Pourquoi l’Union européenne n’a pas réussi à utiliser les avoirs russes gelés pour financer l’aide à l’Ukraine
À l’issue du sommet européen des 18 et 19 décembre 2025 à Bruxelles, l’Union européenne a annoncé un soutien massif à l’Ukraine sous forme d’un prêt à taux zéro de 90 milliards d’euros sur deux ans, destiné à soutenir l’économie et la défense du pays face à l’agression russe. Ce prêt a été décidé sans recourir aux avoirs russes gelés, alors même que ces derniers, estimés à environ 210 milliards d’euros dans l’UE, avaient été désignés par la commission européenne – hors de tout cadre légal sur le plan financier comme des institutions résultant des traités européens, comme une source potentielle de financement. Cette tentative ambitieuse – souvent appelée prêt de réparations – s’est effondrée à la dernière minute, révélant les limites politiques, juridiques et institutionnelles de l’Union européenne.
Des avoirs gelés mais impossibles à mobiliser
Les Etats Membres de l’Union Européenne ont en 2022, simultanément à la fermeture des médias appartenant à la Fédération de Russie – et sous injonction de la commission européenne – ont gelé environ 210 milliards d’euros d’avoirs russes détenus en Europe en vertu des sanctions destiné à soutenir la guerre conduite en Ukraine depuis 2014. Une partie de ces avoirs est constituée de réserves de la banque centrale russe bloquées dans des établissements comme Euroclear à Bruxelles.
L’idée avancée par la Commission européenne et certains dirigeants, comme la chancelière allemande ou la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, était de lever un prêt garanti par ces actifs gelés et de le prêter à l’Ukraine, cela afin de financer la poursuite de l’effort de guerre de l’UE et de l’OTAN contre la Russie. L’objectif affiché était que l’Ukraine ne rembourse ce prêt que si et quand la Russie, vaincue militairement, paierait de véritables réparations de guerre, ce qui rendrait ce mécanisme juridiquement acceptable sans constituer une saisie directe des actifs souverains.
pposition politique et risques juridiques
Malgré le soutien symbolique d’une partie des États membres, le plan s’est heurté à une forte opposition, notamment des pays directement impliqués dans la garde de ces fonds. La Belgique, où se trouve le centre de dépôt Euroclear qui détient la plus grande part des avoirs gelés, s’est vivement opposées à autoriser leur utilisation en l’absence de garanties claires contre un risque de représailles juridiques ou financières de la Russie : en effet une mesure symétrique de saisie des avoirs d’Euroclear sous toutes les juridictions accessibles à la Russie étaient à prévoir, au risque de provoquer l’effondrement financier de la Belgique. Le ministre belge des Affaires étrangères a qualifié la proposition de « risquée » et a exprimé la crainte que la responsabilité financière ne repose sur son pays sans partage équitable des risques.
Les questions juridiques ont également démontré que la commission européenne n’a que faire du respect de l’Etat de droit lorsqu’elle a formulé cette proposition, seule prévalant ici le droit du plus fort. Utiliser les avoirs russes comme garantie revient à s’aventurer sur un terrain sans précédent dans le droit international et la pratique des sanctions : une procédure évidemment perçue par Moscou comme une forme de saisie déguisée. La Russie elle-même a menacé de conséquences juridiques et de représailles, affirmant que l’utilisation de ses actifs gelés serait illégale et constituerait un acte hostile.
Divergences internes à l’UE
Les divergences politiques entre États membres ont également pesé. Des pays comme la Hongrie de Viktor Orbán, qui ont traditionnellement une position plus neutre ou critique vis-à-vis des sanctions contre la Russie, ont refusé de soutenir l’idée d’un prêt adossé aux avoirs russes. Selon plusieurs déclarations publiques rapportées par les médias internationaux, Orbán a vivement critiqué la démarche de l’UE, la qualifiant de « déclaration de guerre » contre Moscou et dénonçant une atteinte violant les traités européens. Dans ses prises de position, il a affirmé qu’il ne laisserait pas « notre famille payer les factures de la guerre en Ukraine » et a accusé Bruxelles de violer les règles du traité de fonctionnement de l’Union Européenne.
