
Par Georges Gastaud, Adrien Crovisier, Martin Bonnefoi, Diane Gilliard – 14 décembre 2025 – Même si les lignes de fracture géopolitiques maintes fois signalées par Initiative Communsite n’ont fondamentalement pas changé de physionomie, la confrontation globale qui oppose aux peuples émergents l’hégémonisme euro-atlantique, cette menace principale pour la paix mondiale, connaît d’appréciables évolutions tactiques que tout militant de la paix doit prendre en compte pour mener à bien son combat.
L’incontestable déclin planétaire de l’hégémonisme euro- atlantique USA-UE, et le pivot de Trump en Europe
Confronté à son incontestable déclin planétaire relatif sur les plans économique, culturel, techno-scientifique et militaire, l’hégémonisme euro-atlantique conduit par les USA et présentement dirigé par Trump cherche à se repositionner tactiquement à l’échelle européenne et mondiale : il le fait dans un cadre géostratégique où la Chine monte militairement et technologiquement en puissance, où la République populaire démocratique de Corée désormais dotée de l’arme nucléaire renoue officiellement avec ses objectifs communistes, où Cuba socialiste tient bon malgré le criminel blocus redoublé de Trump, où Pékin continue d’investir au Venezuela à la barbe du menaçant Oncle Sam, où l’armée génocidaire d’Israël surarmée par les USA et par la RFA ne vient pas à bout de la jeunesse palestinienne, où la Russie met le régime corrompu et pro-nazi de Kiev aux portes de la déroute militaire (hélas au prix de grands sacrifices pour la population ukrainienne pourtant lassée des massacres) et où l’Europe atlantique pèse de moins en moins lourd à l’échelle mondiale malgré les menaces de croisade antirusse des va-t-en-guerre Macron, Merz, Starmer et von der Leyen. La problématique est donc la suivante : comment l’impérialisme états-unien et ses vassaux européens de plus en plus méprisés peuvent-ils stratégiquement « reculer pour mieux sauter », découpler provisoirement (avant de revenir à la charge en Europe de l’Est quand ils auront refoulé la Chine…) le « front » européen du front dit « Indo-Pacifique », feindre de concéder provisoirement du terrain en Eurasie à l’Entente russo-chinoise (colonne vertébrale des BRICS) pour mieux assurer la mainmise totale des USA sur l’Amérique, du Groenland au Venezuela en passant par le Canada, et se donner ainsi le temps et les moyens nécessaires pour affronter la Chine désignée comme « ennemi stratégique » des USA depuis l’époque du « gentil » Obama.
Doctrine Monroe, doctrine MAGA… quand les USA se fortifient pour attaquer Russie, Chine et le reste du monde multipolaire
Cette tentative de repositionnement planétaire états-unien se traduit notamment par une manœuvre de grand style visant, non pas à résoudre, mais à geler le conflit russo-otanien, non pas en accédant aux légitimes demandes de sécurité globale portées par la Fédération russe (des demandes qui, si elles avaient été prises en compte par l’Occident dès 1991, et surtout depuis 2014, auraient épargné des centaines de milliers de vies russes et ukrainiennes) quitte à faire pression sur le régime kiévien dont la corruption notoire a soudain été jetée en pâture (sans doute à l’initiative de Trump) à la presse mondiale de manière à forcer Zelensky à faire quelques concessions territoriales… provisoires. On pourrait certes être tenté de penser en termes d’accord inter-impérialiste en vue entre les USA et la Russie – laquelle n’a plus rien à voir idéologiquement avec l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques – sur le mode « je te laisse l’Eurasie, tu me laisses l’hémisphère occidental », les USA de Trump revenant à la vieille doctrine impérialiste du président US Monroe que résumait l’expression « l’Amérique aux Américains… du Nord !»), mais ce serait céder au schéma « ni-niste », gauchiste et petit-bourgeois renvoyant dos à dos l’hégémonisme US et l’entente eurasiatique porteuse, non sans contradictions, d’un projet de réorganisation planétaire dit « multilatéral ». Poutine vient par ex. de réaffirmer son soutien à Nicolas Maduro (Venezuela) que la Chine continue de soutenir fortement sur le plan industriel, de même qu’elle continue de soutenir Cuba. En outre, la doctrine « MAGA » (Make America Great Again : rendre sa grandeur à l’Amérique) n’est qu’en apparence un pur retour à la doctrine Monroe car en réalité, la doctrine MAGA et le protectionnisme réactionnaire qu’elle comporte à notre époque n’est jamais qu’une forme de repli tactique censé permettre au super-rapace états-unien de se fortifier à l’Ouest pour revenir ensuite régler leurs comptes, si possible successivement, à la Chine et à la Russie. Et il y a peu de risques que les dirigeants russes, chinois, vénézuéliens et coréens n’aient pas perçu la grossièreté de la manœuvre trumpiste même si l’on peut comprendre qu’ils tentent de la mettre tant bien que mal à profit pour découpler Washington de l’Union européenne brutalement éjectée par Trump de la table des pré-négociations avec Moscou.
