
Hier, plus de 600 paysans d’Ariège et du grand quart sud-ouest se sont mobilisés pour bloquer l’abattage d’un troupeau de 208 vaches sur une ferme située aux Bordes sur Arize. Dès la confirmation du cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) mardi soir, c’est l’ensemble de la profession qui s’est mobilisé pour soutenir l’éleveur et s’opposer au massacre de ses vaches. C’est l’appel lancé par la Confédération Syndicale, et en réalité par l’ensemble des syndicats paysans alors que la colère succède à l’émotion après que la ministre de l’agriculture a décidé d’étendre sa politique d’abattage des troupeaux. Si au tout début de l’épidémie (été 2025), environ 1 000 bovins ont été abattus dans le cadre des mesures sanitaires suite aux premiers foyers détectés fin juin 2025. Mais maintenant, c’est au global sur l’ensemble du territoire français jusqu’à aujourd’hui, environ 3 000 bovins qui ont été abattus, alors que les foyers de l’épidémie s’étende. Ce cas de DNC est apparu à une centaine de kilomètre de la zone réglementé, c’est la preuve de l’inefficacité de cette politique sanitaire basée sur l’abattage total et une vaccination restreinte. Une politique choisie par le régime Macron, avec le soutien des syndicats agricoles patronaux, tel que la FNSEA, qui font ce choix cynique pour préserver à tout prix et contre les paysans, les marchés d’exportations des veaux et génisses, au sein de l’Union Européenne et avec ses accords de libre échange.
Là où il faut défendre les intérêts de l’agrocapitalisme et de l’Union Européenne, le régime Macron ne recule devant aucune violence. D’abord en abattant des troupeaux sans construire d’alternative à cette politique d’une violence inouïe pour les éleveurs paysans très attaché à leurs bêtes qui sont le fruit du travail de plusieurs générations. Ensuite en leur envoyant les matraques et les grenades et même les blindés de la gendarmerie et des CRS.
C’est bien dans ce cadre que les militants communistes du PRCF, des Alpes au Sud Ouest et au Pyrénées, en passant par le massif central, appelle à soutenir les paysans. Et à rappeler sur les actions qu’ils faut soutenir, ce que sont les causes de cette ignoble politique.
La Dermatose nodulaire contagieuse n’est pas une problématique de santé publique, mais une problématique agricole

La Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale qui touche les bovins, buffles, zébus : elle n’est pas transmissible à l’être humain, ni via la viande, le lait, ni par contact. Elle se transmet principalement par des insectes piqueurs (mouches, taons, stomoxes) qui se nourrissent du sang des bêtes ou par contact entre animaux. Les symptômes typiques des animaux sont les suivants fièvre, nodules cutanés (lésions sur la peau), baisse de production (lait, croissance), parfois mortalité (très importante, car allant de 30% à 50% voir plus pour les troupeaux non vaccinés). La maladie peut entraîner des pertes importantes de production et des pertes économiques graves pour les élevages touchés. La DNC a été confirmée pour la première fois en France le 29 juin 2025, dans un élevage de Savoie. Elle est apparue en Europe un peu plus tôt (notamment en Italie — Sardaigne et Lombardie) avant de franchir la frontière, cela en raison des circulations de bêtes organisées au niveau européen pour engraisser les animaux. À la date du 13 novembre 2025, on comptait 101 foyers détectés en France, répartis dans six départements (Savoie, Haute‑Savoie, Ain, Rhône, Jura, Pyrénées‑Orientales), concernant 68 élevages. Les effets de la dermatose nodulaire contagieuse sont dévastateurs. « Dans les Balkans [où une épidémie a duré quatre ans à la fin des années 2010 avant d’être stoppée par la vaccination], le taux de mortalité est monté jusqu’à 40 % », indique Stéphanie Philizot, vétérinaire et présidente de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires.
L’abattage des troupeaux contesté
La principale réponse à l’épidémie fixée par le gouvernement de Macron Lecornu c’est l’abattage en masse des troupeaux infectés. Les autorités ont mis en place des mesures restrictives : dès les premiers foyers, des zones réglementées autour des élevages concernés, interdiction des rassemblements (foires, marchés, concours), interdiction temporaire d’exportations de bovins vivants (du 18 octobre au 1er novembre 2025). Dans les zones surveillées, la vaccination obligatoire des bovins est instaurée, prise en charge par l’État. Mais malgré ces mesures, des foyers “éloignés” surgissent : par exemple un foyer dans le Rhône ou dans le Jura en dehors des clusters initiaux. Cela suggère que des mouvements d’animaux — y compris “illicites” ou non contrôlés — ont contribué à la propagation. Et cela pose la question prioritaire d’un élargissement de la vaccination
C’est son caractère très contagieux et sa gravité qui ont justifié le classement de la DNC en maladie de catégorie A par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et par l’Union européenne. « Ce classement a été mûrement réfléchi lors de négociations internationales, en raison du taux de mortalité et parce que les animaux survivants deviennent des non-valeurs économiques, qui restent maigres, ne se reproduisent et ne produisent plus, explique Stéphanie Philizot. L’idée [de la gestion par abattage des troupeaux] est de ne pas laisser l’épidémie s’étendre et s’incruster en supprimant les sources de virus. Ceci, pour éviter de se retrouver dans la situation de la Turquie qui a laissé courir la maladie avec des pertes permanentes et conséquentes, de l’ordre de 10 % du cheptel. »
Les raisons peuvent être multiples :
- logistique complexe de contrôle des déplacements (transports, marchés, exportations, élevages multiples),
- pression économique sur les éleveurs — certains peuvent être tentés de déplacer des bêtes malgré les restrictions, pour sauver un revenu, vendre le troupeau, etc.,
- retard de la vaccination, ou inégalités d’accès aux doses, ce qui laisse des poches de sensibilité,
- la maladie se propage aussi via des insectes piqueurs, ce qui complique la lutte purement “par contrôle des mouvements”
Certains syndicats (par exemple: le MODEF, la Confédération paysanne, et aussi Coordination rurale) dénoncent l’abattage total des troupeaux infectés — vu comme une mesure “radicale” et traumatisante, provoquant des pertes irréparables pour des éleveurs souvent modestes ou engagés dans l’agriculture paysanne. Ils demandent une autre stratégie sanitaire : vaccination massive, “abattage partiel”, « gestion raisonnée du risque », plutôt qu’un dépeuplement systématique. Pour eux, l’abattage — même s’ils perçoivent des indemnisations — ne compense pas la valeur affective, patrimoniale, identitaire d’un troupeau (génétique, savoir‑faire, lien à la terre, durabilité des exploitations). Nos confrères du média écologiste Reporterre notent que la stratégie d’abattage “déchire le monde paysan”. Ils plaident également pour que la vaccination soit accessible à tous les élevages, y compris ceux situés en zone indemne, pour éviter l’installation pérenne du virus. De fait, la propagation de l’épidémie sur des distances de plusieurs centaines de kilomètres démontrent l’actuel échec de la politique centrée quasi exclusivement sur l’abattage.
Pour la Confédération paysanne, cette règle de l’abattage total « n’est faite que pour que la France garde le statut indemne de la maladie et puisse continuer à exporter. Le commerce prime sur les aspects sanitaires », proteste Pierre Maison.

