
La date du 28 septembre 2023 signe le début d’une bien triste page pour l’unité de notre République et de notre peuple. En effet, Emmanuel Macron, président en exercice censé protéger la Constitution affirme vouloir « inscrire la Corse dans la Constitution ». Réaction immédiate du président du Conseil régional de Bretagne, Loig Chesnais-Girard, ex-PS, néo-nous-ne-savons-quoi :
« Nous voulons la même chose ! ». Ni plus ni moins…et ceci après un combat multiséculaire des masses travailleuses de notre pays pour fonder une Nation et une République Une et Indivisible. Le conventionnel Georges Couthon, jacobin proche de Robespierre, a déclaré « Une et Indivisible » notre République, le 25 septembre 1792. Qu’à cela ne tienne pour le pouvoir en place de nos jours , avec son Pacte girondin ! Corse, Bretagne, Alsace… larguez les amarres !
La rage des puissants de ce monde face à un peuple Un et Indivisible n’a depuis la Révolution, jamais cessé de s’exprimer afin de défaire cet édifice tendant à protéger et unifier les citoyens français, peu importe leurs origines, leur langue, leurs coutumes, et qui s’est ensuite traduit par la création d’une Sécurité sociale unifiée, de services publics d’Etat relativement égalitaire, d’un développement relativement équilibré des territoires, d’un SMIG devenu SMIC, de statuts nationaux, de conventions salariales nationales, de diplômes valant à l’échelle de toute la République du moins métropolitaine.
La France régénérée, imaginée par nos aïeux Jacobins de l’An II avait pour étendard proclamé, sinon pour réalité effective, la Liberté, l’Egalité et la Fraternité, d’un peuple fièrement souverain, afin d’irriguer l’humanité toute entière de ses principes, dans la paix et l’internationalisme le plus fervent.
Las ! Macron, exécutant de l’Union européenne qui a mis le cap sur l’Europe fédérale des régions centrée sur l’Axe Bruxelles- Berlin décide« l’autonomie », certes non pas « l’indépendance », de la Corse, mais il est de courte vue d’imaginer l’une sans un regain de rage contre-révolutionnaire pour les partisans de l’autre, qui souhaitent aller jusqu’au bout dans la mise à mort d’un pays dont les principes fondateurs hérités de 1793 puis du CNR heurtent de plein fouet la sacro-sainte « construction » euro-atlantique du grand capital.
Ainsi en Bretagne, de tout-puissants lobbys patronaux, comme l’Institut de Locarn, héritier des chouans et des collaborateurs régionalistes-nationalistes agressifs, et clairement ethnicistes, avec l’occupant nazi (Abbé Perrot, Hémon, Lainé, Mordrel, Foueré…), se sont vus depuis des années dérouler le « tapis rouge » en terme de propagande sécessionniste, avec la bienveillance de nouveaux barons locaux tel Le Drian, qui se voient en nouveaux Ducs de Bretagne d’Ancien Régime. Les travaux de Françoise Morvan (à lire Le Monde comme si : nationalisme et dérive identitaire en Bretagne, et Miliciens contre Maquisards) sont très explicites là-dessus. Ledit « jacobinisme » tant pourfendu par les ignorants, volontaires ou non, de la période révolutionnaire, n’a été globalement au pouvoir qu’une année, à savoir 1793- 1794, qui, malgré la guerre civile et l’invasion du territoire national par l’Europe féodale coalisée, vit les plus belles réussites sociales de l’époque, les lois sur le Maximum des prix, le droit à l’instruction publique, l’abolition de l’esclavage colonial, avec des personnages comme Robespierre, Saint-Just, Couthon, Barrère, au Comité de Salut Public, organe co-dirigeant avec la Convention, de la démocratie parlementaire et populaire la plus avancée que l’on ait vue dans notre histoire, Enfin, ladite « autonomie » tant promue par certains, parée de toutes les vertus, mais aucunement par le peuple, verra
naturellement la signature de la fameuse « Charte européenne des langues régionales et minoritaires» dans les régions nouvellement « libérées de l’affreux joug parisien » (à savoir des lois obtenues de haute lutte par les ouvriers qui protègent nationalement les travailleurs : SMIC national ou Code national du travail entre autres.).
