En 1936, le président du Conseil social-démocrate Léon Blum s’est rendu suspect aux yeux des ouvriers politiquement conscients quand il réclama d’eux la « pause sociale » à l’issue des grèves consécutives à la victoire du Front populaire.
Peu après ce premier « exploit », Blum se prononçait pour la « non-intervention » en Espagne et laissait délibérément Franco, Hitler et Mussolini étrangler ensemble la République espagnole. Cela n’empêche du reste nullement l’historiographie officielle de continuer à célébrer Blum comme un émule du grand Jaurès alors que le chef de file de la SFIO s’est surtout signalé, surtout après 1945, comme un ennemi déterminé des communistes français, de l’URSS, de la CGT et de l’indépendance française (cf les odieux « Accords Blum-Byrnes » livrant le cinéma français d’après-guerre aux studios d’Hollywood).
N’étant pas encore au pouvoir, Rufin n’en est certes pas encore là même si, lui aussi, a su habilement jongler avec le mot (nouveau) Front populaire, a pris appui sur l’électorat ouvrier pour gagner un siège de député, a tenté de prendre la tête de LFI et, faute d’y être parvenu, a finalement trahi ce mouvement pour se rapprocher de députés ex-insoumis comme Autain ou Corbières qui rêvent d’une « primaire de la gauche de Poutou à Hollande » (car Hollande est « de gauche », comme chacun sait!)…
Voilà cependant que, toute honte bue, Rufin vient d’envoyer un tweet passablement franchouillard aux « camarades » députés du PCF pour les prier de « faire une pause » durant leur « niche parlementaire » pour que les députés pussent regarder jouer Mme Loïs Boisson triompher à Roland-Garros. C’est effectivement plus patriotique et « bon pour l’image » que de défendre l’indépendance de la France en militant courageusement pour le Frexit et pour la sortie de notre pays de l’alliance belliciste de l’OTAN..
Le PCF est ce qu’il est, certes, mais nous ne doutons pas que ses députés ne comptent utiliser leur prochaine niche parlementaire pour défendre les droits sociaux ou pour appeler Macron à reconnaître l’Etat de Palestine. Mais pour le révolutionnaire Rufin, le tennis-spectacle compte manifestement plus que la solidarité internationale et/ou que la défense de la retraite à 60 ans…. Et bien entendu, c’est à des députés se réclamant du communisme et passant déjà fort peu dans les médias que M. Rufin, qui doit pourtant tout au PCF, demande de bien vouloir se taire à cette occasion.
Décidément, il apprend vite les règles de la com bourgeoise, le Rufin! Il faudra cependant encore un gros effort à un ex-Fakir d’ « extrême gauche » devenu député en grimpant sur les épaules trop complaisantes du PCF amiénois pour acquérir la stature d’un Mitterrand, bien supérieur encore à Blum dans l’art de naviguer sur les eaux glauques des contorsions politiciennes.