
L’affaire révélée autour des échanges entre Thomas Legrand, Patrick Cohen et deux responsables du Parti socialiste jette une lumière crue sur ce que nous dénonçons depuis des années : la connivence entre une partie de l’audiovisuel public et les forces politiques atlantistes. Ce n’est pas une anecdote, mais un symptôme d’une maladie profonde : celle d’un appareil médiatique qui se prétend « indépendant » tout en restant étroitement arrimé aux cercles du pouvoir. Cette affaire qui plus est n’intervient pas dans un moment anodin : celui d’une puissante lutte de classe menée par les travailleurs de l’audiovisuel public contre la privatisation rampante de se service public accompagnant sa reprise en main totalement aux ordres.
L’audiovisuel public en grève massive, ses syndicats de journalistes contestent une ligne éditoriale aux ordres
Alors que la macronie a nommé Léa Salamé, animatrice télé mais aussi compagne du candidat euro-atlantiste Glucksmann, à la tête du 20h, la CGT de France TV a assisté effondré à la mise à sac idéologique du journal de 20H de la 2. Les syndicalistes tirent l’alarme : Le 20h de France 2, en passe de gagner le concours du journal le plus réactionnaire. Pointant des choix éditoriaux poussant les idéologies les plus rances. Dans une propagande mettant en scène la répression populaire contre la France des travailleurs.
Alors que la direction du groupe France TV veut mettre au pas les rédactions sous le joug des intelligences artificielles avec le projet MedIAGen, la CGT a du faire intervenir le juge pour faire respecter les procédures de consultations des personnels via le CSE.
Le SNRT CGT, alors qu’une grève a été massivement reconduite à plusieurs reprises par les personnels de l’audiovisuel public à partir du 25 aout 20205, lui dénonce le démantèlement de Radio France
https://twitter.com/SNRT_CGT_AV/status/1966059799361044772
C’est que pour privatiser et liquider les médias audiovisuels du service public – un points d’ores et déjà au programme du RN des Le Pen Bardella qui ont avec Europe 1 ou Cnews micros et caméras à disposition – la macronie a décidé de regrouper dans une même entreprise toutes les antennes et chaines. France Média monde est une corbeille prête à passer à la corbeille de la bourse ! Et pour préparer le bouquet pour les milliardaires, il s’agit de briser les conquêtes sociales protégeant in fine la liberté éditoriale, la capacité à travailler dans de bonne condition à des enquêtes et reportages. En éliminant les antennes locales, les accords de groupes ou carrément des chaines (Le Mouv, RFI dans le viseur…).
Ce regroupement, outre la poursuite de l’austérité budgétaire, vise également à centraliser le contrôle éditorial sur toutes les antennes. Les licenciements, les arrêts brutaux d’émissions phares sur Inter et ailleurs n’ont d’ailleurs envoyé qu’un message des plus clairs : toute forme d’expression d’un éditorial progressiste ou du moins timidement critique est proscrit. Les éditorialistes et jusqu’aux pitres de services sont triés sur le volet idéologique et politique.
Les communistes pour la mise à l’abri des média des puissances d’argent à la libération versus la domination actuelle des médias par les milliardaires et leur pouvoir
Faut-il s’en étonner ? L’audiovisuel public est placé sous la tutelle de gouvernements qui, depuis des décennies, n’ont cessé d’en faire un instrument idéologique au service de l’OTAN, de l’Union européenne et des dogmes du capitalisme, à rebours donc de l’esprit du programme des « jours heureux » du CNR qui, après-guerre, défendait « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères ». Le pluralisme et l’information libre des travailleurs en pâtissent, tandis que la voix des luttes sociales et des alternatives politiques véritables est marginalisée, voire censurée.
