L’assassinat de Charlie Kirk, figure médiatique de la frange la plus radicale de l’extrême droite étasunienne, a agi comme un catalyseur, révélant au grand jour une mécanique répressive d’une brutalité et d’une hypocrisie stupéfiantes. Sous couvert de lutter contre l’« extrémisme de gauche » et de venger l’un des leurs, l’appareil trumpiste, solidement ancré dans de nombreuses institutions, a déclenché une chasse aux sorcières d’une ampleur inédite depuis l’ère McCarthy. Cette répression de masse, menée au nom de l’ordre et de la sécurité, suit un scénario classique des régimes autoritaires : instrumentaliser un drame pour museler toute dissidence, tout en se parant des atours de la victime persécutée.
De l’émotion légitime à la répression illégitime : le glissement autoritaire
Charlie Kirk a été assassiné le 10 septembre 2025 lors d’un événement public sur le campus de l’Université d’État de l’Utah (Utah Valley University), à Orem, dans l’Utah. Kirk, âgé de 31 ans, a été touché par une balle dans le cou (carotide) pendant qu’il s’exprimait devant un public, et il est décédé peu après à l’hôpital. Cet événement a provoqué un choc politique aux États-Unis, avec des hommages de Trump, Netanyahu et d’autres figures conservatrices.
L’émotion suite à un assassinat politique est réelle et légitime, quelle que soit l’idéologie de la victime. Cependant, la transformation de cette émotion en instrument de pouvoir est le marqueur des régimes qui vacillent vers l’autoritarisme. Dès les heures qui ont suivi la mort de Kirk, le récit trumpiste s’est imposé : cet acte ne serait pas celui d’un individu responsable de ses actes, mais le fruit empoisonné d’une « rhétorique de haine » venue évidemment de la gauche radicale et des médias « anti-américains ». Pourtant toujours incapables de trouver le tueur, apparemment très professionnel, de nombreuses théories circulent aux USA, illustration de la défiance populaire vis à vis du pouvoir, dont notamment la possible implication du Mossad et d’Israël suite à l’éloignement, condamné comme trahison, de Kirk vis-à-vis du régime terroriste de Netanyahou. pro-israélien et évangéliste sioniste pendant des années, Kirk avait commencé à « remettre en question » certaines politiques israéliennes ces derniers mois. Il avait condamné la guerre contre l’Iran, critiqué la réponse de l’IDF lors de l’attaque du 7 octobre 2023 (retard de 6 heures malgré la petite taille d’Israël), et lié le Mossad à l’affaire Jeffrey Epstein (trafic d’enfants, chantage impliquant la CIA, Hillary Clinton et d’autres). Il avait déclaré : « Epstein était certainement un agent du Mossad » et appelé à déclassifier tous les documents Epstein. Rien ne permet cependant à ce jour de corroborer de telles théories. Là n’est cependant pas le point qui doit retenir l’attention. Mais bien ce que le régime américain fait de l’émotion provoquée par l’assassinat, diffusé sur les réseaux sociaux du monde entier.
Sous le prétexte imaginaire du terrorisme « d’extrême gauche », présenté comme un fait avant toute enquête , une machine judiciaire et sécuritaire s’est mise en branle. Des dizaines de milliers de citoyens étasuniens ont perdu leur emploi pour une simple opinion. Les réseaux trumpistes s’activent pour traquer toute opinion déviante et harceler les personnes visées tout en exigeant leur licenciement ou limogeage.
Rappelons que 93% des assassinats politiques ont été commis par l’extrême droite aux E-U (et ce en comptant séparément les attentats islamistes pourtant du même bord idéologique) publié récemment par Libération. Tout le monde sait ce que l’on pense de cette presse bourgeoise mais parfois ils publient des informations véridiques :
Les heures les plus sombres du Maccarthysme et de la chasse aux sorcières
Cela nous rappelle les heures les plus sombres du maccarthysme, quand la peur est utilisée comme arme politique, afin de criminaliser le communisme et avec lui l’ensemble du mouvement social, de réprimer ainsi les artistes, les scientifiques, les intelectuels, et bien au-delà… Pour rappel, dans les années 1950, le sénateur Joseph McCarthy a semé la terreur en brandissant la « menace » communiste. Une liste de noms, une rumeur, une simple association d’idées suffisaient à ruiner des carrières, briser des vies et emprisonner des intellectuels. La « peur rouge » justifiait la suspension des libertés civiles et l’annihilation du débat démocratique.
Aujourd’hui, la « peur trumpiste » opère de manière identique. La menace n’est plus le « rouge » mais le« woke », l’« anti-patriote », le « socialiste », « islamo gauchiste », etc. Le mécanisme est le même :
1. Créer un ennemi intérieur omniprésent et déshumanisé.
2. Légitimer une surveillance de masse et une justice d’exception pour « protéger la nation ».
3. Instaurer un climat d’autocensure où chacun craint d’être associé à l’ennemi désigné.
La répression actuelle n’a même plus besoin de comités d’enquête aussi visibles que celui de la Chambre des activités anti-américaines ; elle s’opère via des agences de de sécurité dont la loyauté a été acquise par des nominations partisanes, noyant l’opposition dans des procédures kafkaïennes.
