Lundi 25 septembre, l’intersyndicale CGT et FO transports ont appelé à la grève reconductible les chauffeurs routiers. Un appel significatif d’une mobilisation importante se traduisant par de nombreux arrêts de travail ainsi que des opérations d’occupation de l’outil de production avec des opérations escargot, des barrages filtrants au niveau des zones d’activités, des frontières, des péages, des dépôts de carburant. Se traduisant par d’importants embouteillages et très vite par un début de pénurie d’essence avec mardi plus de 500 stations services à sec, principalement dans le nord-ouest du pays.
Cependant, cette grève d’un secteur – certes stratégique – isolé, ne peut pas imposer seule le rapport de force pour permettre à l’ensemble des travailleurs de gagner. On l’a vu, les actions courageuses et déterminées se sont immédiatement heurtées à la brutalité d’un pouvoir prêt à tout pour faire les poches des travailleurs. La totalité de l’appareil de répression policière a été mobilisée pour faire la chasse aux routiers grévistes, les menacer de retrait de permis et de fortes amendes d’une part, les attaquer à coups de matraque, de gaz et de grenades d’autre part. Mercredi 26 septembre, à la veille d’une réunion jeudi au ministère des transports, les actions de blocage étaient ralenties. Il est vrai que l’absence de mobilisation tous ensemble n’est pas une incitation pour les routiers à durcir le mouvement. Toutefois, preuve de la prise de conscience de la profession et d’une vraie colère à la base, même les syndicats réformistes appellent désormais à la grève… mais le 10 octobre…
Diviser les luttes pour perdre, les rassembler pour gagner.
La solution pour gagner, les travailleurs la connaissent, par expérience : la lutte tous ensemble et en même temps, avec des appels à la grève dans l’ensemble des secteurs de la production, avec le soutien par tous de l’occupation des outils de production et prioritairement des secteurs stratégiques de l’économie. Car interrompre la production de façon généralisée c’est couper net le profit, et faire perdre des milliards d’euros aux capitalistes d’une part, d’autre part c’est faire prendre conscience aux travailleurs que les usines, les champs, les bureaux, tout cela est le fruit de leur travail et leur appartient et que seuls les travailleurs créent la richesse. Cette richesse volée par l’oligarchie capitaliste dont Macron est l’homme de main servile.
À l’évidence la question que tous les travailleurs se posent, c’est pourquoi attendre le 10 octobre ? pourquoi attendre si longtemps alors que les 12 septembre, 21 septembre, 23 septembre ou encore 25 septembre les travailleurs ont fait la preuve de leur capacité à se mobiliser à se rassembler et à passer à l’action ? Quel jeu jouent les directions des principales fédérations syndicales ? On sait que Berger et Mailly émargent directement chez Macron, loin d’une réelle indépendance syndicale qui est chez eux le cache-sexe de la collaboration patronale, oubliant que la charte d’Amiens fondant le syndicalisme proclame clair et net l’objectif de l’expropriation totale des moyens de production des capitalistes. Pourquoi donc la CGT attend l’arme au pied le 10 octobre, en laissant les routiers, les retraités se battre seuls dans l’intervalle. Pourquoi la FSU laisse détruire l’école sans bouger un cil ? Pourquoi FO laisse Macron s’en prendre violemment à la fonction publique d’État en attendant benoîtement le 10 octobre ?
Une fois que l’on a posé ces questions, il est important de rappeler que les syndicats sont d’abord ce que les travailleurs en font. Que de Montreuil à la rue du Maine en passant par les Lillas, CGT, FSU et FO soient dans l’attentisme et même pire pour cette dernière est une chose qui n’aura que peu d’importance si chaque section syndicale d’entreprise décide à la base de participer dans sa ville à une assemblée générale interprofessionnelle, pour passer tous ensemble et en même temps à l’action. C’est avec ces AG interpro qu’en 1995 et en 2006 les travailleurs ont gagné, faisant retirer les ordonnances du plan Juppé démolissant la sécu, faisant retirer le CPE cassant le Contrat de travail.
Par ailleurs, il est important de rappeler à tous ceux qui imaginent que Macron est en capacité avec sa police d’interdire au peuple d’agir dans la rue pour défendre leurs droits qu’il n’y aura jamais assez de policiers pour interdire tous les blocages et toutes les manifestations. Avec les manifestations nationales et les journées d’action, il est possible pour chacun de constater le tous ensemble et de renforcer la confiance, et le rapport de force des travailleurs. Mais cela n’interdit pas, au contraire de mener toutes les actions décentralisées simultanées nécessaires pour contourner la répression.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Communiqué de la CGT
Si rien ne bouge, grève unitaire des transporteurs routiers les 9 et 10 octobre
mercredi 27 septembre 2017
Les salariés du transport routier sont en grève reconductible depuis le 25 septembre pour protester contre les ordonnances Macron. Ce mercredi 27 septembre, la grève a été reconduite et on compte une dizaine de points d’action contre 20 hier et 35 lundi. Si le mouvement se tasse petit à petit, l’attente concernant le rendez-vous au ministère des Transports prévu jeudi 28 septembre est très forte.
La Raffinerie Total à Châteauneuf-les-Martigues, près de Marseille, le 25 Septembre / © Arnold JEROCKI – Divergence
Dans son communiqué intitulé « Matraque ou dialogue “les deux mon Général !” » du 26 septembre, la CGT Transports fait référence au gouvernement qui « par l’intermédiaire de son ministre de l’intérieur fait parler la matraque pour dégager manu-militari les salariés en grève sur leur lieu de travail ».
Intimidations, relevage de plaques, camions de rue près à déplacer les camions qui bloquent la route, amendes fixées à 3500 euros pour entrave à la circulation… Cette répression constatée notamment à Caen ou au port de Gennevilliers est sans précédent depuis 2002 voire 1992 selon Jérôme Vérité, secrétaire général de la fédération Transport de la CGT. Une répression d’ailleurs dénoncée par la CGT, FO, la CFDT, et la CFTC. Il faut d’autant plus souligner la détermination des grévistes, précise Jérôme Vérité.
La ministre des Transports, Élisabeth Borne, a invité syndicats et organisations patronales à une réunion demain jeudi 27 septembre à 16 h 30 pour discuter du « dumping social et de la concurrence déloyale ». Une réunion préparatoire s’est tenue le matin du mardi 26 septembre avec les syndicats représentatifs (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC). Voir, ci-dessous, la vidéo tournée à la sortie de la réunion.
Lors de la réunion préparatoire, les organisations syndicales ont mis l’accent sur les primes d’ancienneté (et non le minimum conventionnel), les heures de nuit ainsi que le 13e mois qui pourraient être impactés par l’ordonnance no 4. À noter aussi que temps de travail et temps de pause sont normalement verrouillés dans le Code du transport. Autre problème spécifique au transport abordé : celui des travailleurs détachés, le cabotage, les contrôles, etc. La CGT demande des réponses de la part du ministère mais, si des mesures doivent être prises, il faut qu’elles le soient pour l’ensemble des salariés et non uniquement pour les routiers — ce qui n’est pas forcément le positionnement affiché des autres organisations syndicales pour le moment.