Le 11 juillet 2025, lors d’une rare conférence de presse donné sur ordre de Macron, le chef d’état-major des Armées pour quelques jours encore, Thierry Burkhard, a affirmé que « la Russie a désigné la France comme son premier adversaire en Europe », attribuant très explicitement cette menace à des déclarations officielles du président russe. « Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Poutine qui a dit, la France est mon adversaire principal en Europe ». Cette déclaration a été largement reprise par les médias français et internationaux, telle une vérité, et assénée ainsi en boucle aux Français à la veille de déclarations d’Emmanuel Macron justifiant d’une très importantes augmentation des budgets militaires. Cela afin, non pas de répondre à une « menace russe », mais aux menaces explicites de Donald Trump et des USA, si la France et l’Union européenne n’élevaient pas leurs budgets militaires conformément aux nouveaux ordres de l’OTAN, à hauteur considérable de 5% du PIB. Ce qui revient à tripler le budget des armées. Une augmentation massive qui intervient – rappelons-le – alors que les mêmes, les Macron Bayrou Le Pen Bardella, ne cessent de clamer qu’il n’y a pas d’argent en France , du moins pour la France des travailleurs, approuvant d’un commun accord les budgets d’euro austérité.
Cependant, plusieurs éléments remettent en question sa véracité. À commencer par les précisions apportées ensuite à la presse par le service propagande de l’Armée. Alors que plusieurs journalistes s’interrogeaient sur la vérité de cette information, le ministère des Armées rétropédalait en indiquant qu’il s’agissait « d’une figure rhétorique », et que le général a employé le nom « Poutine » pour dire « la Russie ». De la rhétorique ? désignant une puissance militaire comme nous menaçant, sur la base de déclarations officielles et de la posture diplomatique réelle d’un autre pays inexistantes, le tout pour justifier le déploiement d’arme et de troupes la visant, au moment même où certaines de ces armes sont employer pour bombarder le dit pays, c’est très exactement la définition de la propagande de guerre.
Ces déclarations ne détonnent pas non plus dans la bouche du général Thierry Burkhard qui depuis de longues années, et avant même l’opération russe en Ukraine de février 2022, a lancé une grande campagne de propagande, autour du slogan du retour à la guerre de haute intensité. Guerre de haute intensité qui a certes lieu en Ukraine actuellement, mais qui n’était alors pas d’actualité. Mais qui figure bien à l’ordre du jour du régime Macron, sous les ordres de l’OTAN intensifiant sa confrontation en ciblant la Russie et la Chine, puissances faisant obstacle à l’hégémonisme de l’impérialisme américain. En 2021, nous annoncions déjà que le mandat du nouvellement nommé CEMA Thierry Burkhard était bien cette implication de la France vers l’escalade dans la guerre de haute intensité. [ L’OTAN veut la guerre de haute intensité, Macron la prépare en changeant de chef d’état-major. – 15 juin 2021]
A lire :
- 2022 : Conflit de haute intensité OTAN / Russie : l’argent pour les salaires, pas pour la guerre nucléaire
- 18 février 2022 : Poussée et excitée par Washington, Kiev met le cap sur un « conflit de haute intensité » aux portes du Donbass
- Sur Twitter, la propagande de guerre à haute intensité du chef d’état major Burkhard
Contre-vérité mais vraie propagande de guerre !

Des vérifications effectuées par des journalistes n’ont pas permis de retrouver une citation directe de Poutine ou d’un officiel russe désignant la France comme « premier ennemi » ou « adversaire principal ». Par exemple, un journaliste de LCI a noté l’absence de référence claire à une telle déclaration russe. Comme le souligne une enquête de TF1, la chaine de télévision du milliardaire Bouygues, peu suspecte de sympathie avec la Russie: « Nous n’avons retrouvé aucune trace d’une telle déclaration par Vladimir Poutine, ni sur les réseaux sociaux, ni dans la presse russe, ni dans les agences de presse, ni dans les déclarations officielles du Kremlin. »
En réalité, les seules déclarations officielles de la Russie, et notamment du président Poutine, sont à l’inverse pour déplorer que la France considère la Russie comme une menace et agisse à son encontre. Ce dernier a ainsi déclaré lors d’une interview le 6 mars 2025 après que Macron a annoncé réfléchir à partager la dissuasion nucléaire française à l’Union européenne : « Contrairement à ses prédécesseurs, qui ont également cherché à combattre la Russie – Napoléon et Hitler -, M. Macron n’agit pas de manière très diplomatique »; »Parce qu’ils ont déclaré ouvertement : ‘Nous devons conquérir la Russie, nous devons vaincre la Russie.’ Apparemment, il veut la même chose, mais pour une raison quelconque, il dit qu’il faut combattre la Russie pour qu’elle ne batte pas la France, que la Russie représente un danger pour la France et pour l’Europe. »
Ces déclarations, dans une conférence de presse très rare du chef de l’armée qui n’a pas mérité pour rien son surnom de grande muette, n’interviennent pas au hasard.