En 2025, le paysage médiatique français est marqué par une forte concentration de la propriété au sein de quelques grands groupes contrôlés par des milliardaires industriels, des familles ou l’État. Selon des analyses récentes, neuf milliardaires détiennent plus de 80 % des médias d’information « qui font l’opinion » (presse écrite nationale et régionale, radio, télévision et sites web principaux), tandis que l’État gère une part significative de l’audiovisuel public. Cette concentration soulève des questions sur l’indépendance éditoriale et le pluralisme, avec des influences potentielles liées aux intérêts économiques ou politiques des propriétaires. Les médias alternatifs et indépendants (comme Mediapart) ne sont pas inclus dans ces analyses générales, car ils représentent une minorité.Les principaux propriétaires et leurs holdings sont synthétisés ci-dessous, basés sur les données actualisées de l’infographie « Médias français : qui possède quoi ? » (version avril 2025, publiée par Le Monde diplomatique et Acrimed),

Le tableau récapitulent les neuf milliardaires dominants, leurs fortunes estimées (en milliards d’euros, approximatives en 2025), et les médias qu’ils contrôlent majoritairement. Les fortunes varient selon les sources, mais elles reflètent des empires industriels (luxe, BTP, armement, énergie, télécoms, etc.).
Milliardaire | Fortune estimée (2025) | Groupe principal | Principaux médias contrôlés |
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Vincent Bolloré (industriel, logistique et finance) | ~10 milliards € | Vivendi / Bolloré Group (contrôle Lagardère à ~57-60 %) | – Presse : Le Journal du Dimanche (JDD), Paris Match, Télé 7 Jours (via Prisma Media). – Radio : Europe 1, RFM, Virgin Radio. – TV : Canal+, CNews, C8, CStar. – Web : Sites affiliés (ex. : CNews.fr, Canal+.fr). – Autres : Prisma Media (magazines comme Capital, Voici, Géo, Femme Actuelle, Gala). Bolloré détient aussi 74 % du marché des manuels scolaires via Hachette Livre. |
Bernard Arnault (LVMH, luxe) | ~200 milliards € (le plus riche de France) | LVMH / Groupe Le Monde (partiel) / Groupe Figaro (via Dassault) | – Presse : Les Echos, Le Parisien, L’Opinion (totalité en 2025), Sciences et Avenir (racheté en 2025), Challenges (partiel via Groupe Perdriel). – Radio : Radio Classique. – Web : Sites des titres (ex. : Leparisien.fr, LesEchos.fr). – Autres : Actionnaire minoritaire dans d’autres médias économiques. |
Daniel Kretinsky (énergie, mines, tchèque) | ~9 milliards € | CMI France | – Presse : Elle, Marianne, Franc-Tireur, Nice-Matin, France-Antilles, L’Informé. – Radio : (Investissements mineurs, ex. : Louie Media pour podcasts). – TV/Web : Loopsider (vidéo, 45 %). – Autres : En 2025, cessions comme Télé 7 Jours et France Dimanche à d’autres groupes ; renflouement de Libération (sans actionnariat). |
Rodolphe Saadé (logistique, CMA CGM) | ~15 milliards € | CMA CGM Médias | – Presse : La Provence, Corse-Matin, La Tribune. – Radio/TV : RMC, BFMTV (rachetés à Altice en 2023-2024). – Web : Sites affiliés (ex. : BFM.fr, LaTribune.fr). – Autres : Lancement de La Tribune Dimanche pour contrer Bolloré. |
Martin Bouygues (construction, télécoms) | ~4 milliards € | Groupe TF1 | – TV : TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films, LCI (9 chaînes au total). – Radio : (Partenariats mineurs). – Web : TF1.fr, MyTF1. – Autres : Tentative de fusion avec M6 en cours (2025). |
Xavier Niel (télécoms, Free) | ~8 milliards € | NJJ Presse / Le Monde Group (majoritaire) | – Presse : Le Monde, Télérama, Courrier International, L’Obs, La Provence (11 % résiduel). – Web : LeMonde.fr, HuffPost France (via JV), Station F (incubateur médias). – Autres : Investisseur dans startups médias ; parts dans Mediawan (production audiovisuelle). |
Patrick Drahi (télécoms, Altice, endetté) | ~4 milliards € (mais groupe endetté ~60 milliards €) | Altice Media | – TV : (Résiduel après ventes ; ex. : i24NEWS). – Presse : Libération (minoritaire), L’Express (récemment cédé ?). – Radio : (Anciennement RMC, vendue à Saadé). – Web : NextRadioTV (BFMTV vendue). – Autres : En 2025, désendettement via cessions (ex. : BFM et RMC à Saadé). |
Serge Dassault (héritiers, aéronautique) | ~10 milliards € (famille) | Groupe Dassault / Groupe Figaro | – Presse : Le Figaro, Madame Figaro, TV Magazine. – Web : LeFigaro.fr. – Autres : Rachat de Gala en 2023 de Vivendi. |
Famille Hutin (via fondation) | N/A (contrôle via association) | SIPA – Ouest France | – Presse : Ouest-France (plus grand groupe régional), Le Télégramme (partiel). – Web : Ouest-France.fr. – Autres : Indépendance protégée par une association humaniste depuis 1990. |
Les autres groupes notables sont :
Bertelsmann (allemand, via RTL Group) : Radios (RTL, Fun Radio) ; presse magazines (Prisma, mais sous Bolloré en 2025 ?).Rodolphe Saadé (déjà listé) étend son influence via rachats récents.M6 Group (RTL/Bertelsmann majoritaire) : TV (M6, W9, 6ter) ; en fusion potentielle avec TF1.Médias régionaux : Souvent familiaux ou coopératifs (ex. : La Voix du Nord via Rossel & Crédit Mutuel).
