Ce n’est pas une surprise, en Syrie sous la coupe du djihadiste d’Al-Qaida qui s’est emparé de pouvoir à Damas avec le soutien de la Turquie et des capitales occidentales à la fin 2024, les massacres se multiplient. Après les terribles exactions qui ont visé la cote en ciblant particulièrement la minorité alaouite, c’est maintenant dans le sud du pays les druzes qui sont ciblés. La minorité kurde, pourtant collaborant avec les USA, déjà dans le viseur s’inquiète. Des images de massacres atroces parviennent en ce mois de juillet 2025 de la ville de Soueïda. Tandis que le régime Joulani déchainent des colonnes de ses terroristes islamistes pour s’emparer de la ville et persécuter les druzes, l’armée du régime de Tel-Aviv bombarde la Syrie prenant prétexte du chaos. L’incursion de l’armée israélienne n’est pas nouvelle puisque dès le 8 décembre, elle a lancé sa plus grande campagne aérienne depuis la guerre du kippour. Avec le renversement de El Assad, elle a ainsi éliminé les armes et capacités militaires permettant de protéger l’intégrité et l’unité de la Syrie et lui laissant libre action dans le pays. Dans un même mouvement elle s’est emparée et a occupé complétement le Golan et la montagne Hermon, dominant Damas, installant des bases militaires signe d’une volonté durable d’occupation et d’expansion. Initiative Communiste revient donc sur les éléments nécessaires à la compréhension de la situation actuelle, et aux actions nécessaires qui en découlent pour ramener la stabilité et la paix. Un impératif direct pour la France, dont il faut rappeler que les terribles attentats de ces groupes islamistes ont ensanglanté le sol.
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Le récent embrasement de la ville syrienne de Soueïda, à majorité druze, illustre tragiquement la stratégie impérialiste du « diviser pour régner » à l’œuvre contre la Syrie. Alors qu’un cessez-le-feu fragile avait été conclu après des combats meurtriers entre milices druzes locales et combattants bédouins pro-gouvernementaux, de nouveaux affrontements ont éclaté et Israël s’est même permis d’intervenir militairement sous prétexte de « protéger les Druzes ». La présidence syrienne intérimaire – aujourd’hui dirigée par Ahmed al-Charaa (alias Abou Mohammad Al-Joulani, ex-chef d’Al-Qaïda/Al-Nosra) – a accusé des factions druzes de violer la trêve et dénonce des « forces hors-la-loi » semant le chaos.
Au-delà des apparences d’un conflit communautaire interne, l’on discerne nettement la main de l’impérialisme américano-israélien et de ses alliés dans ce nouveau drame syrien. Leur objectif ? Affaiblir et morceler davantage la Syrie post-Assad, en instrumentalisant les minorités et les conflits locaux pour empêcher le retour à la paix.
Un plan impérialiste pour fragmenter la Syrie
Ce qui se passe à Soueïda n’est pas un simple soulèvement local spontané, mais le prolongement d’une stratégie impérialiste globale contre la Syrie. Depuis 2011, Washington, Tel-Aviv, Ankara et les monarchies du Golfe ont encouragé et armé divers groupes pour renverser le gouvernement syrien. Ils les présentaient en Occident comme des « combattants de la liberté », mais la réalité a toujours été tout autre : ces forces, dominées par des islamistes réactionnaires, se sont révélées être des destructeurs de l’unité territoriale syrienne et les fourriers d’un partage impérialiste du pays. Loin d’instaurer un régime démocratique, elles ont servi de béliers pour briser la Syrie en entités sectaires ennemies les unes des autres, détruisant au passage la laïcité relative de l’État syrien et terrorisant les minorités alaouite, druze, chrétienne, etc..
