
Poursuite du bras de fer mondial : pas de basculement contre-hégémonique solide sans réémergence forte du prolétariat international !
A PROPOS DU « MOMENT ACTUEL » – Par Georges Gastaud, animateur du Secteur Etudes et Prospective du PRCF – 19 mai 2025
Le grand bras de fer est appelé à se durcir entre le bloc hégémonique euro-atlantique et le camp contre-hégémonique en formation…
Qu’il s’agisse de l’Ukraine, point de friction planétairement le plus explosif des frottements tectoniques susceptible d’amener un « conflit global de haute intensité », du menaçant front asiatico-pacifique (Détroit de Taiwan, Mer de Chine, Péninsule coréenne, le tout « agrémenté » des récentes tentatives impérialistes, du reste avortées, visant à déclencher une énième guerre indo-pakistanaise…), de l’incandescent front proche-oriental (Gaza, Cisjordanie occupée, Syrie, Iran, Yémen, menaces israéliennes sur l’Iran…), des fronts provisoirement collatéraux d’Afrique et d’Amérique (Afrique francophone en rébellion, pays sciemment strangulés de l’Alternative bolivarienne des Amériques, voire Groënland et Canada…) ou d’autres guerres exterminatrices en cours (Soudan, Congo démocratique, Birmanie…), le bras de fer planétaire se poursuit, voire s’intensifie entre le bloc hégémoniste euro-atlantique et un ensemble des pays fort divers. En voie de regroupement sous le drapeau muticolore des BRICS et de la « dédollarisation » des économies, ces pays du Grand Sud ou de l’Eurasie aspirent en effet à un nouvel ordre mondial « multilatéral » débarrassé de la domination planétaire du dollar, des caprices financiers de Wall Street, de la servitude culturelle mondiale « made in Hollywood »… et des toujours possibles croisades dévastatrices menées par l’US Army contre les « ennemis désignés (quand ce n’est pas contre de traditionnels vassaux des USA comme le Canada ou le Danemark!).
Rappelons en effet à ceux qui renvoient dos à dos l’hégémonisme euro-atlantique, cet ennemi principal de la paix mondiale, et l’ainsi-dit « impérialisme russe », une vérité géostratégique aussi chiffrée qu’incontestable: les USA parsèment le monde de 720 bases militaires et ils disposent d’une monnaie mondiale inconvertible en or et de 80% des armes mondialement disponibles.
Soutenue par un quasi-monopole linguistique mondial (celui du tout-globish), leur culture consumériste, gaspilleuse, anti-écologique et hyper-violente se déverse en outre sur le monde entier en exerçant sur une partie des classes populaires son « soft power » aliénant. Au contraire, la Russie de Poutine, fût-elle dirigée par un pouvoir clairement contre-révolutionnaire et antiléniniste, ne possède à l’étranger qu’une seule base militaire qui est du reste héritée de la période soviétique. Cette base est implantée, à titre précaire du reste, dans la Syrie en lambeaux du sanguinaire Al Jonani, le nouveau grand ami dégoulinant de sang druze, chrétien et et alalouite, qu’embrassent goulument ses nouveaux amis occidentaux Trump, Starmer, Merz, Macron, Fabius et Cie… Il n’en reste pas moins que, si l’on met bout à bout les pièces de la méga-« économie de guerre » qui se met en place à l’échelle mondiale sous l’impulsion du camp euro-atlantique, et malgré quelques accalmies concoctées çà et là par le loup étatsunien travesti en agneau, le « grand Rift mondial » guerrier qu’I.C. a maintes fois signalé continue n’en finit pas de fissurer la planète avec le risque croissant que ses différents segments ne fassent leur jonction transcontinentale en assemblant les pièces d’une possible Guerre mondiale inévitablement exterminatrice.

Où en est le rapport des forces géopolitique ?
Les cérémonies moscovites du 9 mai 2025, 80ème anniversaire de la victoire des peuples sur le nazisme (une victoire principalement soviétique, rappelons-le inlassablement!), auront cependant été fort significatives de l’évolution des rapports de forces géopolitiques réellement existants.
