Les enseignements du rapport de la cour des comptes sur l’école primaire.

Alors que la France s’apprête à engager 413 milliards d’euros pour sa défense entre 2024 et 2030 – afin de respecter les nouveaux engagements pris par Macron auprès de l’OTAN et de soutenir l’effort de guerre en Ukraine – et qu’elle accorde chaque année 211 milliards d’euros d’aides et d’exonérations fiscales aux entreprises, l’école primaire, elle, doit se contenter d’un budget dérisoire. En 2022, l’État n’a consacré que 20,1 milliards d’euros aux dépenses directement utiles aux élèves, soit moins de 10 % des avantages consentis au monde économique et une fraction infime des budgets militaires. Pire : sur les 29 milliards officiellement affichés, 8,9 milliards gonflent artificiellement ce budget. Ils correspondent à des pensions de retraite, qui n’améliorent en rien l’éducation actuelle.

Désastre démographique,
Ce sous-investissement criant n’est pas sans conséquences. À la rentrée 2024, l’école primaire accueillait 6,3 millions d’élèves, contre 7,1 millions en 1972. Elle en perdra encore 350 000 d’ici 2028. Cela réjouit les petits comptables de l’UE qui y voient un moyen supplémentaire de dégraisser le mammouth. C’est-à-dire de démolir davantage encore l’école publique au profit de l’enseignement privé lucratif et mercantile.
Privatiser tout ce qui peut l’être et étrangler ce qui reste de service public sous l’austérité, c’est en effet ce qu’exigent les traités européens (pourtant démocratiquement rejetés par le peuple français en mai 2005). La concurrence libre et non faussée, c’est dépecer les services publics non marchands pour les livrer aux appétits voraces des financiers et des spéculateurs.
Les classes françaises sont actuellement les plus chargées de l’OCDE et système éducatif français explose sous les effets de l’austérité budgétaire et de la surcharge de travail. Ce que prévoit la cour des compte qui vient d’accueillir dans ses ors la très toxique Najat Vallaud Belkacem c’est tout simplement de continuer à bourrer d’élèves les classes du second degré en espérant que la catastrophe démographique permettent à un enseignement primaire déjà six pieds sous terre de souffler sans dépenser un sou.
C’est irresponsable. Si les français ne font plus d’enfants, c’est bien que leurs conditions de vie se dégradent considérablement à mesure que tous les conquis des luttes républicaines puis communistes sont arrasés un par un par les capitalistes euro-mondialisés: éducation, santé, énergie, transport. Tout y passe.
Or un peuple qui ne fait plus d’enfant est un peuple qui disparait. Se réjouir de la dénatalité comme le font les commissaires au compte euro-béats révèle le fond de leur pensée exterministe.
Niveau en baisse, des inégalités qui explosent: le déclassement français
De plus le niveau scolaire stagne dans le marasme après des années de déclin, et la France se classe à l’antépénultième place en Europe. Un élève sur trois est en difficulté en français en entrant au collège, un sur quatre en mathématiques. Surtout, notre pays reste le pire de l’OCDE pour l’influence du milieu social sur la réussite scolaire : 40 % des élèves en grande difficulté viennent des milieux les plus défavorisés.
Voilà le bilan de trente ans d’obéissance ininterrompue d’une classe politique euro atlantiste servilement dévouée à la commission européenne.
Un système à bout de souffle, des enseignants en détresse
Faute de moyens, l’école ne parvient plus à attirer ou retenir ses professeurs. En 2024, 1 350 postes n’ont pas été pourvus. Ceux qui restent sont stressés (61 % le déclarent), mal considérés et font face à une diversité de besoins toujours plus grande dans des classes souvent surchargées. Les signalements pour souffrance au travail ont augmenté de 78 % en cinq ans. Les directeurs d’école, eux, subissent contestations et refus d’enseignement dans un climat général de défiance.
L’éclatement de la République et la marchandisation silencieuse
Les inégalités sont aussi géographiques. Certaines académies, comme Créteil ou Versailles, ne trouvent plus de candidats, pendant que Paris constitue un exemple de conditions privilégiées.
Rappelons qu’en 2025 les lauréats du concours Polytechnique sont issus de seulement 9 lycées dont 7 se trouvent à Paris ou Versailles: Louis le Grand, Stanislas,Henri IV, Du Parc (Lyon), Hoche, Sainte Geneviève, Saint-Louis, Aux Lazaristes (Lyon) et Pasteur.
Les communes, elles, contribuent de façon très inégale : de 4 500 € à 250 € par élève, selon leur richesse ou leur volonté politique. Cette logique de fragmentation et de financement au rabais ouvre la voie à une forme de marchandisation rampante du service public, où la qualité de l’éducation dépend du code postal.
Voilà où mène la sacro-sainte décentralisation théorisée dans le manifeste « Besoin d’aires » du cartel patronal MEDEF.
L’impasse des réformes sans moyens et des contraintes européennes
Depuis 2010, pas moins d’une réforme tous les trois ans a été lancée, tandis que le niveau ne cessait de chuter. Ces réformes s’inscrivent dans le cadre étriqué des contraintes budgétaires européennes – pacte de stabilité et de convergence, stratégie Europa 2020 – qui interdisent tout investissement massif et structurant. La cour des comptes note ainsi que les crédits pour la formation des enseignants, par exemple, sont régulièrement utilisés pour combler d’autres trous budgétaires.
Conclusion : reprendre en main notre souveraineté éducative
Le constat est sans appel : la France a fait le choix du canon plutôt que du crayon, de l’engraissement des plus riches arrosés d’exonérations fiscales, plutôt que de l’investissement éducatif au service de la Nation, de l’alignement atlantiste plutôt que de l’école républicaine.
Il est temps d’en tirer les conséquences politiques comme le fait le PRCF. Seule une rupture franche avec les cadres qui étranglent nos finances publiques et notre capacité d’action – l’Union européenne, l’euro et l’OTAN – peut nous permettre de retrouver des marges de manœuvre budgétaires pour financer enfin un service public d’éducation digne de ce nom.
Défendre la Paix, sortir de l’austérité européenne, recouvrer notre pleine souveraineté monétaire et nous affranchir des engagements militaires onéreux et subis sont les conditions indispensables pour :
Augmenter massivement le budget de l’école,
Revaloriser les enseignants et recruter enfin à la hauteur des besoins,
Garantir une véritable égalité sur tout le territoire,
Offrir à chaque enfant, quelle que soit son origine sociale, une éducation émancipatrice et de qualité.
L’avenir de notre jeunesse et la survie de notre modèle républicain ne se jouent pas dans les bureaux de l’OTAN ou de la Commission européenne, mais dans les salles de classe. Il est temps de les y remettre au centre.