Ukraine : www.initiative-communiste.fr vous livre l’analyse d’un militant franchement communiste au sujet de l’évolution de la situation : négociations de Minsk, position de Kiev, et orientation politique des Républiques Populaires du Donbass
Pendant quelques jours, le gouvernement de la Fédération russe négociait avec le gouvernement putschiste siégeant à Kiev ; dans notre pays, la presse écrite et télévisée ne nous a réellement informés ni sur les conditions, ni sur le contenu de ces négociations ; elle nous a abreuvés de commentaires contradictoires et confus sur un cessez-le-feu dans le Donbass !
Mais les combats n’ont jamais cessé dans le Donbass : les bataillons formés par les partis continuateurs du nazisme ont continué de terroriser la population en bombardant, en tuant des enfants, des femmes, des hommes combattants et non-combattants.(ndlr : comme en témoigne ces jours derniers le bombardement de l’école n°57 à Donetsk le jour de la rentrée )
Le 25 septembre, le gouvernement poutchiste siégeabt à Kiev annonçait la fermeture des points de passage de la frontière avec la Fédération russe : avec cette fermeture pour enjeu, les combats vont reprendre de l’intensité.
Donc, rien n’est réglé de ce qui ne pouvait pas l’être en dehors d’une négociation directe entre le gouvernement de Monsieur Porochenko et l’organisation républicaine des insurgés : que cherchait Monsieur Porochenko par ce semblant de cessez-le-feu ?
Il semble qu’il tentait d’obtenir deux résultats : d’abord, isoler si peu que ce soit les insurgés de la Russie, afin de faire prévaloir les intérêts des oligarques russes, avec lesquels il sait pouvoir s’entendre pour peu que la sympathie populaire agissante du peuple russe envers le peuple du Donbass perde de l’intensité ; ensuite, se constituer un masque d’homme de paix qu’il pourrait utiliser envers les opinions publiques d’Europe occidentale, au moins pour recevoir la vague d’aide militaire que l’OTAN et le Pentagone ont préparé pour l’Ukraine impériale dont il est le premier président.
Mais cette image, il ne lui est possible de la conserver qu’aussi longtemps que les insurgés resteront des inconnus pour les peuples de l’ouest européen. Il est donc urgent de mettre en lumière les quelques éléments essentiels des objectifs que les insurgés se sont donnés.
Le 10 juillet 2 014, des représentants de six mouvements ukrainiens se sont réunis à Yalta, en Crimée ; ils ont adopté un « Manifeste du Front populaire de libération de l’Ukraine, de la Nouvelle Russie et de la Russie subcarpatique ».
De ces six mouvements, trois se définissent pour toute l’Ukraine, et trois se définissent territorialement dans des districts du Donbass ( Kharkov, Zaporojié, Lougansk ).
Ce Manifeste définit le territoire de l’Ukraine comme la réunion des territoires de l’Ukraine historique, de la Nouvelle Russie et de la Russie subcarpatique ; dans le même mouvement de définition, il postule l’absence de liens politiques entre les Russies nouvelle et subcarpatique d’une part, et d’autre part la Fédération de Russie dont la capitale est Moscou.
Le territoire ainsi défini est celui qui appartenait à l’Ukraine depuis 1 945, avant qu’une décision arbitraire prise au Kremlin, vers 1 956, lui rattache la Crimée.
Ce Manifeste conçoit le futur gouvernement de l’Ukraine comme totalement indépendant de celui de la Russie comme de celui de l’Union européenne, selon le principe démocratique que le gouvernement de l’Ukraine indépendante ne peut dépendre que des seuls habitants de l’Ukraine, lesquels participeront à sa formation à égalité de droits les uns avec les autres et quelles que soient les langues qu’ils parlent dans leurs familles.
Dans cette Ukraine future, la richesse, même très grande, ne confèrera aucun pouvoir politique supplémentaire à celui ou à celle qui la possède : cette disposition est très évidemment condamnée par ceux qui gouvernent la France, l’OTAN, l’Union européenne et les USA, ainsi que par tous les ploutocrates du monde.
