
TRIBULATIONS D’UN CAPITALISTE AU PAYS DES GAULOIS (ou de ce qu’il en reste) – épisode 1
22 décembre 2025 : VOUS VENEZ DE RECEVOIR UN CADEAU
Pierre Gattaz, grand mandarin et grand manitou du MEDEF (de père en fils) vous a écrit un conte de Noël, rien que pour vous :


C’est une belle histoire qui se termine bien : Tout le monde bosse (beaucoup) et aura beaucoup d’enfants.
Au risque de briser la féerie du moment, je vais vous la faire courte.
« Si la maison France est en train de s’effondrer, c’est parce que vous, moi et surtout l’État, nous tergiversons trop.
Il nous faut nous réveiller et prendre des leçons d’Économie.
En effet, la situation est simple à comprendre, s’il n’y a plus d’emplois dans notre pays et si les rémunérations sont faibles, c’est parce que nous ne créons pas assez de richesses et qu’en même temps, vous, moi et surtout l’État en demandons trop…
Ça décourage l’entreprise »
La suite ?
Il promet que si les charges sur les salaires et si les prestations sociales sont moins élevées, les sociétés rapatrieront leurs usines en France et puis tout s’enchaînera et nous ressemblerons à l’Allemagne et à la Suisse. (quel pied!)
Je ne sais pas vous, mais pour moi la lecture de cette prose a provoqué un long moment de solitude, un instant de dégoût puis de découragement avant heureusement de susciter une envie de révolte.
J’ai eu une pensée émue pour nos agriculteurs qui n’arrêtent pas de travailler, de produire la richesse essentielle, celle qui permet de nourrir leurs semblables tout en sachant très bien que la réalisation sonnante et trébuchante de cette plus value est encaissée par d’autres. Ces autres qui d’ailleurs, protégés par des lois, des traités internationaux et des positions dominantes attribuées par les grands financiers, se permettent de les regarder de haut, en leur donnant des leçons, sans jamais se remettre en question eux même.
Puis j’ai eu un grand mouvement de rage quand dans le même temps à la radio, l’annonce de l’absorption du groupe français Atlantic par la société américano-japonaise Paloma Rheem….justifiée par les dissensions entre les héritiers a été annoncée.
Vous rendez-vous compte ?
Pendant que Papa Noël, vous bonimente en vous racontant que c’est de votre faute si notre économie est dans cet état, parce que vous ne travaillez pas assez et voulez être trop payés, une entreprise française, championne internationale dans un secteur porteur : la production d’appareils de Chauffage, Ventilation, Climatisation, (CVC), 3 milliards d’€ de Chiffre d’Affaire/an en progression constante , 33 usines dans le monde dont 13 en France, 12 000 salariés, 57ans d’existence, capital valorisé à + de 4 milliards d’€ détenu à 99 % par les 2 familles des fondateurs (décédés dernièrement tout les 2) va être cédée à une société étrangère concurrente…parce que les héritiers des fondateurs ne s’entendent pas.
Monsieur Gattaz, ça se passe aussi comme ça en Suisse et en Allemagne ?
En France, cette mésaventure rappelle un scénario mainte fois répété depuis le milieu des années 70. (confère : Poclain, Montabert, Majorette, Feu d’or, etc…)
1 entreprise créée 60 ou100 ans plus tôt par des ingénieurs français passionnés, devient 1 entreprise de référence sur son secteur.
Pour réussir ce parcours l’entreprise a pu compter sur les services d’un État français fort l’aidant ou l’assistant dans les recherches, les mises au points et les lancements de produits puis en lui assurant les débouchés sur un marché intérieur protégé. Parallèlement, la main d’œuvre locale a été encouragée à se former aux métiers et aux techniques utiles à l’entreprise. Avec le temps c’est tout « l’écosystème » régional qui s’est transfiguré durablement par l’évolution des superstructures de l’économie locale, et l’impact ou les modifications sur l’ environnement. Cette évolution des forces productives a entrainé un changement des rapports de productions. En clair, des distinctions, une hiérarchisation se sont établies entre les individus, définissant des rangs sociaux marqués par les différences de rémunérations.