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La chute du pouvoir laïc de Bachar el-Assad fin 2024 – arrachée sous la pression conjointe des puissances occidentales et de la Turquie – a été saluée naïvement comme une « victoire de la démocratie » par certains. En réalité, elle a ouvert la voie au chaos sanglant que nous constatons aujourd’hui. En décembre dernier, les occidentaux ont adoubé à Damas un « nouveau dirigeant syrien » en la personne d’Ahmed al-Charaa, mieux connu sous son nom de guerre Al-Joulani, chef de file d’une milice djihadiste (ex-Al-Qaïda). C’est ce même personnage – issu du terrorisme islamiste – qui occupe le poste de président intérimaire à Damas, avec la bénédiction de Washington, d’Ankara et de l’Union Européenne. Le résultat ? Conformément à ce que les communistes syriens et le PRCF dénoncent depuis des années, la Syrie « libérée » par les ingérences étrangères est en train de sombrer dans la terreur islamiste. Dès son arrivée au pouvoir, Al-Joulani/Al-Charaa a fait massacrer des centaines de civils dans les communautés autrefois protégées par l’État syrien, notamment les Alaouites sur la côte en mars, et désormais les Druzes de Soueïda. Derrière lui, on retrouve l’ombre de l’axe américano-israélo-ottoman, qui lui a permis de s’installer à Damas et couvre aujourd’hui ses exactions.
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Il est notoire que les stratèges de l’impérialisme veulent démembrer les États arabes souverains qui résistent à leur hégémonie, afin de régner sur des confettis ethno-confessionnels impuissants. La Syrie, ancienne alliée de la Russie et de l’Iran, subit ce sort : après l’avoir saignée par la guerre, on cherche à la balkaniser comme ce fut le cas de la Yougoslavie ou de la Libye. Les think-tanks sionistes avaient d’ailleurs théorisé de longue date le morcellement des pays voisins d’Israël. Aujourd’hui, avec le conflit de Soueïda, ce projet passe de la théorie à la pratique. Israël profite du vide laissé par le retrait des troupes syriennes pour se tailler une zone tampon dans le sud syrien. L’aviation israélienne a bombardé ouvertement Damas et les forces gouvernementales, sous prétexte d’empêcher « une guerre ouverte » à sa frontière. Le gouvernement Netanyahu a cyniquement proclamé qu’il « défendrait la communauté druze » de Syrie, tout en poursuivant parallèlement ses bombardements meurtriers à Gaza et ses annexions en Cisjordanie . En réalité, Tel-Aviv instrumentalise la question druze pour avancer ses pions : affaiblir encore la Syrie, légitimer son emprise sur le Golan occupé et apparaître comme un « sauveur » régional afin de normaliser son colonialisme. Le résultat, prévisible, est d’attiser davantage les tensions intercommunautaires et de menacer la paix civile en Syrie – ce que le régime de Damas a officiellement reproché à Israël, accusé de « pousser vers le chaos et l’effondrement de la sécurité ».
Vidéo à regarder : Quelles conséquences de la destruction de la Syrie ? PôlePositions #4
Notons d’ailleurs que même l’actuel président syrien intérimaire (pourtant soutenu par Washington, mais encore d’avantage client de la Turquie d’Erdogan) a dû reconnaître cette logique de partition à l’œuvre. Dans une déclaration publique, Ahmad al-Charaa a condamné l’ingérence d’Israël en affirmant avoir voulu éviter « une guerre ouverte » avec ce dernier. Il a surtout accusé Israël de chercher à fracturer la Syrie et de semer la division au sein du peuple syrien. Cette fois, nous serions tentés de lui donner raison : oui, l’État sioniste – comme l’impérialisme US dont il est l’allié – vise bel et bien à détruire la cohésion de la nation syrienne pour en finir avec tout État arabe indépendant au Proche-Orient. C’est la poursuite du « Grand Jeu » impérialiste qui, après avoir échoué à renverser Assad pendant des années, entend profiter de l’après-Assad pour dépecer la Syrie en zones d’influence rivales.
