
La commission européenne est décidée à lever un emprunt garanti par les avoirs russes gelés depuis 2022 afin de repousser la banqueroute du régime de Kiev. Cette mesure vise à bloquer tout processus de paix qui prendrait en compte un temps soit peu les intérêts de la Russie mais est surtout en pas de plus vers la subordination des états membres.
C’est Mme Yelen1, secrétaire au trésor US de l’administration Biden qui lança l’idée de geler les avoirs russes en Europe. Le but était de soustraire cette somme, estimée à l’époque à 300 milliards d’euros, à la banque centrale russe afin d’accélérer la chute du rouble. Cette mesure accompagnait les sanctions qui, selon les dires du ministre français Lemaire2 en avril 2022, feraient que « dans deux mois la Russie est à genoux ». Les sanctions ont échoué, inutile de revenir la-dessus3. Le peuple états-unien est hostile à cette guerre, mais Donald Trump est « neo-con », comme toute la classe dirigeante qui s’accroche à l’hégémonisme, qu’il soit maquillé en « soft power » ou orchestré en « proxy war »4. Cependant après tergiversations, le président Trump se rend finalement à l’évidence que le « project Ukraine » qui visait à déstabiliser la Russie est un gouffre, l’OTAN n’a pas les moyens d’empêcher l’armée russe de progresser sur tous les fronts5, il faut absolument éviter un nouveau Saïgon. Il engage donc des négociations avec la Russie menées non pas par des officiels mais par des proches, les « business men » de l’immobilier Wilkoff et Kuchner (son beau-fils) pour qui la diplomatie se résume à la recherche du « good deal »6. Mais le président US est cerné d’ennemi au congrès qui comptent désormais sur leurs collègues européens pour « tenir », le temps de chasser de la Maison Blanche ce président des « rednecks » qui est pourtant à la solde du grand capital. Voilà pour le contexte, revenons aux avoirs russes.
300 milliards d’euros pour la guerre
La presse rapporte que l’effort de guerre du régime de Kiev aurait coûté aux États-Unis et leurs vassaux européens 280 milliards de dollars entre 2022 et 20247, mais le président Trump n’a pas renouvelé l’engagement de son prédécesseur et l’endettement des états membres de l’U.E. est tel qu’il est impossible de boucher dans l’urgence les trous du budget de Kiev. Les avoirs russes avaient été gelés, pas confisqués, le conseil des représentants permanents de l’U.E. (COREPER) prolongeait tous les 6 mois leur immobilisation, or depuis l’année dernière on discute de l’art et la manière de saisir ou plutôt de voler légalement ces avoirs afin de soutenir la clique de Zelensky. C’est alors que jaillit l’idée géniale de lever un emprunt garanti par ces fonds. Aussitôt le premier ministre belge8 (les fonds russe sont gérés par Euroclear sous juridiction belge), la présidente de la banque centrale européenne, le FMI9, le monde financier extra-européen10 crient au scandale. Mais la présidente de la commission européenne tient bon, il faut agir vite : « les ambassadeurs des Vingt-Sept ont trouvé un accord sur l’une des propositions de la Commission européenne visant à établir une base juridique durable au gel de ces actifs, condition indispensable au lancement d’un prêt de reconstruction en faveur de Kiev »11. Sans la Hongrie et la Slovaquie mais grâce à l’article 122 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne qui est son 49.3 :
« 1. Sans préjudice des autres procédures prévues par les traités, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut décider, dans un esprit de solidarité entre les États membres, des mesures appropriées à la situation économique, en particulier si de graves difficultés surviennent dans l’approvisionnement en certains produits, notamment dans le domaine de l’énergie.12 »
La Russie serait responsable de la crise énergétique en Europe, cependant c’est UE. qui a renoncé à l’approvisionnement énergétique russe au profit d’un GNL nord-américain 4 fois plus cher. Ces dirigeants sont frénétiquement russophobes au point de tenir un raisonnement circulaire. Dorénavant il faudra l’unanimité du conseil pour libérer ces fonds, ils sont donc indéfiniment bloqués. La prochaine étape est de lever un emprunt de 140 milliards garanti par ces fonds13, sans que ça ne coûte rien aux budgets des états. Pas tout à fait : que se passe t’il si l’Ukraine ne peut pas rembourser et que Euroclear est sommé de rembourser suite à une procédure gagnée par la Russie ? La Commission a tout prévu : chaque pays doit s’engager à renflouer la pauvre Belgique : 55 milliards pour l’Allemagne, 36 pour la France etc14. Cette affaire est en cours, il y a fort à parier qu’elle passera malgré l’opposition de 7 pays : la Belgique, la Hongrie, la Slovaquie, l’Italie, la Tchéquie, la Bulgarie et Malte.
