Face à la mobilisation massive des chauffeurs de taxis qui secoue actuellement notre pays, la commission Transports du PRCF souhaite souligner l’enjeu politique et social fondamental que révèle cette crise.
1. Une dépendance systémique aux transports sanitaires
Au fil des trente dernières années, les taxis sont devenus peu à peu les piliers du transport sanitaire de proximité. Les 40 000 taxis conventionnés assurent aujourd’hui près de la moitié des déplacements médicaux, soit 3,1 milliards d’euros sur 6,7 milliards dépensés dans ce secteur. Beaucoup d’entre eux tirent de 50 % à 80 % de leur chiffre d’affaires de cette activité .
2. Le fruit amer des coupes budgétaires provoquées par l’UE
Ce déséquilibre n’est pas accidentel : il est directement lié aux politiques de réduction des dépenses publiques imposées par l’Union européenne. L’euro-austérité budgétaire a affecté plus durement encore ces dernières années les services hospitaliers, freinant le développement des transports sanitaires publics. Résultat : les taxis sont contraints de combler les lacunes d’un système public rendu sciemment défaillant par l’Union européenne – qui ne supporte aucun monopole ou service public –, assumant une fonction de service public sans l’envergure ni les moyens nécessaires.
3. L’ubérisation et la concurrence déloyale des VTC
Alors que l’activité des taxis repose sur un lourd filet conventionnel, social et fiscal, les plateformes de VTC (Uber, Bolt, etc.) opèrent dans un cadre beaucoup moins exigeant. Cotisations, formations, contrôle des plaques ? Pas ou peu. Les impôts et les contraintes réglementaires pèsent lourd pour les taxis, leurs concurrents « ubérisés » jouissent d’un traitement fiscal et réglementaire préférentiel, parfois frôlant l’illégalité.
4. La réforme du transport sanitaire : le coup de grâce ?
La CNAM et le gouvernement projettent de réformer les tarifs du transport sanitaire : forfait de prise en charge à 13 €, tarification au kilomètre, limitation des retours à vide, etc. Si ces mesures visent à maîtriser la dérive des dépenses (+ 45 % depuis 2019), elles menacent d’entrer en vigueur dès octobre, sans accord réel avec les taxis, qui pourraient perdre jusqu’à 60 % de leur revenu.
Pourquoi ce mouvement est juste, et pourquoi il exige notre soutien :
- Parce que la profession supporte les conséquences directes d’une politique européenne d’austérité, avec l’effondrement programmé de l’offre de transport sanitaire public.
- Parce que les taxis payent l’addition d’une logique économique européenne qui, sous couvert de « concurrence libre et non-faussée », fait la part belle à la concurrence totalement déloyale de « l’ubérisation ».
- Parce qu’il s’agit, en réalité, d’une lutte contre la marchandisation de la santé, et pour le droit au transport pour tous dans un cadre public, démocratique et solidaire.
Nos revendications prioritaires :
- Suspension immédiate de la convention CNAM en cours de négociation, jusqu’à rétablissement d’un cadre équitable et concerté.
- Remboursement effectif des transports sanitaires réalisés pour écouler la dette hospitalière créée par les restrictions budgétaires.
- Blocage ferme de l’ubérisation : encadrement strict des plateformes VTC, taxation réelle sur leur activité, respect des cotisations sociales et fiscales.
- Création d’un service national de transports sanitaires publics, sous contrôle social, intégré dans un projet global de reconquête du service public de la santé.
Mobiliser le PRCF et ses forces populaires à cette cause, c’est se hisser aux avant-postes d’une lutte stratégique : celle du rétablissement des services publics, contre la logique mortifère du « tout-marché » imposée par l’UE du Capital.