Loin d’être isolée, la Fédération de Russie aura, à cette occasion, « montré ses muscles » militairement et diplomatiquement tant par l’étalage de puissance militaire qu’a permis la parade de la Place Rouge que par la présence haut et fort réaffirmée, à la barbe de Trump, de Macron et de Merz, de nombreux Etats au premier rang desquels figuraient les représentants politiques, voire militaires, de la Chine, du Brésil, de l’Inde, de la RPD Corée, de Cuba, du Burkina, de Biélorussie, du Vietnam, de l’Inde, de l’Afrique du Sud et de cinq ex-Républiques soviétiques d’Asie centrale. Bref, le « rift » mondial signalé ci-dessus ne se renforce pas seulement du côté occidental: à bon entendeur salut!
« Accords » Trump/Zelenski: vers un pillage « patriotique » de l’Ukraine…

Dans le même temps, les va-t-en-guerre de l’eurocratie bruxelloise réagissaient odieusement, non seulement en promouvant chez eux le déni le plus vil des sacrifices consentis par l’Armée rouge (principal vainqueur de Hitler, rappelons-le sans nous lasser!), mais en lançant à la Russie un ultimatum ridicule assorti de la création, non moins dérisoire, d’un « tribunal européen » destiné à « juger » le président Poutine massivement soutenu par le peuple russe. Un président russe dont l’armée prend de plus en plus l’avantage sur toute la ligne de front opposant la Russie à la coalition ukro-otanienne…
Ne rions cependant pas trop des menaces adressées à l’armée russe qui avance par les chefs occidentaux de l’armée qui recule: car non seulement l’ « Europe-Puissance » travaille désormais à à se muer, sous l’égide de Macron, en une dangereuse « économie de guerre » continentale, non seulement l’Allemagne capitaliste réunifiée a officiellement entrepris de tourner la page de 1945 en se réarmant en vue d’une nouvelle « ruée vers l’Est », non seulement Macron donne les clefs du nucléaire français, sans le moindre feu vert du Parlement, aux dirigeants bellicistes et russophobes de la Pologne, mais l’UE-OTAN, France macronienne en tête, accède à la demande de Trump de porter à 5% de son PIB ses dépenses d’armement tandis que Herr Pistorius, le ministre « social-démocrate » affecté au réarmement allemand, annonce froidement qu’il planifie rien moins qu’une guerre continentale antirusse pour… 2029! A part ça, vive la « réorientation progressiste, pacifique et écologique de l’Europe » que nous vendent mensongèrement la fausse gauche française engagée de fait dans l’union sacrée euro-atlantiste !
De son côté, le chef de l’impérialisme-hégémonisme étatsunien, Donald Trump, a montré les très étroites limites de sa prétendue offensive de « pacification » et de « désescalade » en Ukraine: une fois obtenu un « accord » hyper-prédateur de pillage systémique des terres rares ukrainiennes (un accord conclu à l’initiative de l’ainsi-dit « patriote » V. Zelensky!), Trump a recommencé à livrer des armes à Kiev pour que soient poursuivis du même mouvement, et jusqu’au dernier jeune Ukrainien, le pillage inouï de la terre ukrainienne et la guerre par procuration de l’Occident « humaniste » contre la Russie…

Rationalité… capitaliste de l’irrationalité occidentale
ce sujet, certains observateurs se contentent de ricaner en constatant que les gesticulations de Macron, même soutenu par d’autres bouffons dangereux comme Starmer, ne sont pas militairement de nature à inquiéter Moscou.
C’est une erreur.
