Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a certainement eu la triste conséquence de diviser non seulement les forces progressistes, ladite gauche au sein de l’empire euro-américain, mais aussi les forces communistes elles-mêmes.

Ainsi un grand nombre de ces forces progressistes, communistes inclues a choisi de s’aligner sur l’Ukraine contre la Russie au nom de « l’illégalité » de l’invasion russe et particulièrement contre Vladimir Poutine, véritablement fétichisé comme l’incarnation de la répression, de la dictature et de l’autoritarisme. Et pour ceux communistes de rajouter que la Fédération de Russie reste un État bourgeois et impérialiste, et même colonialiste selon certains. De mouvements de la paix jusqu’aux mouvances trotskistes, en passant par des groupes de gauche parlementaires, l’Ukraine, victime de la Russie autoritaire et impérialiste doit être défendue a tout prix.
Cette vision géographique réductionniste de la situation géopolitique dans laquelle se déroula ladite Opération Militaire Spéciale fut dès le départ analysée d’un point de vue éthique (injustice), légal et idéaliste la définissant comme une invasion et de surcroit analysant l’évènement à partir du 24 février 2022 comme si l’histoire avait commencé à cette date.

Ainsi ces analyses critiques de l’intervention russe en Ukraine, réduite a un évènement spatial, si l’on peut dire, font fi de toutes références historiques et de la variable du temps dans la genèse de ces évènements qui selon ces critiques, sont apparus ex nihilo. Or, les complexités qui amenèrent la Russie a intervenir en Ukraine sont multiples et pas des moindres : coup d’État européiste à Kiev et essor des factions bandéristes dans les institutions ukrainiennes nationales et locales, répressions violentes de toute opposition à la russophobie institutionnalisée ainsi qu’au fascisme régnant et bombardements réguliers des populations russophones dans le Donbass, militarisation du pays contre la Russie, expansion de l’OTAN aux frontières russes, etc.
Bref, que l’on approuve ou non, l’intervention russe ne peut être simplement définie comme expansionnisme impérialiste ou opportunisme colonial, mais comme un évènement non seulement anticipé et nous pourrions dire provoqué par les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne et l’OTAN, qui ont tout fait pour saborder toutes les tentatives de paix entre l’Ukraine et la Russie.
Le conflit entre Israël et le peuple palestinien (qui ne peut être décrit comme guerre étant données l’asymétrie militaire entre les deux parties) fait cependant, en grande partie, l’unanimité des forces progressistes a travers l’empire euro-américain. Le peuple palestinien demeure la victime du sionisme génocidaire. Que ce soit du point de vue politique, éthique et légal, les évidences sont présentes : l’occupant israélien est en train de perpétuer l’extermination quotidienne de tout un peuple à Gaza et en Cisjordanie, au vu et au su du monde entier. Les divisions des forces progressistes identifiables par rapport au conflit en Ukraine disparaissent quant au conflit en Palestine, même si certains progressistes persistent à entretenir la confusion entre antisionisme et antisémitisme.
Qui est l’agresseur, qui sont les victimes ? Quel est la ligne des agressions impérialistes ?
Comment comprendre la similarité de ces deux conflits ou les forces progressistes ne semblent pas s’accorder sur qui est la victime ? Si fondamentalement tout le monde s’accorde sur la victime palestinienne, ce n’est toujours par le cas quand il s’agit d’identifier la victime du conflit russo-ukrainien. Si pour certains la Russie a été provoquée et donc appelée à protéger les victimes russophones du gouvernement ukrainien, pour d’autres l’Ukraine reste la grande victime de la Russie et surtout des ambitions de V. Poutine. Pour d’autres encore, si l’impérialisme euro-américain a provoqué ce conflit, la Russie capitaliste et libérale de V. Poutine n’en demeure pas moins coupable d’invasion impérialiste.
