
Le 27 avril 1937 mourait à Rome après 11 ans d’emprisonnement Antonio Gramsci. Cet article pour lui rendre hommage avec trois citations et leur incroyable actualité.
Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître, et dans ce clair obscur surgissent des monstres
Cette célèbre citation, écrite dans les années 1920-1930 dans ses lettres de prison, parlait de l’apparition de monstres (Hitler, Mussolini, Franco) concomitante à la montée du fascisme dans les années 30-40. Aujourd’hui en 2025, dans l’Occident impérialiste en déclin, à nouveaux surgissent de monstrueux barbares qui s’alimentent de la confusion actuelle. Confusion sur les causes et sur les solutions à la crise, confusion et manipulation sur le passé, plongeant le présent et l’avenir dans un sentiment de barbarie, d’impuissance et d’angoisse. Tout cela produit de monstrueux barbares bien identifiés ; Netanyahou , le criminel sioniste ; Zelensky, à la tête d’un régime néo-fasciste qui envoie de force des pauvres bougres de faire trucider sur le front du Donbass ; regardez Xavier Milei, l’air parfois halluciné ; Trump, avec ses délires d’imperator, Elon Musk, son alter ego et ses gestes de provocation sans retenue; et tant d’autres, tant d’autres.




Mais les nouveaux monstres et les nouveaux barbares aujourd’hui sont parfois plus cachés.
Ils expriment la mutation du capitalisme, celle de l’époque qu’on pourrait appeler l’autonomie du capital, c’est à dire d’un développement uniquement basé sur sa propre valorisation, indépendamment de toute utilité humaine.
Ce que montre Marx sur la bourgeoisie. Pour lui, la bourgeoisie a eu un rôle révolutionnaire en développant les forces productives, mais aujourd’hui, elle devient réactionnaire, car elle veut préserver ses privilèges. Et une des formes qu’elle développe pour cela est la fuite en avant dans une sorte de barbarie auto-assumée et revendiquée. Ces deux autres phrases de Gramsci s’y rapportent totalement.
Je hais les indifférents aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents me fatiguent / L’aspect principal de ces gens-là est leur indignation obscène, toujours dans leur revendication de liberté, même si leur liberté se fait au détriment du droit de vivre des hommes et des femmes
Je dirais que ces barbares veulent pouvoir jouir sans entrave, et sans qu’on vienne les importuner avec une quelconque morale religieuse ou humaniste. Je pense que la matrice de ces nouveaux barbares se trouve dans l’idéologie libertarienne, du genre moi, moi, moi, et les petits oiseaux, consommateurs sans aucune altérité avec les autres humains, ne voulant pas s’embarrasser d’un quelconque devoir d’humanité, d’empathie pour ceux qui sont sur le bord du chemin, toute atteinte à leur droit d’égoïsme, ils le vivent comme une atteinte à leur liberté de penser comme le chante l’exilé fiscal Florent Pagny. Ou alors Hanouna, le bouffon égocentrique qui s’indigne qu’on puissent s’indigner de son comportement humiliant et néo-fascisant avec quiconque n’est pas d’accord avec lui dans ses émissions de télé. Une véritable école d’apprentissage de soumission, des nouveaux jeux romains dans l’arène. MOI, moi, moi, c’est leur leitmotiv: totalement indifférents à ce qui n’est pas leur nombril, de vrais psychopathes [La psychopathie correspond à un ensemble de traits de personnalité caractérisé par des symptômes de détachement émotionnel, un manque d’empathie, de culpabilité et de remords, une irresponsabilité, combinés à une propension à avoir des comportements impulsifs ndlr ].
Mais à ceux qui voudraient rendre les seuls consommateurs responsables du chaos actuel, je dirais: à production aliénée, consommation aliénée car tout cet égoïsme est engendré par le monstre des monstres, le capitalisme devenant exterministe comme le définit Georges Gastaud, se lavant les mains à la Ponce Pilate ou Louis XV disant « après moi le déluge ».
De plus, la barbarie n’a plus de complexe, elle s’étend en Europe avec cette crapuleuse équivalence communisme = nazisme
Enfin, une troisième phrase attribuée à Gramsci :
IL FAUT ALLIER LE PESSIMISME DE LA RAISON À L’OPTIMISME DE LA VOLONTÉ
Oui, car même si la situation actuelle semble désespérante, nous ne devons pas baisser les bras, toute situation étant par essence dialectique. Aujourd’hui existent aussi en germe les ferments de son dépassement. L’optimisme de la volonté… Il lui en a fallu de la volonté, à Gramsci, pour résister à des conditions de vie très dures, malade ( tuberculose osseuse ) et souvent sans traitement car diagnostiquée tardivement, puis, dans des conditions de détention tellement difficiles. Et pourtant il en a profité pour écrire ce qui va rester l’œuvre de sa vie, ses Carnets de prison.
GB pour www.initiative-communiste.fr