À propos du « Globe d’or » promis par Trump pour « défendre la paix » – par Georges Gastaud

28 mai 2025 – Par Georges Gastaud, auteur de Mondialisation capitaliste et projet communiste, Delga 2022

Appelé « Globe d’or », le système de « défense » antimissiles promis par Trump aux Américains devrait coûter entre 250 et 1 000 milliards de dollars. Son objectif est d’accroître la supériorité militaire des USA sur la République populaire de Chine, sur la Fédération de Russie et sur d’autres pays comme la République populaire démocratique de Corée. Ce coûteux dispositif, qui va encore gonfler les énormes profits du complexe militaro-industriel états-unien, protégerait les sites fuséo-nucléaires américains après le lancement, par l’US Army, d’opérations militaires offensives, notamment nucléaires, à l’encontre des peuples russe et chinois. Par conséquent, ce système en réalité offensif permettrait à l’Oncle Sam d’attaquer le premier ses adversaires systémiques et, loin de garantir la paix mondiale (sauf aux yeux des béats militants de la fausse gauche occidentale faisant bloc avec l’impérialisme euro-atlantique), il aggraverait les tendances à la guerre mondiale à dimension nucléaire dont notre sombre époque est porteuse.

Trump et l’impérialisme hégémoniste américain : course aux armements et guerre des étoiles jusque dans l’Espace

Tirant son origine du très controversé projet dit de « Guerre des étoiles » porté par Ronald Reagan dans les années 1980 (à l’époque où les USA entreprenaient d’implanter des fusées Pershing II en Europe centrale pour se mettre en état de frapper Moscou les premiers et, à défaut, pour neutraliser, diviser et déstabiliser le pouvoir soviétique), le prétendu « Dome d’or » trumpien projettera des missiles et des satellites dans l’espace circomterrestre. Mensongèrement présentée comme défensive, cette militarisation totalement illégale de l’espace accroîtra le risque de guerre nucléaire, déjà colossal. Les intercepteurs de missiles américains basés dans l’espace, et capables d’éliminer sans avertissement les satellites d’alerte précoce de la Russie ou de la Chine, mettraient en permanence ces pays sur les nerfs, accélérant la course aux armements et aggravant les dangers de déclenchement brutal d’un conflit nucléaire intercontinental.

Les missiles spatiaux sont du reste contraires au Traité international sur l’espace extra-atmosphérique et à la Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace. Le Traité sur l’espace extra-atmosphérique interdit en effet aux États signataires de placer des armes de destruction massive en orbite, sur la Lune ou dans l’espace, de tester des armes ou d’établir des bases dans l’espace. Il dispose que « la Lune et les autres corps célestes doivent être utilisés exclusivement à des fins pacifiques ». Comme d’ordinaire, les USA sont, comme leur poulain israélien, les premiers à violer leur signature et à bafouer ce « droit international » qui, apparemment, ne vaut à leurs yeux que pour accuser leurs adversaires…

Par ailleurs, on nomme « défense antimissile » le système voulu par Trump car il est conçu pour défendre les sites de missiles américains après le lancement d’opérations offensives. Les systèmes de défense antimissiles installés par les États-Unis en Roumanie et en Corée, par ex., sont surtout pensés pour arrêter les missiles adverses après une première frappe américaine. Déjà dans les années 80, les USA de Reagan, suivis par leurs caniches européens (Mitterrand en tête, ainsi que l’inusable « socialiste » Le Drian), avaient pour doctrine officielle le « first use » (usage en premier par Washington de l’arme nucléaire à l’encontre de Moscou), assorti du « first strike » (premier coup nucléaire désarmant, désarçonnant ou « décapitant » destiné, bien illusoirement, à détruire en une salve toutes les capacités de riposte soviétique). À l’inverse, Brejnev proposait en vain aux deux camps de la guerre froide de rendre d’un coup impossible la guerre nucléaire, chacun devant simplement déclarer pour cela qu’il s’engageait à ne pas frapper nucléairement l’autre en premier, ce que l’URSS avait décidé, pour finir, de déclarer unilatéralement.  A l’inverse de ces bons sentiments empreints de quelque naïveté, les impérialistes occidentaux décidaient de compléter le dispositif clairement offensif de Reagan par un prétendu « bouclier spatial » susceptible d’arrêter les rares missiles soviétiques destinés à venger l’URSS anéantie qui eussent échappé au « first strike » yankee.

Star War, Golden Dome : attaque contre la paix mondiale

En résumé, il ne faut pas être grand dialecticien pour comprendre que le dispositif « Star War » de Reagan devenu le « Golden Dome » de Trump n’a eu, et n’aura rien de « défensif », si ce n’est l’apparence, ledit « bouclier » est surtout destiné à permettre à Washington de dégainer l’épée atomique le premier avec l’assurance de l’impunité. Même si cela s’avérait au final très illusoire à l’époque des sous-marins russes non repérables et porteurs de missiles mer-sol, et plus encore à celle des missiles hypersoniques russes volant à Mach 9, ce constat n’a rien de rassurant: car les mabouls occidentaux prêts à tout pour garder leur hégémonie mondiale chancelante ne sont en rien, par définition, des gens politiquement raisonnables. Et leur faire remarquer qu’ils se leurrent sur les capacités de riposte russes ou chinoises est aussi intelligent que réciter les Fables de La Fontaine à un loup affamé en croyant le détourner ainsi de manger des agneaux. En effet, l’irrationalité politique des décideurs de l’impérialisme hégémonique est un effet systémique du capitalisme-impérialisme parvenu au stade de l’exterminisme et la vraie rationalité ne doit pas consister à nier cette irrationalité, mais bien à l’expliquer rationnellement !

