
Le conflit russo-otanien en Ukraine est pour le moins, avec Gaza et Taïwan, l’un des points éruptifs, de la Grande Faille Mondiale qui confronte le bloc euro-atlantique aux pays très divers qui composent les BRICS. Par-delà le violent discours russo- et sinophobe que colportent les médias occidentaux, l’enjeu du bras de fer planétaire qui se joue de l’Arctique à l’Asie-Pacifique, et plus latéralement, en Afrique francophone et en Amérique latine (menaces états-uniennes sur Cuba et sur le Venezuela bolivarien notamment), est en effet le maintien ou pas de la très mortifère domination exercée sur la planéte par l’hégémonisme euro-israelo-états-unien en déclin, donc d’autant plus agressif. Ce bloc supremaciste et liberal-fascisant (libéral en paroles et fascisant en fait !) est en effet le fer de lance politico-militaire d’un capitalisme devenu l’ennemi principal de la vie sur Terre tant l’exterminisme, comme on le voit horriblement à Gaza, constitue depuis longtemps un axe structurant du mode de production (ou plutôt… de destruction !) capitaliste contemporain.
Or, au sein de cet Axe disposé à jouer avec la guerre nucléaire mondiale pour maintenir sa supériorité contestée (il l’a déjà fait sous d’autres formes en 1984 – cf. l’ainsi-dite « Crise des « euromissiles » – dans le but de se débarrasser de l’URSS avec l’aimable relais du capitulard Gorbatchev), le QG du bellicisme mondial qui se trouvait hier à Washington, s’est temporairement déplacé à Paris, Berlin et Bruxelles. En effet, l’UE arrimée à l’OTAN (et aux néoconservateurs américains de toutes obédiences) et en cours de recentrage sur le militantisme allemand affiche haut et fort sa volonté de devenir un empire militaire de niveau mondial ( une « Europe-Puissance »). En attendant de se muer en un Quatrième Reich se mettant en ordre de bataille pour tenter de prendre sa revanche sur le pays de Stalingrad… avec l’aide, déjà acquise, des nazis d’Azov et des fans ukrainiens de Bandera !
Ajoutons que Macron, le président honni des Français qui rêve de devenir le premier président de l’État fédéral européen en gestation, se pose ouvertement en chef de guerre mondial, et que chaque fois qu’un pas timide est fait en Ukraine vers de possibles négociations prenant en compte les demandes de tous les belligérants, cet individu prêt à tout pour exister sur la scène internationale file aussitôt à Washington pour torpiller d’éventuelles avancées… Du reste, ce même Macron vient de promettre, lors du récent « gouvernement » franco-allemand tenu à Paris (Laval doit se retourner d’aise dans sa tombe !), que la force nucléaire française serait désormais mise à la disposition de l’Europe atlantique en cas de conflit avec la Russie : ce qui tend à faire de l’Hexagone la cible prioritaire des Russes en cas de choc russo-otanien…
Mais si, pour notre plus grand déshonneur national, l’Elysée s’est érigé en Saint des Saints du bellicisme mondial, il se trouve aussi, très dialectiquement que la France, ce maillon faible et chancelant de la « construction » euro-atlantique dont la logique heurte violemment tout l’héritage de la Révolution française et du CNR, pourrait très prochainement devenir le lieu d’une contre-offensive populaire, non seulement contre Macron et l’oligarchie qu’il représente, mais contre l’UE-OTAN dont la course au surarmement coïncide avec l’énorme plan d’austérité prévu par Bayrou pour saigner à blanc le peuple français : car le même gouvernement qui jure que la France va bientôt crever si les Français n’abandonnent pas tous leurs acquis, est aussi celui qui donne 413 milliards au complexe militaro-industriel afin de dissoudre feue la « défense nationale » dans une « armée européenne » indirectement soumise à Washington et clairement missionnée par Merz, Macron et von der Leyen pour mener la guerre continentale en préparation…
Or, disait Lénine, « une chaîne vaut ce que vaut son maillon le plus faible », et si le peuple de France, classe ouvrière en tête (Énergie, pétrochimie, transports…) et Gilets jaunes éventuellement rejoints par les paysans vent debout contre le traité UE/Mercosur, finissent par se dresser « tous ensemble et en même temps », non seulement contre Macron mais contre la politique euro-atlantique qui brise à la fois la Nation, le progrès social et la paix mondiale, alors oui, la chaîne impérialiste mondiale sera percutée, non plus seulement par les BRICS, mais par le mouvement ouvrier. Et cela d’autant plus vigoureusement que le mouvement ouvrier aura réappris à associer derechef, comme à l’époque du grand PCF marxiste-leniniste leniniste de naguère, le drapeau rouge de l’internationalisme prolétarien au drapeau tricolore de l’indépendance nationale à reconquérir d’urgence. Une telle convergence est possible si les électriciens d’EDF déjà en grève reconductible et le mouvement citoyen « Bloquons tout », éventuellement rejoints par les paysans travailleurs trahis par Macron (capitulation de l’Elysée devant l’Europe allemande imposant le Traité UE-Mercosur, abandon des agriculteurs européens par von der Leyen dans la négociation euro-americaine sur les droits de douane…) font leur jonction sans écouter les sirènes lénifiantes du PS atlantiste et celles du RN non pas patriote mais à la fois xénophobe et euro-soumis à la manière de la néo -mussolinienne italienne Giorgia Meloni.
En effet, pour stopper la marche à la Guerre mondiale, il faut certes appuyer les BRICS et leur lutte de plus en plus unie pour le « multilatéralisme », mais rien ne vaudra jamais l’intervention directe du monde du travail affrontant pays par pays (pour commencer ?) le grand capital partout fauteur de guerre, de misère et de fascisation quand ce n’est pas de génocide ou de guerre mondiale d’extermination. Cette contre-offensive salutaire sera d’autant plus efficace que la classe ouvrière en mouvement entreprendra au plus vite de se défaire de l’emprise de la fausse gauche, PS en tête, et du syndicalisme euro-formate et CFDT-compatible pour se doter à nouveau d’un Parti communiste de combat et d’un vrai syndicalisme de classe tout en impulsant un large Front populaire, patriotique, anti-impérialiste et antifasciste rassemblant la majorité du peuple contre l’oligarchie.
Vaste programme certes, mais quand les masses populaires se mettent en marche, l’impossible d’hier se mue rapidement en évidence du lendemain. Travaillons-y avec initiative militante, hardiesse d’avant-garde et pleine confiance dans les ressources du peuple travailleur, amis et camarades !
Georges Gastaud
Philosophe, militant du PRCF, auteur de « Sombres nuées et rouges lueurs », éditions du Café marxiste
https://www.legrandsoir.info/ennemi-principal-et-maillon-faible.html