Le 9 juin dernier nos camarades brésiliens du PCB (parti communiste brésilien) ont publié un long entretien au sujet de la situation politique dans le monde réalisé avec Fadi Kassem, secrétaire national du PRCF
Carmen Susana Tornquist (CST) – Tout d’abord, on voudrait savoir exactement, au-delà de ce qui est disponible sur Internet, comment a été créé le Pôle de Renaissance Communiste en France.
Fadi Kassem (FK) – Le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) est né en 2004, c’est-à-dire il y a 18 ans. Au départ, ce sont d’anciens membres du Parti communiste français (PCF) qui l’ont créé. En effet, à partir des années 1970, le PCF a progressivement tout abandonné : la dictature du prolétariat en 1976, la référence au marxisme-léninisme en 1979, puis le centralisme démocratique en 1994. Tous les camarades qui ont fondé le PRCF ont tenté d’abord de résister et de combattre ce que nous appelons l’« euro-mutation » – la mutation néfaste de ce qui est officiellement nommé « eurocommunisme » – dans le but de sauver le marxisme-léninisme à l’intérieur du Parti au sein de la Coordination communiste. Comme cela n’a pas été possible, les camarades ont conclu que le PCF était globalement perdu et ont décidé de reconstruire depuis l’extérieur. Un gros noyau a décidé de créer le Pôle de Renaissance communisme en France (PRCF) en 2004, avec deux objectifs importants : reconstruire un vrai parti communiste, parce que l’actuel PCF n’a plus grand chose de communiste ; mener le combat pour ce que nous appelons le Frexit Progressiste. En tant que communistes, nous voulons en finir avec le capitalisme d’une bonne fois pour toutes ; mais nous voulons le faire méthodiquement, en combattant toutes les structures de pouvoir afin de les détruire, notamment l’Union européenne (UE) qui empêche, par définition, qu’existe le communisme évidemment, et même les politiques sociales les plus ambitieuses.
C’est pourquoi nous appelons à sortir de l’euro, de l’Union européenne et de l’OTAN, qui est une machine de guerre contre le peuples souverains – l’Amérique latine en sait quelque chose, et on le voit dans son extension ayant poussé la Russie à entrer en guerre – et, bien sûr, contre le capitalisme. Cela explique pourquoi le PRCF existe depuis 18 ans avec l’espoir, jour après jour, mois après mois, construire un parti communiste vraiment marxiste-léniniste.
CST – Quelles sont les relations entre les membres du PCF et aussi d’autres sympathisant du PRCF ?
FK – Nous distinguons la structure du PCF bloquée des dirigeants nationaux qui, globalement, eux, préfèrent s’entendre avec le Parti Socialiste lors des élections municipales, législatives (et cela se voit encore aujourd’hui avec la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale »), etc., des militants : certains ont la double appartenance PCF/PRCF car nous ne sommes pas un parti, mais un Pôle. Nous voulons animer la reconstruction d’un parti et je dirais qu’à l’heure actuelle, hors du PCF, nous sommes la force politique principale qui a cet objectif. Mais nous ne sommes pas la seule force tous seuls, nous ne pouvons pas y arriver. L’idée est donc de retrouver tous les communistes, y compris les membres du PCF, qui partagent ce constat. Ceux qui restent au PCF estiment que ce dernier peut encore changer de l’intérieur ; nous estimons que ce n’est pas possible et qu’il faut passer à autre chose. Il y a parfois des divergences et des tensions ; mais nous gardons aussi des liens intéressants avec des militants du PCF car nous ne sommes pas du tout fermés et militons pour un vrai rassemblement, une vraie union.
CST – Et avec la CGT, la grande Centrale Syndicale Française ? Quelle sont la position et les relations du Pôle avec la Confédération ?
FK – La question est complexe car au niveau national, la direction confédérale de la CGT a suivi le même chemin que la direction nationale du PCF, c’est-à-dire accepter l’Union européenne, etc. Mais c’est quand même, paradoxalement, plus facile pour nous avec la CGT. Certes, des militants nous détestent parce que « trop critiques », « trop communiste », « trop diviseurs » etc. Mais d’autres, au contraire, sont d’accord avec notre discours, celui de développer un syndicalisme vraiment révolutionnaire, de combat. Pour bien comprendre, il faut savoir que la CGT est composée de fédérations nationales comme celle des cheminots, d’union régionales (UR), d’unions départementales (UD) et d’unions locales (UL). Eh bien au printemps 2021, le secrétaire de l’UL de la CGT de Tourcoing (au nord de la France) a adhéré au PRCF et, plus tard a adhéré à la Fédération Syndicale Mondiale (FSM). De plus en plus, on constate que des fédérations, des UL, des UD, etc., décident d’adhérer à la FSM et d’être en rupture avec la Confédération européenne des Syndicats (CES), qui un instrument de collaboration de classes dans le cadre de l’UE qui détruit tous les droits pour les travailleurs, toutes les libertés publiques. C’est pour cela que nous disons qu’il faut finir avec l’UE et donc avec la CES, afin qu’un vrai syndicalisme de classe et de masse se reconstruise : cela signifie adhérer à la FSM et, nationalement, développer une CGT de combat, et non une CGT qui collabore avec le patronat comme le fait le secrétaire confédéral national Philippe Martinez.
