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Cote d’ivoire 2011 : la bataille perdue de la « seconde indépendance » par Robert Charvin

20 septembre 2025
Temps de lecture19 mins de lecture
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Par Robert Charvin – Le temps n’est pas lointain où les États de l’Afrique francophone, malgré les indépendances (formelles) octroyées en 1960, étaient traités comme des sous-préfectures françaises. Les citoyens de l’ex-métropole, quant à eux, étaient conduits à « regarder ailleurs » pour qu’ils évitent de faire le constat d’une Afrique mutilée[1] en toute impunité par les intérêts français.

  1. Illustrations spectaculaires, celles d’opérations datant de la IV° République née pourtant de la victoire sur le nazisme, comme le massacre des Malgaches par milliers en 1947 sous la responsabilité de Ministre « socialiste » Marius Moutet[2] et celle de la répression sauvage des militants de l’UPC (Union des Populations du Cameroun) aux alentours des années 1960.

La victoire électorale de MDRM, organisation malgache pro-indépendantiste  aux premières élections législatives aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, a entraîné le gouvernement français, pourtant né de la Résistance, à décider « d’abattre le mouvement par tous les moyens » et d’user de la répression la plus violente contre ses militants et ses dirigeants, dont certains seront condamnés à mort.

Les autorités coloniales, appuyées par les colons, ont massacré plusieurs milliers de patriotes, membres du parti de l’indépendance, ce que les médias et les historiens académiques qualifiaient « d’événements de 1947 », initiés par une provocation française, selon les dirigeants du MDRM, précédant une réaction populaire révolutionnaire.

Au Cameroun, où règne depuis plus de 40 ans le Président Biya, collaborateur actif des intérêts français, et pays sur lequel pèse un silence total des médias, l’U.P.C (Union des Populations du Cameroun), d’orientation marxiste, a, durant de longues années avant l’indépendance, animé le mouvement de libération violemment réprimé. Ses dirigeants ont été assassinés en Europe par les services spéciaux français et ses militants au Cameroun éliminés selon des méthodes les plus barbares[3]. La répression française s’est poursuivie sous la présidence d’Ahidjo, collaborateur du néocolonialisme aux lendemains de « l’indépendance »… Après des décennies de règne, Biya est toujours président, avec le soutien de la France ….

Ces deux cas concernent en réalité tous les États africains francophones, quelle que soit leur particularité, qu’il s’agisse des dernières années de colonisation ou des années postérieures à la « première indépendance » de 1960 qui n’a prévu qu’une autonomie relative et une forte subordination à la « Françafrique » : les oligarques des grands groupes économiques et financiers, assistés des services spéciaux des gouvernements français (de droite comme de « gauche ») et les collaborateurs locaux ont exercé leur domination sur la vie politique et sociale des 35 pays africains privés de surcroît d’une monnaie nationale et soumis au « franc CFA »[4].

La « démocratie », réduite à des élections toujours plus ou moins frauduleuses, mais cautionnées par les autorités françaises, était enfermée dans les options parisiennes de la droite ou de la social-démocratie occupant l’Élysée et Matignon. Le Président Chirac en 1990 a osé déclarer, par exemple, alors que la répression frappait l’opposition en Côte d’Ivoire : « Il y a des régimes à parti unique où la démocratie est parfaitement respectée : je pense à la Côte d’Ivoire », celle d’Houphouët-Boigny[5] !

17 ans plus tard, le Président Sarkozy, inspiré par son conseiller Henri Guaino, exprimant la position de la France officielle, manifeste sa méconnaissance totale de toute culture africaniste en affirmant haut et fort et sans complexe, dans son discours de Dakar du 26 juillet 2007, que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire », la France n’y étant pour rien[6] !

N’étaient pas épargnées les « perles » de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal (qui a pris ses distances avec la France en 2025) et la Côte d’Ivoire[7] riche de son cacao et du pétrole du Golfe de Guinée et qui depuis des décennies demeure sous la tutelle des grands groupes économiques et financiers de l’ex-métropole, Bolloré, Bouygues, BNP Paribas, Total, France Télécom, etc. et sous la garde (interventionniste) de l’armée française (La Licorne) basée entre l’aéroport et le centre-ville d’Abidjan !

  • De la 1ère indépendance de 1960 jusqu’en 2000 (soit durant 40 ans), la Côte d’Ivoire ne connaît pas, avec la complicité de ses autorités nationales, une souveraineté effective. Le « business » franco-ivoirien est stabilisé par les liens étroits tissés entre la bourgeoisie d’État ivoirienne et les milieux d’affaires français[8].

