La crise sanitaire actuelle endeuille la planète, nos concitoyens, nos parents, nos amis, nos camarades, et montre le vrai visage des pays « libres ». Les seuls aspects positifs dans la crise c’est d’une part d’avoir fait la démonstration de force des derniers États socialistes (Chine, Cuba, Vietnam ou le Venezuela plutôt socialisant) face à la débandade des pays capitalistes ayant détruit leur système de santé, comme le montre le fait que le lundi 6 avril 2020 les États-Unis ont compté 10000 décès du coronavirus, en faisant le troisième pays le plus endeuillé (un nombre atteint par la France ensuite), ou encore le vol de masques à répétition entre pays y compris ceux de la zone euro. Par exemple, le gouvernement français a volé les masques destinés à l’Italie, l’Espagne et la Suède. D’autre part, comme nous l’avons noté dans d’autres articles[1], c’est le retour de la centralité du monde du travail au centre de la vie nationale[2].
Ceux qui font vivre le pays à l’heure actuelle, ce sont les soignants, les médecins, les caissiers, les travailleurs des supermarchés, les pompiers, les éboueurs, les transporteurs et tout un panel de métiers non considérés, et pas les « premiers de cordée », bien absents depuis le début de cette crise, pourtant si chers à Macron, lui qui naguère stigmatisait les « rien »[3].
Au demeurant, le monde du travail était revenu sur la scène politique avec l’élan des Gilets jaunes de novembre 2018, que nous avons soutenus dès le début par ailleurs[4], lorsqu’ils avaient crié leur détresse et leur précarité, tenté de reprendre la main sur la démocratie confisquée, reprenant les idéaux révolutionnaires et ses chants comme celui de La Marseillaise, mais peinant à comprendre le rôle de la lutte des classes et restant dans la globalité anti-partis. Puis vint la grève du 5 décembre qui mobilisa en masse les foules et les travailleurs de certains secteurs, donnant plein d’espoirs et quelques résultats, malgré le fait qu’elle se termina en échec pour diverses modalités qu’il faudra analyser.
Ce monde du travail subit de plus en plus d’attaques destructrices comme les délocalisations, les licenciements de masse, les privatisations, la casse du Code du travail et je pourrais en citer d’autres. En quelque sorte, il s’agit d’annihiler chez la classe dangereuse toute possibilité de combattre, car comme l’a compris la bourgeoisie, le prolétariat est aussi la classe qui la détrônera. Dans une course folle et destructrice, que nous appelons exterminisme[5], cette bourgeoisie rêve d’une France sans production et on en voit le résultat aujourd’hui où l’on a du mal à produire le nécessaire pour nos soignants !
Il y a quelques années, l’ancien vice-président du MEDEF,Denis Kessler, révélait que le programme de l’actuelle bourgeoisie c’était de défaire méthodiquement tout ce qu’avait fait le programme du Conseil national de la Résistance[6], notamment pour placer les travailleurs au centre de la vie politique. Et on le comprend, dans ce programme[7], il y est dit explicitement qu’il faut « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie », ce qui se couple, quelques paragraphes plus loin, par la nécessité des nationalisations des grands moyens de production. Les travailleurs sont entre autres appelés à avoir un rôle plus important par l’intermédiaire de leurs représentants, qui participent à la consultation de l’État pour la planification de la production. On propose que les ouvriers possédant les qualifications nécessaires puissent accéder aux fonctions de direction et d’administration de l’entreprise. Où en est-on aujourd’hui ? Ces droits sont couplés avec un certain nombre de mesures sociales que nous connaissons tous, car les rédacteurs du CNR, ou du moins une partie, savaient qu’on ne pouvait pas énoncer des droits abstraits comme la liberté d’expression et le suffrage universel sans permettre aux citoyens d’obtenir les moyens de subvenir à leurs besoins. Le programme du CNR était ambitieux et vu l’état actuel de la France, il l’est toujours et on doit le défendre face à cette bourgeoisie qui fait peu de cas pour notre vie.
Partant de ce constat, il faudra, lorsqu’arrivera le déconfinement, nécessairement aller demander des comptes à nos dirigeants, à l’UE et à la fameuse solidarité européenne absente depuis le début de la crise[8]. Le PRCF et les JRCF appellent déjà à, sous les formes les plus appropriées que permettra la conjoncture, faire du 29 mai (15 ans du Non au TCE) un appel à l’action partout en France, avec des manifestations ou des rassemblements, y compris devant des hauts lieux de résistance ou devant les entreprises.
Ambroise, militant JRCF.
http://jrcf.over-blog.org/2020/04/nous-ne-sommes-rien-soyons-tout.html
[1] « Produire en France », JRCF, 04/04/2020.
[2] Une position partagée de tout temps par les marxistes et que nous retrouvons en creux dans le programme du CNR.
[3] « Les gens qui ne sont rien » : l’expression qui choque d’Emmanuel Macron », Les Inrocks, 03/07/2017.
[4] « #17nov Le 17 novembre et après bloquer leurs profits pour défendre notre pouvoir d’achat et nos acquis – Georges Gastaud », Initiative communiste, 15/11/2018.
[5] « Face à l’exterminisme capitaliste l’écologie question stratégique – par Georges Gastaud », chaîne du PRCF, 10/09/2018.
[6] « Denis Kessler : ‘’Il s’agit de défaire méthodiquement le programme du CNR’’ », Médiapart, 19/12/2011.
[7] Précisément dans le grand II sur les politiques à mettre en œuvre à la Libération.
[8] « Coronavirus – L’Union européenne ne sert à rien », chaîne Patriotes communistes, 07/04/2020.