Avec une rare hypocrisie, l’étendard de la laïcité est régulièrement brandi par droite, l’extrême droite et la Macronie.
Leur but commun est de diviser notre peuple, de stigmatiser « les musulmans » et, à cette fin, de réduire la laïcité institutionnelle à un code vestimentaire uniformisant alors même que les gouvernements français successifs courtisent effrontément le CRIJF, qu’ils s’agenouillent régulièrement devant le Vatican et qu’ils ont outrancièrement protégé des décennies durant les violences systémiques exercées dans une partie de l’enseignement catholique (cf. la lamentable affaire Betharam…)…
En réalité, la laïcité à la française s’incarne principalement dans la loi laïque de 1905, largement portée par Jaurès, dont l’article 1 défend la liberté de pratiquer son culte et dont l’article Il dispose que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
À ce sujet on oublie constamment de rappeler, y compris dans certains milieux laïques, que le complément social indispensable de cette loi est le Statut de la fonction publique institué par le ministre communiste Maurice Thorez en 1945 et renforcé par Anicet Le Pors en 1983. Il s’agit là d’une architecture sociale favorable à la classe ouvrière dans son ensemble car dans le même temps, Thorez instituait le statut des mineurs, Marcel Paul mettait en place celui des électriciens-gaziers et Ambroise Croizat generalisait à tout le secteur privé les conventions collectives nationales de branche…
Or, sans les fortes garanties sociales et juridiques qu’offre leur statut aux fonctionnaires en général et aux enseignants en particulier (garantie de l’emploi obtenu, en général sur concours anonyme, Indépendance par rapport aux gouvernements et aux pouvoirs locaux publics et privés, cadre déontologique exigeant…), la séparation de l’État et des Églises, mais aussi celle de l’école publique d’avec les potentats divers qui bordurent l’école publique, ne penseraient pas bien lourd. En Amérique par ex., les lobbies religieux liés à la fois aux patrons, aux politiciens locaux ou aux « communautés » religieuses, notamment « évangéliques », ne cessent de fliquer les profs et les instituteurs. S’il en était ainsi, les enseignants, par ex. les profs de lettres, d’histoire, d’économie, de SVT ou de philo ne pourraient tout simplement pas exercer leur métier librement…
Il n’est que de voir du reste comment sont traités les fonctionnaires, les chercheurs et les enseignants publics états-uniens sous la présidence de Trump dans un pays où n’a jamais fonctionné une séparation claire de l’école et des religions et où n’existent ni Éducation NATIONALE ni statut national des enseignants…
C’est pourquoi les véritables laïques devraient honorer le nom de Maurice Thorez qui a su donner à la laïcité encore très théorique de 1905 un socle social que la réaction s’évertue à éroder en contournant les statuts publics.
Bref, 1905, 1945, 2025, le combat continue pour une France réellement laïque rompant avec l’Union européenne et en marche vers le socialisme…