Certes, ces dirigeants européens ont quelque chose d’infantile et d’irrationnel qui peut à juste titre susciter le rire ou la pitié. Mais c’est une erreur grave en politique que de dénier l’existence et l’effectivité de l’irrationnel dans le champ politique, militaire et géopolitique. Si les hommes étaient purement rationnels, y aurait-il jamais eu la guerre, le fascisme, et a fortiori la guerre mondiale? C’est pourquoi la dialectique matérialiste ne consiste pas à nier l’effectivité de l’irrationnel, elle invite plutôt à saisir rationnellement les causes profondes de l’irrationalité politique et militaire et à comprendre que cet irrationalisme systémique est inhérent au capitalisme-impérialisme parvenu au stade d’un hégémonisme en crise planétaire: « réaction sur toute la ligne« , écrivait déjà Lénine en 1916 à propos du capitalisme-impérialisme « de plus en plus pourrissant, monopoliste et agonisant ». Un capitalisme décadent, de plus en plus destructeur de planète et d’humanité, et dont le pôle hégémonique hautement contesté est l’euro-atlantisme en mal de domination planétaire, n’a plus d’autres ressources pour prolonger sa domination obsolète, que de s’allier aux pires forces obscurantistes (des miliciens d’Azov tatoués de croix gammées au salopard génocidaire Netanhyahou en passant par le massacreur de Druzes Al Jolani ou par la secte obscrurantiste Falungong en Chine, qu’ils sont donc reluisants les amis d’Ursula, de Kamala et de Donald!). Ou encore de mettre en scène de dangereux bavards comme Bruno Le Maire ou comme l’extravaguant Barrot (le premier, alors ministre de l’économie française en faillite, jura jadis de « mettre l’économie russe à genoux« ; le second, – actuel chef de file de la « (NON-)diplomatie » française ! -, prétend tout bonnement, alors que la France feint de conserver des relations diplomatiques avec Moscou, « prendre la Russie à la gorge« … Mais toute cette agressivité débordante n’en existe pas moins, elle n’en produit pas moins des effets immédiats (800 milliards d’euros pour fabriquer des missiles!). Ainsi, pour être militairement disproportionnées et humainement suicidaires, armements atomiques à l’appui, ces politiques euro-macronistes suicidairement périlleuses visant à fonder l’Empire européen sur un potentiel champ de ruines national et continental ne sont pas pas moins dangereuses que ne le furent jadis la tentative de Napoléon d’envahir la Russie ou la décision hitlérienne d’engager l’opération Barbarossa contre l’Union soviétique ouvrière et paysanne…
Guerre en Ukraine : ce que Jacques Baud oublie de dire… [ exterminisme]
« Moment trumpiste » de l’hégémonisme étatsunien: « pacifier » ou… pas s’y fier !
Au demeurant, le pseudo-pacificateur Trump n’a jamais proposé à Poutine autre chose qu’un cessez-le-feu vide de sens tant que les causes ayant provoqué la guerre actuelle n’auraient pas été traitées sur le fond : l’activisme russophobe débridé des milices ukrainiennes néonazies pilonnant le Donbass (alors ukrainien!) de 2014 à 2022, l’extension programmée de l’OTAN jusqu’aux frontières russes de 91 à 2022, la persécution de la langue russe et des russophones ukrainiens ou ex-Ukrainiens du Donbass ou d’Odessa. Un cessez-le-feu sans conditions poltiques (pas de réarmement des deux camps durant l’éventuelle trève, pas de troupes franco-anglaises entrant en Ukraine à cette occasion, c’est un minimum pour que le cessez-le-feu produise à terme autre chose qu’un redoublement de violence!) signifie en fait revenir, en pire, aux Accords de Minsk frauduleusement garantis (de leur propre aveu!) par Merkel et Hollande: des rideaux de fumée qui n’auront servi, de l’aveu cynique des « garants » français et allemands de Minsk II, qu’à endormir Moscou tout en surarmant le dangereux régime de Kiev..
Quant à la confrontation de la Mer de Chine à la Mer du Japon, on peut aisément constater ceci: les porte-avions étatsuniens continuent d’y patrouiller à des milliers de kilomètres de chez eux. Cependant, et c’est heureux, la Chine n’est pas près de se laisser impressionner, pas plus qu’elle ne se laisse intimider par les droits de douane massifs édictés par Trump à son encontre. Olympien, Xi Jinping a déjà commenté ironiquement l’escalade protectionniste antichinoise de Trump. N’a-t-il pas déclaré, à la manière d’un Confucius rouge, et en évoquant la force planétaire tranquille de la République populaire de Chine: « comment l’Océan pourrait-il craindre les tempêtes? C’est l’Océan qui contient les tempêtes et non les tempêtes qui contiennent l’Océan »…

Exterminisme impérialiste : de Guernica à Gaza
Achevons ce panorama délétère en constatant que, « brouilles » superficielles ou pas entre le flibustier mondial Trump et le boucher proche-oriental Netanhyahou, Gaza, cet hyper-Guernica des Temps modernes et ce banc d’essai régional de la guerre d’extermination généralisé (comme le bombardement de Guernica pratiqué par la Lutfwaffe et dénoncé par Picasso fut le banc d’essai de la seconde guerre mondiale) est désormais très ouvertement soumise à siège, occupation, conquête, famine, provocation aux épidémies, menaces officielles de déportation (par Trump et Netanyahou!): en un mot à génocide quasi-assumé alors que les politiques relevant de l’apartheid caractérisé martyrisent la Palestine occupée… et qu’odieusement, la famille Trump étend ses prédations touristico-immobilières aux entours de la Méditerranée. Il faut désormais être du dernier aveuglement pour ne plus voir que l’exterminisme n’est que la continuation globalisée de l’unilatéralisme et de l’exceptionnalisme que s’accordent certains Etats bafouant systématiquement depuis 80 ans les résolutions de l’ONU portant, par ex., sur le blocus américain de Cuba ou sur l’occupation illégale des territoires palestiniens… Quand on en est là, il n’y a plus loin du génocide d’un peuple, le peuple palestinien inlassablement martyrisé, à l’anthropocide capitaliste en marche. Dans ces conditions, l’heure est moins à « défendre Gaza » qu’à nous-défendre nous-mêmes et qu’à défendre l’Humanité (et notre humanité bafouée) en défendant les enfants de Gaza. De même ne s’agit-il plus de « défendre Cuba », de manière quelque peu paternaliste (en fait, c’est Cuba socialiste qui, depuis 63 ans, sert de vigie au genre humain en plantant son drapeau souverain à quelques encablures de l’Ogre planétaire), mais de nous défendre nous-mêmes avec Cuba contre un empire omniprédateur !