Les Druzes de Syrie : loyaux à leur patrie, malgré les manipulations extérieures
Au cœur de cette crise se trouve donc la communauté druze de Syrie, forte d’environ 2,5% de la population du pays, soit 570 000 représentants. Historiquement, les Druzes se sont distingués par leur loyauté à l’État où ils résident et leur refus de tout séparatisme. En 1925, c’est depuis le Djebel druze que Sultan al-Atrach, lui-même représentant de cette communauté, lança une grande révolte nationaliste syrienne contre le colonisateur français – signe que les Druzes s’identifiaient pleinement à la nation arabe syrienne. De nos jours encore, les Druzes appliquent le principe de fidélité à leur pays : ils ne cherchent pas à former un État druze distinct, mais s’intègrent aux nations dont ils sont citoyens. Ainsi, en Israël même, la majorité des Druzes servent dans l’armée et dans les institutions du pays (non sans subir par ailleurs la discrimination du régime sioniste). De même, en Syrie, les Druzes ont largement soutenu l’État syrien au cours de la guerre. Malgré quelques réticences envers le pouvoir central, la grande majorité de la population druze de Soueïda est restée paisible durant le conflit et n’a pas pris les armes contre Damas lorsque les groupes islamistes (souvent anti-minorités) tentaient de s’emparer du sud syrien.
Il est donc fallacieux de prétendre aujourd’hui que « les Druzes soutiennent Israël » ou que cette communauté aurait appelé Tel-Aviv à la rescousse. Les Druzes syriens ne sont pas les marionnettes d’Israël, bien au contraire. Ce sont d’abord les Druzes d’Israël – intégrés à l’État sioniste – qui ont exercé une forte pression sur leur gouvernement pour intervenir à Soueïda. Par solidarité envers leurs coreligionnaires syriens menacés, des centaines de Druzes israéliens du Golan occupé ont même manifesté à la frontière et tenté de franchir la ligne de cessez-le-feu pour défendre Soueïda. Selon des rapports, près d’un millier de Druzes israéliens auraient convergé vers le sud de la Syrie spontanément, poussant l’armée israélienne à les retenir pour éviter un incident incontrôlé[1]. Ce mouvement démontre l’attachement transfrontalier des Druzes entre eux, mais nullement un ralliement des Druzes syriens à la politique israélienne. En réalité, ces derniers n’ont fait qu’accepter – par pragmatisme face au danger immédiat – l’aide ponctuelle de n’importe quel acteur pouvant empêcher leur massacre. Lorsque vous êtes pris pour cible par des milices fanatisées liées au nouveau pouvoir, qu’un pilonnage aérien israélien force ces milices à reculer, il est compréhensible que les notables druzes saisissent cette opportunité pour sauver des vies. Cela ne signifie aucunement qu’ils plébiscitent l’État hébreu ou qu’ils oublieront le rôle funeste de ce dernier dans la déstabilisation de la Syrie.
En fait, les Druzes syriens restent viscéralement attachés à l’unité de la Syrie. Dès que le cessez-le-feu a pu être négocié sous l’égide internationale (États-Unis, Jordanie, etc.), des chefs spirituels druzes ont exigé l’intégration pleine et entière de Soueïda dans l’État syrien[2]. La trêve annoncée prévoit ainsi la remise de la sécurité de la province aux mains conjuguées des autorités centrales et des dignitaires druzes locaux – ce qui est un gage d’apaisement et de réconciliation nationale, loin de tout séparatisme. Ce choix témoigne que, malgré l’amertume de l’abandon temporaire par l’armée régulière, les Druzes de Soueïda ne cherchent pas à faire sécession ni à se placer sous protection étrangère. D’ailleurs, un parallèle édifiant peut être fait avec les Druzes du Golan occupé : plus de cinquante ans après l’occupation israélienne de ce plateau syrien, la plupart des 20 000 Druzes du Golan refusent toujours la nationalité israélienne et se considèrent officiellement comme des citoyens syriens loyaux[3]. Cela, Israël le sait bien : jamais il n’a réussi à gagner réellement les cœurs de cette communauté fière et enracinée. Présenter les Druzes syriens comme des alliés naturels du sionisme est donc une manipulation grossière, qui ne vise qu’à justifier rétrospectivement l’ingérence israélienne.