Les conséquences sont déjà visibles et terriblement concrètes : des professeurs d’université, comme un spécialiste de sciences politiques à une université publique de l’Ohio, ont été suspendus pour avoir « minimisé la menace » en qualifiant Kirk de « propagandiste » dans un cours ; des journalistes locaux du Texas et de Floride ont été licenciés par des groupes médiatiques acquis à la cause trumpiste pour avoir osé contextualiser la carrière de la victime au lieu de simplement la sanctifier ; des employés municipaux ont perdu leur poste après que leurs historiques de likes sur d’anciens posts critiques envers Kirk aient été traqués et partagés en ligne par des groupes de surveillance d’extrême-droite. Cette chasse aux sorcières moderne, alimentée par la délation et la peur, reproduit exactement le climat d’intimidation et de purge professionnelle qui a marqué l’ère McCarthy.
Le plus grand tour de force de la mouvance trumpiste est son inversion géniale de la réalité. Elle maîtrise parfaitement la stratégie de double contrainte chère aux régimes fascistes historiques.
1. Ils provoquent et diffusent la haine : Leur rhétorique est constamment incendiaire, alimentant les divisions, stigmatisant les minorités et diabolisant les opposants. Charlie Kirk lui-même faisait carrière en tenant des propos clivants, violents et alarmistes.
2. Ils revendiquent une liberté d’expression absolue pour ce discours de haine, criant à la « cancel culture » et à l’« oppression » dès qu’ils sont critiqués. Ils s’érigent en martyrs de la pensée unique de « gauche » imaginaire.
3. Lorsque la violence qu’ils ont contribuée à alimenter se manifeste (souvent par des individus isolés radicalisés par leur rhétorique), ils retournent immédiatement l’accusation. Ils ne sont plus les pourvoyeurs de haine, mais les victimes. Leur réponse n’est pas l’apaisement, mais la promesse d’une répression encore plus féroce contre ceux qu’ils désignent comme responsables.
Ce jeu pervers leur permet de justifier l’injustifiable : restreindre les libertés de tous au nom de leur propre sécurité, et criminaliser l’opposition sous prétexte qu’elle serait une incitation à la violence. C’est exactement le processus qui a permis l’ascension des fascismes en Europe : jouer sur les peurs, se présenter comme les seuls remparts contre le chaos qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer, et interdire progressivement toute voix discordante au nom de l’unité nationale.
Conclusion : il est temps d’assumer que le trumpisme se métamorphose de plus en plus ouvertement en fascisme, il faut le dire, il faut l’assumer.
L’assassinat de C. Kirk est aussi la meilleure démonstration que le terrorisme individuel est une erreur stratégique pour les révolutionnaires, rejeté depuis longtemps par Lénine et Marx eux-mêmes. Bien entendu c’est une tout autre histoire si une provocation instrumentant cette violence choc venait à se revéler, les faux attentats ou les assassinats sous faux drapeaux étant une spécialité des fascistes, dont on se souvient de leur manipulation autour de l’incendie du Reichstag. Il n’y a cependant pas d’élément établi sur ce meurtre actuellement.
Alors que le concept de fascisme a été dilué et que les fascistes eux-mêmes inversent systématiquement la réalité, il est plus nécessaire que jamais de clairement dénoncer la réalité de ce nouveau fascisme qui est en train d’infester comme un cancer tout l’hémisphère occidental, avec comme épicentre les pays anglo-saxons. Ce ne sont plus seulement des pays aux marges de l’Empire comme l’Ukraine ou Israël mais le cœur du cœur du système capitaliste impérialise occidental lui-même qui est désormais le centre de la peste brune 2.0. Les faits récents au Royaume Uni le corroborent. Tout comme la saturation ce dimanche 14 septembre 2025 de l’espace médiatique en France par le choix des principales chaines audiovisuel ne donnant à voir que le meeting de propagande du RN et de sa présidente inéligible Le Pen, alors que toute la France s’étaient donnée rendez vous à la Fête de l’Humanité. 1 français sur 100 ayant bravé les difficultés de transports et le mauvais temps pour y fraterniser tous ensemble !
La répression massive en cours aux États-Unis n’a rien à voir avec la justice ou la sécurité. Elle est l’outil d’un projet politique autoritaire qui, à l’image du maccarthysme, utilise la loi comme une arme et la peur comme une stratégie de gouvernance. En criminalisant l’opposition et en jouant les victimes, le trumpisme ne fait pas que menacer ses ennemis politiques ; il sape les fondements mêmes de la démocratie libérale bourgeoise. L’histoire nous a montré où mène ce chemin. Il est urgent de le nommer et de lui résister, avant que le silence ne devienne la loi.
Que ceux qui se prétendent communistes ou de « gauche », en France ou ailleurs, ouvrent enfin les yeux et cessent de trouver toutes les excuses et les justifications aux politiques dérangées de l’oligarque Trump et de sa petite bande. Au final quand ils viendront nous chercher ils ne feront pas la différence entre les deux.
La résistance communiste, et des peuples agressés par l’impérialisme, est le seul axe qui peut mettre en déroute le nouveau fascisme.
Plus que jamais, camarades, luttons, fiévreusement, pour abattre le fascisme partout où qu’il surgisse et ouvrir l’horizon vers le socialisme !
Solidarité avec tous les communistes et les militants anti-impérialistes étasuniens qui vivent des heures sombres !
BD pour IC
