
La ville de Pokrovsk, dans le Donbass est de l’Ukraine, est sur le point de tomber aux mains des forces russes après des mois d’offensive intense.
Les forces armées russes et du Donbass ont progressé ces derniers jours et avec les percées du front réalisées ces dernières heures, ils ont désormais fermé la poche de Pokrovsk. Plusieurs divisions de l’armée de Kiev seraient dès lors assiégées, représentant un total de 5000 soldats, compliquant sérieusement la situation pour l’armée ukrainienne. La prise de cette ville stratégique représenterait un revers majeur pour l’UE OTAN et son régime Zelenski, menaçant la stabilité de la totalité du front, d’autant qu’à Siversk et Lyman, portes d’entrée Est du dernier bastion de l’armée de Kiev à Slaviansk, ainsi qu’à Koupiansk porte d’entrée Est de Karkhov sur l’Oksol, les armées de l’OTAN sont également piégées et sur le recul. Tandis que dans le sud du Donbass, le front est totalement percé et l’armée russe avance chaque jour de plusieurs kilomètres vers l’ouest et le fleuve Dniepr.

La prise de Pokrovsk par l’armée russe sera un point de bascule. C’est une nouvelle importante de la situation militaire et stratégique en Ukraine dont chacun peut cependant entendre la censure complète dans les informations et les médias en France. Un silence assourdissant alors que l’augmentation gigantesque du budget militaire en France est au cœur du déséquilibre budgétaire conduisant à la crise politique majeure qui secoue actuellement la France et son Parlement. En effet, la France sous les ordres de l’Union européenne et de l’OTAN doit tout à la fois tenir un déficit public de 3% maximum de son PIB et tripler ses dépenses militaires à hauteur de 5% de ce même PIB. La France a ainsi dépensé 10 milliards d’armes pour faire la guerre en Ukraine. L’Union européenne a délivré 63 milliards d’euros de financement à la guerre en Ukraine dont 14 milliards d’armes.
Rappelons que la guerre a été déclenchée par l’Union européenne et les USA lorsque le président légitimement élu de l’Ukraine a refusé de signer un accord d’association et de libre échange avec l’Union européenne. S’en est suivi un coup d’état forgé dans le sang à Kiev, mené par des groupes de choc des milices néonazies en février 2014. Face aux manifestations refusant le coup de force, à Karkhov, Odessa, ou Donetsk, la junte putschiste lance la guerre, sous le nom d’opération antiterroriste. Elle prend l’initiative de combat dès le 2 mai 2014.
Pour le général Kempf, la prise de Pokrovsk un tournant décisif et stratégique
L’ancien général français Olivier Kempf, analyste documenté [1] de la guerre en Ukraine bien qu’il soit un fervent partisan de l’OTAN, interrogé par RFI, souligne les conséquences lourdes de ce recul ukrainien.
À l’Est, la chute de Pokrovsk pourrait entraîner celle de Myrnograd, voisine et déjà enclavée par les combats. De fait, la seule route d’accès à Myrnograd est sous le feu russe, rendant approvisionnements et évacuations quasi impossibles. Ces deux villes formaient une agglomération importante du sud ouest du Donbass, avec plus de 100 000 habitants, un bastion urbain clé, très fortement fortifié par les armées de Kiev et de l’OTAN pour contenir l’avancée russe. En effet, les zones urbaines, avec leurs bâtiments, offrent une défense plus aisée que les plaines agricoles à l’ouest de Pokrovsk. Sur ce terrain, le paysage plat faciliterait une conquête rapide par l’armée russe une fois la ville capturée, car si d’importantes fortifications par des réseaux de tranchées et de champs de mines appuyés par un réseau de déploiement d’équipes de surveillance et d’attaque par drones y sont installés, ce vaste territoire nécessite une importante mobilisation d’hommes, dont ne dispose plus le régime de Kiev.
Le général Kempf souligne que sans l’appui d’une agglomération, des tranchées seules ne tiendraient pas face à l’ennemi. Après Pokrovsk, les Russes pourraient viser l’ouest vers Dniepropetrovsk à 200 km, avec peu d’obstacles naturels, ou choisir une alternative stratégique : se tourner vers le nord pour s’emparer de Kramatorsk et Sloviansk, derniers bastions ukrainiens.