En 2000, un bouleversement se produit : Laurent Gbagbo, dirigeant du F.P.I, principale force d’opposition, est élu à la présidence de la République. Il est le candidat de la « Seconde Indépendance » et de la souveraineté ivoirienne, après avoir connu la prison et l’exil. L. Gbagbo, tout au long de son mandat va connaître toutes les agressions de la Françafrique hostile à toute velléité d’une authentique libération du peuple ivoirien, jusqu’au coup d’État de mars 2011, dirigé par Ouattara, étroitement lié aux intérêts français et américains, et bénéficiaire d’un soutien populaire hétéroclite. Mais comme le souligne le Doyen de la Faculté de Droit d’Abidjan[9], la Côte d’Ivoire appréciée par l’État français est celle dont les droits de l’homme sont « abondamment proclamés », mais « insuffisamment protégés » et « constamment violés ». Le professeur Gonidec, de la Faculté de Droit de Paris, l’un des rares juristes africanistes, dénonçait les « centaines de complots organisés contre l’indépendance de l’Afrique, facilités par la corruption de ses « élites », le fractionnement ethnique de la société civile, et les multiples ingérences étrangères ».

Lors d’un entretien personnel à Abidjan, en mars 2011, le Président Gbagbo a posé la question qui s’adressait au gouvernement français : « Mais que faut-il faire pour satisfaire la France ? Faut-il accepter tout ce qu’elle exige sans tenir compte de l’intérêt national ? » Et de regretter vivement que le Parti Socialiste français, par le relais de J. Lang, lui ait demandé de se retirer de la présidence, au lieu de manifester la moindre solidarité ! La social-démocratie faisait ainsi une démonstration supplémentaire d’une pratique analogue à celle de la droite la plus conservatrice dans sa politique coloniale.

  • Le coup d’État réalisé contre le FPI et L.Gbagbo avec l’aide de l’armée française basée à Abidjan par les « Forces Nouvelles » du Nord, bras armé de Ouattara, en 2011, avec la « sympathie » de l’Union Européenne et des États-Unis, fait la démonstration de l’incapacité occidentale d’être lucide sur l’effondrement de son influence et de ses intérêts profonds, notamment culturels sur le continent africain.

Dans les années 2020, les États du Sahel, le Sénégal, le Centre Afrique, malgré la violence destructrice subie par la Libye, l’Irak, la Syrie et tous les États voisins d’Israël par la politique belliciste de Tel Aviv, ont préféré prendre leur distance avec la France, que les populations africaines ne supportent plus, choisissant par ailleurs la Russie, la Chine ou la Turquie qui n’imposent aucune condition à leur coopération active.

L’avenir de l’Afrique qui se profile semble devoir se faire sans l’Occident et sans la France. Le Ministre d’État belge socialiste, G. Spitaels est plus clairvoyant : dès 2011, précisément, il rappelle[10] que « l’Afrique comptera 2 milliards d’habitants avant que ce siècle soit à mi-course et sera le continent le plus lourd après l’Asie ». « L’Occident ne représentera qu’une dizaine de pour cents de la population mondiale… »…. « permettant un rôle plus égal que les peuples de la planète pourront enfin assumer ».

La France de 2011, conserve encore ses illusions et se croît toujours puissance impériale pouvant intervenir à son gré dans les affaires intérieures des peuples du Sud[11].

  • Durant 10 ans, les victoires du FPI et de la présidence L. Gbagbo ont été une alerte prémonitoire pour les partisans de l’hégémonie néocoloniale de la France sur la Côte d’Ivoire et les derniers pays encore soumis.

Depuis 2011, les autorités politiques et les firmes françaises installées en Côte d’Ivoire, pas plus que les dernières forces armées encore présentes à Abidjan, malgré leur impopularité, comme partout ailleurs en Afrique, ne prennent en considération les mutations générationnelles et idéologiques que connaît la population ivoirienne et particulièrement la jeunesse étudiante. Celle-ci n’est certes plus le mouvement dynamique et révolutionnaire que dirigeait Blé-Goudé, de la grande époque du FPI triomphant, mais elle est toujours une force de frappe potentielle contre les intérêts étrangers et contre le régime ouattariste conduit à conclure des compromis politiques avec les oppositions et à jouer sur  les divisions entre religions et les 60 ethnies du pays, quitte à favoriser des fractures dangereuses pour l’unité nationale ! Les élections manipulées (comme la mise à l’écart de L. Gbagbo pour les nouvelles élections présidentielles) ne suffisent plus à sauvegarder ce qu’il reste du « pré carré colonial français » !