Comment alors situer la lutte anti-impérialiste quand les désaccords persistent sur qui sont les impérialistes et qui sont les victimes, particulièrement au sujet du conflit entre les forces russes et les forces ukrainiennes ? Soit les forces ukrainiennes résistent à l’impérialisme russe, soit les Russes résistent l’impérialisme euro-américain perpétué par ses proxy ukrainiens ; soit encore on sort de ces questions en réduisant ce conflit a un conflit inter-impérialiste dans lequel il faut lutter à la fois contre l’impérialisme euro-américain et l’impérialisme russe.
Certes le conflit entre Israël et les forces de la résistance palestinienne n’entraîne pas une telle confusion politique; nous pourrions anticiper que les choses ne resteront pas ainsi du fait de l’attaque israélienne contre l’Iran. La facilité des forces progressistes à l’aligner avec les forces de la résistance palestinienne contre le génocide pourra-t-elle s’étendre à un soutien de Téhéran, un pays musulman théocratique ?

L’analyse spécifique de chaque conflit sur des bases éthiques ne permettra bien sûr jamais d’apprécier la complexité de chacun et d’en conclure que la lutte des Russes contre les Ukrainiens, proxys de l’impérialisme euro-américain, la lutte de la résistance palestinienne (musulmane, laïque et communiste) et la lutte de Téhéran (un gouvernement théocratique musulman) contre Tel Aviv (et bientôt l’axe EU/UK/UE/OTAN) ne sont que des conflits particuliers et singuliers de par leurs histoires et genèses. Ils sont cependant tous l’expression de luttes résultant d’une même guerre menée par les impérialistes euro-américains sur différents fronts.
Comment alors résoudre les différends (exacts et inexacts) au sein des forces progressistes luttant contre l’impérialisme, communistes inclus ?
Comment expliquer que les fronts tels qu’ils sont en Ukraine et au Moyen Orient ne sont que des fronts d’une même guerre impérialiste menée par les Euro-Américains ?
Pour simplifier ces questions, comment démontrer que ceux qui luttent contre la Russie, contre la Palestine et contre l’Iran ne sont que les mêmes agents réactionnaires de l’impérialisme euro-américain actifs dans des contextes différents ? Que les impérialistes, aujourd’hui, se battent sur deux fronts du côté ukrainien et du côté israélien ?
Que nous disent les impérialistes ?
Avant de présenter quelques articles issus de la presse bourgeoise, nous devons constater que le capitalisme et l’impérialisme ne sont que des praxis qui sont ensuite expliquées, justifiées et distribuées après coup. Ceci dans la mesure ou les justifications de l’impérialisme peuvent recourir à des thématiques progressistes et émancipatrices qui, du point de vue de la rhétorique, sont infaillibles : comment s’opposer en tant que progressistes à l’émancipation ? Or c’est précisément de telles techniques qui ont été utilisées contre la Russie présentée comme autoritaire, contre le droit des peuples (l’Ukraine, Israël) à disposer d’eux mêmes, contre des artistes et auteurs dissidents ukrainiens et russes réprimés par V. Poutine, etc., ou palestiniens ou iraniens réprimés par le Hamas ou le gouvernement iranien ? La lutte pour la libération de l’Ukraine est alors réinterprétée comme une lutte de libération nationale contre l’envahisseur, bref une lutte anticoloniale comparable à celle des pays africains au siècle précèdent.
De façon similaire, la lutte d’Israël contre les forces de la résistance palestinienne est réinterprétée comme la lutte du peuple juif contre le nazisme et l’antisémitisme; et aujourd’hui la lutte d’Israël contre L’Iran est recadrée selon les mêmes lignes, c’est à dire contre cette entité iranienne qui voudrait, comme les nazis l’entendaient, exterminer le peuple juif.

Si ce recadrage du conflit entre Israël et les forces de la résistance palestinienne n’est plus convaincant a la lumière des évidences génocidaires, l’accusation d’Israël envers Téhéran sera beaucoup plus facile à « vendre » aux publics européens et américains.