Le MODEF, syndicat d’agriculteurs paysans dénonce de manière très clair le problème : l’application en France d’une politique vétérinaires directement dictée par l’Union Européenne, absolument inadaptée, mais qui répond à une logique non pas de préservation des troupeaux et de respect de l’agriculture paysanne mais préserver le marché à court terme.
Alors que les paysans et les populations des territoires ruraux se solidarisent pour défendre les troupeaux et revendiquer une politique plus efficace, et respectant la plus élémentaire humanité, le régime Macron, pour obéir de la façon la plus zélée aux ordres venus de Bruxelles, fait ce qu’il fait toujours : envoyer ses policiers et ses militaires pour frapper la Nation qui refuse de se laisser faire.
Hier en Ariège, la mobilisation a franchi un cap : alors que le régime Macron avait ordonné d’envoyer une troupe d’occupation (comme à Sivens et Sainte Soline) pour soumettre le territoire en mobilisant de nombreux blindés centaure de la Gendarmerie fraichement étrenné le 10 septembre dernier et 2 hélicoptères, c’est un milliers d’irréductibles paysans (la moitié du parc français des sinistres « Centaure » , et 2 des 50 hélicoptères), qui a fait barrage jusqu’à tard dans la nuit. Avec un relais suivi par des dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux.
A noter l’unité depuis longtemps, de syndicats paysans, mettant à distance la FNSEA.
On a pu voir les défenseurs des éleveurs mettre genoux à terre implorant les gendarmes de ne pas charger, puis dialoguant avec eux pour leur faire prendre conscience de ce qu’ils faisaient. 7 gendarmes ont alors décidé de jeter leurs armes et nombreux ont alors refusé d’avancer…avant que les gradés envoient des troupes fraîches, assistés des 2 hélicoptères (qui ont lancé des bombes de désencerclement et des lacrymogènes) donner l’assaut à la ferme, gazant ainsi manifestants et bétail.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
MODEF : Non à l’abattage total du troupeau dans l’Ariège !

Un premier cas de Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) a été détecté mardi 9 décembre dans l’Ariège. La Préfecture va procéder à l’abattage du cheptel composé de 207 animaux demain matin.
Le MODEF s’oppose à cette décision et exige uniquement l’abattage de la vache présentant des nodules. La Ministre de l’Agriculture doit arrêter ce massacre ! Notre représentant du MODEF Ariège est présent sur le site ! 300 personnes soutiennent les deux éleveurs !
Nous craignons des drames humains (éleveurs et gendarmes) si la Ministre n’écoute pas les organisations syndicales (MODEF, CONF, CR et JA) et les éleveurs !!! L’abattage total pour la DNC n’a pas été remis en cause lors du CNOPSAV !!!
Nous déplorons l’absence d’alternative comme l’abattage partiel !!! Nous exigeons le même assouplissement des conditions d’éligibilité à l’abattage sélectif en cas de détection d’un foyer de tuberculose bovine, annoncé par la Ministre le 20 novembre 2025.
Nous exigeons de vacciner le cheptel souche c’est-à-dire les vaches allaitantes, laitières et les génisses de renouvellement afin de garder le statut indemne. Il ne faut pas attendre fin janvier 2026 pour prendre une décision !
Nous condamnons fermement la FNSEA de suivre la politique sanitaire imposée par le Gouvernement. Nous dénonçons haut et fort la stratégie du Président de la République d’accepter le MERCOSUR et de faire disparaître notre cheptel français.
Ce qu’il faut bien comprendre c’est que la procédure européenne est très bien pour contenir un certain nombre de cas limités géographiquement mais n’est absolument pas adaptée à une épidémie galopante due au déplacement des bêtes pour approvisionner le marché.
Angoulême, le 10 décembre 2025