A la tentative d’une social-démocratie progressiste qu’incarnaient L. Gbagbo et le FPI, dans sa majorité, ne peut que succéder un radicalisme anti-occidentaliste proche des Brics et intégrés au « Sud Global ». Les intellectuels du FPI et L. Gbagbo lui-même de 2000-2011[12] avaient une riche culture française et n’étaient pas partisans d’une déconnexion révolutionnaire que préconisait, par exemple, Samir Amin. Ils connaissaient la France et avaient une forte proximité avec les progressistes français, placés pourtant dans une situation profondément différente. L. Gbagbo a vécu à Paris, était diplômé de l’enseignement supérieur français, comme de nombreux universitaires ivoiriens membres du FPI ; il était à la fois chrétien et marxiste, essentiellement indigné de la condition faite à son peuple et partisan convaincu de la nécessaire « Seconde Indépendance » de son pays, ce qui ne signifiait pas pour lui la rupture avec la France, malgré l’hostilité permanente qu’elle lui manifestait dès 2002 (tentatives de coup d’état, sanctions financières, pressions multiples, menaces militaires, etc.). Le soutien aux nordistes musulmans et à certaines populations des banlieues (comme Abobo), traités dans les villes françaises comme les pires ennemis de l’ordre établi, était dissimulé à l’opinion française, ignorant les activités du business transnational, les médias étant très loin de faire état de la réalité de la politique française de 2000-2011[13].

Depuis le décès d’Houphouët-Boigny en 1993, la France a tenté par tous les moyens d’imposer une stabilité visant à sécuriser les investissements français et occidentaux. Elle a soutenu la présidence du milliardaire Bédié, elle a dévalué le franc CFA pour réduire le coût des salaires et favoriser des privatisations favorables aux investisseurs privés[14].

La France a ainsi travaillé à opposer les Ivoiriens entre eux et a empêché le gouvernement d’Abidjan d’éliminer la rébellion installée au Nord, ravitaillée par les frontières du Burkina Faso, dirigée par Compaoré, l’assassin de Sankara ! L’armée française a joué le rôle de « garde prétorienne » pour ceux qui combattaient le FPI et L. Gbagbo, et particulièrement pour Ouattara, l’ami des Américains et des Français (particulièrement les chocolatiers et les pétroliers) et plus généralement du capital international, fréquenté lors de ses activités au sein du FMI !

L’asphyxie financière a été pratiquée en 2011 : les banques françaises ont joué leur rôle de gel des avoirs et des dépôts personnels des Ivoiriens. La France avait eu peur de l’apparition du « MIR » (« Monnaie Ivoirienne de Résistance »), dont les premiers billets sont apparus bien que n’étant jamais entrés en circulation, le projet de substitution au « Franc CFA » (modérément réformé), toujours envisagé en 2025, n’a pu se réaliser.

Laurent Gbagbo et les autorités légales, conscients de la faiblesse de l’armée régulière, de la police et de la gendarmerie et affaibli par les divisions des forces progressistes[15], n’ont pu qu’essayer de résister jusqu’à l’arrestation par des militaires français du Chef de l’État ivoirien !

Dans les derniers mois du régime Gbagbo, en effet, tout s’est conjugué contre le FPI, que ce soit sur le terrain ou à l’ONU encore favorable à l’époque à ses ennemis occidentaux. Le représentant des Nations Unies à Abidjan est un Sud-coréen, ami fidèle des États-Unis dont la présence s’était renforcée en Afrique (par exemple, au Rwanda, en Ouganda, etc.). Le politiste B. Badie avait  souligné que pour la Côte d’Ivoire « l’ONU a été juge, pas médiatrice ! » (Le Monde 11.01.2011). Seule l’unité africaine rêvée par N’Krumah, mais qui n’existait pas, aurait pu sauver le régime du FPI, pouvait le protéger des clivages multiples qui le déchiraient (la division des Ivoiriens de souche et les migrants venus depuis les années 30, moins coûteux pour les colons que les autochtones Baoulés (majoritaires dans le pays, surtout dans le Sud), le conflit religieux entre chrétiens et musulmans mâtinés d’animisme, faciles à conflictualiser, par exemple lors de l’offensive finale des « Forces Nouvelles » en avril 2011, massacrant à Duékoué[16] les réfugiés laissés sans protection.