Elles arrivent, sans aucun doute sur commande, pour être reprises, diffusées, instillées dans les esprits de chacun. Afin d’accréditer l’idée de la France serait en guerre car sous agression de la Russie. Cela au moment même où l’OTAN, toute à son expansion militaire à l’Est, après s’être emparée de l’ensemble des pays de l’Est, s’être installée sur les frontières russes de l’Allemagne de l’Est à la Pologne en passant par les pays baltes, de la Suède à la Norvège à travers l’Union européenne, s’installe désormais à la frontière russe également en Ukraine depuis 2014. Et déclare pour cette raison une guerre sanglante depuis le coup d’État d’Euro- Maidan, déclenchant la réaction militaire totale de la Russie en février 2022. Une déclaration qui intervient alors que, les États-Unis ordonnant que l’Union européenne et ses États membres supportent l’entièreté de cette guerre, imposent un triplement des budgets militaires. Une déclaration qui intervient aussi alors que si aucune arme russe n’a frappé ni le sol français ni aucun intérêt français dans le monde, en revanche, nombreuses sont les armes françaises, les missiles de croisière Scalp, les Mirages 2000F, les blindés AMX 30 et VAB, ainsi que les canons Ceasar, qui ont frappé et bombarde directement le territoire de la Russie…
Est-ce que devant le tollé provoqué par ces déclarations inquiétantes, Macron a senti la nécessité de changer de personnel ? En tout cas ce 23 juillet, il vient de remercier le général Burkhard pour le remplacer par le général Fabien Mandon. Issu de l’armée de l’air, il est lui aussi un proche de Macron dont il était le chef d’état-major particulier. Il a participé comme pilote de chasse à une centaine de missions de guerre au sein de la Françafrique, du Tchad à la RDC. Comme officier, c’est en tant qu’adjoint pour la stratégie aérienne de la campagne au sein du commandement de l’Otan lors de la guerre menée contre la Libye, plongeant la région dans le chaos, qu’il s’est distingué. Une guerre dont on sait les conséquences désastreuses, pour la Libye plongée depuis dans le chaos et le sang, mais aussi pour l’Afrique, avec l’explosion des menaces des djihadistes islamistes.
Macron en escaladeur de guerre, sous les ordres de Trump, Von der Leyen et Rutte.
En mars 2025, Macron a qualifié la Russie de « menace pour la France et l’Europe » dans un discours télévisé, suggérant une escalade de l’implication militaire de l’armée française dans la guerre en Ukraine, y compris en mentionnant l’extension du parapluie nucléaire français, détruisant la doctrine de dissuasion nucléaire protégeant la France depuis de Gaulle. C’est bien dans cette suite que le 11 juillet 2025, Burkhard a affirmé que la Russie voyait la France comme son « principal adversaire en Europe » en raison de son soutien à l’Ukraine, décrivant une menace « durable et proche » nécessitant un réarmement français. Un réarmement causé par la destruction d’une part importante des stocks d’armes français, à concurrence de plusieurs milliards d’euros, jetés pour activer les flammes du brasier de la guerre en Ukraine. En frappant directement le sol russe.
L’Ukraine a reçu des missiles SCALP-EG de France (et leurs homologues Storm Shadow du Royaume-Uni) depuis 2023, initialement avec des restrictions les limitant aux territoires annexés par la Russie en 2022. En novembre 2024, après l’autorisation américaine d’utiliser des missiles balistiques longues portés ATACMS contre la Russie, la France et le Royaume-Uni ont levé ces restrictions, permettant des frappes profondes directement sur le sol russes, notamment à Koursk.
Ces missiles SCALP-EG et Storm Shadow ont été utilisés par l’Ukraine contre des cibles en Russie. En juillet 2023, un missile a frappé le pont ferroviaire du détroit de Chongar, reliant la Crimée à la région de Kherson. En septembre 2023, des frappes ont visé le port de Sébastopol, endommageant le sous-marin Rostov-sur le-Don et le navire de débarquement Minsk, ainsi que le quartier général de la flotte stratégique russe de la mer Noire, causant des pertes parmi les officiers russes. Ces attaques ont été attribuées à des missiles SCALP ou Storm Shadow lancés depuis des avions ukrainiens, notamment des Su-24 modifiés. Il est cependant de notoriété publique que ces missiles de croisèrs exploitent des guidages par moyens satellitaires nécessitant leur programmation par des spécialistes français.
