
Depuis quelques années — sur les réseaux sociaux, dans certains débats politiques, voire parmi des proches — circule l’idée que « rester au RSA / toucher les aides de la Caisse d’allocations familiales (CAF) rapporterait plus qu’un salaire, notamment au minimum légal SMIC ». L’argument est simple : ajouter toutes les prestations sociales (allocations, logement, aides familiales, etc.) + RSA ou aides au logement + aide chômage, etc., puis comparer ce total au salaire net d’un travailleur pauvre, souvent à temps partiel ou au SMIC.
Le mythe de l’assistanat des travailleurs pauvres ou privés d’emploi
Mais ce calcul est très trompeur. Comme le montre un récent article comparatif entre familles sans emploi et celles au SMIC : selon les données 2025 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), dans tous les profils étudiés, le revenu disponible est toujours plus élevé quand un adulte travaille au SMIC que quand le foyer ne vit que des aides sociales.
Par exemple :
- Pour une personne seule sans enfant : aides seules = 873€/mois (RSA + logement), contre ~1 673€/mois avec un SMIC temps plein + prime d’activité.
- Pour un couple avec deux enfants : aides = ~1 732€/mois ; salaire + prestations = ~2 547€/mois.
Pourquoi ce mythe perdure : biais, simplifications et intérêts politiques, la propagande capitaliste en action
1. Comparaisons biaisées
Souvent les gens confrontent un cas extrême (famille nombreuse, aides maximales, aides logement + allocations familiales + autres minimas) à un particulier seul au SMIC ou à temps partiel. Ce n’est pas comparable. L’article de 2025 montre clairement que pour des profils identiques (composition familiale), le travail paye avec des écarts très importants. Les chômeurs et privés d’emplois sont les plus laissés pour compte.
2. Effacement des coûts liés au chômage prolongé
Vivre d’aides, c’est survivre — mais c’est instable, précaire, souvent soumis à des critères stricts (ressources, logement, âge, etc.). Et à long terme, cela ferme la porte à l’acquisition de droits (retraite, chômage, protection sociale) qu’un emploi permet de construire. Par exemple, une personne qui vit longtemps d’aides risque de ne pas cotiser suffisamment pour une retraite digne.
3. Une instrumentalisation politique et économique
L’idée que « certains profitent du système » peut servir à stigmatiser les bénéficiaires d’aides. Mais souvent — consciemment ou non — elle accompagne des propositions de réduction ou suppression des aides sociales. Or, qui paierait le prix d’une telle suppression ? Ceux qui sont déjà les plus fragiles. Pendant ce temps, la suppression des aides peut permettre de baisser les cotisations sociales patronales, donc d’augmenter les marges des entreprises — autrement dit, d’enrichir les plus riches au détriment des plus pauvres.
Taper sur les aides sociales pour baisser les cotisations patronales et enrichir les riches !
L’étude évoquée dans l’article de 2025 additionne tous les revenus disponibles : salaire net, prime d’activité, aides logement, allocations familiales ou sociales, etc. Elle compare ce total selon que le foyer touche des aides seules ou qu’il travaille au SMIC. Résultat clair : quel que soit le type de foyer, le revenu global est plus élevé avec un emploi au SMIC qu’avec des aides seules.
Autrement dit : le système social français est conçu pour que le travail soit bien plus rémunérateur que le aides sociales— du moins dans les configurations simples (personne seule, couple, famille modeste). La prime d’activité, les allocations logement ou familiales jouent un rôle crucial pour éviter que travailler ne soit financièrement désavantageux par rapport à l’inactivité. Ces aides sont par ailleurs indispensables pour garantir des conditions d’existence minimalistes à des millions de familles, en réalité dans une grande pauvreté.
Quand on entend que « trop de gens vivent sans travailler » ou qu’« arrêter les aides fera revenir les gens à l’emploi », il faut regarder qui bénéficie vraiment d’un système plus “rentable” :
- Non pas les personnes en bas de l’échelle (petits salaires, précaires), mais des entreprises et employeurs — via la baisse des cotisations sociales.
- Non pas la solidarité nationale, mais un transfert indirect de richesse des plus pauvres vers les acteurs économiques les plus puissants.
En supprimant des aides sociales — logement, allocations, soutien minimum — l’État augmenterait la pression sur les ménages fragiles. Le résultat : baisse du niveau de vie, plus grande précarité, et un marché du travail dopé à la précarité.
Les données 2025 d’un organisme officiel (DREES) confirment : un foyer qui travaille au SMIC gagne globalement plus qu’un foyer inactif touchant des aides, pour des situations comparables. L’idée qu’on pourrait gagner davantage sans travailler repose sur des comparaisons biaisées, des cas marginaux ou des erreurs de calcul, c’est à dire sur de grossiers mensonges !
Derrière ce mythe, il y a souvent un intérêt politique ou économique : faire accepter la réduction des aides, diminuer les cotisations sociales patronales, et favoriser l’accumulation de richesse au sommet de la pyramide. Plutôt que de détruire le filet social, il faut débattre d’augmentation des salaires, de meilleures conditions de travail, et d’une redistribution équitable — car les aides sociales ne sont pas un luxe, mais un pilier de solidarité.