La contre « révolution », malgré le processus pourtant très « soft » de L. Gbagbo, ne pouvait que l’emporter : le régime du FPI avait été patient et modéré. Il avait fait confiance aux autorités françaises et à leur compréhension, particulièrement à celles d’une gauche socialisante encore puissante.

14 ans plus tard, Ouattara est toujours Président d’une Côte d’Ivoire qui devient l’un des derniers bastions de l’influence néocolonialiste française. Le temps du désamour avec l’Occident cependant est advenu : l’Afrique devient africaine et Dieu n’est plus blanc. Le « rêve blanc » du continent noir est enfin abandonné : le pseudo-mimétisme inapproprié est en train de mourir, y compris à Abidjan.

De manière très symbolique, L. Gbagbo, appartenant à l’ethnie des Krous (12% de la population ivoirienne), syndicaliste et universitaire, s’est opposé et a été vaincu par Ouattara, descendant d’une famille princière du Burkina Faso, professionnel des milieux financiers internationaux (notamment au FMI), en relation avec les milliardaires occidentaux (par exemple Bouygues) ainsi qu’avec les politiciens français conservateurs.

L’affrontement est un reflet de la lutte des classes dans l’ordre interne et international, entre le Sud et le Nord, se conjuguant avec une guerre inter-ethnique et religieuse, prélude aux combats de l’avenir entre l’Occident et les Brics et le Sud Global, c’est-à-dire avec la « majorité mondiale », selon la formule de Pékin.

L’initiative de la guerre contre le pouvoir du FPI revient à l’État français, et à la violence extrême du RDR, le parti de Ouattara et de celle des « Forces Nouvelles » composées d’un sous-prolétariat le plus souvent de culture musulmane et d’origine rurale. Cette structure sociale des anti-progressistes ivoiriens illustre la complexité des conflits africains ainsi que les ressemblances et différences avec les affrontements dans le monde industriel[17].

En 2025, rien n’est réglé à Abidjan. Une pseudo réconciliation a été proclamée[18] entre les camps Ouattara et Gbagbo (qui s’est vu cependant retirée la possibilité de faire acte de candidature aux élections présidentielles). Les rapports de force politiques sont incertains en raison des divisions du camp progressiste, bien que la Côte d’Ivoire soit désormais loin des conflits datant de la guerre froide. Les événements de 2011 étaient déjà d’une autre nature : la question de la souveraineté nationale du peuple ivoirien, condition de son développement et du progrès social est toujours posée dans toute sa complexité. Les mutations dans les États du Sahel et au Sénégal semblent prémonitoires. L’évolution de l’Union Africaine dans ses relations avec le Nord ainsi que les rapports de force entre la Chine et les États-Unis décideront de l’avenir[19]. S’ajoute l’hypothèque des multiples contradictions et handicaps que poseront les désordres climatiques, la sécheresse et les diverses pollutions.

Robert Charvin est Membre de l’ASCADE (Académie des Sciences, des Arts et des Culturesd’Afrique et des diasporas africaines) – Membre de la Commission Internationale d’Enquête sur les violations des Droits de l’Homme post-électorales (Côte d’Ivoire. janvier-mars 2011)

Une tribune proposée à IC par le secteur études et prospectives – 20 septembre 2025


[1]Cf. Aminata Traoré, N. M’Dela Mounier. L’Afrique mutilée. Taama Éditions. 2012.

[2]Cf. J. Rabenach Jara. « Témoignage », in L’Afrique Noire française. L’heure des indépendances (s. dir. De C. Ageron et Marc Michel, Ed. CNRS. 1992, p. 623 et s.

[3]On peut citer, parmi les méthodes des représentants de l’ordre public à la veille de l’indépendance, le cas de simples distributeurs de tracs de l’UPC, condamnés par la justice coloniale à des peines de quelques mois, mais en fait condamnés à mort par asphyxie en raison de leur incarcération dans des wagons abandonnés sur des voies de triage, exposés au soleil africain durant quelques jours et totalement privés d’eau ! Officiellement, il n’a été question que de la négligence de quelques subordonnés…

[4]Cf. N. Agbohou. Le franc CFA et l’Euro cotre l’Afrique. Éditions Solidarité Mondiale. 1999.

      Voir aussi N. Agbohou. Les solutions salvatrices de l’Afrique. Prospérité et liberté des peuples africains. Éditions Solidarité Mondiale A.N. 2023.

