
Dans un tweet sur X, le 17 octobre 2025, Jean Luc Mélenchon, dirigeant de la France Insoumise fait le constat factuelle que la Commission Européenne ordonne de maintenir la contre réforme des retraites refusée par le Français. Il faut ajouter que c’est la totalité du budget de guerre et d’austérité que la Commission Européenne et la BCE impose à la France : 5% de dépense triplant le budget militaire au profit de leur guerre en Ukraine, coupe dans les dépenses de santé publique et de la sécurité sociale, casse des retraites et des services publics d’un coté, maintient du budget exponentiel des aides aux grandes multinationales (211 milliards d’euros chaque années, premier poste de dépenses publics) sous la pression de l’euro d’autre part. Le tout en respectant la contrainte des 3% du PIB maximum de déficit du budget de l’Etat, paiment des intérêts de la dette compris. La solution de cet équation budgétaire imposée par l’Union Européenne est bien connu : réduire les services publics et la sécu, couper dans les salaires et les pensions de la France du travail.
C’est que au lendemain du discours de politique générale de Sébastien Lecornu, premier ministre démissionné et maintenant par le tout aussi minoritaire et illégitime Macron, la commission européenne a rappelé publiquement des ordres qu’elle réserve d’ordinaire aux moins connus mais bien plus contraignant rapports du semestre européen et de la procédure de déficit excessif. Car en application des traités européens, la Commission Européenne, d’avantage que le parlement français, a tout pouvoir de censurer et sanctionner le budget de la France.
C’est bien dans ce contexte et fort de ce pouvoir que le balte Valdis Dombrovskis, ci devant commissaire européen à l’Economie a depuis Washington très directement menacer la France : La suspension de la réforme des retraites aura « des implications budgétaires importantes » a t il ércuté le 15 octobre dernier, en ordonnant de la France « des mesures pour respecter ses engagements » budgétaires. Un propos qui peut apparaitre violant mais qui n’est que l’expression crue des ordres données par la Troïka FMI BCE et Commission Européenne pour saigner les peuples, à Paris en 2025, comme à Athènes en 2010. Le commissaire européen s’exprimait en-effet alors qu’il participe dans la capitale américaine aux réunions annuelles du FMI
« Nous suivons » les débats sur le budget de la France « avec attention, notamment les implications de la suspension de la réforme des retraites car cela aura des conséquences budgétaires importantes », a-t-il déclaré lors d’un entretien accordé à l’AFP. Et avec lui la Commission Européenne de lancer ce diktat « il est important que des mesures soient prises pour respecter (les) engagements » fixés en matière de réduction du déficit public. La Commission européenne admoneste le gouvernement de Paris en exigeant « Nous savons que le gouvernement travaille pour s’assurer de respecter la trajectoire budgétaire » prévue pour 2026, « mais nous avons besoin de voir des propositions concrètes et de connaître l’ensemble des implications budgétaires »des « propositions complètes afin d’être en mesure d’en faire une véritable évaluation », notamment concernant le respect de la trajectoire budgétaire pour ramener le déficit à 3% à moyen terme précise les communications de Dombrovskis.
On ne peut faire plus claire : c’est bien la commission européenne qui dicte le budget de la France pendant que Macron joue de concert avec ses comparses du RN et ses complices du PS et EELV le théatre pitoyable d’une valse de premier ministre dont la fonction est d’écrire le budget sous la dictée et le contrôle de Bruxelles.
L’équation budgétaire fixée par l’UE et l’euro pour faire cracher du sang au peuple, faire les poches des travailleurs

De façon comptable, le déficit budgétaire de l’État est prévu à 135,6 milliards d’euros en 2025. Le déficit primaire (hors charge de la dette) s’élève donc à environ 80,7 milliards d’euros, calculé comme suit : déficit total (135,6 Md€) moins charge de la dette (54,9 Md€).
De fait, hors charge de la dette, constitué comme nous l’avons déjà démontré par ailleurs [1] quasi exclusivement des intérêts de la dette, le budget de l’Etat ne présente aucun déficit structurellement dangereux en lui même. Ces près de 81 milliards d’euros ne représentent en-effet que 2,48% de la richesse nationale créé en 2025. Ils sont au demeurant essentiel à la création monétaire indispensable pour accompagner une économie en croissance.
Un déficit qui au demeurant serait bien moindre sur chaque Français ne payait pas chaque année 405€ pour l’Union Européenne pour un total de près de 30 milliards d’euros [2]. Une dépense considérable qui a doublé en 40 ans et qui va encore bondir avec le budget de guerre de 800 milliards d’euros proclamé par la Commission Européenne.