Dans la manière dont ce Manifeste définit la base humaine de la formation des lois et du gouvernement nous pouvons constater l’influence de l’expérience de la formation des Soviets dans les premières années de ce que nous appelions la Russie des Soviets, mais il est important d’y lire aussi une influence plus ancienne : celle des Assemblées primaires de septembre 1 792 qui avaient élu les députés à notre Convention nationale, et auxquelles notre Constitution de l’an 1 de la République ( cette Constitution trop démocratique pour que la bourgeoisie française accepte de la mettre en vigueur ) assigne la fonction fondamentale de rédiger les projets de lois.
De plus, ce Manifeste condamne clairement le statut des langues régionales et minoritaires adopté par l’Union européenne : il dévoile son caractère réactionnaire en posant en principe légal la possibilité pour les régions de l’Ukraine future d’autoriser, et non pas d’imposer, l’usage des langues régionales et locales, en plus, et non pas en place des langues de l’Etat dans la vie culturelle, politique, juridique et administrative.
Les combats qui se sont déroulés depuis le 10 juillet ont sans doute fait évoluer les positions en présence : nous pouvons comprendre que les crimes terroristes souvent de masse commis par les bataillons continuateurs du nazisme, dont les habitants du Donbass découvrent aujourd’hui des vestiges attestés par l’OSCE ( fosses communes et cadavres ), ont radicalisé les positions des insurgés.
Le 25 septembre est paru sur le site internet initiative-communiste.fr le compte-rendu d’un entretien accordé par le président du Conseil suprême de la République populaire de Donetsk Boris Litvinov : ce président affirme que les insurgés construisent une République influencée par le socialisme ; le très sommaire résumé ci-dessus atteste que l’influence du socialisme était déjà lisible dans le texte du 10 juillet ( je n’ai pas connaissance d’autres textes d’orientation émanant des autorités républicaines de Donetsk ou de Lougansk ).
Qu’est ce qui a été négocié à Minsk ?
Placé devant la défaite de son armée, Monsieur Porochenko devait constater que de continuer la guerre ferait échouer sa politique : il déplaçait son effort de la guerre vers la diplomatie :
- en participant à des négociations avec le président de la Fédération russe, Monsieur Poutine : une des conditions qu’il mettait à ces négociations est que les insurgés n’en soient pas des partenaires, mais soient intégrés à la délégation russe : cette condition signifie qu’il veut faire croire qu’une négociation entre le président du gouvernement de Kiev et le président de la fédération de Russie règlera tous les problèmes, et qu’il croit pouvoir y parvenir en faisant le silence sur le fait que le président russe a toujours affirmé que le règlement du conflit du Donbass doit être discuté entre le gouvernement de Kiev et les insurgés, et que la Russie n’a pas à s’en mêler ;
- dans le même mouvement, il vient d’user de sa fonction de président de l’Ukraine pour faire voter en toute hâte par la Rada ( Assemblée ukrainienne ) ( dont les députés communistes ont été violemment exclus, rappelons-le ! ) un « statut spécial » pour les territoires de l’est ukrainien.
Ce « statut spécial » n’a jamais été négocié avec les insurgés : il est conçu comme octroyé par le gouvernement siégeant à Kiev à celles des régions insurgées dans lesquelles il est obligé de reconnaître que ses forces armées sont en échec ; dans cet esprit, il annonce la mise en place dans un délai de trois ans d’un ordre spécial de gouvernement, avec un financement séparé obéïssant à des règles particulières, promet une large amnistie, annonce la transformation des guérillas insurgées en une « milice populaire », et envisage la possibilité de « relations plus étroites entre ces territoires et la Russie ».