Pour résumer, le journaliste Hassan Murad (WorldCrunch, June 2024) identifie trois catégories (éditées) génériques des deux conflits :
La première catégorie considère les deux conflits dans le contexte du choc des civilisations. Ceux qui établissent cette comparaison affirment que les « démocraties ukrainienne et israélienne » ont été attaquées. L’Ukraine et Israël se trouvent donc en état de légitime défense contre le terrorisme. Selon eux, les principales cibles sont l’Occident et ses valeurs démocratiques. Ceci reste la thèse principale des forces impérialistes et réactionnaires.
La deuxième catégorie comprend ceux qui s’opposent aux États-Unis et se rangent du côté de la Russie et des Palestiniens. Ce groupe tente de mettre la Russie sur un pied d’égalité avec les Palestiniens. Ils affirment que les conflits n’ont pas commencé avec l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 et avec l’intervention russe en 2022. Ceci représente des courants anti-impérialistes, en particulier venant des pays du Sud ou plus clairement contre l’impérialisme EU/UK/UE/OTAN sous toutes ses formes.
La troisième catégorie se range du côté des Ukrainiens et des Palestiniens, considérant les deux comme des victimes d’agressions. Ils mettent la Russie et Israël dans le même sac. Ceci représente d’autres courant anti-impérialistes, particulièrement dans le monde euro-américain, des courants avec des tendances pacifistes, trotskistes ou autres communistes. Cette catégories s’associera donc au courant impérialiste de la première catégorie par rapport à l’Ukraine, mais anti-impérialiste (seconde catégorie) par rapport au conflit en Palestine.
Au-delà de ces différences idéologiques sur ces conflits, nous pouvons poser la question: comment la presse impérialiste, en l’occurrence aux États Unis, conçoit-elle ces deux conflits, l’un par rapport à l’autre ? Comment envisage-t-elle la relation entre la situation en Ukraine et la situation au Moyen Orient ? La question de la relation entre ces deux conflits n’a pas échappé à certains.
En apparence, il n’y a pas consensus sur le soutien à l’Ukraine, Israël ou les deux a la fois et donc il peut sembler, en observant les scènes politiques en France ou aux États Unis, que ces deux conflits sont traités de manière différente, comme s’ils étaient indépendants l’un de l’autre, sans aucune relation politique. Une telle observation va donc contredire la notion que ces deux conflits ne sont que deux fronts de la même guerre menée par les impérialistes. Si en France les différences se trouvent au niveau des idéologies et des différentes interprétations de l’impérialisme et de ses victimes dans ces conflits en Ukraine et en Palestine, aux États Unis, les parlementaires et sénateurs, s’ils favorisent un conflit sur l’autre, se différencieront plutôt sur les priorités de financement et d’économie plutôt que sur les questions de l’impérialisme américain et de la validité de ses activités dans les conflits ukrainien et israélien. La très grande majorité s’accordent sur la nécessite de l’impérialisme américain à l’étranger ; ce n’est pas tant une question de pourquoi que de comment.
C’est donc ces différents politiques dans les institutions que certains auteurs remarquent dès 2023. Et selon eux, ces divisions ne font que distraire des objectifs politiques réels des engagements américains, militaires et financiers dans ces conflits. Leur conclusion : les luttes de l’Ukraine et d’Israël sont les mêmes contre le même ennemi.