Des dépenses de guerres également imposées directement sur le budget de l’Etat, sous l’égide de l’OTAN mais aussi de l’Union Européenne (lire ici), pour augmenter à hauteur de 5% de la richesse nationale. Ceux-là même qui disent qu’il n’y a pas d’argent pour les salaires, pour l’hôpital et pour l’éducation nationale, ordonne ainsi de tripler les dépenses militaires. C’est ainsi que le budget des armées est passé de 41 milliards d’euros en 2022 à 57 milliards d’euros en 2025. 16 milliards d’euros supplémentaires qui compte à eux seul pour 20% du déficit du budget de l’Etat et 0.5% du PIB. Cela n’étend qu’un début. Un budget à 5% du PIB serait de 163 milliards d’euros annuel, soit trois fois la dépense actuel. Pour arriver à une augmentation aussi massive, le secrétaire de l’OTAN l’a dores et déjà annoncé, il faut sacrifier la sécurité sociale [3]. A commencer par les retraites ! Si vous ne faites pas confiance aux militants du PRCF qui vous donne cette arithmétique, écoutez donc celle de Mark Rutte secrétaire général de l’OTAN s’adressant au parlement européen : « « Je sais que dépenser plus pour la défense revient à dépenser moins pour d’autres priorités. En moyenne, les pays européens dépensent facilement jusqu’à un quart de leur revenu national pour les retraites, la santé et la sécurité sociale. Nous avons besoin d’une petite fraction de cet argent pour renforcer considérablement notre défense et préserver notre mode de vie. » Le même qui explique dans le même discours qu’ « Il n’existe aucune menace militaire imminente pour nos 32 alliés »
De facto, la réforme des retraites de 2023 est censée rapporter 17 milliards d’euros d’économies sur le dos des travailleurs de France, dont 8 milliards directement. Huit milliards déjà absorbés par la hausse du budget de l’armée entre 2022 et 2025.
Macron et Lecornu n’ont d’ailleurs pas d’autre choix que de répondre à l’équation budgétaire fixée par l’Union Européenne et l’OTAN. Et cela avec les priorités fixées à Bruxelles par la commission européenne. C’est que la France est soumise à la procédure de déficit excessif (PDE), ouverte par le Conseil de l’Union européenne le 26 juillet 2024 sur proposition de la Commission européenne, en raison d’un déficit public dépassant 3 % du PIB (5,8 % en 2024) et d’une dette publique supérieure à 60 % du PIB (113 % en 2024), en vertu des critères du traité de Maastricht et du TSCG (adopté avec la complicité de Hollande et… Macron). Toujours sous surveillance renforcée en 2025 en dépit d’un premier plan d’austérité et de l’entrée en vigueur de la contre réforme des retraite, notre pays doit sous les ordres de la commission européenne adopter des mesures supplémentaires. C’était les ordres du gouvernement Attal puis ceux de Barnier, Bayrou et Lecornu. Des ordres auxquels la France des travailleurs revendique d’être insoumise. En octobre 2025, la France fait toujours partie des neuf États membres concernés par cette procédure. Dans le cadre de la PDE et du Pacte de stabilité et de croissance réformé (en vigueur depuis avril 2024), la Commission européenne exige de la France de corriger son déficit excessif d’ici 2029 au plus tard, via un plan budgétaire et structurel à moyen terme (2025-2029) incluant des réformes et investissements. Les exigences spécifiques pour 2025, adoptées par le Conseil en janvier 2025 sur proposition de la Commission Européen et évaluées en juin 2025, sont les suivantes
- Objectifs budgétaires : Ramener le déficit public en dessous de 3 % du PIB et placer la dette publique sur une trajectoire descendante plausible ; limiter la croissance nominale des dépenses nettes (hors recettes cycliques et mesures d’urgence) à un maximum de 0,8 % en 2025 (contre 0,9 % estimé actuellement, représentant un écart de 0,1 % du PIB). On le voit donc le dogme du blocage des dépenses publiques, en dépit des besoins vitaux et urgents de l’hôpital public, de l’éducation nationale ou de l’écologie et de l’aménagement du territoire est bel et bien fixé depuis Bruxelles.