CST – Quels sont les syndicats ouvriers et les travailleurs les plus proches du Pôle et quels sont les plus radicalisés en ce moment, en France ?
FK – Comme nous sommes une formation politique, forcément, nous ne déterminons pas les positions des syndicats. Nous militons pour le rassemblement des syndicalistes de classe et de combat et pour nous, l’organisation prioritaire – mais pas unique est la CGT. Nous avons de très bons contacts avec une partie de la Fédération des Cheminots (et surtout la section de Versailles, dans les Yvelines), avec la CGT Energie de Paris, l’UD de Vendée également qui nous a sollicités. Nous avons des contacts avec des camarades de la CGT, qui l’ont quittée ou en sont encore membres, et nous venons de réaliser pour le 1er mai 2022 un dossier spécial sur les syndicalistes de la CGT dans notre journal Initiative communiste. La CGT est donc le syndicat prioritaire, mais non exclusif : par exemple, des camarades au PRCF sont syndiqués chez Sud, un syndicat radical non communiste et dont des membres ont parfois des positions que nous qualifions de déviations gauchistes. Mais il y a de très bons militants globalement, qui se battent pour les intérêts des travailleurs : nous avons des camarades qui sont chez Sud au sein de l‘Office National des forêts (ONF) ; nous avons aussi un camarade syndiqué chez Force Ouvrière (FO). Cette dernière est un cas intéressant car FO est historiquement anticommuniste ; mais depuis quelques années, on constate que les tracts distribués par le PRCF lors des manifestations sont de plus en plus pris par des syndicalistes FO, parce qu’il y a une radicalisation chez une partie d’entre eux et que certains sont de moins en moins hostiles. En résumé, si la CGT est le syndicat prioritaire, nous ne sommes pas du tout fermés à des entretiens et des échanges avec les syndicalistes du Sud ou de FO. En revanche, il n’y a à espérer de la CFDT, l’autre gros syndicat français qui est complètement aligné sur la CES.
CST – Dans le domaine des services publics, pour les travailleurs de la santé, les enseignants comme toi, comment se passent les choses syndicalement en France ?
FK – Dans certains services publics existent des syndicats très spécifiques. Par exemple, dans l’Éducation nationale, s’il y la CGT, la CFDT ou Sud, le principal syndicat est le Syndicat National de l’Enseignement Secondaire (SNES) pour les collèges et les lycées – pour des élèves qui vont à l’école de 11 à 18 ans ; moi, je suis au SNES parce que c’est le plus important, mais pas forcément le plus combatif. Il faut voir que dans l’Éducation nationale, il y a un grand désarroi de la part de beaucoup d’enseignants, résignés par la casse du service public et qui ont perdu leur combativité. Mais il est possible de mobiliser localement : dans le collège où je travaille, avec 3-4 collègues syndiqués assez dynamiques, on arrive à mobiliser la salle des profs (tout en ayant le soutien des parents d’élèves) et on a souvent des taux de grève de minimum de 40 à 50 % quand il y a grève. Dans le cadre de la santé, c’est un peu pareil : la CGT est quand même assez développée, Solidaires aussi.
En fait, tout dépend du service public. Dans la police, ce sont malheureusement souvent des syndicats de droite voire d’extrême droite, qui ne sont d’ailleurs pas vraiment des syndicats mais plutôt des relais d’influence politique ; nous avons quelques contacts avec le Syndicat Vigi, un syndicat spécifique à la police, et on essaie aussi avec la CGT. Ce qui est sûr, c’est que la CGT et la CFTD sont les plus présentes dans l’ensemble des services publics, sans être forcément majoritaires ou les premiers syndicats comme dans l’Education nationale.
CST – Et à propos du phénomène des Gilets Jaunes (GJ), qui a attiré l’attention ces dernières années ? Le Pôle s’y réfère fréquemment : j’aimerais bien que tu parles un peu de ce sujet.
FK – Bien sûr ! Mardi 9 novembre 2021, j’étais invité par le Mouvement Constituant Populaire, un groupe de GJ, pour leur parler de la campagne politique que nous avons menée pour le Frexit Progressiste. Cela illustre les liens que nous avons avec les GJ depuis le début.