À Pokrovsk, l’armée ukrainienne est saignée à blanc. Dans la bataille, la 47e brigade, formation d’élite formée par l’OTAN et intégrant de nombreux soldats étrangers, a ainsi perdu plus de la moitié de ses capacités blindées dont, par exemple, plus de 20 chars lourds américains Abrams M1 et plusieurs centaines de pièces d’équipements et d’armements, dont de l’artillerie et transport de troupes blindés ou tout terrain. Plus de 10 000 soldats de Kiev ont déjà été tués ou mis hors de combat dans les affrontements de Pokrovsk d’après les estimations occidentales (ISW / Atlantic Council). Et probablement en réalité bien plus encore.
Cette avancée russe accentue la pression sur le front Est, où Kiev ne réussit pas à contrer l’offensive malgré les soutiens de l’axe hégémonique impérialiste euro- atlantique. La perte de Pokrovsk marquerait un tournant, accélérant potentiellement l’érosion considérable des positions des armées de Kiev et de l’OTAN dans le Donbass. Signe d’une situation désespérée, le régime de Kiev a revendiqué un déploiement suicide de troupes d’élite par hélicoptère pour tenter de desserrer le goulot de sortie de Pokrovsk, mais a aussi revendiqué ces derniers jours des attaques massives contre des cibles civiles en Russie : attaquant un barrage hydroélectrique à Belgorod ainsi que des séries d’usines pétrochimiques grâce aux armes à longue portée fournies ou développées par l’appui de l’OTAN. C’est un risque évident d’escalade très dangereuse de la guerre.
L’armée de Kiev a concentré son état-major de combat et ses principales forces militaire dans la banane Konstantinovka – Sloviansk / Kramastorsk. C’est ce secteur qui avait été pris – en même temps que Marioupol – par les blindés et l’artillerie des bataillons néonazis de l’Euromaidan dès 2014, avant d’être arrêté à l’aéroport de Donetsk puis de subir une sanglante défaite entre Donetsk et Konstantinovka à Ilovaisk et Debaltsevo en 2015. Cette bataille avait dicté les accords de Minsk, mais pas la fin de la guerre. Au contraire, depuis Marioupol au sud, Pokrovsk à l’ouest, Avdivka et Torestk au centre, Pospana au nord, la junte de Kiev soumettait Donetsk et Lougansk a d’incessants bombardements documentés par l’OSCE. L’ensemble de ces lignes fortifiées, faites de milliers de kilomètres de tranchées, de champs de mines, de bunkers, a été brisé entre 2022 (Marioupol et Pospana), 2023 (Lychisansk et Soledar Bakmout), 2024 (Mariinka, Advivka). Désormais, l’armée russe est en passe de déborder le dispositif fortifié central de l’armée de Zelenski par le sud de l’agglomération de Kramatorsk. Une attaque frontale est menée sur sa bordure sst à Siversk, tandis que le front est également percé au nord, où l’armée russe redescend sur la rivière Donets, dont elle avait été chassée dans l’offensive de l’été 2022.
Les jeunes Ukrainiens refusent la guerre et quittent le pays, les soldats désertent en masse
Officiellement, l’armée ukrainienne compteraient 900 000 personnels actifs en cette année 2025 selon les déclarations de Zelenski et les estimations de l’International Institute for Strategic Studies. Un chiffre très élevé représentant une part importante des hommes du pays. Ces mêmes estimations évaluent les forces terrestres (l’essentiel des effectifs au front) à environ 500 000 soldats, plus 30 000 marines et 45 000 troupes aéroportées, pour un total d’environ 575 000 hommes dans les unités de combat. Fin 2025 (novembre), les chiffres officiels ont légèrement diminué en raison de l’arrêt de la formation de nouvelles brigades en janvier, dû à des pénuries structurelles, avec des estimations basses à 500 000 combattants opérationnels effectifs après déduction des pertes et désertions. Globalement, l’Ukraine dispose de 2,2 millions de personnels militaires (actifs + réserves), dont la capacité de combat est limitée par l’attrition. De fait, selon les estimations d’un format d’armée de 800 000 à 900 000 combattants en début 2025, il n’y aurait en cette fin d’année 2025 plus que 500 000 combattants opérationnels. Cela témoigne de pertes colossales.