En vérité, l’unique « soutien » sur lequel ont pu compter les Druzes de Soueïda était celui de l’État syrien lui-même, du temps où il exerçait encore son autorité sur la région. Sous le gouvernement Assad, les Druzes – comme les autres minorités – jouissaient de droits et d’une protection relative face aux fanatismes religieux. C’est précisément cette cohabitation multiconfessionnelle que les va-t-en-guerre occidentaux ont brisée en soutenant une rébellion dominée par les islamistes. Le massacre de civils druzes commis durant les récents combats le confirme tragiquement : selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme [organisation basée à Londres, soutien des forces islamistes soutenu par l’occident ndlr], près de 600 personnes ont péri à Soueïda en moins d’une semaine, dont plus de 150 civils druzes – parmi lesquels des dizaines ont été exécutés sommairement par les miliciens de la « Libération » désormais au pouvoir à Damas[4]. Voilà le prix de la “démocratie” version OTAN : le sang des minorités innocentes versé pour satisfaire les appétits géopolitiques de Washington, Tel-Aviv et consorts.
Islamistes et impérialistes main dans la main
Il importe de souligner que ce chaos sectaire n’est pas un dérapage imprévu, mais bien l’aboutissement logique de la collusion entre l’impérialisme occidental et les forces fondamentalistes les plus rétrogrades. Hier en Indonésie, les USA s’appuyaient sur les islamistes pour renverser le pouvoir non alignée de Soekarno et génocider les communistes indonésiens, plus grand parti communiste d’un pays non socialiste. Hier en Afghanistan, la CIA armait Ben Laden et les moudjahidines contre le régime progressiste de Kaboul soutenu par l’URSS. Hier en Libye, l’OTAN a pactisé avec des milices djihadistes pour renverser Kadhafi, plongeant le pays dans l’anarchie. En Syrie, la même cynique alliance s’est reproduite : sous couvert de “révolution”, les États-Unis, l’UE et l’OTAN ont encouragé l’offensive de groupes affiliés à Al-Qaïda ou à Daech. Le printemps syrien a ainsi très vite tourné en un hiver obscurantiste sous la bannière noire des califats autoproclamés, largement tolérés – voire appuyés indirectement – par l’Occident du moment qu’ils affaiblissaient Damas.
Cette connivence est désormais officielle. En recevant en grande pompe à Paris le 7 mai dernier Abou Mohammad Al-Joulani (alias A. al-Charaa) – pourtant un chef terroriste notoire – Emmanuel Macron a confirmé que pour les puissances euro-atlantiques, tous les moyens sont bons pour servir leurs intérêts. Qu’importe si Joulani est l’ancien émir d’Al-Qaïda en Syrie : on le félicite puisqu’il a accompli la mission que Hillary Clinton et Laurent Fabius rêvaient de voir aboutir depuis 2012 : la chute de Bachar. Washington et Bruxelles ferment les yeux sur son pedigree sanglant, en pariant que son régime servira de relais pour isoler l’Iran, affaiblir l’axe Hezbollah et conforter l’hégémonie US dans la région. Au besoin, on l’aidera à redorer son blason – par exemple en faisant retirer sa milice Hay’at Tahrir al-Sham des listes d’organisations terroristes, et en la présentant comme « modérée ». Cette opération de blanchiment est évidemment un coup de poignard pour le peuple syrien, qui subit désormais une double oppression : celle du régime islamiste intérieur et celle des ingérences étrangères permanentes.