L’OTAN sous tension
Il n’en reste pas moins que le relatif découplage euro-américain en cours met à l’épreuve la solidité de l’OTAN et que cela ne laisse pas d’affoler les dangereux dirigeants de l’UE appuyés par leurs vassaux polonais, baltes et ukrainiens. Détestés par leurs populations respectives, les Macron, Merz, Starmer, sans parler de la Kaiserin Ursula, craignent avant tout, non pas la guerre nucléaire avec la Russie de Poutine dotée de missiles hypersoniques inarrêtables, mais…le grave danger… de paix, voire de trêve avec la Russie ! Car si un accord intervenait prochainement, il ne pourrait qu’acter la défaite de l’Ukraine bandériste et de ses parrains occidentaux au risque d’entraîner dans sa chute – et les peuples d’Europe auraient tout à y gagner ! – l’OTAN et l’Union européenne, cette machine de guerre, de réaction, de destruction des nations libres et du progrès social que les peuples méprisent de plus en plus, de même qu’ils méprisent les dirigeants européistes de la France oligarchique (Macron est tombé au-dessous de 11% d’opinions favorables !). Pour nos « élites » aux abois, le danger ne vient pas de la guerre nucléaire avec la Russie (le risque qu’il comporte, comme l’ont justement dénoncé dernièrement, non seulement notre PRCF, mais Ségolène Royal, Luc Ferry, Mélenchon et Guaino, est celui de rendre notre continent inhabitable à jamais !), mais bien pire que cela : la mort (salutaire pour les simples gens !) du projet d’un grand Etat fédéral européen en marche vers l’Est, recentré sur le militarisme allemand (la RFA veut redevenir la première puissance militaire d’Europe, et cela semble réjouir l’irresponsable Macron !). Un Empire européen fascisant (la chasse aux communistes est lancée de la Pologne à la Tchéquie et de l’Ukraine aux pays baltes), de plus en plus facho-compatible (la bourgeoisie nantie des LR est de plus en plus tentée chez nous par la carte Bardella, comme la grande bourgeoisie italienne a choisi de soutenir la néo-mussolinienne Giorgia Meloni…), fanatiquement russophobe et sinophobe, voire palestinophobe, et totalement tournée contre la souveraineté des nations européennes, contre les acquis des travailleurs comme on le voit avec les dernières mesures prises par la Bruxelles pour faire bosser les travailleurs de l’armement jusqu’à 13 heures par jour, supprimer les découverts bancaires sans lesquels des millions de gens ne mangeront plus à leur faim, ou pou imposer aux paysans le traité UE/Mercosur qui va ruiner des centaines de milliers d’entre eux ! Bref, la guerre étant la continuation des politiques de classe par d’autres moyens, la rationalité d’une guerre impérialiste totalement folle d’un point de vue… Humain, retrouve une noire rationalité impériale dès lors qu’il s’agit pour l’oligarchie de jouer son va-tout pour sauver un « projet européen » dont les peuples, classe ouvrière et paysannerie en tête, veulent de moins en moins de Lisbonne (récente grève générale très suivie) à Bucarest (où le candidat présidentiel européen n’a été sauvé qu’au prix des pires magouilles) en passant par la Belgique où les syndicats ont récemment arrêté le pays pour refuser de nouvelles purges austéritaires.
Pour la paix, rejeter la délirante campagne russophobe qui peut mener la France au suicide collectif
Dans ces conditions, le PRCF continuera d’appeler les communistes, les syndicalistes de classe, les patriotes qui se réclament du gaullisme (tout autre chose que les racistes qui hantent le RN, Zemmour et Cie), les amis de la paix, à combattre ce danger public pour la France qu’est le locataire de l’Elysée qui se rêve déjà en président de l’Empire européen en gestation. Sans idéaliser quelque régime que ce soit, il conviendra de rejeter la délirante campagne russophobe qui peut mener la France au suicide collectif tout en faisant oublier aux Français que, comme le disait De Gaulle en 1944, « la Russie soviétique a joué le rôle principal dans notre libération ». Et bien entendu, les révolutionnaires que nous sommes continueront d’inviter à la renaissance d’une Internationale communiste et ouvrière permettant à notre classe, celle des travailleurs salariés, de reconquérir un rôle central dans la marche vers un socialisme-communisme de nouvelle génération, seul capable de consolider durablement la paix mondiale en éliminant un capitalisme-impérialisme-hégémonisme de plus en plus réactionnaire, voire exterminateur.
Cela ne devrait en rien empêcher de s’adresser à toutes les forces de paix, si inconséquentes fussent-elles de notre point de vue de militants du Frexit progressiste et anti-impérialiste. Sans oublier que, hélas, le 30 novembre 2022 les députés de ces partis ont voté pour les crédits de guerre alloués par Macron au régime bandériste de Zelensky, les militants du PRCF ne peuvent que saluer l’opposition des députés du PCF et de LFI au budget de guerre voté à l’appel du belliciste Lecornu, l’homme qui, avec Macron, a envoyé le chef d’état-major des armées prêcher le « sacrifice de nos enfants » devant le congrès des maires de France. Alors que la secrétaire générale de la CGT est poursuivie pour avoir tenu de (tardifs mais bien venus) propos anti-bellicistes, l’heure est à se rencontrer en haut et en bas pour construire le rassemblement majoritaire pour la paix mondiale, pour l’indépendance de la France par rapport à l’UE-OTAN, pour les acquis sociaux et la sauvegarde des libertés menacées à la fois par l’extrême droite et par le pouvoir macroniste (le chef de la gendarmerie ne vient-il pas de se déclarer prêt à coffrer tout futur manifestant pour la paix ou tout individu osant taguer un slogan antiguerre sur un mur de France ?). Le temps d’une grande manif et/ou d’un grand meeting unitaire sur ces problématiques est venu car il y va de notre jeunesse, de notre pays, de toute l’humanité, voire du vivant tout entier si les semeurs de mort peuvent sans entrave mener notre pays à l’énorme boucherie en préparation. Plus que jamais, comme l’a toujours clamé le PRCF depuis 2022, l’argent pour les salaires, pas pour la guerre, Europe atlantique ou monde pacifique, il faut choisir !






