Depuis plusieurs semaines, des appels circulent sur Internet, pour faire, du 10 septembre, une journée interprofessionnelle de lutte, ouvrant sur un grand « Tous ensemble en même temps » dans le pays. Cette date n’est pas le produit d’un mot d’ordre centralisé des confédérations syndicales nationales, ni d’organisations politiques d’envergure, mais a surgi de la base — de collectifs de Gilets jaunes, de syndicats locaux, de citoyens et de militants, qui refusent que ce que d’aucuns appellent « la rentrée sociale », se réduise à des journées dispersées et sans lendemain, par avance, totalement insuffisantes, pour stopper le rouleau compresseur de l’économie de guerre, de la dette usurière et de la méga-austérité.
Face à cela, les directions politiques et syndicales, euro-formatées, y compris dans des secteurs cruciaux, comme la Santé, renvoient à un 9 octobre… lointain, tardif et, surtout, dépourvu de toute combativité réelle. Derrière cette inertie, se cache une orientation politique claire : ces états-majors, qu’ils soient syndicaux ou politiques, continuent d’accompagner, par la gauche, la « construction européenne », refusent de contester la légitimité de Macron et s’enferment, par la même logique, dans un « dialogue social » bidon, imposant, par avance, derrière un vernis pseudo-démocratique, les reculs sociaux, démocratiques et patriotiques, souhaités par le patronat, le gouvernement et la Commission européenne.

Alors que le plan Bayrou comporte la plus grande offensive antisociale, depuis 90 ans et que les 40 milliards à prélever sur notre peuple sont le pendant quasi exact des 40 milliards dévolus par Macron aux industries de guerre et de mort, cette ligne honteuse d’accompagnement, de résignation et de défaite programmée (on l’a vu les résultats lamentables à propos de la retraite à 64 ans), se heurte à la volonté d’une grande partie du peuple travailleur, classe ouvrière en tête, qui revendique :
- L’augmentation sensible des salaires et des pensions, la reconstitution des acquis sociaux, le retour de la retraite à 60 ans, la sauvegarde du produire en France industriel et agricole, la relance du progrès social face à l’austérité et à la vie chère ;
- La défense des libertés démocratiques face à la fascisation et aux lois de plus en plus liberticides ;
- La paix face aux aventures militaires de l’OTAN et de la future « armée européenne » pour lesquelles nos salaires et nos services publics sont sacrifiés ;
- L’indépendance nationale face aux diktats de l’Union européenne.
Et, pour ces objectifs, les travailleurs savent — mieux que bien des directions syndicales — qu’il faut parfois bloquer les profits capitalistes, par la grève, sans crainte d’aller au blocage national, durable, de l’économie, comme ce fut le cas, notamment, en 1936, en 1968 et en décembre 1995.
Pour autant, il ne s’agit pas, pour le PRCF, de “décréter” que le 10 septembre doit être la date du Grand soir. Parce que nous ne savons pas encore si cette journée prendra un caractère massif et national, si l’ensemble du peuple s’en saisira, comme il s’est saisi du 17 novembre 2018.
Mais, il est clair que cette date pourrait devenir un point d’appui décisif, si les syndicalistes et les militants de terrain s’en saisissaient, pour ouvrir, partout, le débat, dans les ateliers et les services, pour, le cas échéant, l’imposer aux directions politiques et syndicales, à commencer par celles de la confédération CGT et, pour en faire la véritable date de rentrée sociale, consacrant, autant que faire ce peut, l’union du drapeau rouge, des luttes sociales et du drapeau tricolore, de l’indépendance nationale et le refus du faux choix Macron / Le Pen, pour une France libérée de la fascisante prison euro-atlantique et du capitalisme.
Les militants du PRCF seront sur le pont, partout où cela sera possible, auprès des collectifs et autres comités physiques et/ou numériques, qui appelleront à faire de cette date, ou de toute autre date prochaine, décidée par les travailleurs eux-mêmes, le coup d’envoi d’un automne social « à la française », pour apporter, en toute honnêteté et dans un esprit réellement démocratique, leur pierre à l’édifice, leur expérience et leur mot à dire, en tant que citoyens et travailleurs, sur ce qu’il convient de faire, ou non, pour que notre pays se libère de l’étreinte mortelle du grand capital, qui nous broie.
Le 10 septembre n’est pas encore écrit. Mais, d’une part, nous refusons que des dirigeants syndicaux nationaux, qui n’ont, à leur palmarès, que des défaites, refusent, par avance, tout dialogue avec les collectifs, qui ont mis cette idée dans le débat, y compris d’ex-Gilets jaunes, attachés à la paix et au progrès social. Et, d’autre part, cette date ou toute autre date prochaine, prenant corps dans les discussions, à la base, pourrait être le signal qu’attendent des millions de travailleurs : celui que le peuple reprenne résolument l’initiative, sur la scène sociale et politique, avec, sans ou contre les états-majors résignés et qu’un automne social, patriotique et populaire s’ouvre enfin, pour rendre élan et confiance à notre France, celle des travailleurs, des démocrates, de la jeunesse populaire et des amis de la paix.