L’érection d’un monument aux prétendues « victimes du communisme » par le maire de Saint-Raphaël (1) a, à juste titre, provoqué une vague d’indignation parmi de nombreux militants et sympathisants communistes et progressistes. Le PCF, par la voix de ses cadres et de ses élus, a saisi l’occasion pour se poser en champion de la mémoire résistante, du combat contre l’anticommunisme et de la défense des héritages révolutionnaires. Mais cette posture, aussi bruyante que tardive, ne résiste pas à l’analyse sérieuse des positions que ce même parti tient dans ses propres congrès.
Un anticommunisme maquillé en « lecture critique »
Lors de son dernier congrès, le PCF a adopté une résolution qui dresse un bilan profondément négatif de l’expérience soviétique. Tout en reconnaissant l’apport fondamental de l’URSS à la victoire sur le nazisme, à la décolonisation et aux conquêtes sociales, le texte glisse insidieusement vers une dénonciation des « crimes du stalinisme » (2), du « système étatiste autoritaire », d’un régime prétendument incapable de répondre aux « exigences de démocratie et de liberté ».
Il ne s’agit pas là d’une simple nuance ou d’un débat historiographique. C’est la reprise, presque mot pour mot, des axiomes fondateurs de l’anticommunisme promu depuis plus d’un siècle par les franges les plus réactionnaires de la bourgeoisie : l’amalgame entre socialisme et totalitarisme, la diabolisation de l’expérience soviétique, la mise en accusation du marxisme-léninisme comme système « inefficace et oppressif ». C’est le cœur de l’idéologie dominante reprise par un parti qui continue pourtant d’arborer le titre de « communiste ».
Une double trahison : des principes et de l’histoire
Comment peut-on s’indigner de la destruction d’un monument à la Résistance FTPF tout en condamnant ceux qui ont incarné la résistance armée face à Hitler ? Comment célébrer la mémoire de Maurice Thorez, de Jacques Duclos ou de Missak Manouchian, tout en condamnant le pays qui les a soutenus, armés, inspirés ? Cette schizophrénie politique n’est pas un accident : elle révèle une volonté stratégique de « respectabilité », une tentative de se réconcilier avec la petite bourgeoisie intellectuelle en sacrifiant les principes communistes les plus élémentaires.
Or, comme le rappelait dès 2011 le PRCF dans sa résolution sur « l’URSS à l’époque de Staline » (3), il n’est pas de combat efficace contre l’anticommunisme sans une dénonciation claire de l’antistalinisme primaire. Ce dernier constitue la clé de voûte de l’anticommunisme viscéral, celui qui justifie toutes les répressions, toutes les censures, toutes les falsifications historiques. Accepter ce prisme, c’est désarmer idéologiquement la classe ouvrière, c’est couper les générations futures de toute compréhension du socialisme réel, avec ses avancées, ses contradictions, ses erreurs aussi — mais surtout avec ses victoires contre l’exploitation, l’impérialisme et la guerre.
Des mots ou des actes : le PCF a des moyens d’agir mais ne les utilise pas

Alors que la droite extrême conjointement à l’extrême droite passe à l’offensive anticommuniste, il est une question qui ne devrait pas se poser. Si les maires d’extrême droite font ignoble propagande anticommuniste, que font les maires de gauche, en particulier les maires communistes contre les crimes du capitalisme, pour dénoncer les crimes de l’anticommunisme.
Avec près de 300 villes dirigées par un maire étiqueté PCF, dont 145 de plus de 3500 habitants, de fait, il y aurait matière à ne pas être uniquement dans les mots mais aussi dans les actes. C’est pourquoi les militants communistes du PRCF font la proposition d’installer dans nombre de ville des monuments à la mémoire des victimes de l’anti communisme. Militants communistes raflés et déportés, résistants, ils sont des dizaines de milliers rien qu’en France à avoir donné leur victime des crimes de l’anticommunisme durant la seconde guerre mondiale. Des crimes qui n’ont pas cessés en France depuis l’après guerre et l’entrée dans la guerre froide. Militants communistes tombés sous les coups de la répression, tels les 9 morts de Charonne, menée conjointement par la droite ou la sociale démocratie, ainsi que ceux tombés sous ceux de leurs milices fascistes, tels les trois camarades assassinés alors qu’ils protégeait le siège du PCF le 9 novembre 1956 à Paris. Mais aussi tous les camarades syndicalistes, militants anticoloniaux, travailleurs en luttes cible de la répression du totalitarisme capitaliste.
Au delà, alors qu’en se mois de septembre 2025 nous célébrerons la mémoire des trois millions de communistes indonésiens génocidés en 1965-1966 et des millions d’autres déportés, persécutés, ainsi que leur famille et ce jusqu’à maintenant, oui, la responsabilité antifasciste ce n’est pas seulement de s’indigner à Saint-Raphaël c’est aussi d’agir en établissant partout des mémorial aux victimes de l’anticommunisme.
De telles décisions, courageuses mais indispensables, sont évidemment possible, dans les pleines compétences de chacun de ces maires. Mais sans doute bien difficile quand en parralèle, la stratégie est de courir après le PS, Glucksmann, qui au parlement européen n’ont eu de cesse que de voter des résolutions ordonnant la criminalisation du communisme pour réhabiliter le nazisme et le fascisme, et que les mêmes soutiennent en Ukraine un régime célébrant les collaborateurs nazis du IIIe Reich, l’armement de ses divisions nazies, et dans le même mouvement l’interdiction et la répression du parti communiste ukrainien… Camarades, il faut donc d’urgence retrouver de la cohérence !
L’heure des clarifications
Il est temps que les militants sincères du PCF prennent la mesure du double jeu de leur direction. Le combat contre l’anticommunisme ne se mène pas à moitié, entre deux commémorations. Il exige la réappropriation lucide mais fière de notre histoire révolutionnaire. Le mouvement ouvrier ne progressera pas en tournant le dos à 1917, à Stalingrad, aux mérites des pays socialistes et des démocraties populaires, mais en s’en inspirant pour tracer une voie vers un socialisme-communisme de nouvelle génération.
Le PRCF, pour sa part, continue de défendre une approche dialectique, scientifique et révolutionnaire de l’histoire communiste, refusant les caricatures qui servent à justifier la soumission de notre classe à la grande bourgeoisie. Car comme le disait Lénine : « Seule la vérité est révolutionnaire » !
(2) https://www.pcf.fr/texte_du_39e_congr_s_l_ambition_communiste_pour_de_nouveaux_jours_heureux
(3) https://www.initiative-communiste.fr/archive/debat-sur-lurss-a-lepoque-de-staline/