
La dermatose nodulaire contagieuse frappe les troupeaux de bovins dans l’Ariège et la Haute-Garonne, mais le Tarn et le Tarn et Garonne ne sont pas à l’abri, l’épidémie risque de s’y diffuser, faisant peser une épée de Damoclès sur les éleveurs encore épargnés. En effet, la stratégie mise en place par le gouvernement ne fonctionne pas.
Dans la soirée du 18 décembre, la Confédération paysanne 82 (Tarn et Garonne) a appelé ses membres et ses soutiens à participer à une action de blocage avec la Coordination rurale pour affirmer clairement sa position en faveur de l’arrêt immédiat des abattages totaux des troupeaux et peser dans le rapport de force avec les autorités gouvernementales et les autres syndicats paysans. Le péage de Montauban-Sud, à Bressols, a été occupé quelques heures par les agriculteurs avant que ceux-ci soient délogés par les gendarmes mobiles. Le PRCF est présent pour apporter son soutien aux paysans. Il a pu s’entretenir avec Jérémy Forêt, un des responsables de la Confédération paysanne du 82 (Tarn et Garonne), pour lui poser quelques questions pour Initiative Communiste sur cette crise qui frappe les éleveurs de bovins, et plus largement la crise agricole générale sur les plaies de laquelle l’Union Européenne et son accord de libre échange avec le Mercorsur verse du sel.
A lire :

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On remarquera que Jeremy Forêt porte le discours pro Union Européenne de la Confédération Paysanne, un syndicat qui s’exprime pour rester dans l’UE et une réforme de celle-ci, une analyse qui fait fortement débat dans les actions puisque un nombre croissant de paysans ne croient pas à ces promesses idéales de « changer l’Union Européenne » que chacun entend en boucle depuis 40 ans avec les résultats que chacun peut observer, une UE qui ne fait que pousser dans l’ultra capitalisme et désormais de façon ouverte et dangereuse dans la guerre. Sur les ronds points, les péages et les échangeurs bloqués, c’est bien le drapeau de l’Union Européenne qui est brulé, la présidente de la commission européenne qui est ciblée comme responsable de la catastrophe en cours. En-effet nombre de paysans subissent les ravages de la politique agricole commune et constate que l’Union Européenne est avant tout, structurellement, une machine d’exploitation faite pour et par l’agro capitalisme, pour agir de façon impérialiste sur les marchés mondiaux et totalement tournée contre l’agriculture paysanne qui est au cœur du modèle agricole en France.
A lire :
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Interactif : La carte des blocages
C’est donc aussi pour nourrir ce débat que les militants du PRCF sont présents au coté des agriculteurs paysans, comme ils le sont au coté des agents des services publics ravagés par les directives européennes de libéralisation et ses ordres d’euro austérité de l’Hôpital Public à l’Education Nationale en passant par la SNCF ou l’EDF-GDF, et comme ils le sont au coté des ouvriers de l’industrie qui ont vu l’essentiel des usines fermées car délocalisées sous l’égide du dumping social organisée par l’Union Européenne. Pour la France des travailleurs, la France des paysans, des ouvriers, de leurs service public, pour s’en sortir, il faut sortir de l’Union Européenne. Alors bien sûr des décennies de propagandes et de bourrage de crane d’une part, l’inquiétude face à la montée de l’extrême droite (une extrême droite qui par la voix de Bardella vient de réaffirmer qu’elle est 100% pro UE et contre la sortie de l’UE et de l’euro, de même qu’elle soutient la FNSEA et avec elle la PAC), font que cette question centrale du frexit progressiste, n’est pas encore saisie pleinement par nombre d’organisations syndicales. Avec pour cela des arguments portant sur la paix et le souci de tenir une position internationaliste de solidarité des peuples, et la volonté de réformer l’UE. Ces deux arguments sont essentiels et ils doivent être considérés et c’est bien pourquoi la question doit être placée au cœur des débats. Car c’est un fait établi que la France des travailleurs a en 2005 voté à plus de 70% contre l’ensemble des traités européens, c’est à dire contre l’Union Européenne, et qu’elle s’est opposée à chacune des étapes de la construction européenne, dès le traité de Rome. Prévoyant le désastre social, économique, et démocratique qui en résulterait, et qui est devant nous aujourd’hui. Au moment où l’Union Européenne, en s’appuyant sur une majorité de gouvernement de droite extrême et d’extrême droite aux violentes idéologies nationalistes européennes, xénophobes, ordonne de dépenser des centaines de milliards d’euros pour faire la guerre, prolongeant et intensifiant l’escalade sur le front de l’Est pour faire durer la guerre et assurer l’intégration du marché ukrainien au sein du grand marché de l’UE (ce qui a déclenché la guerre en 2013), l’argument de ne pas remettre en cause l’UE par soucis de protéger la paix et de se prémunir contre le nationalisme a plus que du plomb dans l’aile. Quant à la réforme de l’UE, alors que l’agriculture, l’industrie, les services publics sont en ruine en France et que l’UE verrouille plus que jamais un pouvoir exclusivement aux ordres des multinationales comme le démontre le passage en force sur l’accord de libre échange avec le MERCOSUR, il est urgent d’oser tous ensemble réfléchir, débattre et se poser toutes les bonnes questions.
Jérémy Forêt (Confédération Paysanne ) : Le virus qui circule n’est pas nouveau et son impact sur le cheptel est en réalité minime. Sa classification par l’Union européenne et les protocoles mis en place dépendent d’intérêts autres que sanitaires.