Et dire qu’à l’époque de Reagan, puis à celle des rencontres délétères entre Bush Senior et Gorbatchev, certains « marxistes » comme Pierre Juquin (PCF) ou Claude Mazauric (historien membre du PCF) croyaient intelligent d’expliquer, en substance, que la doctrine militaire de Clausewitz (auteur d’une analytique matérialiste de la guerre adoptée dans ses grandes lignes par Engels puis par Lénine) est  devenue « obsolète » car, « de nos jours, la guerre nucléaire ne fonctionne plus, étant donné qu’elle aboutirait à l’extermination des deux belligérants », donc, que « la guerre nucléaire n’a plus de signification politique »… Énorme naïveté stratégico-philosophique qu’ont du reste successivement ralliée Gromyko (le ministre des Affaires étrangères de Brejnev, qui dérivait sur de tels sujets) et Gorbatchev! Pour ce dernier, « à notre époque, les valeurs universelles de l’humanité supplantent les intérêts de classe du prolétariat »! Ces théoriciens en rupture de léninisme (malgré certains dénis: et nous ne mettrons pas Gromyko dans le même sac que Juquin!) ne voulaient pas comprendre, que, d’une part, l’exterminisme est une des dimensions axiales de l’impérialisme capitaliste (depuis la première guerre froide, le capitalisme historiquement à bout de souffle prend toute l’humanité en otage pour se maintenir et défendre du même pas son hégémon mondial, l’impérialisme états-unien), d’autre part que l’énorme chantage reaganien, et désormais trumpiste, à l’extermination de l’humanité, a joué un rôle ô combien « politique » dans la contre-révolution russe. Il a en effet favorisé l’avènement à Moscou d’une équipe capitularde, celle de Gorbatchev-Chevarnadzé-Eltsine-Yakovlev, qui était déterminée à troquer le socialisme existant contre de très fallacieuses propositions de « paix » et de « convergence » avec l’Occident: on mesure aujourd’hui les effets planétaires de cette naïveté criminelle puisque la clique Gorbachev-Eltsine a supposément troqué le socialisme contre la paix et qu’elle n’a obtenu en retour, à l’instar des négociateurs occidentaux des Accords de Munich cédant tout à Hitler, que le capitalisme hyper-maffieux des oligarques russes, ukrainiens et autres, le resserrement de l’étau occidental sur la Russie et… la remontée du nazisme et de l’extrême droite, ces « meilleurs » élèves de la classe antisoviétique, contre-révolutionnaire et exterministe, dans toute l’UE, Ukraine et Pays baltes en tête ! Joli bilan actuel, en vérité, que celui, non pas du socialisme, mais de sa destruction contre-révolutionnaire: casse sociale tous azimuts, marche à la guerre mondialisée, fascisation, dissolution galopante des souverainetés nationales et populaires, etc. 

Faire l’économie de la guerre »… et abattre l’exterminisme capitaliste !

Bien évidemment, le toutou, ou plutôt le roquet élyséen de l’ordre euro-atlantique qui siège à l’Élysée ne tardera pas à marcher activement dans la politique militaire de plus en plus suicidaire des USA que bien des anti-impérialistes totalement déboussolés ont d’abord prise pour une politique de paix ou. du moins, de « pause » dans la marche à la guerre: comme si l’élection d’un milliardaire foutraque et hyperréactionnaire pouvait changer en bien la nature de classe de l’impérialisme capitaliste! Raison de plus pour combattre l’ « économie de guerre » promise par Macron, pour comprendre qu’il « mord » lui aussi totalement, derrière ses airs faussement « progressistes » à la politique exterministe et objectivement nihiliste de l’hégémonisme US (remettre le feu nucléaire français à la Pologne et à l’ensemble de l’UE, pendant que l’Allemagne se réarme comme jamais est pure folie: s’il y avait une guerre nucléaire russo-otanienne, qui serait frappé prioritairement par la Russie, les USA ou l’Hexagone?).

Plus que jamais donc, démasquons l’exterminisme capitaliste travesti en agneau bêlant. Et surtout tournons-nous vers les masses populaires attaquées dans leur vie quotidienne et menacées dans leur vie tout court par l' »économie de guerre » macroniste: il ne faut pas d’économie de guerre, tout au contraire, pour la santé, pour l’éducation, pour l’emploi, pour l’avenir et la vie, il faut plutôt « faire l’économie de la guerre »… et abattre l’exterminisme capitaliste !