La ligne de front en Ukraine s’étend sur près de 1200 km. Pour empêcher la percée du front, l’armée de Kiev déploie environ 400 à 600 soldats par kilomètre. Cette densité de combattants tenant le front est cependant en baisse, elle était de plus de 600 soldats en 2024 par exemple.
Si les pertes effroyables, tués ou grièvement blessés, explique une partie de la baisse de format de l’armée de Zelenski, l’indicateur stratégique le plus significatif est d’avantage celui du nombre incroyable et croissant de désertions dans les rangs de l’armée de Kiev. Les Ukrainiens décident avec leurs pieds : raflés à l’arrière pour nourrir une mobilisation forcée de la machine de guerre de l’OTAN dans le but de faire saigner la Russie, dès qu’ils le peuvent c’est par dizaines de milliers que ces soldats désertent. Depuis 2022, l’armée ukrainienne reconnait plus de 250 000 cas de désertion faisant l’objet de poursuites. Une fuite qui s’accélère en 2025 avec près de 20 000 déserteurs chaque mois, et un total désormais estimé à 300 000 déserteurs. C’est le tiers de l’armée qui refuse désormais de combattre pour Zelenski et l’OTAN. La crise considérable conduit le pouvoir à des mesures désespérées : ce sont les brigades elles mêmes qui sont chargées de leur recrutement, et cela donne davantage le pouvoir aux bridages de nature idéologique fasciste et néonazie. telles que la 12e brigade AZOV. Cela oblige Zelenski a tenir un agenda et une stratégie militaire sous le commandement de l’OTAN, mais aussi sous la pression militaire permanente de hordes nazies.
| Année | Nombre de cas estimés | Évolution | Notes |
|---|---|---|---|
| 2022 | 10 400 | Début de crise | Principalement absence non autorisé précoces |
| 2023 | 25 558 | x2,5 | Augmentation avec mobilisation |
| 2024 | 91 140 | x3,5 | Pic avec combats intenses ; 114 280 cumulés fin 2024 |
| 2025 (janv.-août) | ~150 000-200 000 | x1,7-2 | 17-18k/mois ; 88k désertions confirmées |
La fuite générale s’illustre aussi de façon évidente par l’émigration massive de la jeunesse. Alors que l’Ukraine ne mobilise pas complètement sa jeunesse, dans une logique nationaliste et malthusienne choisissant d’envoyer mourir au front les « vieux » de 30 à 70 ans pour préserver la « reproduction » du « peuple », les jeunes de moins de 25 ans ne sont pas encore mobilisés. L’âge de mobilisation actuellement en Ukraine, est fixé à 25-60 ans pour les hommes, conformément à la loi adoptée en avril 2024 qui a abaissé le seuil minimal de 27 à 25 ans. Cette mesure n’a pas été modifiée depuis. Elle résulte des pressions très fortes de l’Union européenne et de l’OTAN pour un éventuel abaissement supplémentaire (discuté en novembre 2024, mais non appliqué), afin de remplir les tranchées de chair à canon. Les femmes ne sont pas soumises à la mobilisation générale obligatoire.
Ce choix idéologique de prolonger et d’intensifier toujours plus la guerre est directement combattu par la jeunesse ukrainienne qui s’oppose avec ses pieds par la fuite loin de la guerre voulue par les dirigeants de la junte Kiev OTAN depuis 2014.