En octobre 2023, le Los Angeles Times a publié un article sous le titre »Israël et l’Ukraine ? Les Américains devraient se rappeler que c’est la même guerre sur deux fronts ». Lorsque les politiques américains se trouvaient déjà divisés sur les questions de soutien financier à l’Ukraine et Israël avec une opposition « antisioniste » ou du moins protectionniste, un auteur de l’American Enterprise Institute, J. Goldberg, demandait: « Bref, au-delà des vicissitudes de la politique intérieure… ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, c’est une guerre à deux front en dehors des cercles internes ». Selon lui, la Russie bénéficierait, par distraction, d’une guerre au Moyen Orient. V. Zelensky aurait saisi l’importance des liens entre l’Ukraine et Israël contre ces politiques qui refusent tous liens, légaux, stratégiques ou moraux, entre les deux pays. Mais 48 heures après l’attaque du Hamas, les législateurs américains s’empressaient de redistribuer le financement vers Israël. Et celui-ci d’expliquer comment des positions partisanes empêcheraient la compréhension des choses a une autre échelle : « Ces conflits sont les deux fronts fondamentalement de la même bataille. Israël et l’Ukraine ne sont pas parfaits mais restent des démocraties face à un même ennemi qui cherche à les effacer de la carte. Certes Israël est peut-être un allié plus proche [des États-Unis] historiquement que l’Ukraine mais leurs ennemis sont alliés avec des intérêts partagés. » Il conclut l’article : « Après le 11 septembre, l’OTAN nous a soutenus. Aujourd’hui, l’OTAN a besoin de notre aide pour faire face à la menace qui pèse sur ses frontières. Et nous pourrions avoir besoin de l’OTAN si l’Iran décide de se joindre au conflit en Israël. Dieu sait que les Chinois observent attentivement nos réactions, car ils réfléchissent à leurs options pour s’emparer de Taïwan.Tout cela ne nécessite pas l’envoi de troupes américaines en Israël ou en Ukraine. Ces deux pays sont prêts à se battre et à mourir. Ce qu’ils veulent, c’est de l’aide dans ce qui revient à mener la même guerre sur deux fronts .»
Un article paru à l’origine dans la publication « libérale » The Hill, republié par le Jewish American Commitee (décembre 2023) a pour titre : « Israël et l’Ukraine mènent le même combat ». Les thèmes sont clairs : « À première vue, les guerres en Israël et en Ukraine semblent sans rapport et présentent peu de similitudes. L’une est une opération antiterroriste de réaction rapide, l’autre une action défensive menée depuis des années sur plusieurs fronts et visant à récupérer et à protéger un territoire souverain. Mais l’enjeu de ces deux conflits aura des répercussions pour les générations à venir, bien au-delà d’Israël et de l’Ukraine. Il s’agit de luttes existentielles contre des agresseurs meurtriers qui n’ont aucun respect pour les droits de l’homme ou les libertés civiles. Sans aucune provocation, le Hamas et la Russie ont utilisé de faux arguments historiques comme casus belli pour envahir des pays démocratiques qu’ils souhaitent rayer de la carte. »
Pendant la période électorale présidentielle de 2024, le National Interest (août 2024) publiait un article titré : « Israël et l’Ukraine sont du même côté ». Les dés sont jetés, les auteurs n’offrent aucune ambiguïté sur la nature des conflits, européen et au Moyen Orient : « La guerre représente non seulement un affrontement sanglant et cataclysmique entre la Russie et l’Ukraine, mais aussi une guerre par procuration dans le cadre plus large de la guerre froide entre un bloc occidental dirigé par les États-Unis et un bloc eurasien composé de la Chine, de la Russie, de l’Iran et de leurs partenaires. Cette guerre froide se joue également dans les guerres chaudes qui agitent le Moyen-Orient et dans le bras de fer potentiel entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan en Asie de l’Est ». « Ne voulant pas menacer les liens entre la Russie et Israël, cette dernière, tout en refusant l’aide létale à l’Ukraine, cessa après le 7 octobre de rendre des comptes a la Russie sur ses frappes militaires. Ménageant ses relations avec la Russie et la présence de celle-ci en Syrie, suite à l’intervention russe en Ukraine, Israël ne pouvait soutenir l’Ukraine comme il aurait certainement voulu le faire en opposition au soutien militaire iranien (drones) vers la Russie. Israël, selon les