À la veille des élections européennes, c’est un débat qui doit de nouveau être posé avec force. Que faire de l’Union Européenne ? Du NON sans équivoque de 2005 au traité constitutionnel européen en passant par les pancartes FREXIT qui fleurissent dans les manifestations des gilets jaunes, le rejet populaire de l’Union Européenne et de ses politiques ne fait aucun doute. Sortir de l’UE pour s’en sortir, ou y rester et y rester ? oui la question doit être posée. Et à cette question après avoir été à l’avant garde de toutes les luttes contre la construction de l’Union Européenne, le PCF s’est conformé – avec son entrée dans le Parti de la Gauche Européenne et son alliance avec le PS accompagnant la « mutation » – depuis le début des années 90 à reprendre le slogan de la réforme sociale de l’Union Européenne. Ce slogan de l’Europe sociale dont les travailleurs ont les oreilles rebattues depuis aussi presque aussi longtemps qu’existe le traité de Rome. Observons que la question n’est désormais pas plus claire du coté de Mélenchon et de la France Insoumise pour ces européennes. Celle-ci après avoir revendiqué – avec un certain succès dans les urnes lors de la présidentielles 2017 – de sortir de l’Union Européenne dans un plan B prolongeant un plan A de sortie de traités européens, la question de la sortie de l’Union Européenne apparaît désormais exclue tout comme les figures de la FI qui défendaient ouvertement la souveraineté populaire.
Et c’est bien un son de cloche encore plus européiste actuellement du coté du PCF et de son chef de file Ian Brossat qui proclame de façon péremptoire « l’idée d’une sortie de l’UE serait une folie pour la France (…) l n’y a pas donc pas d’autre choix qu’une transformation profonde de l’Union européenne «
D’ailleurs, cette position de principe de refuser la sortie de l’Union Européenne apparait à l’évidence comme un verrou mis en place pour pouvoir discuter de l’effacement de la liste communiste dans une fusion avec les débris résultant de la disparition du PS, une expression plus favorable à la sortie de l’UE interdisant toutes alliances avec le PS et ce qu’il en reste, de Génération à EELV.
« Je tends la main à ceux qui veulent comme nous changer l’Europe et refusent les traités actuels. Je tends la main à Hamon, Mélenchon, à des forces politiques qui veulent une autre Europe ».
Ian Brossat, chef de file PCF pour les élections européennes 2019
Bien sûr au sein du PCF, très nombreux sont ceux qui en résonance avec la revendication populaire du Frexit sont convaincus de la nécessité de sortir de l’Union Européenne et de l’Euro. Mais au lendemain du congrès du PCF, quelques voix se sont exprimées pour demander à effacer ce mot d’ordre central de la sortie de l’Union Européenne et reprendre pour seuls mots d’ordre « abrogation des traités » et « souveraineté populaire, référendum d’initiative citoyenne ». Une manière de se retrouver compatible avec le discours pro UE de Ian Brossat et de la direction du PCF-PGE, et paradoxalement un slogan qui est strictement identique la position actuelle de Mélenchon. Une position bien plus floue que celle claire, nette et assumée du Frexit progressiste qu’attendent des millions de travailleurs de France.
Hors « quand c’est flou il y a un loup, » et il faudrait à l’opposé se demander quels travailleurs pourraient avoir confiance dans une candidature – fût-elle communiste – qui expliquerait qu’il est trop difficile d’appeler à sortir l’Union Européenne mais qui prétendrait pourtant sortir du Capitalisme. Et en quoi cette promesse éculée et mensongère de la réforme de l’UE, ce refus de la sortie de l’UE et de l’Euro seraient mobilisateurs alors que ce discours n’a conduit qu’à installer chaque année un peu plus défiance entre les ouvriers et employés très majoritairement pour le Frexit et ce PCF qui défend cette UE tournée contre eux et dont ils prennent chaque jour les coups, des délocalisations au dumping anti-social en passant par l’euro-austérité faisant la guerre à leurs salaires et leurs services publics ?
www.initiative-communiste.fr site web du PRCF publie ci dessous une réflexion du camarade J Cros, militant communiste de l’Hérault, déjà relayée par les camarades du réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF une tribune qui illustre argument à l’appui pourquoi le FREXIT doit être au cœur de la mobilisation des communistes, pourquoi les quatre sorties – de l’Union Européenne, de l’Euro, de l’OTAN et du Capitalisme – sont un slogan dynamisant et rassembleur pour faire se rassembler, s’unir et gagner non seulement les communistes mais avec eux la classe des travailleurs.
L’Union Européenne : que faire par J Cros
La nocivité de l’UE pour les peuples est reconnue par les dirigeants du PCF et par celui qui doit être chef de file des communistes lors des prochaines élections européennes. La question qui reste posée c’est que faire par rapport à cette donnée.
Peut-on se contenter d’émettre le vœu qu’il faudrait remplacer la logique qui gère l’Union européenne par une formule qui se résumerait à « L’humain d’abord » ? Ou faut-il mieux cerner l’impasse dans laquelle nous a entraînés le mécanisme du profit et sa conséquence l’exploitation capitaliste organisée au plan international ?
En d’autres termes y a-t-il une solution à la crise socio-économique que nous subissons en restant dans le cadre du capitalisme ? Nous reconnaissons volontiers que la solution à nos problèmes ne se réduit pas à une formule incantatoire, sortir de l’UE, ou sortir de l’euro, qui règlerait comme par enchantement les difficultés majeures qui nous accablent.
Mais appeler à une Europe sociale me paraît participer d’une démarche aussi illusoire. Selon moi il n’y a pas de réponse aux questions qui se posent sans une rupture avec un système social qui ne permet pas de satisfaire les besoins actuels de l’humanité.
Cela concerne l’UE, la France et le monde ! Si on n’examine pas ce sur quoi buttent les revendications, on se condamne au pire. Dans le Biterrois où l’Europe a fait disparaître la viticulture familiale et « lo biais de viure » occitan, la conscience de la nature de l’UE comme obstacle à une réponse satisfaisante aux problèmes économiques et sociaux était assez développée. Lors du référendum de 2005 sur le TCE les communes avaient donné très majoritairement le NON aux résultats. Dans plusieurs, cela pouvait atteindre un score de 70 % des suffrages exprimés.
On connait la suite. Le Traité de Lisbonne a permis au gouvernement français de contourner la volonté populaire et de poursuivre l’orientation de l’UE telle qu’elle était en germe dans le TCE. Aujourd’hui ces communes du Biterrois ont souvent mis en tête la candidature de Marine Le Pen lors du deuxième tour des élections présidentielles de 2017, avec des pourcentages atteignant parfois 60 %.
On ne peut pas ignorer cette réalité et avancer ainsi sans une analyse sérieuse de ce qu’est l’UE. La situation dramatique que connaît la Grèce devrait nous alerter de manière décisive.
L’argument selon lequel l’UE serait un atout dans notre opposition à l’hégémonie américaine ne résiste pas au fait que l’Europe et les USA poursuivent le même objectif, le développement du capitalisme. La convergence de leurs intérêts s’est manifestée avec la réintégration ou l’intégration dans l’OTAN comme avec la participation aux opérations militaires en divers points de la planète. On est là dans une nouvelle forme d’impérialisme.
Bien sûr présenter l’UE pour ce qu’elle est et proposer l’engagement pour en finir avec cette structure au service du pouvoir de l’argent exige un effort incommensurable. Mais se résigner en s’abritant derrière des mots d’ordre creux ou se retrancher derrière ce qui se passe en Angleterre avec le Brexit n’est sûrement pas la voie d’un avenir radieux !
Jacques Cros