Un exemple, cette charte extrêmement contraignante pour les citoyens, verra l’obligation de la maîtrise de la langue locale, déjà pour tout fonctionnaire, ce qui détruit déjà le principe d’unité du peuple Français devant la loi, mais également pour tout professionnel, public comme privé, jurisprudence vite appliquée…
Je me permets un exemple personnel, mon père a exercé la médecine générale dans une commune semi-urbaine de Bretagne durant quarante ans. Toutes les nuits, durant de longues années, avant la mise en place d’un système de garde local, entre confrères, puis seulement plusieurs nuits par semaine ensuite, il était, ainsi que son épouse, ma mère, dérangé par le téléphone qui sonnait sans arrêt, c’était certes une autre époque, avant les maisons médicales. Mais aujourd’hui, et c’est salutaire, il existe encore des conversations téléphoniques et de visu, entre médecins et patients. Imaginons l’obligation de maîtrise de la langue bretonne « sur-unifiée » opposable ! Le médecin ne comprenant pas la langue locale, ou son épouse ou secrétaire, se verra assigné au tribunal en cas d’erreur de diagnostic ou de références de patient…dans des régions qui sont déjà largement des déserts médicaux ! Allez répondre au téléphone, à 3h du matin, de façon pleinement opérationnelle, dans une langue autre que le français, et plus vite que ça ! Sinon vous passez au tribunal ou on appelle la gendarmerie ! Rien que cela…
Science-fiction bien terrifiante me direz-vous ? Malheureusement, nous en sommes très proches. Enseignants, infirmiers,travailleurs… il en sera fini de l’usage exclusif du français comme langue de la République qui n’en sera plus Une et Indivisible, sans compter qu’en réalité, cette « co- officialité » des langues régionales et du français ne vise qu’à désétablir la langue française de son statut officiel pour faciliter l’implantation du tout-anglais des traités transatlantiques sur tout notre territoire !
Je suis personnellement très attaché au maintien et à la réémergence des langues dites « régionales » au sein de notre pays. Moi même, j’ai appris avec une grande joie et satisfaction, certes avec un résultat très modeste, le breton, lié à mon Tregor natal, de facto mort avec ma grand-mère paternelle. De nombreux militants jacobins voire franchement communistes, font de même dans toute la France. Et le jacobinisme n’est pas la caricature de violence centralisatrice, largement héritée de la monarchie et du bonapartisme. Voir les travaux de Florence Gauthier, et de la Société d’Etudes Robespierristes sur la question. https://revolution-francaise.net/2006/03/02/29-centralisme-jacobin- vraiment
Alors d’aucuns diront « jusqu’ici et pas plus loin »… Comme au temps des lâches « Accords de Munich » de 1938, signés par les représentants officiels de la France et du Royaume-Uni, que seul le parti communiste français combattit ardemment. Du reste Macron parle de plus en plus de « souveraineté européenne » et non de souveraineté nationale, et Olaf Scholz a inauguré son mandat de chancelier en promettant l’avènement imminent des « Etats-Unis d’Europe », impossibles sans la défaisance des nations constituées, cet obstacle « périmé » aux galopades du tout-profit transcontinental. Comme le proclamait déjà l’eurocrate allemand Von Tadden dans les années 1980, « pour faire l’Europe (sous-entendu: DU CAPITAL) il faut un peu défaire les nations ».
Un peu seulement?

François Crechriou.
Quelques lectures :
- Le numéro EtincelleS 51 dont un dossier entier traite de cette question :
- Vive la République ! Gilda GUIBERT LANDINI : Les mariées de l’an II : Révolution et République jacobine
- UNE RÉPUBLIQUE UNE ET INDIVISIBLE
- Gilliat DE STAËRCK : Euro-régionalisme et linguicide : Faire France commune ou faire sombrer la France
- UNE RÉPUBLIQUE LAÏQUE ET SOCIALE
- Jean-François DESJOURS : Comment Blanquer détruit la laïcité aux cris de vive la laïcité
- Benjamin LE LOUARN : Retrouver la République du Parti : Une République vivante, prolétarienne et puissante
- UNE RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET SOUVERAINE
- Fadi KASSEM: Face au péril antirépublicain euro-brun, édifier la République rouge-tricolore UNE RÉPUBLIQUE UNIVERSELLE
- Georges GASTAUD : Fraternellement
- Aymeric MONVILLE: La République déclare la paix
Je joins un discours du 10 mars 2002, prononcé à la mémoire de la Fédération bretonne-angevine de 1790, contre laquelle les militants ethno-régionalistes ont toujours manifesté une haine sans fond.
http://federation1790.chez.com/activite/2002_03_10_rassemblement/rassemblement.htm