auteurs, a cependant « fourni une aide humanitaire importante à l’Ukraine. Parmi les principales mesures prises, citons la mise en place d’un hôpital de campagne, la fourniture de casques et de gilets de protection aux travailleurs humanitaires en Ukraine, ainsi que l’envoi de systèmes de purification de l’eau, de matériel médical, de couvertures et de sacs de couchage. Jérusalem a également fourni à Kiev des renseignements sur les drones iraniens après que la Russie a commencé à les déployer contre l’Ukraine ». Et de conclure, répétant la thèse d’introduction, thèse qui semble échapper aux forces progressistes : « Le fossé entre l’implication israélienne et iranienne dans le conflit ukrainien pourrait se réduire. Alors que Moscou et Téhéran intensifient leurs relations, les décideurs politiques israéliens pourraient conclure qu’il est dans l’intérêt supérieur de l’État hébreu d’affaiblir le proche allié russe de son rival iranien en apportant un soutien militaire à l’Ukraine. Dans l’ensemble, les conflits russo-ukrainien et irano-israélien représentent les deux facettes d’une même rivalité entre un bloc occidental cherchant à maintenir l’ordre international actuel et un bloc eurasien qui s’efforce de le renverser. Il ne faudra peut-être pas attendre longtemps avant que la politique israélienne commence à mieux refléter cette réalité géopolitique fondamentale ».
En septembre 2024, Michael Mandelbaum, professeur émérite à la John Hopkins School of Advanced International Studies, écrit dans la publication Mosaic: « Quiconque soutient Israël devrait soutenir l’Ukraine, et vice versa, car ces deux pays mènent fondamentalement le même combat. Les deux conflits ont débuté par une agression transfrontalière contre des États souverains internationalement reconnus, ce qui constitue la violation la plus fondamentale du droit international. Dans les deux cas, l’agresseur est une dictature brutale dont l’objectif est clairement affiché : rayer de la carte le pays qu’elle a attaqué. […] Les attaques du Hamas et de la Russie ont un objectif commun : donner à des régimes radicalement anti-occidentaux la domination dans leurs régions d’origine. La suprématie régionale que chacun cherche à obtenir nécessite l’expulsion des États-Unis de leurs régions respectives, ce qui est un objectif majeur de l’Iran et de la Russie. […] Les États-Unis, et le monde démocratique en général, ont donc un intérêt immense dans le succès militaire d’Israël et de l’Ukraine. Tous deux se battent pour défendre les intérêts et les valeurs de l’Occident ».
Le même mois, en septembre 2024, l’article de M. Mandelbaum, dont le titre répète ceux précédents – « Les guerres à Gaza et en Ukraine sont la même guerre » – publié dans le Jérusalem Strategic Tribune, explique les divisions au sein des politiques américains par rapport à ces deux conflits. Si la guerre dite d’autodéfense, selon l’article, par Israël recueille le soutien républicain et moins d’enthousiasme de la part des démocrates, ces derniers endossent la guerre d’autodéfense menée par l’Ukraine contre la Russie. Selon l’auteur, si objection il y a contre le soutien à Israël ou à l’Ukraine, « une dernière objection courante à l’égard du soutien à Israël et à l’Ukraine est que ce soutien détourne l’attention et les ressources de la confrontation avec la menace la plus redoutable à laquelle l’Occident est actuellement confronté, à savoir la République populaire de Chine. Cependant, un échec militaire d’Israël à Gaza ou de l’Ukraine en Europe de l’Est, ce que leur abandon risquerait d’entraîner, ne contribuerait en rien à prévenir une attaque chinoise contre Taïwan. Au contraire, cela risquerait plutôt d’encourager une telle attaque en montrant la faiblesse américaine à Pékin. » Il poursuit pour conclure : « Plus important encore, il est possible de défendre les intérêts et les valeurs occidentales dans ces trois régions. Les coalitions qui s’opposent à la domination chinoise en Asie de l’Est, à la domination russe en Europe et à la domination iranienne au Moyen-Orient sont larges et, cumulativement, très riches. Ensemble, elles disposent de ressources plus que suffisantes, dans chaque cas, pour défendre les intérêts et les valeurs de l’Occident, à condition que ces ressources soient mobilisées à cette fin. » Et cela ne pourra se faire, selon Mandelbaum, que sous la direction américaine.