D’ailleurs, les légères divergences actuelles entre Washington et Tel-Aviv au sujet de Soueïda ne doivent pas tromper. Officiellement, l’administration américaine (désormais dirigée par un faucon néoconservateur) n’a pas soutenu les frappes israéliennes de ces derniers jours contre l’armée syrienne. Les États-Unis se sont vantés d’avoir « aidé à obtenir un cessez-le-feu » entre le gouvernement intérimaire et les Druzes. En clair, l’Oncle Sam joue les équilibristes : il a besoin que son poulain Joulani ne perde pas totalement la face en se faisant humilier par Israël, tout en veillant à ce que la Syrie reste assez faible et divisée pour ne plus jamais constituer un foyer de résistance anti-impérialiste. Quant à Israël, s’il feint de découvrir que le nouveau pouvoir syrien est « djihadiste » et clame sa « défiance » envers lui, c’est avant tout parce que l’État sioniste entend garder l’initiative et défendre ses propres intérêts directs (sécurité aux frontières, contrôle du Golan et des zones frontalières). Sur le fond, Tel-Aviv et Washington poursuivent le même but : empêcher le peuple syrien de reprendre en main son destin. L’un en occupant militairement des portions du territoire sous prétexte humanitaire, l’autre en manipulant diplomatiquement les conflits internes – et tous deux en maintenant les sanctions économiques qui étranglent la Syrie « pour son bien ».
Ce tandem du cynisme n’en est pas à une contradiction près : le sionisme collabore ici objectivement avec l’islamisme le plus radical, après avoir prétendu incarner le rempart de l’Occident civilisé contre la « barbarie terroriste ». Il suffit de voir la satisfaction non dissimulée des stratèges américains : le nouveau régime syrien, bien qu’infâme sur le plan idéologique (lois charia, persécution des femmes, des progressistes et des minorités), « constitue une chance pour l’impérialisme états-unien » car il éloigne la Syrie de la Russie et de l’Iran et l’aligne sur les intérêts occidentaux. Hier ennemis proclamés, les djihadistes armés et les impérialistes occidentaux marchent donc main dans la main dès qu’il s’agit d’écraser un État souverain et de diviser un peuple. C’est une constante de l’histoire récente : les satellites de l’impérialisme peuvent prendre des formes variées – groupuscules takfiristes, monarchies pétrolières obscurantistes, armées d’occupation « humanitaires » ou puissances sous-traitantes de l’OTAN –, ils n’en servent pas moins la même cause : celle de la domination des multinationales et des puissances capitalistes occidentales sur le reste du monde.

Ne pas se tromper d’ennemi : impérialisme et sionisme hors de Syrie !
Face à ce sombre tableau, une conclusion s’impose : l’ennemi principal des peuples moyen-orientaux reste l’axe impérialiste USA-OTAN-Israël et ses complices locaux. En Syrie, ce sont les ingérences étrangères qui ont allumé la mèche du conflit il y a plus de dix ans, et c’est encore elles qui entretiennent aujourd’hui l’incendie en attisant les fractures communautaires. Il est plus que jamais crucial de ne pas céder à la propagande présentant l’affaire de Soueïda comme un simple problème « ethnique » ou « religieux ». Oui, les tensions existent entre communautés après des années de guerre civile, mais elles ont été exacerbées artificiellement par ceux qui ont armé et financé les fanatiques.
La véritable ligne de clivage n’est pas entre Druzes, Sunnites, Alaouites ou Kurdes : elle est entre, d’une part, les forces du patriotisme syrien et de l’unité nationale (toutes confessions confondues), et d’autre part les forces de l’impérialisme et de la réaction qui œuvrent au démantèlement de la Syrie. Les premiers incluent les progressistes syriens, les militants laïcs, les travailleurs syriens de toutes origines qui refusent le joug islamiste et refusent la tutelle étrangère. Les seconds incluent aussi bien les djihadistes au pouvoir à Damas que leurs maîtres à Washington, Bruxelles, Ankara et Tel-Aviv. Ne nous y trompons pas : ces derniers peuvent se quereller entre eux sur la manière de se partager le butin syrien, mais ils partagent le même objectif final : anéantir la souveraineté de la Syrie et la soumettre au diktat du capitalisme mondialisé.