L’UE-OTAN, de mal Empire!
De son côté, l’UE-OTAN entreprend de se muer en un Empire continental guerrier: un « Etat fédéral européen » que les peuples n’ont jamais validé comme tel, bien au contraire. Certes, en écartant scandaleusement du scrutin présidentiel roumain un candidat otano-sceptique en position d’être élu, en matraquant médiatiquement jour et nuit l’opinion roumaine et en discriminant l’opposition, le camp européiste a réussi à imposer un social-eurocrate euro-soumis (pardon pour ce pléonasme!) à la tête de la Roumanie, c’est-à-dire un belliciste hautement dangereux pour ceux qui l’ont élu. Pourtant, l’UE et ses incessantes tentatives de « révolution orange » aux marches de la Russie « patinent » en Moldavie et ont été mises en échec en Géorgie même si, follement, Macron tente de faire de l’Arménie une tête de pont antirusse dans le Caucase (quel énorme danger existentiel pour le peuple arménien frère!). Souvenons-nous cependant que « Marianne », c’est-à-dire le peuple français, a dit Non à la Constitution de l’Etat européen en mai 2005, que notre peuple n’a jamais consenti à ce qu’exécute actuellement Macron en profitant de l’extrême veulerie de la fausse gauche française, Verts, PS et états-majors des confédérations syndicales en tête: dissoudre la République française, ses acquis sociaux, ses services publics, son « produire en France », et même sa langue sacrifiée au tout-anglais (« Choose France! »… and kill your Mother Tongue pourrions-nous ajouter!) dans un Etat européen centré sur Berlin, supervisé par Washington et en marche guerrière vers l’Est. Un Etat en formation où, déjà, la régression sociale est la règle, un conglomérat de plus en plus vérolé par l’anticommunisme structurel et par l’extrême droite (cf. la poussée de « Chega » au Portugal, la « melonisation » en Italie, la surenchère xénophobe de Retailleau en France, etc.)…
Les « grands oubliés » des analystes géopolitiques bourgeois: le monde du travail et la classe ouvrière.
Par ailleurs, et peu de géopolitistes daignent aujourd’hui l’observer tant ils sont en général ignorants du marxisme et aveugles à la poussée tectonique souterrainne du prolétariat international et des classes populaires, la classe ouvrière mondiale s’est remise en route depuis plusieurs années et, malgré les conditions très difficiles que subissent partout les classes populaires réprimées et médiatiquement harcelées de toutes parts, de puissantes grèves éclatant tantôt en Asie (Inde, Bangla Desh, Corée du Sud), tantôt en Amérique (Québec, USA, Mexique), tantôt en Europe (hier en France et en Grande-Bretagne, plus récemment en Italie, en Grèce, en Belgique) pourraient bien dessiner à leur tour davantage que des taches rougeoyantes s’élargissant peu à peu sur le planisphère de l’affrontement mondial opposant sourdement le camp du Capital, de la guerre impérialiste et de la fascisation au camp, très provisoirement invisibilisé, du Travail, de l’émancipation nationale et de l’affranchissement social.