[5]Dès 1962, René Dumont pouvait écrire (L’Afrique est mal partie. Le Seuil, p. 70-71) « La brusque accession au pouvoir sans contrôle a troublé certains esprits, corrodé le sens moral. La corruption était certes connue du milieu colonial…. Depuis l’indépendance, elle semble prendre dans certains pays, notamment la Côte d’Ivoire, des proportions effarantes ». Le grand historien africain Joseph Ki-Zerbo (A quand l’Afrique ? Entretien avec René Holenstein. Seuil. 2003) souligne pour sa part que « la période coloniale n’était pas une bonne préparation à la démocratie ». Avec J. Foccard, Houphoët-Boigny pouvaient affirmer que « ce qui est bon pour la France est bon pour l’Afrique » (cité par A. Glasert et S. Smith in L’Afrique sans Africains. Le rêve blanc du continent noir. Stock. 1994).

[6]L’indignation s’est manifestée dans toute l’Afrique pour ce mépris de la réalité attestant d’une ignorance affectant le prestige de la France. Voir, parmi les réactions, l’ouvrage collectif sous la direction de Makhily Gassama. L’Afrique répond à Sarkozy. Contre le discours de Dakar. Éditions Philippe Rey. 2009.

[7]Cf. R. Charvin. Côte d’Ivoire 2011. La bataille de la seconde indépendance. Préface du Doyen R. Degni-Segui. L’Harmattan. 2011.

      La France n’a cessé d’intervenir dans la vie politique, économique et sociale de la Côte d’Ivoire (comme dans les autres pays africains francophones malgré les indépendances de 1960). Elle est allée jusqu’à soutenir une insurrection armée contre le pouvoir légal « au nom des droits de l’homme et de la protection des Français » (!) qui finira par l’emporter avec l’appui direct de l’armée française, basée à Abidjan ! L’ouvrage est le fruit des mois d’enquête dans l’ensemble de la Côte d’Ivoire (à l’exception du Nord, occupé par la rébellion) de la Commission d’Enquête Internationale sur les droits de l’homme de la période post-électorale (janvier-mars 2011).

[8]Ont été, par exemple, associés au groupe Bolloré, S. Ouégnier, fils du chef du protocole d’Houphouët-Boigny, L. Aié, fille du Président Bédié, J. Aka, neveu d’Houphouët-Boigny, etc. Inversement, les groupes français ont pris des participations dans les grandes sociétés ivoiriennes. Bouygues, par exemple, avec la compagnie d’électricité et la société des eaux. Total a acquis 25% de la société ivoirienne de raffinage et France Télécom a acquis des parts du principal opérateur ivoirien des télécoms, etc. Le cacao est tenu par les transporteurs et grossistes qui l’exportent vers les chocolatiers français et américains, et.

[9]Cf. R. Dégni-Ségui. Les droits de l’homme en Afrique francophone. Théories et réalités. CEDA. 2001.

      L’auteur note qu’avant 1960, la Convention Européenne des droits de l’homme elle-même, ratifiée par la France en 1953, n’a pas été mise en application dans ses colonies au mépris de l’article 63 qui le permettait : la France invoquait les soi-disant « nécessités locales » qui donnaient l’occasion d’en différer la mise en œuvre !

[10]Cf. G. Spitaels. L’hégémonie contrariée. Obama 2 ans après. Éditions Luc Pire. 2011.

[11]L’échec de l’URSS dix ans plus tôt avait, il est vrai, conforté la croyance que l’Occident avait gagné « la guerre froide » et qu’il avait devant lui « l’éternité », l’Histoire étant terminée.

[12]Cf. A.J. Mbem. Laurent Gbagbo. L’intellectuel et le politique. L’Harmattan. 2010.

      Il faut rappeler que L. Gbagbo, syndicaliste, a été emprisonné de 1982 à 1988, puis en 1992, avant de diriger le Front Patriotique Ivoirien. Élu Président de la République en 2000, mandat prolongé en 2005 en raison de la guerre civile déclenchée par les « Forces Nouvelles » de Soro, réélu en 2010-2011, mais contesté par la France et par l’opposition dirigée par Ouattara.

[13]Il faut ajouter que l’internationalisme militant, tradition française de longue date, s’est progressivement effacé depuis la mobilisation pour « la paix en Algérie ». Les agressions contre la Libye et contre la Côte d’Ivoire n’ont suscité que des condamnations formelles : la solidarité est restée très limitée.

[14]La nature privée des entreprises facilite l’évasion fiscale et l’opacité des circuits financiers qu’ont permis la co-gestion franco-ivoirienne, source d’une dette « publique » importante mais colmatée par l’argent public français ! Les services spéciaux français ont participé eux-mêmes à ces trafics, mis au service des différents leaders ivoiriens, selon les rapports de force s’établissant entre eux.