Par ailleurs, l’essentiel des ressources médiatiques étant la publicité, les GAFAM concentre l’essentiel des revenus (36 milliards d’euros en 2025à
L’État français détient environ 43 % de l’audiovisuel (contre 1 % pour la presse écrite). Ces médias sont financés par le budget public (environ 4 milliards €/an en 2025) et visent l’indépendance éditoriale via des chartes et des conseils de surveillance.
- Groupe France Télévisions : Chaînes TV (France 2, France 3, France 5, France 4, France Info) ; web (France.tv).
- Radio France : Radios (France Inter, France Culture, France Musique, FIP, Mouv’) ; web (RadioFrance.fr).
- Arte : Chaîne franco-allemande (50 % France).
- France Médias Monde : International (France 24, RFI, Monte Carlo Doualiya, TV5 Monde – 50 %).
- Autres : LCP (Assemblée nationale), Public Sénat.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : la solution n’est pas celle que martèle l’extrême-droite et une partie de la droite macronisée, à savoir la privatisation pure et simple. Mettre l’audiovisuel public entre les mains des Bolloré et autres milliardaires, c’est en finir une bonne fois pour toutes avec toute prétention à l’indépendance. Ce serait transformer la télévision et la radio publiques en relais directs de l’oligarchie financière.
La seule réponse qui vaille est tout autre : une réappropriation démocratique de l’audiovisuel public. Cela suppose de le soustraire à la tutelle du gouvernement, de confier sa gestion à une instance pluraliste réunissant les salariés, leurs syndicats, les associations et comités citoyens. C’est la seule manière de garantir un service public d’information qui serve l’intérêt général, et non celui des puissants.
On retrouve derrière cette offensive contre l’audiovisuel public la main lourde de l’Union européenne capitaliste et supranationale. Ses directives ne cessent d’imposer dérégulation, privatisations et démantèlement des services publics, qu’il s’agisse de l’énergie, du rail ou aujourd’hui de la culture et de l’information. Le rouleau compresseur bruxellois vise à livrer au marché et aux grands groupes transnationaux tout ce qui échappe encore à leur mainmise.
Face à ces collusions et à ces attaques, la tâche des travailleurs et des citoyens est claire : défendre et élargir les services publics, exiger leur démocratisation et leur mise sous contrôle populaire, et non leur liquidation. L’audiovisuel public, comme l’ensemble des services publics, appartient à ceux qui le financent et le font vivre : le peuple et les travailleurs.
A ce titre le travail décisif fait – bénévolement – par la commission propagande du PRCF, emmenée notamment par son responsable Damien et Jeff en charge de la chaine youtube du PRCF, par Remy à la manœuvre pour la présence sur les réseaux sociaux d’une part, par les médias du PRCF d’autre part sous l’impulsion des rédacteurs en chef d’Initiative Communiste et Etincelles Vincent, Gilda, ainsi que de l’équipe web de www.initiative-communiste avec Clément et Rémi, mais également des journaux d’entreprise (Conseil de Classe, Anticor, MARRE…) issus des production de la commission luttes animée par Thomas, est une preuve quotidiennement renouvelée que la liberté pour les travailleurs, passe par la production organisée par eux-mêmes de leurs propres outils médiatiques, collectivement appropriée. Autant d’espace de réflexion, d’analyse, d’information, de mobilisation, mais aussi d’organisation collective pour briser la dictature idéologique que font peser les milliardaires.
JBC, G. pour www.initiative-communiste.fr