
Manuel Coisne a été éborgné le 16 novembre 2019 par un tir de grenade lacrymogène place d’Italie à Paris lors d’une manifestation des Gilets jaunes : à ce moment-là, les manifestants étaient nassés par les forces de police et c’est alors qu’ils n’avaient aucune possibilité de sortir de la place que les tirs de balles en caoutchouc et de grenades les ont ciblés. Six ans après les faits, le préfet de police de Paris Didier Lallement, responsable du maintien de l’ordre et donc donneur d’ordre, est mis en cause par la justice. Il y a tout juste un an, le juge d’instruction avait déjà ordonné le jugement en cour criminelle de Fabrice T., policier suspecté du tir ayant mutilé Manuel Coisne.
Le 18 décembre 2025, la cour d’appel de Paris, saisie par les avocats de Manuel Coisne, a ordonné le renvoi devant le juge d’instruction pour que celui-ci enquête également sur la responsabilité du préfet de police de Paris. Si l’avocat de M. Coisne, Me Arié Alimi, avait en effet également porté plainte contre Didier Lallement, en poste de 2019 à 2022, la justice n’avait pas joint cette plainte à la procédure. La Cour d’appel de Paris condamne l’enquête réalisée, en lui reprochant de ne pas avoir enquêtée sur « les faits reprochés par la plainte avec constitution de partie civile à Didier Lallement, en sa qualité de préfet de police de Paris ». La plainte met en cause le préfet Lallement pour des faits graves : « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique suivie de mutilation ou d’infirmité permanente » et « atteinte à la liberté individuelle », la nasse ayant eu pour but d’empêcher de manifester mais également de porter atteinte à la liberté de circulation.
Le préfet Lallement, qui s’était illustré en désignant les citoyens exerçant leur droit constitutionnel de manifester comme des ennemis de la police, est visé en tant que « donneur d’ordre » dans la mise en place d’une « nasse » policière sur la place d’Italie, « accompagnée d’un usage non maîtrisé et dangereux des armes à l’encontre des manifestants » – une technique qui n’était pas prévue par les textes à l’époque
Avec ses avocats, Manuel Coisne souligne dans un communiqué : « Dès le début de la procédure pénale, nous avions demandé à la juridiction d’instruction d’apprécier la responsabilité pénale du préfet Lallement, qui était à l’origine de la nasse illégale et du trouble à l’ordre public dans l’organisation du maintien de l’ordre. C’est à cette occasion que cette nasse illégale doublée de l’usage illégitime de la force a causé la perte de mon œil. La poursuite (de l’ancien) préfet de police de Paris devant une cour criminelle devra ainsi être envisagée. Nous sommes très heureux d’annoncer cette décision qui pourra conduire à la responsabilité pénale de tous les préfets dans le maintien de l’ordre à l’avenir. »
Maitre Arié Alimi précise que cette décision n’est pas une petite victoire : « C’est à ma connaissance la première fois qu’un préfet de police, et pas n’importe lequel, celui à l’origine de la brutalisation du maintien de l’ordre, pourrait être mis en examen et jugé pour les ordres donnés. Tous les préfets devront s’interroger sur les ordres qu’ils donneront à l’avenir. »
L’avocat des Gilets jaunes Priscillia Ludovski et Aouzi Lellouche, Me Guillaume Martine attend lui aussi que la plainte déposée contre cette nasse du 16 novembre 2019 donne enfin lieu à une enquête, déplorant que l’instruction n’a pas du tout évolué en un an et demi, espérant que cette première décision de justice signe la fin de ce violent déni de justice.
Retrouvez le reportage d’Initiative Communiste sur l’Acte 53 des Gilets jaunes à Paris le 16 novembre 2019 pour le premier anniversaire du mouvement :#Acte53 Mobilisés par dizaines de milliers, les gilets jaunes interdits de manifester à Paris
Lire le rapport de la Ligue des Droits de l’homme sur les violences policières du 16 novembre 2019 : https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2019/04/Rapport-16-novembre-2019-La-strate%CC%81gie-de-la-nasse-contre-le-droit-de-manifester.pdf

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