      Cf. F.X. Verschave. Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique. Éditions Les Arènes. 2000.

[15]Émile Doudou Boga, Premier Ministre de l’Intérieur de L. Gbagbo, a été « mystérieusement » assassiné, sans qu’une enquête sérieuse soit réalisée et la peur qui régnait au sein du Conseil Constitutionnel devant proclamer les résultats des élections présidentielles témoigne des questions insurmontables se posant au FPI.

[16]Ce massacre, pratiqué par les alliés de Ouattara et du gouvernement français, a été passé sous silence depuis 2011, pour la plus grande indignité des « champions des droits de l’homme » parisiens plus sensibles, semble-t-il, aux intérêts français et au racisme anti-noir ! Il faut rappeler que les « Forces Nouvelles » avaient été formées et encadrées par des officiers français …

[17]Le massacre des réfugiés du camp de la petite ville de Duékoué effectué par les « Forces Nouvelles » venues du Nord, les 27-19 mars 2011, à la veille de l’occupation d’Abidjan les 30-31 mars en est l’illustration. Le chiffre exact des victimes est inconnu, mais il est de plusieurs centaines de morts. Ces réfugiés sans protection savaient à l’avance ce qui les attendait malgré les alertes des ONG et de la Commission Internationale de Juristes sur les Droits de l’homme qui avaient saisi les autorités d’Abidjan des menaces qui pesaient. Le comble a été atteint avec la mise en accusation de Laurent Gbagbo devant la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité qui n’a pas plus de fondement juridique que la multiplication des mandats présidentiels exercés par Ouattara en violation de la Constitution ivoirienne. Le long emprisonnement à La Haye de Laurent Gbagbo et son acquittement prononcé par la CPI le 15janvier 2019, confirmé par la Chambre d’appel le 31 mars 2021, sont néanmoins à l’origine du discrédit dans les pays du Sud d’une justice politique, œuvre prématurée de l’Occident, faute d’une existence d’une « communauté » internationale effective : seuls les responsables des États les plus faibles peuvent relever effectivement de la compétence de la Cour ! L’Afrique humiliée en a tiré les conséquences et tend à constituer une justice inter-africaine sur d’autres bases.

      L’analyse des Occidentaux et des services propagandistes de Ouattara est restée fondée sur un argumentaire très primitif accusant Laurent Gbagbo d’incarner « l’extrémisme populiste » (vocabulaire très français), « ayant la volonté d’instaurer une dictature sanglante, fasciste et marxiste » (C’était la conclusion des services de John Tano Nyamke).

[18]Voir C. Koudou (ss. Coord.). Des pensées de Laurant Gbagbo. Quel message pour la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. L’Harmattan. 2017.

      Les partisans de L. Gbagbo ont, malgré l’incarcération du Président Gbagbo dans les prisons de la CPI à La Haye, insisté sur la nécessaire réconciliation de la Côte d’Ivoire, en dépit de tous les obstacles qui en 2017 étaient loin d’être levés. Les pratiques des Commissions de réconciliation créées par le régime Ouattara et les alliés à l’international n’ont pas été appréciées par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme et diverses autres ONG. Quant aux puissances interventionnistes occidentales, elles ne sont en rien favorables à la promotion de la souveraineté nationale de l’un des divers États de l’Afrique encore soumis.

[19]Les ouvrages sur la colonisation publiés dans les années 90-2000 sont obsolètes par leur archaïsme.Les descriptions qu’ils présentent semblent relever d’une autre planète.Voir, par exemple P. Guillaume. Le monde colonial. XIX°-XX° siècle. A. Colin. 1994, qui rappelle que « christianisation et commerce associés » ont fait triompher la civilisation, et de citer le Te Deum clôturant l’exposition coloniale de 1931 rendant hommage au « génie civilisateur de notre chère France ! ». L’auteur précise que le travail forcé dans les colonies « était une forme transitoire de la prise de conscience indigène » (p. 232). C’était une « obligation, car l’indigène n’avait pas conscience par lui-même du progrès possible ». Ses conclusions sont sans nuances (p ; 271) : « dénoncer les excès de la colonisation … est absurde ; la conquête a parfois été cruelle, mais pas plus que la répression de la Commune ou la Grande guerre ».

Tags: AfriqueCôte d'Ivoireimpérialisme américaininternationalLaurent GbagboOuattararobert charvin
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