Quand le mouvement des GJ a débuté le 17 novembre 2018, le PRCF a tout de suite pris position pour les GJ en affichant un « soutien absolu » immédiatement. Nous avions fait un tract pour ça (dès le 9 novembre 2018) et très vite, nous étions dans le mouvement, avec notre discours sans chercher à récupérer le mouvement car on ne pouvait pas et, de toute façon, il n’en était pas question. C’était une révolte des travailleurs et des citoyens en colère face à l’augmentation des prix de l’essence, mais aussi, et ça, on n’a pas beaucoup parlé, mais c’est central – parce que la vitesse sur les routes départementales a été abaissée de 10 km/heure. Or, avec les radars, quand les gens doivent aller au travail le matin et qu’ils sont flashés, ça coûte cher. Tout ça accumulé à la vie chère, aux cadeaux pour les plus riches, les capitalistes, etc., et après 40 ans pratiquement de politique ultracapitaliste, il y a eu une révolte populaire, et un mouvement politique puissant. C’est important parce que les Gilets Jaunes sont très hostiles aux partis politiques. En tant que formation politique, nous aurions pu avoir un accueil négatif ; mais ça n’a pas été le cas. D’abord, parce que comme je l’ai dit, nous n’avons jamais voulu récupérer les GJ : on venait, on échangeait, on diffusait certes nos idées mais sans chercher à faire des adhésions à tout prix ; désormais, ce sont plusieurs groupes de GJ qui nous sollicitent, et on a toujours constaté que nous sommes l’un des rares groupes politiques de France à avoir été sincère dans notre démarche. Trois ans et demi après, nous avons de bonnes relations avec divers groupes de GJ qui nous contactent pour des émissions et des manifestations et qui, même, souhaitent qu’on les aide dans la structuration et l’organisation du mouvement, dans la réflexion collective et citoyenne. Nous avons très vite soutenu les GJ et, en retour, certains groupes entretiennent des relations avec nous et nombre de GJ ne nous sont pas défavorables.
CST – Et à propos de la « Loi Travail », qui a été votée en 2016 et proposée par le gouvernement déjà de Macron ?
FK – C’est cela : la loi a été publiée en 2016 et ensuite, on a eu ce qu’on appelle des ordonnances, c’est-à-dire des décisions que le gouvernement a fait passer en force (même si c’est le président Macron qui a donné l’ordre) sans débat à l’Assemblée nationale.
CST – Alors, la « Loi Travail » flexibilise les contrats de travail d’une manière énorme ?
FK – Oui, très clairement, et c’est pour ça on l’appelle « Loi Chômage ». En France, le Code du Travail est une conquête des syndicats des combats menés par les syndicalistes de classe surtout et a été vraiment bien structuré à partir de 1910. L’une des mesure phare était que qu’un accord entre le patronat et les travailleurs était un accord de branches, c’est-à-dire au niveau national – par exemple, la CGT cheminots, dont je parlais, qui négocie au niveau national avec la direction nationale de la SNCF. Avec la Loi Chômage, en 2016, on est passé à l’accord entreprise : désormais, un patron d’entreprise peut décider de monter le temps de travail, de baisser le salaire, etc., et forcément le syndicalisme est moins fort puisqu’il est à une petite échelle – même s’il être combatif. C’est une des mesures importantes, outre le fait qu’un travailleur peut être licencié beaucoup plus facilement et, en plus, toucher moins d’argent au tribunal – qu’on appelle Le Conseil des Prud’hommes – quand on est licencié. Or, c’est un gouvernement dit « socialiste » qui a fait ça ! Une nouvelle trahison – les socialistes en France trahissent depuis 1914, on est habitué –, mais c’était la trahison de trop. De plus, cette « Loi Chômage » était une exigence de l’UE puisqu’à l’époque, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le disait : « La « Loi Travail », c’est nous ! C’est nous qui la voulons ». Tout comme la destruction des retraites, la hausse du temps de travail pour aller jusqu’à 48 heures par semaine, la fin de la Sécurité sociale : tout ça, c’est aussi l’application des décisions prises au niveau de l’UE. Et Macron, c’est le candidat de tout ça : en 2017, il a gagné, et n’a fait que renforcer ce qui a été voté en 2016. Or, une très grande partie de la gauche – y compris au sein du PCF et de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon – pense qu’on peut encore faire une « Europe sociale » : ce n’est n’est pas possible ! Depuis ses origines, l’UE a été faite pour détruire toutes les conquêtes sociales et démocratiques. Les « ordonnances Travail » sont passées en force malgré les oppositions et une violence terrible s’est déchainée à ce moment-là contre les travailleurs et les syndicalistes, puis contre les GJ, de la part des « forces de l’ordre » – ou plutôt, du désordre – et par conséquent, les travailleurs et les citoyens sont vraiment résignés et font de moins en moins confiance bien entendu au capitalisme, cela va de soi, mais aussi aux partis qui se disent de « gauche » et que sont censés représenter le PCF et la France insoumise ; et même si la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » pour les législatives crée une illusion –, de plus en plus de travailleurs ne font plus confiance et, donc, ne votent plus.
CST – J’ai noté une question qui m’a été posée par un camarade du Brésil, c’est un vaste sujet : quels sont les défis pour les communistes face à la fascisation de l’Europe, en France ?
