
Cela n’a pas fait la Une des journaux télévisés. Cela aurait dû. Car la décision définitive prise par les USA de Trump de se retirer du traité FNI limitant les missiles à têtes nucléaires atomiques de portée intermédiaire fait peser une menace mortelle pour le monde, et tout particulièrement pour le vieux continent. Rappelons que ce traité est le résultat des négociations conclues en pleine guerre froide à la suite du déploiement des missiles Pershing par l’OTAN contre les pays soviétiques. 
Ce silence total n’est pas un hasard. C’est que l’Union Européenne ne défend pas la paix. Parti intégrante de l’OTAN – les traités européens obligent à ce que les armées des pays de l’Union soient inféodées à l’alliance sous la coupe de Washington – l’Union Européenne est une construction impérialiste agressive. En témoigne par exemple ses actions belliqueuses et sanglantes en Ukraine ou en ex-Yougoslavie. Plus que jamais pour la paix, l’urgence est à briser les chaînes de l’Union Européenne, à se mobiliser pour en sortir et sortir de l’OTAN
Manlio Dinucci
Le  secrétaire d’État Mike Pompeo a annoncé hier (2 août 2019) après six  mois de suspension, le retrait définitif des États-Unis du Traité sur  les Forces nucléaires intermédiaires (INF ou FNI), accusant la Russie de  l’avoir “délibérément violé, mettant en danger les intérêts suprêmes  USA”. À cette nouvelle n’a été donné en Italie que très peu d’écho  politique et médiatique (l’Ansa –agence de presse nationale italienne–  ne lui a consacré que quelques lignes). Et pourtant nous sommes devant  une décision qui a de dramatiques implications pour l’Italie, exposée  comme d’autres pays européens à se tenir en premières lignes dans une  nouvelle confrontation nucléaire USA-Russie non moins dangereuse que  celle de la guerre froide.

Le Traité FNI, signé en 1987 par les présidents Gorbachev et Reagan, élimina tous les missiles nucléaires à courte portée et à portée intermédiaire (entre 500 et 5 500 Km) avec base au sol, avant tout les missiles balistiques Pershing 2, déployés par les États-Unis en Grande-Bretagne, Italie, Allemagne de l’Ouest, Belgique et Pays-Bas, et en même temps les missiles balistiques SS-20 (appellation occidentale) basés par l’Union Soviétique sur son propre territoire.

   En 2014, l’administration Obama accusait la Russie, sans apporter  aucune preuve, d’avoir expérimenté un missile de croisière (sigle 9M729)  de la catégorie interdite par le Traité et, en 2015, annonçait que  “face à la violation du Traité FNI par la Russie, les États-Unis sont en  train de considérer le déploiement en Europe de missiles avec base au  sol”. Le plan a été confirmé par l’administration Trump : en 2018 le  Congrès a autorisé le financement d’ « un programme de recherche et  développement d’un missile de croisière lancé du sol par plate-forme  mobile sur route”.    De son côté, Moscou niait que son missile de croisière violât le Traité  et, à son tour, accusait Washington d’avoir installé en Pologne et  Roumanie des rampes de lancement de missiles intercepteurs (ceux du  “bouclier”), qui peuvent être utilisées pour lancer des missiles de  croisière à tête nucléaire. Dans ce cadre il convient de garder à  l’esprit le facteur géographique : tandis qu’un missile nucléaire USA à  portée intermédiaire, basé en Europe, peut frapper Moscou, un missile  analogue basé par la Russie sur son propre territoire peut frapper les  capitales européennes, mais pas Washington. Si l’on inverse le scénario,  c’est comme si la Russie déployait des missiles nucléaires à portée  intermédiaire au Mexique.
    “Les États-Unis -souligne Mike Pompeo dans sa déclaration- apprécient  grandement la constante coopération et détermination des alliés OTAN  dans leur réponse à la violation russe du Traité”. Appréciation méritée :  les alliés, Italie comprise, ont déclaré la Russie coupable d’avoir  violé le Traité en acceptant les yeux fermés l’accusation faite par les  USA sans aucune preuve réelle.
    L’effacement du Traité FNI, suspendu aussi par la Russie le 3 juillet,  s’insère dans une nouvelle course aux armements désormais basée non tant  sur la quantité mais sur la qualité des armes nucléaires et de leurs  vecteurs, et sur leur localisation. Des sources militaires informent que  les États-Unis sont en train de mettre au point de nouveaux missiles  nucléaires à portée intermédiaire avec base au sol, aussi bien de  croisière que balistiques (ceux-ci capables de frapper leurs objectifs à  6-8 minutes du lancement). La Russie a prévenu que, s’ils sont basés en  Europe, elle pointera ses missiles nucléaires sur les territoires où  les missiles USA seront installés.
    L’enterrement du Traité FNI a un objectif stratégique ultérieur. C’est  ce qu’a révélé Pompeo lui-même, en accusant la Chine de déployer (sur  son propre territoire) des missiles nucléaires à portée intermédiaire  avec base au sol avec lesquels “elle menace les États-Unis et leurs  alliés en Asie”. Le secrétaire d’État Pompeo prévient ensuite : “Il n’y a  pas de raison que les États-Unis continuent à concéder cet avantage  militaire crucial à des puissances comme la Chine”. Les USA donc se  préparent à déployer de nouveaux missiles nucléaires à portée  intermédiaire non seulement contre la Russie mais aussi contre la Chine.  Toutes les deux en mesure de répondre en déployant de nouvelles armes  nucléaires.
    Significative, la position de la Commission Européenne, qui a déclaré  hier : “Nous encourageons à préserver les résultats du Traité FNI, nous  devons être attentifs à ne pas prendre la voie d’une nouvelle course aux  armements qui réduirait les résultats significatifs atteints après la  fin de la Guerre froide”. Il faut un sacré toupet pour déclarer cela,  après que cette même Union européenne a contribué à l’enterrement du  Traité FNI : à l’Assemblée Générale de l’ONU (21 décembre 2018), l’Union  européenne compacte a rejeté la résolution par laquelle la Russie  proposait de préserver le Traité en établissant des mécanismes de  vérification et des négociations. 
L’Union  européenne a donné ainsi de fait le feu vert à l’installation de  nouveaux missiles nucléaires USA en Europe, Italie comprise.
Édition de samedi 3 août 2019 de il manifestohttps://ilmanifesto.it/affossato-il-trattato-inf-in-arrivo-nuovi-euromissili-europa-complice/ Traduit de l’italien par M-A P.
illustration Initiative Communiste
 
			 
    	
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