En réalité, les vrais assistés sont les milliardaires en France ! Dans un rapport officiel publié en 2025, le montant total des « aides aux entreprises » (subventions, exonérations, dépenses fiscales, aides financières, etc.) est évalué à 112 milliards d’euros (subventions, fiscalité, aides financières, certaines exonérations). Toutefois — et c’est important — un autre travail (commission d’enquête sénatoriale 2025) réévalue ce montant beaucoup plus haut : au moins 211 milliards d’euros en 2023 si l’on inclut l’ensemble des dispositifs de soutien public aux entreprises (aides directes + exonérations + niches fiscales + autres dispositifs). Une grande partie de ces « aides » prend la forme d’exonérations de cotisations, de réductions d’impôts, de subventions indirectes
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Le nombre d’allocataires de minima sociaux augmente plus nettement en 2024 qu’en 2023
Après deux années de légère hausse en 2022 (+0,4 %) et en 2023 (+0,5 %), le nombre d’allocataires de minima sociaux augmente plus nettement en 2024 (+1,3 %), pour atteindre 4,25 millions en fin d’année1 .
Si on détaille par allocation, les effectifs du revenu de solidarité active (RSA) diminuent légèrement en 2024 (-0,5 %), soit un peu plus faiblement qu’en 2023 (-2,0 %), pour atteindre 1,84 million d’allocataires fin 2024. À l’inverse, la croissance du nombre de bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) se poursuit en 2024 (+3,3 %) pour atteindre 1,40 million en fin d’année, mais à un rythme moindre qu’en 2023 (+4,5 %). La croissance annuelle en 2023 est la plus forte hausse observée depuis 2011 ; elle est due à la déconjugalisation de la prestation au 1er octobre 2023. Après une hausse soutenue en 2023 (+4,6 %), les effectifs du minimum vieillesse continuent d’augmenter vivement en 2024 (+4,3 %) pour s’élever à 754 500 allocataires. Enfin, après des années de forte baisse, le nombre d’allocataires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) rebondit nettement en 2024 (+4,7 %) pour atteindre 265 000 en fin d’année.
En 2024, 33,3 milliards d’euros ont été versés au titre des minima sociaux (1,1 % du PIB), marquant une hausse de 3,2 % par rapport à 2023 (en euros constants, c’est-à-dire en neutralisant l’effet de l’inflation2).
En incluant les conjoints et les enfants à charge, 6,9 millions de personnes sont couvertes par les minima sociaux fin 20233, soit une personne sur dix en France métropolitaine et trois sur dix dans les DROM (hors Mayotte).
Les prestations sociales représentent près de 40 % du revenu disponible des ménages pauvres
En France métropolitaine, en 2022, 9,1 millions de personnes sont pauvres monétairement, leur niveau de vie étant inférieur à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 216 euros par mois. Les prestations sociales non contributives représentent 37 % du revenu disponible des ménages pauvres (14 % de minima sociaux, 10 % d’aides au logement, 10 % de prestations familiales et 3 % de prime d’activité). Elles augmentent en moyenne le niveau de vie des personnes pauvres de 363 euros par mois, sans toutefois leur permettre de franchir le seuil de pauvreté.
La redistribution diminue d’un tiers le nombre de personnes pauvres
Jointes à la fiscalité directe, les prestations sociales non contributives diminuent le taux de pauvreté de 6,9 points en 2022 : 14,4 % de la population métropolitaine est considérée comme pauvre (9,1 millions de personnes), contre 21,3 % (13,5 millions) qui le seraient si ces prestations et les impôts directs n’existaient pas. L’effet de la redistribution sur le taux de pauvreté est particulièrement marqué pour les familles monoparentales (-20,0 points pour celles avec au moins 2 enfants), pour les familles nombreuses (-13,8 points pour les couples avec 3 enfants), pour les moins de 20 ans (-11,2 points) et pour les personnes handicapées de 15 ans ou plus (y compris personnes âgées) [-10,9 points].
Un revenu disponible plus élevé en travaillant au smic que sans travailler
Une personne seule, locataire dans le parc privé4 et sans revenu d’activité, non handicapée et d’âge actif, dispose en janvier 2025 de 873 euros mensuels de prestations sociales (572 euros de RSA et 301 euros d’aides au logement). Son revenu disponible serait plus élevé (1 673 euros) si elle travaillait pour un smic net à temps plein, avec 1 426 euros de salaire et 246 euros de prime d’activité. De manière générale, quelle que soit la composition familiale, le revenu disponible augmente avec le salaire et il est plus élevé avec un salaire au smic que sans salaire. Par exemple, sans revenu d’activité, le revenu disponible d’une famille monoparentale avec 2 enfants est de 1 720 euros, contre 2 544 euros avec un smic.
Un bénéficiaire de minima sociaux sur cinq en sort d’une fin d’année à la suivante
Un quart des bénéficiaires du RSA sortent des minima sociaux5 d’une fin d’année à la suivante. Cette part diminue avec l’âge et avec l’ancienneté dans les minima sociaux. Parmi ceux sortis des minima sociaux, environ trois sur quatre sortent pour au moins deux ans et quatre sur sept pour au moins cinq ans. Un peu plus de la moitié ont un emploi à la fin de l’année où ils sortent. Toutefois, beaucoup de bénéficiaires du RSA font des allers-retours dans les minima sociaux. Parmi les bénéficiaires du RSA âgés de 35 à 64 ans fin 2023, 41 % sont sortis au moins une fois des minima sociaux au cours des dix années précédentes, puis y sont revenus. Par ailleurs, une part importante reste dans les minima sociaux de manière très durable : 26 % des bénéficiaires du RSA de 35 à 64 ans fin 2023 ont perçu un minimum social chaque fin d’année entre 2013 et 2023.
Le taux de sortie des minima sociaux d’une fin d’année à la suivante est beaucoup plus faible (5 % entre fin 2022 et fin 2023) pour les allocataires de l’AAH, signe de leurs difficultés spécifiques d’insertion. Aussi, leur persistance dans les minima sociaux est très forte : 55 % des allocataires de l’AAH âgés de 35 à 64 ans fin 2023 ont perçu les dix années précédentes des minima sociaux.