FK – C’est l’enjeu central. Nous avons trois objectifs majeurs en tant que communistes. D’abord, la paix (et encore plus avec ce qui se passe en Ukraine !), ce qui nécessite d’en finir avec l’impérialisme et le fascisme. Et ce qui se passe en France et que le PRCF ne cesse de dénoncer et de combattre depuis des années comme tu le disais, c’est-à-dire la fascisation. C’est-à-dire que, petit à petit, tous les jours, une conquête sociale, une liberté publique est en train de tomber, et l’extrême droite est décomplexée : elle peut s’exprimer comme elle veut. Éric Zemmour est le produit de cette fascisation, Marine Le Pen est le produit de cette fascisation. Et pendant des années, nous avons été la seule – et je dis bien la seule – formation politique à dénoncer la fascisation. La conséquence est que maintenant, les formations de gauche se rendent compte de plus en plus du danger… Quand je dis les seuls, il faut nuancer : il a toujours existé des mouvements antifascistes en France, et qui d’ailleurs accusent le PRCF d’être confusionniste, c’est-à-dire de « ressembler à l’extrême droite ». Pourquoi disaient-ils cela ? Parce que nous associons le drapeau rouge de l’internationalisme prolétarien au drapeau tricolore, celui la Révolution française. Et ce mouvement antifasciste, mais aussi des anarchistes, des maoïstes, etc., estiment que le drapeau tricolore, c’est le fascisme. C’est faux ! C’est exactement l’inverse ! Exactement l’inverse, parce que le drapeau tricolore est une invention de la Révolution française, contre les royalistes, contre les aristocrates, contre tous ceux opposés à la souveraineté nationale. Et nous, justement, disons la souveraineté et le pouvoir du peuple se réalisent dans le cadre de la Nation, parce que c’est une invention révolutionnaire et que c’est dans ce cadre qu’on obtient le plus, encore à l’heure actuelle, des droits sociaux et démocratiques. Et plus on détruit la nation, plus on fait le jeu des forces fascistes qui ont, historiquement, toujours trahi la France. Toujours ! Comme en 1940, quand elles ont collaboré avec Hitler ; alors que les résistants, au nom du drapeau rouge et du drapeau tricolore, c’était le communisme. Voilà pourquoi la fascisation progresse : dans l’appareil d’État policier et militaire, il y a de plus en plus – pas une majorité, mais un nombre croissant – de personnes qui ont des idées d’extrême droite. En 2021, une tribune publiée dans la presse carrément les généraux à « mettre de l’ordre en France », en stigmatisant notamment les musulmans. Nous sommes devant une situation où l’extrême droite, encore présente au second tour de l’élection présidentielle 2022 en France, a profité des démissions et des abandons de la part de la gauche, notamment de la gauche dite « révolutionnaire » – y compris le PCF – et du fait que la situation économique s’est détériorée d’une manière inimaginable depuis quarante ans, au passage en stigmatisant des boucs-émissaires et des responsables : « les musulmans », « les communistes », les ceci, les cela. Nous, cela fait des années et des années que nous dénonçons cela, et nous sommes enfin satisfaits de voir que ce thème de la fascisation est de plus en plus pris au sérieux (bien que pas suffisamment) à gauche.
Un autre élément important pour comprendre la différence entre le PRCF et d’autres forces politiques est que nous disons clairement que la fascisation qui est aussi promue et est volontairement acceptée par l’UE. Ainsi, le 19 septembre 2019, a été adoptée une résolution de l’extrême droite aux « socialistes » et aux « écologistes » (pas le PCF ni la France insoumise) qui ont tous voté une résolution qui affirme que le communisme équivaut le nazisme. Quand on dit cela, on ouvre la voie à la fascisation car on sous-entend que le communisme est presque pire que le nazisme (qui, lui, est banalisé). C’est ouvrir la voie dans toute l’Europe à la montée de la fascisation et de l’extrême droite et nous sommes les seuls, avec d’autres groupes communistes, à avoir vraiment combattu cette odieuse résolution – je n’ai même pas entendu le PCF sur ce sujet ! C’est dire la gravité de la situation.
CST – Vous avez formulé une proposition pendant les élections, au sujet du drapeau rouge et du drapeau tricolore.
FK – Soyons bien clairs : la campagne que nous avons menée n’était pas une campagne électorale, parce que nous savions que nous n’avons aucune chance d’être élus. Nous savons très bien que les capitalistes, la bourgeoisie, font tout pour verrouiller les élections. Le projet que nous portons en faveur de la reconquête de la souveraineté nationale et populaire est l’Alternative Rouge et Tricolore, c’est association entre ces deux drapeaux. Pour nous, le drapeau tricolore seul, c’est l’abandon du drapeau tricolore à l’extrême droite, qui n’est pas, en fait, « patriote ». Ces gens-là sont pas dérangés pas d’être sous la coupe des capitalistes, de collaborer avec l’Allemagne nazie en 1940-1944, d’obéir à Washington et à Bruxelles : ils se moquent de la souveraineté de la France et du peuple français. Mais en même temps, le drapeau rouge seul n’a aucune prise matérielle très concrètement sans s’appuyer sur la nation : par exemple, l’éducation est nationale, la Sécurité sociale s’inscrit dans le cadre de la nation, etc. Il ne s’agit pas de dire, contrairement à ce que racontent certaines personnes, que nous serions contre l’internationalisme. C’est tout l’inverse : Jean Jaurès disait parfaitement qu’« un peu d’internationalisme éloigne de la patrie », et que « beaucoup d’internationalisme y ramène » ; et il a ajouté, réciproquement, qu’« un peu de patriotisme éloigne de l ‘internationalisme » et que « beaucoup de patriotisme y ramène ». Marx et Engels, puis Lénine et Staline, avaient parfaitement compris qu’il faut articuler, compris avec la question nationale avec la lutte pour le socialisme. C’est ce que nous voulons faire et c’est pour cela qu’on associe le drapeau rouge de la révolution prolétarienne et le drapeau tricolore de la Révolution française, pour de souveraineté du peuple. Nous sommes les seuls à proposer ce projet qui consiste à rompre avec toutes les forces détruisant la souveraineté nationale et populaire (l’euro, l’UE, l’OTAN) et la mondialisation capitaliste car, en tant que communistes, nous voulons en finir avec le capitalisme pour construire une société socialiste.
