
Témoignage à la mémoire de « ceux de « CHATEAUBRIANT ».
Huguette Murat, membre du comité central du PRCF souligne :
« J’ai à cœur chaque année de mobiliser chaque année avec le PRCF, non seulement parce que j’ai été membre active de l’Amicale du Souvenir de Chateaubriant, non seulement parce que je suis bretonne mais aussi parce que je suis la fille d’un résistant FTPF , qui, très tôt (je n’avais que 13 ans quand il m’a amenée pour la première fois à la cérémonie du souvenir) m’a initiée à ce qui fait notre histoire à nous , communistes Français. C’est notre force vitale que de ne rien oublier de notre Résistance, et donc de faire vibrer avec Châteaubriant, chaque année le combat communiste. Comme le disait le poête, « Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter ? L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été
Je twisterais les mots s’il fallait les twister Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez ! ». Donc chaque année, le PRCF est là, car il est grand temps, camarades, de ne pas laisser massacrer nos idées qui sont celles en partage, de l’Humanité, avec les 27 de Chateaubriant. (retrouvez le dossier spécial Chateaubriant : https://www.initiative-communiste.fr/theme/chateaubriant)
Le texte suivant relate par quelques mots les terribles faits.
Ils émanent de témoignages de ceux de Chateaubriant,
d’écrivains célèbres comme Louis Aragon, Jean Marcenac, et surtout d’un communiste célèbre Fernand Grenier, interné à Chateaubriant et qui
devenu ministre à la libération, accordera aux femmes le droit de vote.
C’est le 22 octobre 1941 que les 27 furent fusillés. Nous n’oublions pas.
Nous n’oublions pas non plus que nous, communistes, parce que porteurs des drapeaux rouges et tricolore réunis qui étaient ceux des 27 de Chateaubriant, nous avons étés foutus à la porte de la carrière en octobre 1997, et que depuis lors, la cérémonie officielles interdit la présence de nos drapeaux rouges. De ces drapeaux communistes des militants communistes et cgtistes, tombés pour la France des travailleurs à Chateaubriant.
22 octobre 1941 . 27 otages communistes tombent à CHATEAUBRIANT sous les balles des SS
Lorsqu’on est venu les chercher dans le camp des otages, ils étaient tous regroupés dans la baraque 6 et le sinistre appel a commencé , un nom tombe comme un couperet et un homme s’avance , le premier à sortir ; CHARLES MICHELS, pâle mais bien droit, la tête haute, il a les mains enchaînées devant lui. Il monte dans la voiture cellulaire et dit à l’officier allemand : « Vous verrez comment meurt un député Français ! »
JEAN PIERRE TIMBAUD est le second ; il crie à Touya, ce policier français collabo : »Je ne suis qu’un ouvrier mais ma cotte est plus propre que ton uniforme ! » Le traître a pâlit, a sorti son révolver mais l’a rengainé aussitôt.
CHARLES TÉNINE passe, il interpelle l’officier nazi ; « c’est un honneur pour un Français de tomber sous les balles allemandes mais c’est un crime de tuer un gosse ! » Continue- t- il en désignant GUY MOQUET , qui les suit en disant ; « Laisse , Ténine, je suis aussi communiste que toi » et il crie » Adieu, les copains !!!
Ils sont neuf à monter dans ce premier camion , notre benjamin est le dernier ;

