Les mobilisations dans les régions du sud des Andes (Apurímac, Ayacucho, Puno) contre Dina Boluarte ont joué un rôle important. Le rejet populaire de sa présidence était déjà massif, mais son taux d’approbation a plongé, jusqu’à 5 % selon certaines sources, lors de la dernière année.
La vice-présidente Dina Boluarte, arrivée à la présidence le 7 décembre 2022 après le coup d’État violent mené sur ordre de l’ambassade US contre le président démocratiquement élu Pedro Castillo (élu en 2021 avec un programme de gauche porté par Pérou Libre et une promesse de réformes profondes), a été soumise à de nombreuses enquêtes. Elle a été accusée de porter des montres et des bijoux coûteux non déclarés, ou « Rolexgate ». En décembre 2022, elle a refusé de démissionner à la suite des violentes répressions de son régime qui avaient fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, lors des manifestations dans le sud.
Les causes profondes de la révolte sont multiples. Parmi les plus marquantes, il y a l’explosion des inégalités sociales et économiques, la centralisation autoritaire du pouvoir à Lima, et un système politique corrompu et déconnecté des préoccupations des citoyens. Le pays est traversé par une forte montée de la criminalité organisée, dont les assassinats ciblés et l’extorsion qui ont augmenté de 478 % depuis 2019. Dans un tel contexte, la légitimité de sa présidence a été plus que précaire, car sa prise du pouvoir s’est illustrée comme un « régime par assemblée », son gouvernement dépendant d’une relation transactionnelle avec le Parlement.
L’événement déclencheur de sa destitution a été l’attaque armée sur le concert du groupe Agua Marina à Lima qui a été relayée comme un signal du désordre d’État et qui a contribué à précipiter la procédure. Ses soutiens politiques, les partis parlementaires Fuerza Popular, Alianza para el Progreso et Renovación Popular, classés à droite et extrême droite ont basculé vers sa destitution. Leur retournement a été crucial pour créer une majorité écrasante nécessaire à la vacancia : dépôt de plusieurs motions, examens en séance. Le mécanisme constitutionnel utilisé, c’est l’article 113 de la Constitution péruvienne qui prévoit la vacancia pour « incapacité morale permanente », que le Parlement a approuvé par 122 voix sur 130, bien au-dessus des 87 nécessaires.
Le fait que Dina Boluarte ne se soit pas présentée à l’audience parlementaire au moment de la session de destitution a renforcé le motif de légitimité de cette action. Ayant perdu son immunité présidentielle, elle est désormais exposée à des enquêtes judiciaires.
En permettant une destitution fortement votée, le Parlement a voulu montrer qu’il prenait la situation en main. Dès la destitution du 10 octobre 2025, il publie que le président du Congrès, José Jerí, doit assumer l’intérim de la présidence par succession constitutionnelle. On garde en vue l’importance de cette transition, dans l’attente des élections générales prévues en avril 2026.
Le Pérou n’a pas fini de s’enfoncer dans la crise politique; s’il est positif qu’un exécutif dictatorial soit renversé, les problèmes persistent et le peuple et les travailleurs du Pérou sont les premiers à trinquer! Solidarité avec le peuple péruvien et les camarades de Pérou Libre et du Parti communiste péruvien!
CRI