
Les cheminots se mettent en mouvement : À partir de ce 5 mai 2025, ils se mettent en grève pour exiger une reconnaissance plus juste de leur travail.
En effet, à l’heure où le nombre de kilomètres parcourus augmente, où le nombre de conducteurs diminue et où la SNCF annonce un résultat insolent de 1,6 milliard d’euros pour 2024, les conducteurs voient leurs revenus dépendre de plus en plus d’une « prime traction », elle-même entièrement liée au nombre de kilomètres parcourus. Qu’en est-il alors lorsque le conducteur se trouve dans l’impossibilité de conduire à la suite d’un arrêt maladie, d’une inaptitude, d’une descente de machine décidée par la direction ou lorsqu’il est simplement réputé « sans utilisation » ? Il subit une chute de son revenu aussi brutale que soudaine, lequel se réduit alors à sa plus simple expression : le salaire fixe et des primes marginales. Cette tendance à la précarisation des revenus des conducteurs est accentuée par la fin du statut de cheminot et la généralisation des contrats de droit privé, qui instaurent le gré à gré comme mode de négociation salariale et tirent les salaires vers le bas.
Consciente de cette situation, la fédération CGT Cheminots a depuis longtemps mis sur la table des négociations un projet de refonte de la prime traction, dont l’objectif est d’ajuster les revenus des conducteurs à la pénibilité de leur travail, d’instaurer un mécanisme de frein à la baisse des revenus lorsqu’ils ne conduisent pas et d’introduire une négociation collective sur la rémunération, tant pour les statutaires que pour les contractuels.
À la suite d’une grève lancée par les conducteurs TER de Bordeaux et face aux fins de non-recevoir de la direction de la SNCF, la conférence technique nationale traction de la CGT, tenue fin 2024, a décidé de lancer une mobilisation sur le terrain, avec des grèves pour imposer son projet sur la prime traction. Les comités techniques sectoriels traction de la CGT d’Île-de-France ont initié une campagne innovante, offensive et coordonnée pour mobiliser leurs collègues en vue d’une action en mai.
Les contrôleurs (Agents de Service Commercial Train) ont quant à eux choisi de se mobiliser aux mêmes dates pour exiger une revalorisation de la prime de travail, l’amélioration des organisations du travail et des mesures de fin de carrière.
Au-delà des revendications spécifiques des cheminots, cette mobilisation s’inscrit dans le contexte plus large des luttes ouvrières qui marquent ce mois de mai 2025. La grève des cheminots du 5 mai est emblématique du combat qui oppose le monde du travail à celui du capital. Alors que la SNCF affiche des bénéfices records de 1,6 milliard d’euros en 2024, les travailleurs qui produisent cette richesse voient leurs rémunérations se précariser et leurs conditions de travail se dégrader. Cette contradiction fondamentale n’est pas propre au rail : elle illustre la situation des travailleurs dans tout le pays, qui sont partout dépossédés du fruit de leur travail et de leurs aspirations légitimes à contrôler ce qu’ils produisent.
Face à « l’économie de guerre » promue par le bloc impérialiste-atlantiste de l’UE-OTAN, nous réaffirmons le mot d’ordre porté de longue date par le PRCF : « L’argent pour les salaires, pas pour la guerre ! » Ces choix budgétaires, qui privilégient les dépenses militaires au détriment des services publics et des salaires, sont directement liés aux politiques imposées par l’Union européenne et la monnaie unique. La précarisation des revenus des cheminots s’inscrit dans cette logique globale de mise en concurrence des travailleurs et de démantèlement des services publics.
La mobilisation des cheminots rejoint ainsi des aspirations plus larges pour le progrès social : augmentation générale des salaires, financement des services publics, défense de la Sécurité sociale, retraite à 60 ans avec 37,5 annuités et nationalisation de l’industrie sous contrôle ouvrier. Ces revendications constituent autant de contre-feux aux contre-réformes bourgeoises qui n’ont cessé de s’accumuler ces dernières années.
Pour gagner, les travailleurs doivent rejeter les stratégies d’accompagnement et de compromission, qui ont montré leurs limites. Ce n’est pas en aménageant à la marge le système actuel, ni en participant à des « conclaves » sans légitimité, ni en organisant des grèves dispersées et non coordonnées que nous arracherons nos revendications. Au contraire, c’est en créant les conditions d’un « tous ensemble, en même temps et dans le même sens » pour « bloquer leurs profits » que nous pourrons inverser le rapport de force.
La lutte des cheminots s’inscrit dans un réveil mondial de la classe ouvrière, des dockers français refusant de charger des armes aux grandes grèves victorieuses au Canada, aux États-Unis, en Inde ou en Corée du Sud. Ces mouvements portent un puissant message d’espoir et démontrent que la résistance est porteuse de victoires possibles.
En soutenant activement la grève des cheminots du 5 mai, nous affirmons notre volonté de construire une véritable alternative politique et sociale pour notre pays. Face à la montée des périls fascistes et bellicistes, c’est en renouant avec un syndicalisme de classe et de masse, porteur d’un projet de Frexit progressiste et d’indépendance nationale, que nous pourrons ouvrir la voie vers une société de paix et de progrès social.
Cheminots, travailleurs de tous les secteurs, usagers des services publics, citoyens épris de paix et de justice sociale : unissons nos forces pour faire du 5 mai une journée de mobilisation massive !