Un chant s’élève dans le camp ; LA MARSEILLAISE !! reprise, jaillissante, scandée, la Marseillaise des combats, de la bravoure, la Marseillaise vengeresse, « la MARSEILLAISE » vengeresse de 93 et des grands jours de l’histoire nationale. « LE CHANT DU DÉPART » lui succède. Qu’ils sont beaux ces vers :
Un Français doit vivre pour elle, Pour elle un Français doit mourir ! »
le deuxième camion vient se ranger à son tour ; la haute stature de Barthélémy apparaît ; c’est le vétéran, il manque la marche du camion mais il repousse vigoureusement le soldat qui veut l’aider à reprendre son équilibre. Huit autres de nos frères suivront. Le troisième camion se remplit, vite, le temps presse ; c’est tout juste si on aperçoit POURCHASSE, qui, tourné vers la baraque des femmes, lève les deux mains enchaînées dans un dernier adieu.
Il est 15 h 15. L’officier allemand du camp salue le lieutenant Touya et prend place dans une voiture de tourisme qui vient d’arriver et va prendre la tête du lugubre cortège qui s ‘ébranle immédiatement vers la carrière. Les gendarmes français se fixent au garde à vous, mais beaucoup pleurent. Alors , pour briser l’intolérable silence qui dure depuis que l’embarquement a commencé, tout à coup, (témoignage) « la Marseillaise retentit à nouveau et la force gagne , ELLE S’ENVOLE DES CAMIONS, irrésistible, gagne tout le camp, baraque par baraque. Notre coeur et notre colère, nos ressentiment et notre contrainte, notre résolution et nos espoirs « s’exhalent en un hymne vibrant, conquérant… Nous vivons la Marseillaise comme peu de Français l’ont sans doute vécue.
Quand le convoi atteint la route, brusquement, les portes des baraques du camp s’ouvrent malgré la menace du fusil mitrailleur braqué, les gendarmes ne réagissent pas tant ils sont eux mêmes bouleversés, c’est la ruée vers les barbelés pour chanter une dernière fois avec ceux qui partent au supplice
Il est 15h25 , à Châteaubriant c’est jour de marché, il y a beaucoup de monde , abasourdit d’entendre la « Marseillaise » chantée par ceux qui vont mourir ! Inoubliable Marseillaise !!
Il est 15h30 ; le convoi passe devant la mairie, la rue du Château, la place des Terrasses et gagne le passage à niveau sur la route de Soudan. Les martyrs ne cessent pas de chanter. Dans un camion on entend le « chant du départ » : Tremblez ennemis de la France, Rois ivres de sang et d’orgueils mais .. d’un autre camion, on entend aussi crier » « Maman, maman !! »
Des hommes pâles, tête nue, serrant les poings, des femmes se signant. Sauf quelques traitres, c’est Châteaubriant tout entier qui communie avec ceux qui vont mourir.
A 15h 40 les trois camions arrivent à la carrière de la Sablière. Un détachement de SS spécialement arrivé d’Angers. Ordre est donné de faire ronfler les moteurs des camions pour tenter d’étouffer les chants
Le long de la paroi-nord de la carrière, devant un rideau d’ajoncs et de ronces, neufs poteaux sont placés de cinq mètres en cinq mètres. A douze mètres devant se tient un peloton d’exécution de QUATRE-VINGT-DIX HOMMES. Dix pour chacun. Les martyrs sont placés sont placés devant les poteaux les yeux bandés et les mains libres. Ils chantent jusqu’à la dernière minute et crient ; Vive la France , vive la Russie(1) vive le Parti Communiste,….à bas Hitler ! »
Ténine crie à nouveau en allemand ; Vous allez voir comment meurt un officier français ! »
et Timbaud, lui, leur lance un nouveau défi, comme pour les narguer « Vive le Parti Communiste Allemand !!
Il est 15h55 première salve.

Un officier supplémentaire dans la tête de chaque victime
Il 16 h, deuxième fusillade. Selon les paysans des environs, la Marseillaise « chantée était encore plus vibrante «
Il est 16h10 , troisième vague ; ce furent les même chants entrecoupés par la rafale assassine qui, chaque fois, avait déchiqueté les corps des français ; des lambeaux de chairs furent projetés dans les ajoncs et les ronces , ce qui attira les corbeau du château les jours suivants, on y retrouva même les lunettes du professeur Guéguen
Au camp, les camarades qui avaient appris que l’exécution aurait lieu à l’heure prévue, 700 hommes et femmes, s‘étaient rassemblés dans la cour pour entendre les salves, l’un d’eux, Henri Gauthier, prend la parole, une minute de silence est observée par sept cents hommes et femmes, le cœur lourd de douleur et de haine.
Il est 17h. Les bourreaux chargent les corps pour les ramener à l’antique Château . Ils sont entassés là, à gauche de l’escalier d’honneur, dans l’ancienne salle des gardes. Des sentinelles sont postées pour empêcher la population d’approcher.
Le soir est maintenant tombé.

Au camp, l’heure de l’appel nominal a lieu comme d’habitude. Mais le bureau a oublié de rayer ceux dont les noms appartiennent désormais à l’histoire et quand le gendarme annonce ; « Charles Michels » quelqu’un répond »Mort pour la France »! et ainsi de suite, pour chacun des vingt sept , spontanément dans chaque baraque .
Parmi les femmes du camp, il faut souligner exemplarité de courage dont fit preuve l’une d’entre elle, Léoncie Kérivel, épouse d’Eugène. Lorsqu’elle a appris que le jeune Guy Môquet en faisait partie, Léoncie est allée voir le commandant du camp et lui a dit ; « Vous allez fusiller mon mari, je n’ai pas d’enfant, alors fusillez moi à la place de ce gosse !! »
« Non, madame, Guy Môquet est responsable des jeunesses communistes de la région parisienne, il faut faire un exemple »