CST – C’est bon ! J’ai aussi une question sur un sujet sur lequel Georges Gastaud a écrit, celui de défendre la langue française.
FK – Tout à fait. Georges Gastaud est aujourd’hui le secrétaire adjoint du PRCF après que nous avons été tous les deux, co-sécretaires nationaux pendant deux ans. D’abord, je veux te dire que Georges Gastaud, au-delà d’être un camarade, est un ami : nous nous entendons parfaitement, nous prenons du plaisir à nous voir. Il inscrit une trace extrêmement précieuse dans l’histoire du marxisme-léninisme à travers une réflexion remarquable et, notamment, sur la question de la langue, discours auquel je souscris totalement. Aujourd’hui, ce que nous appelons le globish – pas la langue anglaise en telle que telle –, c’est-à-dire une « langue des affaires », est utilisée dans les entreprises, dans le droit, dans le management, dans tout, pour imposer, en fait, des directives capitalistes aux travailleurs et se répand partout.
Nous ne sommes pas hostiles à la culture britannique, ni à la culture états-unienne, je veux dire les musiques, les films, etc. Mais il y a une différence entre apprécier des éléments à égalité avec d’autres langues et cultures et accepter une véritable colonisation hégémonique au niveau mondial. Quand on parle de la « mondialisation », en fait, c’est une « culture » très standardisée, « de masse », en train de détruire l’ensemble des langues nationale (et pas seulement le français), pour devenir la seule langue de domination, non pas une langue civilisationnelle ou politique dans le sens de l’unification de la nation, mais un élément de contrôle économique, particulièrement, et juridique sur les travailleurs. Et pour nous, la langue française est un outil de travail, de lutte, d’émancipation historique : elle a été construite notamment par les rois, comme François Ier qui, en 1539, a fait du français la langue administrative unique pour unifier le pays, la langue unique. Puis ce sont les révolutionnaires qui ont affirmé, à raison, que « le français est l’idiome de la liberté » (abbé Grégoire, 4 juin 1794), la langue de la Révolution, la langue de la nation une et indivisible. Nous sommes très attachés au sauvetage de la langue française, comme de celui de l’ensemble de toutes les langues nationales partout dans le monde. Au passage, nous ne sommes pas hostiles, au passage, contrairement à ce qu’on peut penser, aux langues régionales et n’avons pas de problème avec le breton, le basque, le catalan, le corse, le flamand, etc. ; mais à condition que ce ne soient pas des langues officielles reconnues car la seule langue officielle en France qui doit être reconnue est le français. Langue culturelles, langue que des élèves apprennent à l’école comme le breton, pas de souci ; mais une seule langue officielle sinon, il n’y a pas de république, il n’y a plus de France unie. Or, l’UE cherche à faire de l’anglais la langue unique, autrement dit, ni le français, ni l’allemand, ni l’espagnol, ni le portugais, ni le slovène, ni le finlandais. Or ceci est la base de la domination du grand capital : l’ancien patron du MEDEF, Ernest Antoine Seillière, expliquait en 2004 que l’anglais (dans ce sens de « globish ») est la « langues des affaires ».
CST – Merci ! J’ai des questions à propos de ce qu’aujourd’hui on appelle « identitarisme », de droite, de gauche, etc. Si tu peux parler un peu de ce sujet.
FK – Évidemment. Le premier identitarisme, historiquement, c’est celui de l’extrême-droite. Ce sont des gens qui estiment que la France a été construite selon l’ordre divin, la volonté de Dieu, donc est forcément chrétienne. Il ne s’agit pas de dire que la France n’est pas un pays d’histoire et de culture chrétiennes ; en revanche, l’extrême-droite essentialise, c’est-à-dire qu’elle va dire : les Français sont chrétiens, sans voir que le christianisme s’est imposé en France pendant des siècles non pas parce que tout d’un coup, les gens ont voulu devenir chrétiens, mais parce qu’il y avait des instruments de contrôle, politique et social. L’Église, ce n’est pas seulement le fait de lire la Bible : c’est le fait d’imposer un ordre politique et social établi qui satisfaisait, au Moyen Âge, les seigneurs, les Rois, en bref l’exploitation des travailleurs – et ça n’a pas changé, d’ailleurs, de ce point de vue.