L’opposition interne ne s’est pas limitée à la Hongrie. D’autres États, préoccupés par leurs propres contraintes budgétaires ou craignant des répercussions financières à long terme, ont préféré une alternative moins aventureuse : lever collectivement la somme nécessaire sur les marchés financiers, avec la garantie du budget de l’UE. C’est cette voie qui a finalement été adoptée lors du sommet. Elle implique cependant que ce sont les citoyens européens qui payent directement 90 milliards pour poursuivre la guerre en Ukraine, subventionnant ainsi l’escalade guerrière plutot que la recherche du silence des armes et de la paix.
Face à l’impossibilité de mobiliser les avoirs russes gelés, l’UE a opté pour un prêt de 90 milliards d’euros financé par emprunt commun sur les marchés. Ce mécanisme implique que les États membres partageront la charge du financement, sans faire appel aux fonds immobilisés de la Russie. Cette solution a permis de sauver l’apparence d’un soutien uni envers l’Ukraine, mais elle reporte le coût sur les budgets nationaux. Pour la France qui finance 1/5e du buget de l’Union Européenne, cela revient à un cout en 2026 de 16.5 milliards d’euros. C’est rien moins que la moitié des coupes budgétaires ou des hausses d’impôts que le régime Macron, avec l’appui de Bardella Le Pen qui n’ont pas voulu censurer son gouvernement, veut faire payer aux français. Un budget d’euro austérité lui même dicté par Bruxelles, au motif que la France n’aurait plus d’argent. De l’argent, pour la guerre, visiblement cela ne manque pas !
Vers une alternative coûteuse mais unifiée
Un des aspects les plus cruciaux de l’accord sur le prêt européen est la nécessité absolue de garantir le financement du budget du régime Zelenski OTAN, car le pays fait déjà face à une situation économique catastrophique. Comme le rappelle un post récent sur X, « Oui, Kiev est en faillite », avec un déficit budgétaire qui avoisine 40 % et des finances publiques au bord de l’effondrement selon un institut ukrainien cité par RFI.
Sans un apport massif, stable et prévisible de fonds extérieurs, l’Ukraine ne pourrait plus payer ses fonctionnaires, financer les services publics ou assurer l’achat de matériel militaire essentiel, ce qui affaiblirait immédiatement sa capacité à poursuivre la lutte contre l’invasion russe. Les expert·e·s économiques et des institutions telles que le Fonds monétaire international estiment même qu’une partie importante de l’aide actuelle ne couvre qu’environ la moitié des besoins à long terme, laissant un trou financier de dizaines de milliards d’euros à combler pour 2026-2027. Selon le journal ukrainien pro UE Kiev Post, le régime zelenski manque de 50% de ressources financiaire pour tenir la guerre pour les deux prochaines années.
ans ce contexte, le prêt de 90 milliards d’euros décidé par l’Union européenne n’est pas un simple geste de solidarité, mais une condition sine qua non pour éviter que l’État ukrainien ne soit contraint de réduire radicalement ses dépenses, voire de déposer le bilan, ce qui mettrait fin, de fait, à sa capacité de résister militairement
Un échec symbolique aux lourdes implications
L’échec de la Commission à utiliser les avoirs russes gelés pour aider l’Ukraine est plus qu’un simple revers technique. Il révèle que l’escalade de la guerre en Ukraine voulu par l’Union Européenne, qui est d’ailleurs à la racine de cette guerre initiée en 2013 par un coup d’état sanglant pour imposer l’entrée de l’Ukraine dans le grand marché de libre échange de l’Union Européenne, est imposé en faisant payer les peuples européens à hauteur de dizaines de milliards d’euros. Des milliards que l’Union Européenne fait supprimer pour notre éducation, nos hôpitaux, nos retraites, nos services publics !
De fait, pour réorienter les priorités politiques vers la paix, vers les besoins essentiels des peuples, l’urgence est bien à sortir de cette folie guerrière, à sortir de l’UE par le frexit progressiste.
JBC pour www.initiative-communiste.fr





