Milliardaire et magnat de la presse, à Marseille, Rodolphe Saadé en Citizen Kane fait régner sa loi jusque sur l’Université !

C’est une nouvelle qui nous a été signalé par nos camarades du PRCF 13 et par Comaguer : à Marseille, le milliardaire Rodolphe Saadé – après avoir « mis au pas » le journal La Provence qu’il venait d’acheter, s’en prend maintenant aux étudiants d’Aix Marseille Université.
Sur les quais de Marseille, principal port de France, on ne peut pas ne pas faire le parralèle avec le film d’Orson Welles, Citizen Kane : un film qui raconte la vie de Charles Foster Kane, inspiré du mangat des journaux américains W Randolph Hearst

Rodolphe Saadé, milliardaire franco-libanais et patron du géant maritime CMA CGM (troisième entreprise mondiale de transport maritime en conteneur), est richissime des énormes profits qu’il a pu faire à la suite de la crise du COVID et de la flambée des couts du transports maritime et celà grâce à sa compagnie issue de la privatisation pour une bouchée de pain de la compagnie générale maritime. En 1996 la France brade pour 20 millions de franc la CGTM qu’il venait de recapitaliser à hauteur de 1.275 milliards de Francs et doté de 900 millions de francs de trésorerie et de seulement 200 millions de Francs de dette. Un jackpot à au moins 2 milliards de Francs. Fort de ses 8 milliards de dollars de fortune personnelles, ce patron très proche de Macron s’est imposé comme un acteur majeur dans le paysage médiatique français. En 2022, il rachète La Provence et Corse-Matin, marquant son entrée dans la presse régionale. Il prend ensuite une participation dans la chaine de télévision M6, acquiert le journal d’actualités économiques La Tribune, et annonce le rachat d’Altice Media, incluant les puissantes chaines d’opinion BFMTV et RMC. Plus récemment, en 2025, il s’empare du média en ligne Brut, consolidant un empire médiatique diversifié. Ces acquisitions marquent un évident souhait d’influence potentielle sur l’opinion publique.

Proche d’Emmanuel Macron, Saadé est accusé d’interventionnisme, notamment lors de visites présidentielles à Marseille. Auditionnées par les députés en septembre 2025, le milliardaire s’en défend : «Les journaux ou chaînes de télévision qu’on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m’immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux», a-t-il déclaré lors d’une audition devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée. Face au député de gauche (LFI)  René Pilato qui suggérait une «grande loi de séparation des entreprises et des médias», l’homme d’affaire prétend agir en philantrope pour défendre la vérité des faits : «Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l’indépendance et la qualité de l’information.«  Si nous voulons continuer à produire de l’information en France« .

Une hypocrisie complète lorsque l’on sait que en s’asseyant sous les ors de l’Assemblée Nationale pour y faire entendre sa bonne parole, ce grand capitaliste venait tout juste de provoquer une réaction de colère des Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune dénonçant qu’«une prise de position de Rodolphe Saadé sur l’actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l’antenne de BFMTV»  : la chaine d’infos en continu venait en-effet de diffuser des extraits écrits tirés d’une tribune de la main de Saadé lui même publiée dans La Provence après le mouvement «Bloquons tout» du 10 septembre. «Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation», y écrivait notamment M. Saadé. De la même manière que les ouvriers de Ford étaient libres de peindre de toutes les couleurs à condition que cela soit du noir les Ford T, les médias de M Saadé sont évidemment libres de publier les pensées politiques rayonnantes, de leur propriétaire.

Et gare à eux s’ils mordent le traits. Par exemple en déplaisant à son comparse Macron, locataire de l’Elysée. Le 22 mars 2024 c’est à la Une du journal La Provence que le directeur de la publication est obligé de s’agenouiller : « Nous avons induit nos lecteurs en erreur, et La Provence leur présente ses plus profondes excuses. » voilà le message de contrition du directeur de la publication, Gabriel d’Harcourt. C’est que la veille le quotidien a mis à sa une un titre décrivant le sentiment profond des marseillais à la suite d’une visite de propagande de Macron et de son ministre de droite extrême Darmanin, se mettant en scène dans une énième opération Potemkine de lutte contre le traffic de drogue qui gangrène la 2e ville de France. Un titre qui est la citation du propos d’un marseillais de la Citée de la Castelanne : « Il est parti, et nous, on est toujours là ». Le directeur de la Provence Aurélien Viers était lui mis a pied et menacé de licenciement, sanction imposée par l’actionnaire de CMA CGM.

Fort de cette autorité indéniable, ce phare de liberté ne ménage pas ses efforts pour faire rayonner sa bonne parole ultra capitaliste. C’est ainsi qu’il est intervenu en octobre dernier auprès des étudiants de l’université d’Aix Marseille. Problème les étudiants, dont certain ont sans doute – naiveté de la jeunesse – crue que ses bonnes paroles sur la liberté étaient sincère, se sont permis de lui adresser des questions pointues. Mettant le milliardaire sur le gril et en difficulté. Les mauvaises langues diront sans doute, qu’il est sans doute plus facile de répondre aux questions des journalistes « d’investigation » et autre « éditorialistes à gage » qu’il stipendie. Colère et vengance. La journaliste Zoé Cottin de Marsactu, un média indépendant de Marseille, rapporte que dans les jours qui ont suivi, les directrices de la licence Droit et science politique de l’université de Marseille ont vertement engueulé les étudiants : un courrier leur a été envoyé pour « rappeler le rôle financier joué par le mécène de l’université ».

PRCF13 pour www.initiative-communiste.fr