Torpiller tout accord de paix
Cette mesure exceptionnelle vise à torpiller tout accord de paix entre les États-Unis et la Russie en engageant l’allier historique des premiers, l’Europe, dans un contentieux durable avec la Russie. Mais au pire, qu’est-ce-qu’on risque ?15 Premièrement on (les français) risque de devoir débourser d’un coup 36 milliards dans quelques années. Deuxièmement ces mesures d’urgence de la commission européenne sont illégales et elle le sait bien, en effet il existe une « Convention des Nations Unies sur les immunités juridictionnelles des États et de leurs biens »16. Les russes ont déjà prévu des recours mais la Commission européenne estime qu’aucun tribunal hors de l’UE ne serait compétent pour traiter cette affaire ! La Commission européenne, forte de la vigueur de ses valeurs, s’estime donc au-dessus des lois. Ces recours contre Euroclear prendront des années, à Hong-Kong, à Singapour dans le but de saisir les avoirs que Euroclear possède sur ces places. Le plus cocasse est que dans ce cas une nation, la Russie, attaque une institution internationale sur le terrain juridique qui avait été conçu lors des 40 dernières années dans les intérêts des groupes trans-nationaux contre ceux des nations, il s’agit des Investor-State Settlement Disputes, ISDS, le « Règlement des différends entre investisseurs et États »17, c’est l’arroseur arrosé ! Troisièmement comment la « confiance », cette pierre de touche du capitalisme, pourrait-elle être assurée si désormais placer son capital en Europe implique être dans son camp ?
L’union européenne est en mode panique, au point de voler légalement, elle doit faire sourire les prolétaires qui se souviennent de Lénine disant : « Les capitalistes nous vendront eux-mêmes la corde avec laquelle nous les pendrons ». Mais la bête est féroce, elle saisie la menace russe comme prétexte pour subordonner encore plus les états membres à la synarchie européiste avec ces pouvoirs exceptionnels qui passent comme une lettre à la poste. Cette étape est celle de la mutualisation des risques faite dans l’urgence, le pas suivant sera l’impôt européen, nécessaire à la militarisation de l’Europe équipée made in U.S.A car l’Europe n’a plus les moyens de produire en quantité. Les fonds de gestion (Blackrock, Vangard, Citystreet) à travers l’UE qui est à leurs bottes vont drainer les finances publiques vers la guerre fantasmée, les classes dirigeantes européennes espèrent s’y retrouver en tant actionnaire de cette entreprise mortifère.
Le FREXIT progressiste ou la mort !
SL pour www.initiative-communiste.fr
1https://www.latribune.fr/economie/international/janet-yellen-ursula-von-der-leyen-de-plus-en-plus-de-dirigeants-plaident-pour-saisir-les-interets-des-actifs-russes-geles-991631.html
2https://www.lepoint.fr/politique/nous-allons-provoquer-l-effondrement-de-l-economie-russe-previent-bruno-le-maire-01-03-2022-2466571_20.php
3Selon la « Banque Mondiale » la Russie se place au 4ème rang au classement PIB PPP (Parité du pouvoir d’achat), devant l’Allemagne et le Japon → https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.MKTP.PP.CD?locations=RU
4Le sénateur Lindsay Graham : « Ukrainians will fight till the last person. » → https://youtu.be/MsI6rh4nbbE
5https://tass.com/defense/2058433
6Un des 28 points pour la paix en Ukraine était que cet accord devait être « validé » devant « une cour ». On semblait ignorer que, contrairement aux usages commerciaux, un accord de paix entre deux nations n’a pas besoin de témoin, les diplomates russes ont discrètement rappelé ce point à leurs homologues états-uniens.
7https://nypost.com/2025/02/25/world-news/ukraine-war-has-cost-280-billion-whos-paying-the-most/
8https://www.lemonde.fr/international/article/2025/12/05/la-belgique-resiste-au-deblocage-des-fonds-geles-russes-a-bruxelles_6656157_3210.html
9https://www.leconomistemaghrebin.com/2024/05/17/le-fmi-met-en-garde-loccident-contre-la-saisie-de-largent-russe/
10https://tlblog.org/western-seizure-of-russian-central-bank-assets-risks-sparking-global-pushback/
11https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/sanctions-contre-moscou-l-ue-verrouille-juridiquement-le-gel-des-210-milliards-d-avoirs-russes/
12https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:12008E122:fr:HTML
13https://fr.euronews.com/my-europe/2025/12/05/que-contient-le-pret-de-reparations-dursula-von-der-leyen-pour-aider-lukraine
14https://www.politico.eu/article/eu-capitals-frozen-assets-loan-ukraine-russia-war-finances/
15https://www.letournepage.com/livre/au-pire-quest-ce-quon-risque/
16https://treaties.un.org/pages/viewdetails.aspx?src=treaty&mtdsg_no=iii-13&chapter=3&clang=_fr
17https://www.nakedcapitalism.com/2025/12/russian-central-bank-sues-euroclear-over-frozen-assets-will-the-eu-be-hoist-on-the-investor-state-settlement-disputes-isds-petard.html