- Mesures requises : Mettre en œuvre des économies permanentes cumulées d’au moins 8 milliards d’euros sur 2025-2027 via des revues des dépenses (4,3 milliards déjà identifiés pour 2025) ; réformer l’assurance chômage [ contre réforme effectivement mise en oeuvre frappant les travailleurs précaires et privés d’emplois ], les cotisations sociales liées au SMIC, les dépenses fiscales et sociales ; accroître les recettes (0,5 % du PIB) et réduire les dépenses (0,3 % du PIB, notamment consommation publique et transferts sociaux) pour compenser les hausses liées aux intérêts de la dette et au chômage ; accélérer les réformes pour la compétitivité (simplification réglementaire, R&D, numérisation des PME), la transition verte (énergies renouvelables, efficacité énergétique), et les compétences (formation, éducation). On voit ici décliner exactement la politique suivi de façon invariable avec le soutien du RN par Barnier, Bayrou et Lecornu.
- Suivi et délais : Soumettre un rapport d’avancement annuel (dernier en avril 2025) ; implémenter le plan de relance et de résilience (y compris REPowerEU) d’ici 2026 ; respecter la trajectoire pluriannuelle (croissance des dépenses nettes à 1,2 % en 2026-2028, 1,1 % en 2029). La Commission évalue les progrès et peut réactiver des sanctions si non-conformité (amendes jusqu’à 0,1 % du PIB). La Commission reste attentive au budget 2026 (plan d’économies de 40 milliards d’euros attendu en juillet 2025)
De fait on comprend ici l’impatience du commissaire Dombrovskis : Macron aurait déjà du rendre sa copie de budget en juillet dernier. Mais l’opposition populaire de la Nation, s’exprimant dans la rue, notamment le 10 septembre, a pour le moment fait échec à la publication du budget Dombrovskis. Déjà écris, celui ci est dans les mains de Lecornu qui n’attendait que le ralliement salvateur du PS (et jusqu’à un parlementaire PCF) pour le faire adopter à l’Assemblée Nationale. En jouant la montre, il pourra sans la violence de l’article 49.3 de la constitution mais avec la fourberie antidémocratique de l’article 47 le promulguer par ordonnance si besoin. Mais au moment où Lecornu fait mine de lacher du lest, sur la réforme des retraites, la commission européenne lui rappelle qu’il n’est pas autorisé à discuter les termes des ordres fixés, seulement de jouer la comédie pour duper les Français.
Fausses solutions de Mélenchon et vraie sortie de crise : le Frexit progressiste !

Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise ces derniers temps sur la question européenne s’est exprimé à l’opposé de 2017 et de la proposition limpide qui avait contribué a fortement crédibiliser une puissante campagne présidentielle : l’Union Européenne, on la change ou on la quitte. Posant directement sur la table la sortie de l’Union Européenne et de l’euro pour faire primer contre l’UE et l’€uro les intérêts du pays et de la France des travailleurs. En-effet, exit en 2022 et jusqu’à maintenant pour LFI la possibilité de la sortie de l’UE et de l’euro, rayée d’un trait de plume alimentant la défiance des millions de travailleurs qui constatent chaque jours, eux, les ravages de l’UE OTAN contre leurs usines, les services publics, les salaires, les droits démocratiques ou les protections environnementales et sociales. C’est qu’il fallait pouvoir, dans le cadre de la NUPES, faire bloc avec le PS et Europe Ecologie Les Verts. Ce PS pourtant toujours rallié… à la Macronie avec qui il sert toujours de concert, contre la France des travailleurs, les milliardaires et leurs multinationales en faisant primer en toutes matières l’Union Européenne, ses directives européenne. Est il utile de rappeler que ce sont les gouvernements PS, de Mitterrand à la gauche plurielle dite de la gauche plus rien, qui de l’Acte Unique jusqu’au TSCG en passant par le processus de Barcelone ont tous validé les pires directives européennes, fermer les mines et le textiles, arrachés les vignes et l’agriculture paysanne et mené les plus grands plans de privatisations !
La crise politique actuelle autour d’un budget massivement rejeté par une large majorité des Français trace de façon très claire la solide ligne de démarcation suivant le vote du 29 mai 2005 : ce referendum qui a rendu illégitime et nuls et non avenus l’ensemble des traités européen. Une ligne de séparation pour défendre les intérêts vitaux de la France des travailleurs avec la question de la sortie de l’Union Européenne et de l’Euro, celle de ce Frexit progressiste indispensable pour tenir le budget vital rétablissant d’un même mouvement hôpital public, éducation nationale et produire en France tout en faisant reculer l’économie de guerre et l’escalade.
