C’était le coup de tonnerre dans le ciel de New York : la grosse pomme, la ville de Wall-street et de la classe capitaliste américaine triomphante a élu dans ses primaires un candidat démocrate s’affirmant ouvertement… socialiste. Socialiste ? un mot dont le sens politique n’est pas bien clair aux USA, mais qui demeure un mot qui a lui seul peut vous envoyer en prison, à l’image des persécutions menées par McCarthy. Et même pire. Alors un résultat inattendu et surprenant ? Pas tant que cela pour qui suit avec attention l’opinion américaine, mais aussi les puissantes luttes de classes qui s’est développent. L’une des batailles sociales et électorales centrales de ces dernières années : les salaires, en particulier à travers l’augmentation des salaires minimum, l’augmentation des grilles collectives. Avec un mot d’ordre qui a ainsi marqué en creux la dernière campagne électorale, l’argent pour les salaires, pas pour la guerre. Expliquant les choix de propagande de l’habile communiquant Trump, tout comme sa brutale chute dans l’opinion. 58% des Américains dans le dernier sondage gallup désapprouvent la politique de Trump.
Au centre de l’impérialisme, la lutte des classes fait rage, la classe ouvrière contre le talon de fer

Et à mesure que l’explosion de la pauvreté, de l’insécurité et de la misère sociale accompagne l’explosion des grandes fortunes, l’opinion dans le pays de Jack London desserre les liens de la répression et de la propagande pour considérer favorablement et même positivement le socialisme et le communisme. Il est vrai que la terreur du goulag, dans un pays qui emprisonne deux fois plus que l’Union soviétique l’a jamais fait au moment les plus critiques de son histoire, cela ne doit pas beaucoup terroriser les classes populaires, qui sont les premiers embastilleés.
Selon l’enquête Cato/YouGov , 62 % des Américains âgés de 18 à 29 ans déclarent avoir une « opinion favorable » du socialisme, tandis que 34 % partagent la même opinion du communisme.
Plus précisément, l’enquête a interrogé un échantillon national de 2 000 Américains âgés de 18 ans et plus sur la politique budgétaire américaine, notamment avec les questions suivantes : « Avez-vous une opinion favorable ou défavorable du socialisme ? » et « Avez-vous une opinion favorable ou défavorable du communisme ? »
Au total, 43 % ont déclaré avoir une opinion « favorable » du socialisme , et parmi les 18-29 ans, 62 % ont dit oui. Pour le communisme , 14 % ont déclaré avoir une opinion favorable ; cependant, dans le groupe des 18-29 ans, 34 % ont dit oui . Cela représente environ 18 millions de personnes . (Les résultats sont des estimations : on estime à 52 millions le nombre d’Américains âgés de 18 à 29 ans, donc 34 % représentent 17,68 millions ; 62 % de cette tranche d’âge représentent environ 32 millions de personnes).
À ce propos, il convient de souligner que l’enquête n’a pas défini le concept de « socialisme » et que, par conséquent, la perception qu’en ont les personnes interrogées est assez floue . Est-il lié au socialisme scientifique, c’est-à-dire au marxisme-léninisme et à la socialisation des moyens de production, ou au soi-disant « socialisme démocratique » (économie mixte, État-providence) au sein du système capitaliste ?
Le flou est d’autant plus grand que ces dernières années, aux États-Unis, le terme « socialisme » ayant été fréquemment associé aux social-démocrates, comme Bernie Sanders et AOC, la seconde option semble plus favorable. Sous la répression, et en l’absence d’une organisation de masse et autonome, il faut bien sûr regretter que les jeunes plus favorables au socialisme ne sachent pas totalement ce qu’est le socialisme,. Et même s’ils sont tout anti-capitalistes, beaucoup demeurent, par effet de bourrage de crâne, anticommunistes, antisoviétiques, anti- chinois, etc. Rappelons que les Bernie Sanders et autre AOC n’ont fait que peser pour ramener les plus contestataires vers… le Parti démocrate, cette branche du parti unique de l’impérialisme et de la guerre. L’une de leur propositions les plus radicales de ces dernières années est de créer des supermarchés pour pauvres… Aux USA, tous les récits sont contrôlés et ils veulent absolument tout ramener aux cieux de l’idéologie: narratifs, contre-narratifs, pluralisme des narratifs, car ils savent qu’ils contrôlent toutes les technologies médiatiques, de marketing et publicitaire.
Quoi qu’il en soit, les résultats de l’enquête constituent un coup dur pour les mécanismes et institutions anticommunistes, comme le Cato Institute, qui ont massivement investi dans la diffamation du socialisme-communisme et la promotion de politiques impérialistes. De plus, ils démontrent les impasses tragiques dans lesquelles une grande partie de la jeunesse a été entraînée par la barbarie du capitalisme , qui crée et aggrave le chômage, la paupérisation, l’injustice sociale et la marginalisation.
Il est à rappeler qu’en 2019, un sondage mené par YouGov pour le compte de la « Victims of Communism Memorial Foundation », financée par la CIA, avait montré que 36 % des millennials approuvaient le communisme, contre 28 % en 2018. Parallèlement, 70 % des millennials américains – jeunes hommes et femmes âgés de 23 à 38 ans – ont répondu qu’ils soutiendraient un candidat socialiste à la présidence.