
Toute acquise à l’impérialisme-capitalisme, la région du « Grand Genève », est un haut lieu du globish : outre de déferler dans les campagnes publicitaires, à grand renfort de slogans sur affiches (« begin your own tradition » immanquables dès que l’on a posé le pied sur le tarmac de Geneva Airport), de s’imposer dans les noms donnés à de multiples événements régionaux culturels et sportifs, de transformer les plages du Lac Léman en beach, les hébergements en montagne en Mountain Lodge, la contamination atteint même les structures hospitalières publiques de Haute- Savoie : « my CHANGE » pour « Centre Hospitalier ANnecy GEnevois » ! Il y a urgence à agir : le PRCF combat le tout-anglais néo-colonial, défend la langue française sur des bases internationalistes et soutient pleinement l’initiative de Philippe Carron, qui vient de créer le mouvement romand du DVF – Droit de Vivre en Français – et entreprend de « dénoncer, à la suite de Lucien Berthet, l’attitude provocatrice de toutes ces sociétés et organisations anglomanes, que ce soit en France, en Suisse et en Belgique » : illustration avec la « Châtel Chablais Leman Race » :
A l’attention de l’Organisation Sportive Léman-Chablais, (O.S.L.C)
Madame, Monsieur,
En apprenant l’organisation, en juin dernier, par la C.L.S.O*, de la CHATEL CHABLAIS LEMAN RACE en France voisine et en Pays romand, épreuve dont l’énoncé illégal ne semble pas donner d’urticaire à son président et ancien coureur professionnel Sébastien Medan, ni même à Nicolas Rubin, le maire de Châtel, Lucien Berthet, administrateur de l’association Défense de la langue française en Pays de Savoie, s’est demandé à juste titre (voir PJ 1) s’il ne s’agissait pas là d’un article « sur la race de vache d’Abondance ». Comme elle passe aussi par la Romandie, cette RACE, j’ajouterais, en rigolant, qu’on pourrait penser à « un article sur la race d’Hérens, la Simmental ou d’autres RACES inconnues de nos contrées ».
Que la C.L.S.O*, en français l’O.S.L.C, soit une initiative qui utilise le sport comme levier pour le développement économique et social du Chablais, en encourageant les projets sportifs et en formant des professionnels du sport, je peux encore le concevoir… quoique ce qui tourne autour du cyclisme ne représente qu’une infime partie du secteur des sports et loisirs, que ce soit dans le 74, en Valais comme dans le canton de Vaud.
Que ces mêmes organisateurs utilisent le levier de l’anglo-américain pour le faire tient du fantasme qui a la vie dure dans nos régions savoyarde et romande… alors qu’il s’agit plutôt d’une affaire de compétence, de savoir-faire, et non de langue, à plus forte raison hégémonique, pour dynamiser – j’allais dire « booster » – le tissu socio-économique d’une région ou d’un pays…
Et pourtant se mêler, un beau matin, à la foule au départ d’une course cycliste ou de toute autre épreuve sportive ou naviguer sur n’importe quel site consacré aux activités sportives montre à quel point « casser » du « vernaculaire » au moyen d’un anglais « abâtardi », mal digéré, est aussi, en ce début du 21ème siècle, un autre sport fort prisé de bon nombre de jeunes et de moins jeunes, preneurs de décision ou non, pour qui le « gainage » musculaire passe avant tout respect de soi, à plus forte raison avant le parler que nos mères nous ont légué.
Formuler en langue anglaise, sans rien connaître de cette langue, soit par mimétisme, par honte et haine de soi, soit par dégoût de sa langue maternelle et de sa culture ou par une crasse ignorance du fait culturel environnant, le moindre intitulé de manifestation, accompagner chaque épreuve d’une grotesque publicité en anglo-américain en toile de fond, le tout enveloppé d’un RACE, d’un CONTEST ou d’un CYCLING, démontre l’indigence langagière et la cuistrerie de dirigeants sportifs savoyards et romands qui ne se sentent plus d’aise dès qu’ils réussissent à « fourguer » deux mots de globish, avec l’accent du cru en prime, et se rendre encore plus ridicules – pour ne pas dire plus – aux yeux des Anglo-Saxons eux-mêmes.