Un encouragement à relancer partout les efforts pour reconstituer ou renforcer substantiellement et à temps, tant l’exterminisme et la fascisation structurellement inhérents au capitalisme-hégémonisme se fait pressant, un grand Mouvement communiste international de combat, une puissante Fédération Syndicale Mondiale de classe et de masse et un large camp anti-impérialiste, anti-exterministe, antifasciste et contre-hégémonique mondial. Et pourquoi pas, quand les conditions en seront créées mais en lançant sans plus tarder ce débat straatégique de fond, en construisant une Internationale Communiste Et Ouvrière dont l’exigence ne cessera de croître au fur et à mesure que s’approfondira l’internationalisation objective des forces productives et que se réaffirmera le besoin d’une avant-garde marxiste-léniniste de nouvelle génération permettant au mouvement ouvrier et populaire de retrouver son rôle historique de force propulsive majeure du progrès et des Lumières.
En définitive, deux écueils doivent résolument être évités dans la période présente.
Le premier est l’excès d’optimisme, ou plus exactement, il consiste en cet « optimisme de l’intelligence » qui n’est trop souvent, aux yeux des vrais lecteurs de Gramsci et de Romain Rolland, que l’exact pendant du paresseux « pessimisme de la volonté » qui consiste au fond à vendre les plumes de l’Aigle yankee et des faucons européens, sans considérer que ces derniers peuvent d’autant plus être tentés de se lancer dans une aventure suicidaire pour toute l’humanité, ou au minimum pour… la population de l’Hexagone, qu’ils savent que le temps travaille contre le capitalisme-impérialisme-hégémonisme et que le monde de demain, et déjà dans une large mesure, celui d’aujourd’hui, ne tolèreront plus la domination euro-altantique: ce qui (et des révolutionnaires ne devraient pas s’en désoler…), ne peut qu’ébranler la domination planétaire du capitalisme en ouvrant de larges brèches pour le socialisme-communisme de l’avenir. Mais encore faut-il pour cela qu’il y ait un « monde de demain » car la victoire
à moyen ou à long terme du multilatéralisme suppose que soit d’abord conjurée à court terme, ici et maintenant, la marche à la guerre mondiale à plus ou moins court terme… C’est ce qu’oublient trop de laudateurs des Lendemains qui chantent qui oublient aujourd’hui de défendre la paix sur le terrain des luttes de masse. Par ex. en liant ce combat à la défense des salaires, des emplois et des conditions de vie sacrifiées aux marchands de canon des ouvriers, des employés, des petits fonctionnaires, des paysans, des techniciens, etc.
Vers un grand rebond de la centralité ouvrière et populaire?
Le second écueil consiste à remettre le sort du multilatéralisme, et derrière lui, celui de la future coopération égalitaire entre les peuples, dans les mains des gouvernants des BRICS; c’est-à-dire, s’agissant de la majorité d’entre eux, aux mains de (grandes) bourgeoisies nationales plus ou moins progressistes ou réactionnaires selon les cas, dont une bonne partie n’a cure du sort de sa propre classe ouvrière quand elle ne rêve pas de substituer à terme sa propre hégémonie à celle des USA ! En réalité, le multilatéralisme est une affaire trop sérieuse pour qu’on l’abandonne à la bourgeoisie multilatéraliste : la classe travailleuse doit donc s’en mêler, pays par pays. Prenant la tête des combats anti-hégémonique, antifasciste, anti-impérialiste et anti-exterminisme qui, tous, ont pour point de fuite objectif l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme, les prolétaires conscients de notre temps ne doivent jamais perdre de vue la perspective d’un socialisme-communisme de seconde génération qui peut seul garantir vraiment la fraternité entre peuples égaux et libres. A son tour, le monde du travail, et en son coeur, la classe ouvrière, ne pourront redevenir un grand Sujet national pays par pays, ni a fortiori une grande force propulsive mondiale, sans la reconstruction nationale et internationale d’un grand Mouvement communiste international de combat, sans la renaissance en chaque pays, et pour ce qui nous concerne, en France même, de puissant(s) Partis communistes, sans le grand rebond du syndicalisme de classe, sans une relance forte de la bataille pour de nouvelles lumières partagées dont le socle futur ne peut être que la percée organiquement conduite d’un marxisme-léninisme et d’un matérialisme dialectique de nouvelle génération s’attaquant à toutes les problématiques existentielles, philosophiques, politiques, scientifiques, technologiques, déontologiques et artistiques, de notre temps.