Mais l’extrême droite a construit un identitarisme sur cet « ordre » : historiquement, c’était contre les juifs à travers l’antisémitisme qui existe d’ailleurs encore ; pire : aujourd’hui, Éric Zemmour, lui-même de confession juive, réhabilite la figure du maréchal Pétain en faisant croire que ce dernier a sauvé les juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui est totalement faux ! Quant à la xénophobie, elle existait déjà à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle vis-à-vis des Italiens, des Polonais, des Espagnols, etc. Aujourd’hui ce sont les musulmans qui sont ciblés, et ce qui est intéressant, c’est que l’extrême-droite oublie que l’islam étant une religion, on peut être français même non-immigré et musulman en même temps ! En réalité, le racisme vise notamment les Nord-Africains, particulièrement les Algériens parce qu’il y a eu le traumatisme, toujours vif, de la guerre d’Algérie. L’année 2022 marque d’ailleurs le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie : c’est un épisode qui a beaucoup marqué et qui, encore aujourd’hui, structure les mentalités de l’extrême-droite. En conséquence, l’extrême droite a « créé » cette catégorie de « musulmans ». Le problème est que dans une partie de la gauche radicale – généralement, plutôt la gauche trotskiste –, se sont développées progressivement les théories dont on entend parler sur le wokisme, consistant à dire qu’il y a du racisme (cela est vrai), mais structurel, donc que la France serait, par définition, structurellement raciste. Ce n’est pas vrai ! C’est vrai pour une bonne partie de la bourgeoise de ce pays, qui a encouragé la colonisation. Mais cette « gauche radicale » interprète l’histoire en approuvant l’existence d’« identitarismes » qui essentialisent les « Noirs », les « Arabes », les « musulmans », etc. Or, nous sommes avant tout des travailleurs et des citoyens, quelques soient nos professions, nos religions, nos origines ethniques ; et malheureusement, dans une partie de la « gauche » française, les idées identitaires se répandent, débouchant sur des attitudes elles-mêmes xénophobes : il y a quelques années ont été organisées des « universités d’été » interdites aux « Blancs » ! On arrivé à ce genre de situation ahurissante, reproduisant en fait des schémas de l’extrême droite, parfois « à l’envers », ce qui nourrit et renforce l’extrême droite qui peut ainsi dédouaner le racisme une partie, des « Français de souche », une expression utilisée par l’extrême droite et qui ne veut rien dire ! Le PRCF, par définition, combat le racisme car ce combat est au cœur de l’ADN des marxistes-léninistes, mais refuse le communautarisme car cela signifie mettre des étiquettes, essentialiser et, finalement, interdire une vie commune ; or, nous sommes communistes.
CST – Merci ! J’ai acheté le livre de Georges Gastaud « Marxisme et universalisme », je ne l’ai pas encore lu, mais…
FK – Il faut avoir du temps, parce il y a beaucoup de chose à lire, et notamment sur ce que je viens de dire et qui est très bien expliqué.
CST – Les gens se battent, au Brésil, sur ces questions, si tu es blanc ou noir, homme ou femme, etc.
FK – Tout cela se fait au détriment de la lutte de classes qui, pour nous, est très clairement le moteur de l’histoire – sans nier l’existence du racisme à détruire, en lien avec le capitalisme.
CST – Pour finir, le sujet de l’Amérique latine. Quels sont les liens et les évaluations du Pôle avec les camarades des organisations face au contexte latino-américain, et mais aussi les relations avec les partis communistes de la région ?
FK – Au niveau international, notamment en Amérique Latine, nous avons des relations avec de nombreux partis communistes : par exemple, le PCB au Brésil, le PCV au Venezuela, même si c’est plus compliqué par des raisons stratégiques. Globalement, nous agissons sur trois fronts internationalistes, qui s’articulent entre eux. D’abord, le front des Lumières communes, contre l’obscurantisme porté par Bolsonaro, Donald Trump, Boris Johnson au Royaume-Uni, Narendra Modi en Inde ; bref, contre tous les identitarismes d’extrême-droite remettant en cause les Lumières, alors que ces dernières, surtout quand elles sont communes, favorisent le progrès et l’émancipation.
Le deuxième front, anti-impérialiste, signifie que si on n’est pas toujours, voire pas du tout d’accord, avec un régime politique, nous combattons l’impérialisme hégémonique états-unien quand celui-ci agresse un pays souverain. Le Venezuela est un cas représentatif : nous avions des relations sérieuses et solides avec l’ancien ambassadeur en France et nous avons toujours défendu le régime bolivarien contre les agressions sans cesse répétés des États-Unis ; je précise que nous visons l’impérialisme états-uniens et non les travailleurs états-uniens, eux-mêmes victimes de l’exploitation capitaliste chez eux. Si nous défendons dans ce cadre-là le régime bolivarien, en revanche, lorsque le gouvernement de Nicolás Maduro est de plus en plus répressif vis-à-vis des camarades du PCV, il n’est pas question d’accepter des mesures anticommunistes au Venezuela ; cependant, on ne va pas non plus lâcher le soutien extérieur car si le Venezuela bolivarien tombe, le risque existe que cela tombe dans d’autres pays. C’est ce qui s’est passé au Brésil : nous n’approuvions pas la politique de Lula qui a permis à la bourgeoisie brésilienne de bien se développer ; mais en même temps, face au fasciste Bolsonaro, Lula est la moins mauvaise option ; au Brésil, on ne soutient pas Lula mais les camarades du PCB. Enfin, le dernier front est celui de la reconstruction d’un vrai mouvement communiste international. De ce point de vue nous avons de bonnes relations avec Cuba socialiste : ainsi, nous avons organisé la première Université populaire du PRCF en novembre 2021 dans la banlieue parisienne, et les membres de l’ambassade de Cuba étaient présent pour l’ouverture des travaux ; nous sommes parmi les formations de France les plus présentes aux côtés des camarades de Cuba socialiste.