En Suisse – a fortiori romande – l’uniformisation, en anglo-américain, des sigles et des appellations, dans les fédérations sportives, a atteint des hauteurs de fumisterie inégalées et inégalables en Francophonie, là où naguère encore tout se faisait dans les trois langues du pays. La siglaison à la « ricaine » s’est emparée avec fureur de tous les sports, à l’instar de Swiss cycling, de Swiss tennis, de Swiss olympic team, de Swiss football league, bref des Swiss…il y en a à foison. Il s’agit là d’une subversion linguistique ourdie dans les plus hautes instances par des gens sans scrupule sur le dos d’un bon petit peuple consentant, comme dans l’Hexagone, pourvu qu’il ait sa ration quotidienne de pain et des jeux (le panem et circences des Romains).
Il est évident qu’il n’est pas nécessaire de maîtriser le français ou d’avoir fait bac+8 pour diriger une fédération, « manager » une organisation, une discipline ou une course sportives aujourd’hui dans nos deux contrées francophones…. le monde sportif romand s’entendant comme larrons en foire avec leurs voisins français pour mener à bien leur sale besogne « d’éradication » langagière, la cinquième colonne yankee, en somme. Les responsables sportifs, quelle drôle de RACE !
Dans cette sordide affaire menée tambour battant, les médias francophones de tout bord, complètement « biberonnés » à la doxa anglo-saxonne, dénient à leurs lecteurs jusqu’au droit le plus légitime à être informés objectivement sur le « basculement » linguistique en cours, accompagnant et amplifiant même ce phénomène comme dans le cas de l’article du journal précité. Il faut dire qu’en la matière une chape de plomb – omertà est bien le mot – s’est abattue depuis peu sur tout le tissu sociétal francophone, un système de recadrage et de de reformatage mental qui n’a rien à envier aux pays dits totalitaires.
Le mouvement romand Droit de vivre en français, que je viens de créer et dont ceci est la première démarche, fustige justement l’arrachage de langue en cours dans un Pays romand solidement et fièrement amarré au wagon des peuples colonisés… et qui expédie en ce moment, comme ses voisins savoyards, son fonds de commerce linguistique et culturel dans les caniveaux de nos villes et de nos avenues, le simple quidam étant désormais décomplexé du syndrome du parfait colonisé (voir, sur le site, mon article La langue française, la cible à abattre… et le billet d’Alain Borer)
Cela dit, j’ose espérer – mais je n’y crois guère tellement « l’anglolâtrie » s’est infusée dans des consciences intoxiquées – que l’appellation RACE ainsi que toutes les dénominations articulées dans ce sabir « abscons », inintelligible et impropre à l’articulation du français, soient mises au rebut et que les responsables de la C.S.L.O.*- pardon de l’O.L.S.C – recouvrent le sens de la mesure en remettant leur langue, et elle seule, tout au long des circuits de nos deux régions.
J’exhorte vivement tous les organismes de défense de la langue française, en copie ici, de prendre résolument l’offensive, par tous les canaux possibles, et de dénoncer, à la suite de Lucien Berthet, l’attitude provocatrice de toutes ces sociétés et organisations anglomanes, que ce soit en France, en Suisse et en Belgique.
Avec mes meilleures salutations,
Philippe Carron
romandie@droit-de-vivre-en-francais.ch
- CLSO, CCLR, des sigles inappropriés formulés dans la syntaxe anglo-saxonne qui ne font que détruire le logiciel de précision, de clarté et de l’agencement unique de la langue française.
Et les accents, à la poubelle comme dans le cas du Credit Suisse ou de la Baloise Assurance ?
*Vous aurez remarqué que la plupart de ces sigles anglo-américains, tellement recherchés par les francophones qui ne flairent même pas le piège… et l’imbécillité, sont exactement à l’inverse de la syntaxe du français CSLO=OLSC, à l’image de l’OTAN=NATO, ou ONU=UNO