
En avance sur le 10 septembre et sur le mouvement « Bloquons tout ! », les électriciens-gaziers CGT annoncent 200 blocages de site EDF pour obtenir la re-indexation des salaires sur les prix, des tarifs ENEDIS accessibles pour tous les usagers, et bien entendu l’annulation des contre-réformes d’origine européenne qui détruisent EDF depuis des années tout en massacrant les acquis sociaux. La dernière en date étant la privatisation des barrages électriques par le gouvernement prétendument français cédant à la pression de l’Union européenne…
C’est pourquoi, comme l’a précisé Cédric Liechti, leur dirigeant parisien, les travailleurs d’EDF en grève reconductible soutiendront le mouvement citoyen « Bloquons tout! » qui, n’en déplaise aux états-majors CFDT-compatibles, appelle à lutter pour GAGNER et pas seulement pour « témoigner du mécontentement » (avant de rentrer sagement à la maison… Grosjean comme devant comme les y a habitués Laurent Berger à propos de la retraite à 64 ans…).
Convergences de rentrée des luttes
par Georges Gastaud
Les électriciens gaziers en grève pour défendre l’énergie de la France des travailleurs
Avec plus de 200 piquets de grève sur tout le territoire, les agents des IEG sont en grève à partir du 1er septembre
Les objectifs sont clairs : aller gagner une grille de salaire sur la base des revendications CGT, l’abrogation de la réforme des retraites qui veut enterrer le statut pionnier des IEG, et la baisse des factures pour les usagers.
À la demande des agents sur le terrain, ce mouvement massif et offensif ne s’inscrit pas dans les dispositifs classiques de négociations salariales, verrouillés par le patronat. Les travailleurs et travailleuses de l’énergie imposent leur calendrier, pour satisfaire leurs revendication, jusqu’à la victoire.
« Pour faire un grand brasier, il faut allumer plusieurs feux. »
De la grève reconductible dans l’énergie, aux mobilisations du 10 et à la grande journée de grève et de manifestations appelée par tous les syndicats le 18 septembre, les mobilisations sont en train de se multiplier.
Sous les ordres de l’Union Européenne, le racket des usagers de l’énergie : +15 % de TVA
Racket des usagers à la facture…
Dès le 1er août, la TVA sur l’électricité et le gaz passera à 20 % sur l’ensemble de la facture, contre 5,5 % actuellement sur la part abonnement.
Ce que ça signifie concrètement :
Une hausse de 50 à 120 € par an pour des millions de foyers.
13 millions de personnes déjà en précarité énergétique vont payer encore plus.
Tout ça pour rapporter 1,5 milliard d’euros à l’État.
…Pillage du patrimoine de la Nation
Sous la menace de la Commission Européenne, et la pression de sa violente procédure de déficit excessif, l’Union Européenne vient d’obliger la France a brader l’électricité produite par les barrages hydroélectriques des Français. Ces barrages, pour l’essentiel construits dans les efforts de la reconstruction après guerre par le service public de l’Energie, Electricité de France, dans le cadre de concessions hydroélectriques, sont stratégiques pour le pays; C’est eux qui garantissent le fonctionnement du réseau électrique, tant en terme de distribution que d’équilibre de la production. Ils sont également stratégiques pour le fonctionnement et la sécurité des centrales nucléaires (tant en matière de régulation des débits des cours d’eau nécessaire à leur refroidissement que pour permettre leur démarrage : les centrales nucléaires sont bien souvent couplés à un ensemble de de centrale hydroélectrique).
La France était poursuivie par l’Union Européenne sous plusieurs procès. L’un de 2015, concernant la position dominante d’EDF, et l’autre de 2019, relatif à l’absence de mise en concurrence des concessions échues. Il répond aux exigences de la directive européenne de 2014 sur les concessions tout en préservant la souveraineté énergétique française. L’hydroélectricité, première source d’énergie renouvelable en France (26 GW installés, soit 17 % de la capacité électrique nationale), est cruciale pour la flexibilité du système électrique et la transition énergétique.
Sous le monopole d’EDF d’une part, de GDF suez (Compagnie Nationale du Rhone, SHEM), les concessions hydroélectrique échappaient pour une large part à la privatisation et la libéralisation imposée par les traités européens, et en particulier les directives du paquet énergie en résultant. Il faut pourtant rappeler que ces barrages, les emblématiques Serre Ponçon, Vouglans, Genissiat, Grand Maison, Roselend La Bathie, Tignes, dans les Alpes et le Jura, Bort les Orgues Sarrans, l’Aigle, Le Pouget dans le massif central ou Petit Saut en Guyanne, ont tous été intégralement payés et construits par les français et le travail des électriciens gaziers. Ils sont le bien public exclusif de la Nation.
Le régime macron Bayrou, avec l’appui complice du RN de Bardella Le Pen, a profité de l’été 2025 pour passer un accord bradant l’énergie de ces barrages aux spéculateurs privés, pour satisfaire aux ordres de la Commission Européenne.
L’accord prévoit de remplacer le régime actuel de concessions, où l’État est propriétaire des barrages et en confie l’exploitation à des opérateurs comme EDF, par un régime d’autorisation. Dans ce nouveau cadre, les exploitants, notamment EDF, deviendraient propriétaires des barrages, évitant ainsi l’obligation de mise en concurrence imposée par le droit européen. Ce changement ne s’applique pas aux ouvrages de la Compagnie nationale du Rhône (CNR, filiale d’Engie), qui relèvent d’un statut spécifique prolongé jusqu’en 2041. De facto, cela revient à privatiser les barrages dès lors qu’EDF serait privatisée.
Pour répondre aux exigences européennes sur la concurrence , l’accord stipule qu’EDF devra mettre à disposition 6 gigawatts (GW) de capacités hydroélectriques « virtuelles » à des tiers. Ces capacités, représentant environ un tiers de la puissance hydroélectrique d’EDF, seront vendues via des enchères concurrentielles sous le contrôle de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Ces volumes ne donnent en théorie aucun droit de gestion opérationnelle des barrages, qui reste entre les mains d’EDF, ils privent cependant l’opérateur public de la libre disposition de ses outils de productions en l’obligeant à brader à vil prix l’électricité produite. Ce mécanisme est tout à fait similaire à celui de l’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) en obligeant la vente par EDF de sa production auprès de tiers privés, qui la revendront de manière spéculative, profitant sur le dos du service public et des usagers.
Pour concrétiser cet accord, une proposition de loi sera déposée par les députés Marie-Noëlle Battistel (PS) et Philippe Bolo (Les Démocrates), qui ont contribué aux négociations via une mission parlementaire. Ce texte, attendu à l’automne 2025, précisera les modalités du nouveau régime d’autorisation et les conditions des enchères. Il faut une fois de plus noter ici la complicité du PS, qui fait primer l’Union Européenne du Capital et de ses milliardaires contre la France des travailleurs et leurs services publics.