Avec le temps, tout le monde s’habitue, se fait une raison et finit par trouver ça normal…en particulier s’habitue à trouver normal que l’entreprise soit au bout du compte la propriété exclusive de ceux qui détiennent le capital et qu’ils profitent sans partage de la valeur supplémentaire produite par les salariés.
30 à 40 ans plus tard, les fondateurs partant en retraite, transmettent les clés de l’entreprise (et le destin des salariés) à leurs progénitures.
L’investissement intellectuel et physique des héritiers est rarement de la même intensité que celui de leurs aïeux. Très rapidement, le taux de profit de l’entreprise devient un sujet sensible et créé des dissensions entre les nouveaux dirigeants. Constatant que la baisse tendancielle des profits se poursuit ces derniers vont tout tenter, blocage des salaires, remplacement de la main d’œuvre par des machines… , avant de finalement revendre la société avant qu’elle ne périclite.
Pas besoin de long discours pour présenter la catastrophe économique et sociale qui en découle.
Si elle est reprise, de plus par une société étrangère, jamais les promesses émises lors de la transaction envers les salariés et le tissu économique local sont tenues.
Comment peut-on d’ailleurs raisonnablement croire qu’une société existante, ayant évidement déjà un siège social, un centre de recherche, des fournisseurs et des sous-traitants, va racheter un concurrent et garder tout et tout le monde dans l’entreprise acquise ?
Non monsieur Pierre Gattaz, si l’économie de la France est en train de plier, ce n’est pas parce que le peuple est trop cher à « entretenir », mais parce que le contrat de confiance entre les français a été rompu.
Ce contrat, c’est celui du Comité National de la Résistance et qui dès 1944 a entrepris de reconstruire le monde que la folie capitaliste, celle des Rockfeller, Ford, Carnegy, Chase etc…, tous de nos meilleurs amis anglo américains, entreprenait de détruire consciencieusement par cycles réguliers.
« Plus jamais ça en parlant de la guerre, La paix par le développement en regardant le monde, Vivre des jours heureux en embrassant la France »
Rappelons qu’à l’époque, ce n’était pas des grands financiers ou des grands patrons qui se tenaient à côté du général de Gaulle (car ce dernier trouvait qu’il ne les avait pas beaucoup vu quand il était à Londres) mais bon nombre de communistes, tels Marcel Paul, ministre de l’industrie.
Alors, monsieur Pierre Gattaz, si vous voulez vraiment aider à reconstruire notre pays faites comme eux, attaquez-vous aux vrais profiteurs, ceux qui ont préféré liquider le contrat social, ont dilapidé les outils de productions et sont allés planquer leur cagnotte en Suisse en espérant vivre de leurs rentes.
Mettez toute votre énergie à arrêter la marche à la guerre
Retrouvez la confiance du peuple français par le retour d’un état stratège fort, qui reprend la main sur les fondamentaux de l’économie :
Œuvrez à la mise en place d’une économie coopérative, dont la raison d’être n’est plus la compétition, mais la recherche de l’épanouissement du plus grand nombre.
Bref : montrez que vous êtes vraiment un entrepreneur.
Mais à mon tour monsieur Pierre Gattaz, de vous faire 1 cadeau pour ce Noël:
Ce ne sont que 2 refrains de chansons qui ont marqué notre jeunesse, (car oui, nous avons à peu près le même âge).
« Le grand chef du personnel l’a convoqué à midi. J’ai une mauvaise nouvelle, vous finissez vendredi. Une multinationale s’est offerte notre société, vous êtes dépassés et du fait vous êtes remercié »
Eddy Mitchell « il ne rentre pas ce soir » 1977
« Je voudrais travailler encore, travailler encore, l’acier rouge, avec mes mains d’or »
Bernard Lavillier « les mains d’or » 2001
Elles n’ont pas pris une ride, vous ne trouvez pas ?