Pour nous, l’Amérique latine est presque un tropisme car on a un intérêt très fort pour ce qui s’y passe sans compter toutes les images historiques (Cuba, Guevara, le Chili…) etc. Nous sommes ainsi très heureux qu’au Chili, le mouvement populaire qui s’est développé à partir de 2019 a triomphé avec la victoire de Boric. Il est donc vrai que nous avons plus d’intérêts et de contacts avec les camarades de l’Amérique latine, d’autant que le continent prend un virage à gauche après avoir, ces dernières années, trop souffert du néolibéralisme, du fascisme, etc. Ça peut être un signe important d’espoir pour l’Europe, en tout cas pour les travailleurs et les camarades européens, de voir une vague progressiste plus forte.
CST – Une petite question sur l’expérience de la pandémie en France et sur l’évaluation du Pôle sur ce que s’est passé ou ce qui se passe ici.
FK – Comme dans beaucoup de formations politiques et syndicales, la pandémie nous a pris par surprise : on avait la tête dans le guidon, on combattait la destruction des retraites et on n’a pas forcément trop prêté attention au départ à ce qui s’est passé au départ au niveau de la pandémie. De toute façon, personne n’en parlait, à commencer par Emmanuel Macron qui, le 6 mars 2020, expliquait qu’il fallait que la vie continue en allant au théâtre, faisant croire qu’il n’y avait pas de pandémie. Et lorsque que Macron a annoncé le confinement, ça a été un choc pour tout le monde. À partir de ce moment notre discours a été le suivant : d’abord, c’est une pandémie ; ensuite, c’est une pandémie grave, qui tue, donc à combattre sérieusement ; trois : malgré cela, le pouvoir en place non seulement cherche à nier la gravité de la situation d’entrée (car la France n’était pas prête), mais pire, a multiplié les mensonges et les incohérences tout en profitant de la situation pour détruire progressivement les libertés publiques et les droits sociaux. Ainsi, dès la fin mars 2020 a été adopté « l’état d’urgence sanitaire » en France, prévoyant de remettre en cause les congés des fonctionnaires par exemple : c’était tout un ensemble de mesures antisociales et antipopulaires. Nous nous sommes donc toujours opposés à ces mesures liberticides qui, en réalité, non seulement ne permettaient pas de combattre la pandémie mais, pire, aggravaient la situation. Ainsi, alors que nous étions en plein pandémie, les fermetures des lits d’hôpitaux ont continué et se sont même accentuées ; je me souviens très bien que le 14 février 2020, il y a eu une importante manifestation des personnels soignants-hospitaliers et le PRCF était l’un des rares groupes politiques présents pour les soutenir ; il y avait eu d’autres manifestations pendant des années comme le 14 novembre 2019, parce que ça fait des années que l’hôpital public est massacré. Nous étions dans une situation d’incohérences et de mensonges de la part de la Macronie, qui expliquait d’abord que « ce n’est pas grave » avant de tout fermer : ainsi, Macron expliquait que les masques ne servent à rien – car, en fait, il n’y en avait pas assez –, avant d’expliquer ensuite qu’il fallait mettre les masques, produits en masse, tout le temps dans la rue, même si on est seul ; donc, c’était tout et son contraire. C’est important parce qu’il faut bien comprendre qu’en France, des citoyens et des travailleurs, très souvent de bonne foi, ont développé l’idée que la pandémie, certes, était un prétexte pour procéder à une grande réinitialisation du monde, un grand reset – nous sommes d’accord avec cette idée car il est clair que ça a été une occasion pour le capitalisme d’imposer, encore une fois, davantage sa domination. En revanche, nous refusons l’idée selon laquelle la pandémie a été inventée, que tout cela est inventé et fabriqué et que, finalement, ce ne serait pas grand-chose ; or, même un pays comme Cuba socialiste a pris des mesures drastiques contre la pandémie !
