Ce modèle de transport, à la fois dangereux, antisocial et climaticide, n’est pas une dérive : c’est la norme européenne. L’Union européenne impose à ses États membres la libéralisation des services publics, la casse des entreprises nationales de fret ferroviaire (comme Fret SNCF), et le démantèlement du maillage ferroviaire jugé « non rentable ». Résultat : les marchandises, au lieu de voyager par rail, transitent massivement par route, et ce sont les agents de la DIR, les chauffeurs, les usagers… qui paient le prix de cette folie.
Pour un transport au service du peuple et non du capital
Face à cette politique de casse sociale et écologique, le PRCF réaffirme son soutien total aux mobilisations des agents de la DIR, des cheminots, des chauffeurs routiers et de tous les travailleurs du transport.
Nous appelons à :
- Re-nationaliser et relancer le fret ferroviaire public, avec des investissements massifs dans les infrastructures ferroviaires ;
- Renforcer les effectifs et les moyens des DIR, pour assurer la sécurité des agents et des usagers ;
- Revaloriser le statut des chauffeurs routiers, avec un encadrement strict des temps de travail, des salaires dignes, et une fin de la mise en concurrence généralisée ;
- Sortir de l’Union européenne, machine de guerre contre les services publics, la sécurité, l’écologie et les travailleurs.
Bruxelles détruit le rail, précarise les chauffeurs, met en danger les agents routiers et transforme nos routes en autoroutes du profit. Il est temps de dire stop, de rompre avec cette Europe capitaliste et de reconstruire un service public du transport, au service du peuple et non du capital.
Secteur Luttes, commission Transports