Des millions d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens ont fui, et en premier lieu pour rejoindre… la Russie, qui accueille un million et demi de réfugiés venus d’Ukraine, en plus des populations russophones du Donbass et de Crimée. Parmi eux, 1.5 à 2 millions de jeunes de moins de 25 ans . En novembre 2025, les estimations indiquent ainsi que plus de 5,7 millions d’Ukrainiens ont fui le pays depuis le début de la guerre directe avec l’armée russe en 2022, selon l’UNHCR. Parmi eux, environ 4,37 millions bénéficient de la protection temporaire dans l’Union européenne (UE) au 31 août 2025 (Eurostat), représentant la grande majorité des réfugiés en Europe. Pour la Russie, l’estimation de l’UNHCR est d’environ 1,2 million d’Ukrainiens déplacés ou réfugiés
Tableau des chiffres par tranche d’âge et sexe (en milliers)
| Tranche d’âge | Sexe | UE (août 2025) | Russie (estimation 2025) | Notes |
|---|---|---|---|---|
| Moins de 18 ans | Hommes | 716 | 197 | 16,4 % du total en UE ; enfants garçons. |
| Moins de 18 ans | Femmes | 647 | 178 | 14,8 % du total en UE ; enfants filles. |
| Sous-total <18 ans | – | 1 363 | 375 | 31,1 % du total en UE. |
| Plus de 25 ans | Hommes | 1 062 | 293 | 24,3 % du total en UE ; adultes hommes (18+). |
| Plus de 25 ans | Femmes | 1 949 | 538 | 44,6 % du total en UE ; adultes femmes (18+). |
| Sous-total >17 ans (18+) | – | 3 011 | 831 | 68,9 % du total en UE. |
| Total | 1 200 | 4 370 | 1 200 | Sources : Eurostat pour UE ; UNHCR pour Russie. |
Accompagnant l’abaissement de l’âge de la mobilisation, la junte Zelenski, confrontée à une fuite massive et par des voiee d’émigration illégale très dangereuse de ses jeunes hommes, a pris une mesure d’autorisation pour les jeunes de 18 à 22 ans de quitter l’Ukraine le 26 aout 2025. En ayant obtenu des capitales européennes qu’elle lui rendrait, après avoir exploité cette main d’œuvre, cette chair à canon pour leur 25e anniversaire. En Allemagne, c’est plus de 1000 arrivées par semaine qui sont ainsi comptabilisées via le système Free. 1796 ont été enregistrées le 6 octobre, 1511 le 13 octobre. Fin août 2025, il y avait eu 45 300 départs enregistrés rien que via la Pologne. De fin août à mi octobre 2025, 99 000 départs supplémentaires ont été enregistrés. En 2025, 150 000 hommes de moins de 25 ans auraient ainsi quitté l’Ukraine pour l’Union européenne. C’est un jeune homme ukrainien sur dix ( 1.7 millions de 18 à 25 ans).
En dépit des livraisons massives d’armes par l’Union européenne (63 milliards d’euros, dont une vingtaine de milliards pour la France, le montant exact économisé sur les retraités !), du financement de l’économie de guerre de Kiev toujours plus élevé, à hauteur désormais de 400 milliards d’euros depuis 2022, c’est actuellement la Russie qui gagne la guerre face à l’OTAN. Et la Russie mène une lutte existentielle face à l’agression impérialiste de l’hégémon de l’axe USA OTAN UE et de ses alliés, une agression qui n’a commencé ni en 2022 ni en 2014, visant à interdire l’émergence d’un monde multipolaire et dont la priorité depuis la contre-révolution victorieuse en 1989 et la chute du bloc communiste est de morceler et d’asservir la Russie, ses peuples et ses richesses. Et cela en dépit d’un large rejet du régime Poutine et de ses oligarques, dont on sait comment il écrase et met en coupe réglée leur pays, il n’y a pas d’autre choix pour les Russes comme pour les autres peuples que de défendre leur souveraineté. D’un point de vue stratégique, le recul forcé de l’axe impérialiste hégémonique, s’il est un signe de résistance, doit aussi être un puissant signal d’alarme : car l’hégémon capitaliste est exterministe, fascisant. Au cœur de l’impérialisme, et tout particulièrement en France qui est l’un des principaux points d’appui militaire de l’OTAN au sein de l’Union européenne, il est urgent d’agir de façon décisive pour la paix et faire cesser la guerre. Au risque à défaut de laisser courir la politique d’escalade permanente vers la troisième guerre mondiale ouverte, et le fascisme qui l’accompagne. Cela passe par un devoir simple : bloquer l’économie de guerre pour tourner au contraire les choix budgétaires vers les besoins de la France des travailleurs. Ce qui impose de rompre totalement avec les verrous budgétaires imposés par l’Union européenne et par l’OTAN. UE-OTAN et la troisième guerre mondiale, la misère et le fascisme, ou sortie de l’UE-OTAN et une politique de progrès social, écologique, démocratique et pacifique. Les semaines et les mois devant nous sont ceux d’une bataille stratégique vitale pour l’Humanité.
Adrien Crovisier (commission géopolitique), JBC pour la rédaction de www.initiative-communiste.fr
[1] Le bilan de la situation militaire dressé par le général Kempf au 26 octobre 2025