En novembre 2024, des rapports (notamment de la BBC et Reuters) ont confirmé que l’Ukraine, avec l’implication de ses alliés, a tiré des missiles de type SCALP ou Storm Shadow contre des cibles dans la région de Koursk, notamment près du village de Maryino, marquant la première utilisation documentée sur le territoire russe. Des fragments de missiles ont été identifiés par des experts comme appartenant à des Storm Shadow. La France a également autorisé l’usage de SCALP contre des cibles russes en novembre 2024, suivant l’exemple britannique, avec des frappes probables.
Aucune confirmation officielle n’existe concernant l’utilisation de ces missiles contre Belgorod, toutefois en mai 2024, la Russie a accusé l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles Hammer (autre armement français) contre cette région russe. Plusieurs informations sur les réseaux sociaux attribuent également des bombardements à des SCALP sur Rostov. Nous ne sommes pas en mesure de vérifier de façon indépendante la réalité de ces informations. Celles-ci ne sont cependant ni confirmées ni infirmées officiellement par le gouvernement français, qui s’en tient à sa position d’autorisation de bombardement des villes russes par les missiles et bombes françaises livrées sur le front ukrainien.
Le gouvernement français a nié à plusieurs reprises la présence de soldats français actifs en Ukraine dans un cadre officiel. Par exemple, après les allégations russes en janvier 2024 d’une frappe à Kharkov ayant éliminé 60 « mercenaires français », le ministère français des Affaires étrangères a qualifié cela de désinformation, affirmant que l’aide à l’Ukraine se limite à des fournitures militaires et à des formations hors zone de combat. Les pertes documentées concernent uniquement des humanitaires ou des volontaires. En février 2024, deux Français (dont l’un est ancien militaire), dont il est indiqué qu’ils auraient travaillé pour une ONG suisse, ont été tués dans une attaque de drone russe à Kherson. Et en 2022-2023, plusieurs volontaires français (ex. : Wilfried Blériot, Adrien Dugay-Leyoudec, Andreas Gallozzi) sont morts en combattant aux côtés de la Légion internationale ukrainienne. En mars 2024, un haut responsable russe, Piotr Tolstoï, a affirmé que 147 Français auraient été tués, citant des noms d’actifs ou d’anciens militaires. En mai 2024, la Russie a revendiqué la mort d’un officier des forces spéciales françaises, Thibault Aimé, sans preuves vérifiables, son nom apparaissant par ailleurs sur les réseaux sociaux comme mort au combat en Ukraine. Ces déclarations ne peuvent, dans cette situation de guerre, être confirmées par des sources indépendantes
Cette escalade militaire permanente, violant au demeurant les garde-fous constitutionnels qui exigent le contrôle du peuple souverain de la Nation française sur l’engagement du pays dans la guerre, le dévoiement et l’abondant de la dissuasion nucléaire au profit de forces étrangères avec des risques terribles pour la France devenant ainsi le paratonnerre atomique de l’Europe, provoque d’ailleurs une très forte désapprobation et une sourde colère dans la communauté militaire. En témoigne la puissante tribune de mars 2025 de nombreux militaires de haut rang.

De la même façon il est nécessaire de rappeler que les Français, dans leur immense majorité, s’opposent à l’implication de la France dans la guerre en Ukraine, à commencer par le déploiement de troupes française, mais aussi en s’opposant à l’accroissement de l’aide au régime de Kiev (lire ici : Sondage : Les Français très opposés à l’envoi de soldats en Ukraine, refusent l’augmentation de l’aide militaire à l’Ukraine )
La menace : l’OTAN parle d’envahir la Russie
Si la Russie n’a eu de cesse de porter des dénégations sur son souhait de mener plus à l’ouest ses opérations militaires – et la réalité militaire du front statique depuis maintenant trois ans en Ukraine démontre d’ailleurs combien la menace de troupes russes menaçant Varsovie, Berlin et fortiori Strasbourg relève d’une pure propagande de guerre – c’est bien du côté des chancelleries occidentales et de l’OTAN que les menaces belliqueuses se multiplient. C’est ainsi que l’on a pu entendre la responsable des Affaires étrangères de l’Union européenne et Première ministre « estonienne » Kaja Jallas revendiquer rien moins que de désintégrer la Russie et de la morceler en « petits États », dans un appel explicite à la destruction de la Russie.
