La pénurie de nourriture et certains biens de consommation essentiels est une source de frustration pour de nombreux vénézuéliens. Mais quelles sont les causes de ces pénuries. En France, relayant les argumentaires de l’opposition pro USA – enragée par la nationalisation de l’exploitation pétrolière par Hugo Chavez – ces pénuries sont présentées comme l’échec de la politique du gouvernement bolivarien de Chavez puis de Maduro. Le gouvernement Maduro dénonce lui la guerre économique menée par l’oligarchie capitaliste contre le peuple Venezuelien. Car la classe capitaliste de Caracas choisissant la politique du pire est bien derrière ces pénuries. Ce n’est d’ailleurs pas une nouveauté on se souvient que dans le Chili d’Allende le patronat avait organisé des « grèves » et le blocage des routes pour faire effondrer l’économie du pays. Mais qu’en est il en réalité, les pénurie de nourriture sont elles bien le résultat de la guerre économique menée par l’oligarchie capitaliste et sa vitrine politique qu’est la MUD ? Des preuves publiées récemment viennent démontrer que c’est bien le cas, puisque les principaux producteurs alimentaires du pays – privés et détenus par l’oligarchie capitaliste – ont récemment réduit leur production de 30%
Le 3 novembre, malgré l’échec de son appel à la grève le 28 octobre, qui s’est soldé par un refus de participer aux violences de l’opposition, la MUD – coalittion des organisations politiques du patronat pro US – appelle à une nouvelle mobilisation pour mener son coup d’état le 3 novembre.
La principale firme agroalimentaire Polar réduit sa production de 30%
l’une des principale entreprise agroalimentaire du Venezuela. C’est l’un des principaux producteurs et distributeur de la farine de mais utilisée pour fabriquer l’arepa – un aliment de base venezuelien. La pénurie de cette farine de maïs dans les circuits de distribution est, parmi d’autre, l’un des symbole de la crise qui frappe le pays.
Mais une enquête menée par La Tabla – exploitant les données publiées par la société Polar elle même sur son site internet – révèle que l’entreprise a décidé d’effondrer ses volumes de production. Pour neufs de ses principaux produits, les volumes de productions sont passés de 33,5 millions de kilos sur une période de deux semaines (du 25 juillet au 7 août) à moins de 23 millions sur la période similaire de début septembre (du 5 au 18 septembre 2016). Par exemple, la production de farine de maïs est passé de 24 millions de kilo pour une quinzaine du mois d’août à moins de 17 millions de kilos pour une même durée au mois de septembre. Ou encore entre le 22 aout et le 4 septembre, l’entreprise a délivré … 0 kg de riz !
Guerre économique et organisation de la pénurie : l’oligarchie capitaliste affame le peuple !
Interrogés, les dirigeants de Polar prétendent qu’ils n’ont pas pu produire car la matière première fait défaut.
Il est vrai que – en raison d’une structure économique néo coloniale hérité de decennies de capitalisme compradore, et comme pour la plupart des pays producteur de pétrole – la production du Venezuela est dominée par le secteur pétrolier. Le Venezuela doit donc importer de nombreux produits, en particulier les denrées alimentaires. Ce qui ne pose aucun problème quand les prix élevés du pétrole font qu’il est économiquement plus avantageux d’acheter ses produits moins chers à l’étranger. Mais qui est économiquement désavantageux quand les prix du pétrole sont bas. Ce qui est le cas depuis 2014 avec la guerre sur les prix du baril impulsé par les Etats Unis et ses alliés des pétromonarchie du Golfe. La baisse spectaculaire du prix du pétrole – aussi brutale inattendue – qui est passé de plus de 100 $ le baril au cours des années 2010 après avoir atteint 140$ en 2008 à 40$ désormais et même 33$ début 2016 pèse donc
fortement sur l’économie du Venezuela. Le pays continue cependant de faire face à tous ses engagements financiers et d’après les institutions internationales – contrairement à la Colombie voisine – il n’y a pas de famine au Venezuela. Contrairement à ce qu’indique la plupart des médias français dans une campagne de propagande anti chaviste féroce.
L’effondrement des cours du pétrole a conduit le gouvernement venezuelien a maintenir des contrôle de change notamment afin de veiller à ce que les devises (dollars) disponibles permettent d’acheter les biens et denrées nécessaire à la population. Ce qui signifie que les producteurs doivent demander des dollars au gouvernement pour pouvoir acheter des matières premières. En pratique, le gouvernement prévoit un taux de change subventionné pour les articles essentiels, comme la nourriture,. Le gouvernement de Maduro a ainsi fourni des dizaines de milliards aux producteurs afin qu’ils puissent acheter les matières premières dont ils ont besoin. Les fonds alloués aux entreprises pour importer les matières premières essentielles ont même été augmentée. Dans ces conditions, les entreprises telle que Polar ne souffrent pas de déficit d’approvisionnement en matières première.
La réalité est tout autre, c’est celle d’une guerre économique afin de discréditer le gouvernement, d’étrangler la population pour justifier un coup d’état. C’est dans ce contexte que les entreprises comme Polar réduisent délibérément la production afin de nuire à l’image du gouvernement et de provoquer le mécontentement de la population.
Le Patron de Polar : un activiste anti Maduro et militant de la MUD
A la suite des révélations sur l’effondrement délibérée de la production de Polar, le patronat de l’entreprise a accusé les contrôles des fonctionnaires du gouvernements d’être responsables de la baisse de production. Ce qui est, on le reconnaîtra assez peu convaincant.
Surtout, le patron de Polar, Lorenzo Mendoza, a affirmé qu’il n’a pas de lien avec l’opposition politique du pays. Il a pourtant été vu en bonne place de la manifestation de la MUD organisé mercredi 26 octobre 2016. Un geste qui est à l’évidence une provocation, puisque Mendoza s’est précédemment présenté en soutien du dialogue entre le gouvernement et l’opposition.
Les pratiques de guerre économique ne sont pas nouvelles : le président Chavez avait du menacer la société Polar de nationalisation, alors que les dirigeants de la société étaient – déjà – accusés de stocker des vivres pour spéculer sur les prix.
Les partisans du gouvernement bolivarien appellent eux de longue date à la nationalisation de Polar, qui contrôle une part considérable de l’industrie alimentaire et de la distribution de boissons du Venezuela. Rappelons qu’en dehors du secteur pétrolier, l’oligarchie capitaliste – dont la MUD est le bras politique – contrôle l’essentiel des secteurs économiques du pays. Contrairement à la propagande véhiculée par les médias occidentaux en France, l’économie du Venezuela est une économie capitaliste, largement contrôlé par la classe capitaliste qui est extrêmement riche.
Face à la crise, le président Maduro semble enfin prêt à prendre des mesures démocratiques pour protéger la souveraineté du Venezuela et contrer la guerre économique. Il a indiqué en début de semaine – ce qui n’est sans doute pas sans liens avec les réactions violentes de l’opposition – qu’il est prêt à un nouveau cycle de nationalisation des entreprises engagées dans le sabotage économiques.
Salvador C pour www.initiative-communiste.fr à partir de sources d’agences
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