Initiative Communiste : Comment analysez-vous la situation actuelle de la dermatose nodulaire contagieuse et son impact sur les exploitations agricoles ?
Jérémy Forêt : Le virus qui circule n’est pas nouveau et son impact sur le cheptel est en réalité minime. Sa classification par l’Union européenne et les protocoles mis en place dépendent d’intérêts autres que sanitaires. Pour parvenir à l’immunité du cheptel, il faudrait une gestion sanitaire différente. Nous avons déjà subi des épidémies, la plus terrible étant celle de la « vache folle », dans les années 1990, où des troupeaux entiers ont été abattus, provoquant une grave crise de la production de viande bovine. Mais l’épidémie de la DNC n’est pas mortelle, ou du moins très peu.
Initiative Communiste : Quelles sont vos critiques à l’égard de la stratégie sanitaire mise en place pour lutter contre la propagation de la DNC ?
Jérémy Forêt : Pour le moment, il n’y a pas de véritable stratégie, mais des réactions dans l’urgence. Trois mille cinq cent vaches ont été abattues à ce jour : ce n’est pas une solution scientifique ! La filière est en danger en termes de renouvellement des générations agricoles, Dans dix ans, les éleveurs actuels seront à la retraite. Qui les remplacera ? Il faudrait investir dans la formation professionnelle des éleveurs, mais les financements ont été bloqués pour cause de déficit budgétaire !
Dans une telle crise, il faut anticiper, ce qui n’est pas fait aujourd’hui. Il faut une vaccination totale du cheptel. Car si aujourd’hui, l’épidémie dans le Sud-Ouest se limite – si on peut dire – à l’Ariège et à la Haute-Garonne – le Tarn et le Tarn et Garonne ne sont pas à l’abri si elle se diffuse, ce qui risque bien d’arriver, vu que la stratégie mise en place ne fonctionne pas
La Confédération paysanne a proposé des protocoles à la ministre de l’Agriculture pour gérer cette crise, a proposé des solutions, demandant un dialogue avec les autorités. Nous n’avons pas eu de réponse. Pourtant, nous avons appelé les autorités à écouter et à entendre tous les partenaires.
Initiative Communiste : Et qu’en est-il, à votre avis, du rôle et de la position de la FNSEA ? Du modèle économique promu par la PAC et des directives vétérinaires de l’Union européenne ? Cette crise n’est-elle pas la goutte qui fait déborder le vase ?
Jérémy Forêt : Non, ce n’est pas la goutte d’eau, ce n’est pas irréversible. Cela dit, nous sommes dans une crise politique, pas sanitaire ! La puissance publique marche avec la FNSEA, c’est une véritable cogestion, où l’influence des intérêts des lobbies privés est écrasante.
La politique de l’UE dépend de chaque pays membre, il s’agit donc d’élire des gens prêts à mettre fin à la puissance des lobbys privés qui font la loi dans l’Union européenne et ne sont pas compatibles avec l’Europe des peuples, sociale et environnementale prévue à la sortie de la guerre. À l’époque, seule la Communauté économique européenne (CEE) existait, et sa seule feuille de route était économique. Mais aujourd’hui nous ne pouvons pas être dirigés par cette seule boussole. La réforme de la PAC devrait donner plus de pouvoir et de marge de manœuvre aux membres pour prévoir des financements en faveur du monde agricole. Car il y a accélération de la prédation sur le foncier, l’expansion de l’agro-industrie…
L’UE reste un outil important, qui doit jouer son rôle dans le paysage mondial. Nous devons remettre l’Europe sociale au centre. C’est mon espoir, même si je ne me fais guère d’illusions : ce ne sera pas possible si les paysans restent seuls à se lever et s’il n’y a pas de prise de conscience plus large.



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