Ces derniers jours, des commentaires de hauts responsables militaires de l’OTAN ont attiré l’attention sur le territoire de Kaliningrad, une enclave russe stratégiquement située entre la Pologne et la Lituanie, abritant d’importantes forces de la dissuasion nucléaire russe (environ 100 ogives tactiques avec une force de missiles balistiques Iskander et Kinjal). Le 17 juillet 2025, le général Christopher Donahue, commandant des forces terrestres américaines en Europe et en Afrique, a déclaré lors de la conférence LandEuro que les capacités de l’OTAN permettraient de « prendre Kaliningrad depuis le sol » dans un délai « jamais vu auparavant », dans le cadre de la nouvelle stratégie de la « Eastern Flank Deterrence Line ». Cette ligne vise à renforcer les défenses terrestres, l’interopérabilité et la mobilisation rapide contre une éventuelle agression russe. Des propos qui sont rien moins qu’une menace explicite. Ces déclarations sont d’ailleurs d’autant plus crédibles que l’OTAN a conduit des exercices militaires près de Kaliningrad, impliquant jusqu’à 9 000 soldats de 20 nations en 2024. Dans le même temps, le secrétaire général Mark Rutte et ex-Premier ministre des Pays-Bas a averti le 14 juillet 2025 que des interférences russes dans les systèmes GPS, attribuées à Kaliningrad, pourraient entraîner une réponse si elles causaient des pertes civiles, comme des frappes sur les installations de brouillage ou une augmentation de l’aide militaire à l’Ukraine.
La Russie a réagi vivement, avec des responsables comme Leonid Slutsky, président du comité des affaires étrangères de la Douma, affirmant le 18 juillet 2025 que toute attaque contre Kaliningrad serait considérée comme une attaque contre la Russie, avec des mesures de représailles possibles, y compris l’utilisation d’armes nucléaires.
L’intérêt des peuples, la paix : l’argent pour les salaires, pas pour la guerre; la vraie menace, le capitalisme et son impérialisme
Lors de son discours aux armées le 13 juillet 2025 à l’Hôtel de Brienne, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation significative du budget de la défense française, visant à doubler les ressources allouées aux armées d’ici 2027 par rapport à 2017. Il a également annoncé un effort supplémentaire de 3,5 milliards d’euros en 2026 et 3 milliards d’euros en 2027, en plus des augmentations annuelles déjà prévues dans la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui tablait sur 413 milliards d’euros sur cette période. Cela porte le budget de la défense à 64 milliards d’euros en 2027, soit un doublement par rapport aux 32,2 milliards d’euros de 2017. Ce qui en fait l’un des tout premiers postes de dépenses de l’État, juste après le paiement des spéculateurs financiers profiteurs de dette publique.
L’objectif de l’OTAN, fixé en juin 2025, est de consacrer 5 % du PIB à la sécurité (dont 3,5 % pour la défense) d’ici 2035. Pour la France, cela pourrait représenter un budget annuel de défense proche de 100 milliards d’euros à l’horizon 2035, selon les estimations du ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
Macron a évoqué un « service militaire volontaire rénové » pour mobiliser la jeunesse, avec des orientations précisées à l’automne 2025. Cela pourrait inclure une augmentation des réservistes (de 45 000 à 52 000 d’ici fin 2026) et une formation militaire pour renforcer l’engagement dans les armées. Un prélude nécessaire au déploiement des divisions de l’armée de terre française sur le front de l’Est. Ces hausses interviennent dans un contexte de contraintes budgétaires, avec un déficit public important et un plan d’économies de 40 milliards d’euros annoncé par le Premier ministre François Bayrou pour 2026.
Cela représente un effort cumulé de plusieurs centaines de milliards d’euros sur la décennie. Des centaines de milliards d’euros qui ne font pas défaut à Macron et aux milliardaires, alors que les mêmes prétendent que la France des travailleurs doit se saigner sou après sou, en coupant dans les budgets de la santé, le soutien aux malades et invalides, aux familles, aux précaires. En taillant dans les services publics essentiels, comme l’hôpital public, ou l’Éducation nationale, mais aussi en écrasant la Sécurité sociale pour réduire les retraites, les indemnités de chômage. En privant les Français de leurs vacances. Et même en supprimant dans un geste de revendication politique que l’on comprend mieux dans ce contexte d’escalade militaire contre la Russie, le jour férié antifasciste du 8 mai commémorant la victoire, essentiellement obtenue par l’Union soviétique, contre le nazisme et ses alliés de l’Axe fasciste européen de la grande Europe.
De fait, la menace contre les intérêts vitaux de la France des travailleurs, ce n’est pas tant la Russie que l’impérialisme guerrier de l’Axe USA UE OTAN et de ses spéculateurs capitalistes. Pour la paix, l’argent doit être pour les salaires, pas pour la guerre ni pour les actionnaires. L’argent pour l’école, l’emploi, l’hôpital, pas pour la guerre mondiale ! C’est tout le sens de la mobilisation populaire qui se construit cet été pour la rentrée afin de barrer la route à la guerre et à l’austérité qui l’accompagne, et au contraire défendre nos vies contre les profits des milliardaires et de leurs guerres !
JBC pour www.initiative-communiste.fr