La notion que les conflits menés en Ukraine et au Moyen Orient ressortent de la même guerre ne disparaît pas, au contraire. En janvier 2025, Alar Karis, président de l’Estonie en visite en Israël, déclare lors d’un entretien avec le Times of Israël, « Israël fait plus pour soutenir l’Ukraine qu’on ne le pense, […] », « En réalité, c’est vrai. Parfois, on ne peut pas se fier aux gros titres », « il faut soutenir l’Ukraine », dit-il au président israélien.
Depuis cette date, selon Grayzone et d’autres publications, Israël aurait livré des missiles et autres armes à l’Ukraine. Mais aujourd’hui, l’attaque contre Téhéran démontre que ces guerres, plus que jamais, ne sont que des conflits d’une même guerre, comme il c’est expliqué plus haut, non par des communistes mais par des auteurs de droite, impérialistes dont l’idéologie reste sans ambiguïté.
Même si les politiques des pays impérialistes diffèrent dans leurs divers investissements, et lesquels ils favorisent dans ces conflits, l’Ukraine aux dépens d’Israël ou Israël aux dépens de l’Ukraine, il est évident qu’au-delà de ces differences, tous s’accordent sur les enjeux idéologiques en cours. Les équivalences sont dressées et le conclusions tirées : l’invasion par le Hamas et l’invasion par la Russie sont équivalentes ; et le Hamas et la Russie représentent l’autoritarisme et la barbarie, contre Israël et l’Ukraine, démocraties incarnant les valeurs occidentales contre le bloc eurasiatique, faisant fi du génocide israélien et du néo-banderisme ukrainien.
Même si les forces politiques réactionnaires au sein de l’empire euro-américain peuvent sembler offrir un pluralisme d’opinions sur les deux conflits, il n’y a aucun besoin de gratter en profondeur pour trouver le consensus idéologique impérialiste et contre-révolutionnaire de ces forces politiques. Elles ne sont jamais vraiment en désaccord.
Même si les déclaration « pacifistes » pré-électorales de D. Trump ont nourrit espoirs et illusions dans son électorat que le capitalisme pouvait être « pacifiste » ne serait-ce que par protectionnisme, le bombardement américain de l’Iran démontre qu’aucune dissension, aucun désaccord au sein des pays impérialistes n’est possible.
Si les forces politiques réactionnaires et impérialistes s’accordent en effet sur les lignes de lutte de ces deux conflits, paradoxalement, les forces dites progressistes persistent a entretenir leurs divisions sectaires comme si leurs analyses de ces conflits allaient transformer les conflits eux-mêmes.
À la fin, les différends entretenus par les forces progressistes et même communistes ne font que servir les intérêts des classes bourgeoises et impérialistes qui, elles, ne sont pas du tout divisées dans leur lutte contre les transformations mondiales se déroulant aujourd’hui. Les ennemis sont clairs : la Russie, la Chine, l’Iran et toutes ces nations refusant de se soumettre à l’hégémon au sein du soi-disant « ordre international ».
En attendant, il est évident que les analyses des forces progressistes sur ces deux conflits campent sur des préjugés idéologiques séparés de la réalité, et particulièrement de la réalité entretenue par les forces réactionnaires et impérialistes. Or, si les forces progressistes elles-mêmes excluent l’agenda idéologique des classes contre lesquelles elles sont en lutte, alors….
P pour www.initiative-communiste.fr,