Concernant les vaccins, il y a eu débat en France. Pour certains, le vaccin était dangereux, voire plus dangereux que la maladie. Nous, tout en tenant compte du fait que ces positions exprimaient un anti-macronisme primaire, nous avions conscience que c’était un discours réactionnaire qui, pour partie, alimentait ce genre de discours : c’est pourquoi nous avions appelé à la production de nos propres vaccins d’entrée et, surtout, de ne pas fermer la porte à des vaccins comme ceux de Cuba, de la Chine, de la Russie, alors qu’ils ont été interdits et qu’il a fallu qu’on repose sur les vaccins des grands groupes capitalistes comme Pfizer et Moderna. Ceci a d’ailleurs renforcé l’idée qu’il y a une sorte de complot, ce qui n’est pas le cas ; en revanche, que les groupes capitalistes et la Macronie en profitent pour détruire nos conquête sociales et démocratiques plutôt que de soigner prioritairement les travailleurs, c’est incontestable. Il y a bien une pandémie qui a tué près de 120.000 personnes en France, le bilan étant moins dramatique qu’au Brésil ou aux États-Unis car justement, cette idée que la pandémie venait de Chine et qu’il faut laisser circuler les populations en attendant que le virus disparaisse parce que « ce n’est pas grave », était promu par les dirigeants.
En France on aurait pu être à ce stade-là parce que Macron était dans cet état d’esprit ; et le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, était dans la même logique. Les mensonges et les contradictions ont donné l’impression que le gouvernement cachait quelque chose ; et c’était le cas : le gouvernement voulait détruire les conquêtes sociales et démocratiques en exploitent la pandémie ; de là à dire que le gouvernement a créé la pandémie, non.
CST – Pour finir, une question à propos du « passe sanitaire » en France. Quelle est la position du PRCF ?
FK – Ça complète effectivement la question précédente. Parmi les mesures prises en France, il y eu l’installation d’un « passe sanitaire », auquel le PRCF s’est fortement opposé. D’abord, parce que ce n’est pas un « passe sanitaire », contrairement à ce qu’il dit : si c’était vraiment un « passe sanitaire », avec l’idée de contrôler la circulation du virus, on ne verrait pas des tas de personnes s’entasser dans le train pour aller travailler à être exploités ; on ne verrait pas la nécessité de demander un « passe sanitaire » dans les endroits où il y n’a pas tant de monde que ça. De fait, ce « passe sanitaire », censé être provisoire, avait été prolongé jusqu’au 31 juillet 2022 – avant d’être supprimé un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle – alors que nous avons désormais une population qui est très majoritairement vaccinée, que nous pratiquons des gestes barrières, que nous sommes disciplinés – et de ce point de vue, il faut féliciter les citoyens et travailleurs de France et d’ailleurs qui ont vraiment fait preuve de responsabilité par rapport à cette épidémie. J’ajoute que si l’objectif de Macron avait vraiment été de soigner, il aurait eu une stratégie très différente, comme celle d’isoler et tester comme cela a été fait à Cuba ou en Chine. De même, Macron n’aurait pas interdit les vaccins russes, chinois et cubains ; or, ça n’a pas été le cas car on nous a obligés à utiliser des vaccins que, certes, le PRCF estime tout à fait utilisables (Pfizer et Moderna) mais qui, d’une part, ont engraissé les groupes capitalistes et qui, d’autre part, poussaient à une obligation-soumission qui braquait une partie de la population au lieu de la rassurer – il n’y a que les « anti-vaccins » primaires, obscurantistes sur ce sujet, qu’on ne pouvait rassurer.
Le « passe sanitaire » a donc été utilisé comme un instrument de contrôle social et politique sur la population. Le plus effrayant dans cette histoire est que, malheureusement, une partie de la population s’y habitue de plus en plus. Or, l’objectif du gouvernement était de diviser, encore une fois, les citoyens et les travailleurs, comme les soignants dont certains préféraient ne pas être vaccinés pour des raisons qui leur sont propres : ils ont été contraints d’être vaccinés pour exercer leur métier et étaient jetés à la vindicte – alors qu’ils étaient démunis au plus fort de la pandémie et présentés alors comme des héros ! En conséquence, on arrive à des divisions sur ce sujet, qui ont été instaurées volontairement pour diviser l’opposition à Emmanuel Macron, et ça a marché. Et sans nier que c’est un combat important, il y a tant d’autres combats centraux, à commencer par celui pour la paix mondiale gravement menacée avec le risque de guerre nucléaire, sans compter la fascisation et la disparition de la France dans « l’État fédéral européen » (Olaf Scholz, chancelier d’Allemagne). C’est pourquoi, si le « passe sanitaire » est un instrument non négligeable de domination et de contrôle qu’il fallait éliminer (et rien ne dit qu’il ne sera pas rétabli !), il ne fallait pas non plus tout arrêter pour ce seul combat. À l’Université populaire que nous avions organisée en novembre 2021, la direction de l’établissement exigeait que les camarades aient un « passe sanitaire » : nous l’avons exigé des camarades et ainsi pris nos responsabilités, même si nous combattions et condamnions ce « passe ». Car ce que nous voulons avant tout, c’est reconstruire un grand parti communiste, ce qui nous a obligés à composer avec les contraintes imposées par le gouvernement ; sinon, il n’y aurait plus de vie politique et sociale, et c’est exactement ce que cherche le gouvernement !