Plus que jamais, les communistes et anti-impérialistes du monde entier doivent exprimer solidarité et soutien au peuple syrien – y compris aux Druzes de Soueïda aujourd’hui pris en étau – dans son combat pour recouvrer son indépendance et son intégrité. Il faut dénoncer avec force la complicité de nos propres gouvernants dans ce désastre : la France macronienne, par exemple, s’est déshonorée en reconnaissant et en accueillant le tyran intégriste Joulani plutôt qu’en condamnant ses crimes. Notre devoir internationaliste est de demander la fin des ingérences d’Israël et de l’OTAN en Syrie, la levée immédiate des sanctions qui asphyxient les civils, et le respect de l’unité territoriale syrienne.
Le martyr de Soueïda doit servir d’avertissement : partout où l’impérialisme passe, il ne laisse derrière lui que des nations disloquées, des villes en ruines et la montée des forces les plus barbares. En dernière analyse, l’impérialisme euro-atlantique – soutenu dans la région par le sionisme colonialiste et le wahhabisme rétrograde – est bien l’ennemi majeur des peuples du Proche-Orient. Les Syriens en paient aujourd’hui le prix du sang. La seule voie pour sortir de ce cycle infernal, c’est de reconstruire un front anti-impérialiste large, unissant toutes les composantes progressistes et patriotiques de la société, afin de chasser aussi bien les envahisseurs extérieurs que leurs proxies islamistes. La paix en Syrie ne pourra advenir que lorsque les peuples et les nations souveraines de la région pourront décider par eux-mêmes, sans tutelle ni chantage, de leur avenir commun – un avenir de coexistence fraternelle entre toutes les communautés, loin des découpages coloniaux.
A lire : 7décembre 2024, le PRCF affirme sa Solidarité avec les communistes et tous les progressistes de la Syrie indépendante
En cette année de 80ᵉ anniversaire de la victoire sur le nazisme-fascisme, rappelons-nous que c’est par l’union des peuples épris de liberté que l’on triomphe des forces réactionnaires. Aujourd’hui comme hier, soutenir la Syrie dans son droit à l’autodétermination, c’est faire barrage aux visées de l’impérialisme US-UE-OTAN et de ses satellites (sionisme, « djihadisme », etc.). C’est défendre, en fin de compte, l’idée qu’aucune nation n’a le droit d’en détruire une autre impunément. Plus que jamais, solidarité avec la Syrie souveraine, une et indivisible ! Chaque progrès des Syriens vers la paix et l’unité sera un revers pour l’hégémonisme occidental, et une avancée pour tous les peuples qui refusent le nouvel ordre colonial du XXIᵉ siècle.
Antonio Bermudez
[1] https://www.timesofisrael.com/syrian-govt-forces-begin-withdrawing-from-sweida-as-israel-vows-to-protect-druze/#:~:text=Amid%20the%20talk%20of%20a,bring%20the%20Israeli%20civilians%20back
[2] https://www.timesofisrael.com/syrian-govt-forces-begin-withdrawing-from-sweida-as-israel-vows-to-protect-druze/#:~:text=In%20a%20video%20carried%20by,Sweida%20into%20the%20Syrian%20state
[3] https://www.jpost.com/israel-news/arab-residents-of-golan-heights-reject-israeli-citizenship-688867
[4] https://www.lefigaro.fr/international/syrie-la-presidence-accuse-les-combattants-druzes-de-soueida-de-violer-le-cessez-le-feu-20250718#:~:text=Selon%20l%27OSDH%2C%20les%20violences%20ont,combattants%20druzes%C2%BB%2C%20selon%20cette%20source