Mais pour qui veut éluder ce choix simple, massivement soutenu par les ouvriers et les employés qui à plus de 70% ont voté NON en 2005, il est nécessaire de poser diversion. A l’image d’abord du Rassemblement National qui refusant tout à la fois la sortie de l’Union Européenne et la sortie de l’Euro, agite les peurs et fait monter les haines en désignant comme bouc émissaire les immigrés. Tandis que le parti supranational de l’Union Européenne, dont il est une composante et dont ses proches alliés italiens néofascistes avec Giorga Meloni démontrent au quotidien leur totale intégration au sein du système UE OTAN, détruit méthodiquement la France.
Alors on peut et on doit s’interroger : pourquoi donc Jean Luc Mélenchon ne dit pas simplement que le budget de la Nation doit exclusivement être pour la France des travailleurs et les intérêts des peuples et ne jamais céder ni obéir aux ordres mortels de l’Union Européenne et l’Euro des grandes banques, des multinationales en un mot du Capital. Quitte à activer d’urgence le Frexit progressiste ? Pourquoi au contraire, propose t il des solutions qui n’en sont pas, qui le pose en irresponsable et capricieux colérique dans l’opinion ? Car chacun sait que sans sortir de l’Union Européenne et de l’Euro, il n’est pas possible de bloquer les versement de la France à l’UE, y compris les dizaines de milliards d’euros que paye notre pays à ce machin. L’Union Européenne, via la procédure de déficit excessif, via la Banque Central Européenne et le chantage sur les marchés, a tous les moyens de racketter les français et de leur faire les poches comme elle l’a fait des Grecs, des Portugais, des Espagnols ou des Italiens. C’est méconnaitre au demeurant que l’UE contraint au moment même où nous écrivons la Belgique a une tout aussi violente contre réforme des retraites. C’est encore plus douteux que désigner comme solution « de faire payer l’Allemagne », comme si les peuples français et allemand étaient en opposition structurelle. Les manifestations massives des allemands pour la paix et contre l’économie de guerre démontrent que l’opposition n’est pas là, mais bien au contraire face à l’Union Européenne supranationale qui pour faire les poches des travailleurs dans toute l’Europe, afin de financer la guerre impérialiste et les profits des milliardaires, met les peuples, les pays, et même leurs régions en concurrence les unes avec les autres ; et contre les pays du Sud avec qui elle développe sans cesse de nouveaux accords de libre échange à l’image du MERCOSUR. Dans un dumping anti social effréné condamnant les peuples à « cracher du sang » pour reprendre les mots justes pour le coup de Jean Luc Mélenchon. On ne peut faire insulte à Jean Luc Mélenchon de ne pas être au courant de ces réalités. Ce tweet au propos provocant et violent ne visent en réalité qu’à ne pas parler de la sortie de l’UE et de l’euro. Dans une tactique veine privilégiant la recherche d’une union de la sociale démocratique d’accompagnement de l’UE, cette même sociale démocratie qui lui mène une guerre ouverte et de chaque instant, jusqu’à diaboliser et qui sait demain criminaliser Jean Luc Mélenchon et la France Insoumise.

Répliquer de façon claire, solidaire, internationaliste, c’est d’abord nommer le crocodile qui est face à nous dans le couloir : l’Union Européenne. C’est avoir la lucidité de constater que jamais un crocodile ne mangera de salade. C’est donc surtout poser un choix démocratique clair : pour sortir de l’austérité et de la guerre, l’UE et l’euro, il faut en sortir ! C’est bien cette unique alternative crédible, populaire, majoritaire, celle qui entrerait factuellement et totalement en résonnance avec ces jolis mots que sont France Insoumise qu’il faut d’urgence activer, comme le fait le PRCF et plus largement le front populaire qui porte avec lui et d’autres organisation la revendication simple, efficace, démocratique et sans aucun doute majoritaire au sein de la classe des travailleurs, celle du frexit progressiste. Car au sein de l’Union Européenne et de l’Euro c’est la destruction de la France, par sa soumission aux ravages surpranationaux et impérialistes du capital qui avec l’UE et l’Euro a construit ses deux plus puissantes armes d’exploitation massive des peuples.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
[1] La dette publique : 3345,8 milliards d’€uros, 5 raisons pour lesquelles vous ne devez pas avoir peur [ partie 1 ] et La dette publique n’est pas la dette des travailleurs et des services publics, mais celles des spéculateurs, multinationales & banquiers [partie 2]