Le vote de ce « statut spécial » est évidemment une manœuvre tardive contre l’existence même de textes tels que le manifeste pour la Libération de l’Ukraine, de la Russie nouvelle et de la Russie subcarpatique : il s’agit toujours de baillonner et de faire taire le mouvement politique de revendication qui anime l’insurrection du Donbass, et qui est d’autant plus dangereux pour le gouvernement poutchiste qu’il dépasse de loin le Donbass.
Quelle peut être la signification politique véritable de ce texte que les insurgés ne sauraient admettre, et qui n’entre d’aucune manière dans l’ordre du jour arrêté avec les interlocuteurs de Monsieur Porochenko ?
Les alliés de Monsieur Porochenko ont certainement besoin d’étayer leur prétention d’être les défenseurs de la démocratie dans le monde : or, les exactions commises en Ukraine par les forces armées gouvernementales continuent celles commises entre 1 941 et 1 945, notamment en Ukraine, par les nazis et par les fascistes de tous les pays alliés de l’Allemagne hitlerienne, de l’Italie Mussolinienne et de la Hongrie de l’amiral autrichien Horthy : elles sont de nature à ruiner cette prétention : pour continuer de soutenir le gouvernement poutchiste contre un manifeste au texte réellement démocratique et libérateur des peuples de toute l’Ukraine, ils avaient sans doute besoin que le président Porochenko fasse un geste d’apparence démocratique.
Mais de recouvrir sa démarche d’un vernis d’apparence démocratique, cela peut-il permettre à Monsieur Porochenko de faire croire à tout un chacun que le président russe était d’accord avec lui ? Le vote de ce statut spécial est encore un acte par lequel le gouvernement poutchiste de Kiev prétend effacer les insurgés, et faire passer le problème du Donbass pour l’enjeu d’un litige entre la Russie et l’Ukraine.
Les français sont devant un problème particulier : le gouvernement français tient une grande place parmi les allés actifs du gouvernement poutchiste qui siège à Kiev, et dans le cadre de cette alliance, il a accompli des actes de grande signification politique : dans le cadre de l’activité de l’OTAN visant à intimider la Russie,
- trois navire de guerres français ont été parmi les premiers envoyés en mer Noire,
- quelques avions de combat français ont été déployés en Pologne,
- les deux navires porte-aéronefs commandés par la Russie et prêts à être livrés ont été « gelés » dans une rade bretonne.
(NDLR : Au delà la France au travers de l’Union Européenne soutient la politique de guerre économique contre la Russie, et on se souvient du rôle éminent de Fabius dans le putch d’euro-maidan et le soutien à la junte fasciste de Kiev)
Ces actes évidemment hostiles à la Russie, mais encore bien plus, à tout ce qui s’oppose au gouvernement poutchiste qui siège à Kiev, sont encore aggravés par la propagande que diffuse la presse écrite et télévisée de notre pays : pour cette presse en effet, les insurgés n’existent pas au Donbass, et la répression terroriste antipopulaire souvent sanglante dans toute l’Ukraine n’existe pas non plus !
Ces actes de ceux qui gouvernent la France font de notre gouvernement un allié actif des continuateurs du nazisme qui ont recommencé de ravager toute l’Ukraine.
Pouvons-nous le tolérer ?
Pouvons-nous tolérer que cette alliance avec les fauteurs de guerre organisés dans l’OTAN et prépondérants dans l’Union européenne nous allie avec les nazis qui ont fait tant de mal dans notre pays et qui font encore de même en Ukraine, en vue de combattre nos alliés de l’alliance antifasciste, ceux précisément sans qui la victoire sur l’hydre nazie et fasciste eût été impossible ?
Non, n’est-ce pas ?
Donc, il faut défaire cette alliance avec les pires criminels que l’Europe ait engendrés : il faut agir pour imposer désormais à tous nos gouvernements de sortir de cette alliance antirépublicaine, contraire à toute démocratie, et de replacer notre pays sur la politique réellement progressiste du Conseil national de la Résistance.
Jean-Pierre Combe