La France insoumise et la sortie « inéluctable » de l’UE et de l’euro

Citoyens_peuple_souverain.jpgNombreux sont ceux qui avec les militants communistes du PRCF s’inquiètent du danger que fait peser le flou  du nébuleux plan A / plan B sur la candidature Mélenchon :  de fait l’Union Européenne et l’Euro rendent impossible l’application du programme « l’avenir en commun » de Jean Luc Mélenchon, et les électeurs savent qu’une réforme de l’UE – promise depuis plus de 30 ans – est également impossible. Alors bien sûr Mélenchon a bien dit « l’UE on la change ou on la quitte », mais la clarté est nécessaire. Et c’est bien la capacité de Mélenchon à conduire le Frexit populaire pour rétablir la souveraineté du peuple dans le cadre d’une nouvelle République qui peut convaincre les millions d’abstentionnistes, d’ouvriers et d’employés hésitants de la crédibilité du programme de Mélenchon, et de la nécessité d’utiliser ce bulletin de vote pour faire place aux peuples et améliorer rapidement la situation des travailleurs. Alors qu’à l’initiative notamment du PRCF avec un large rassemblement de personnalités pour la sortie de l’UE, se tiennent les Rencontres progressistes franchement euro-critique à Paris ce premier avril, pour que le 60e anniversaire du traité de Rome soit sa mise à la retraite, des collectifs au sein de la France Insoumise poussent également pour mettre en avant la sortie de l’UE. Et www.initiative-communiste.fr se fait évidemment le relais de ces prises de position pour faire vivre le débat. A l’image de cette tribune du blogueur bien connu Pierrick Tillet (Yetiblog) qui explique comment la France Insoumise veut sortir de l’UE et de l’Euro

De ces différentes prises de positions il convient de souligner :

  • combien les analyses, positions et propositions portées avec courage par les militants du PRCF à l’avant-garde de la gauche sont désormais au cœur du débat et sont désormais en voie de devenir majoritaires
  • les importantes évolutions depuis 2012 de la position de Mélenchon, résultant directement du travail exercé par le PRCF et ses partenaires, ainsi que par les faits qui de Chypre à la Grèce en passant par la Loi Travail ont démontré – non théoriquement mais par la la pratique du réel – que le PRCF et les communistes qui partout en Europe sont désormais à l’exception du PCF pour la sortie de l’UE ont raison.
  • mais également qu’il y a tout lieu de ne pas relâcher les efforts, au regard du flou. Et donc de renforcer et soutenir la campagne menée par le PRCF pour le Frexit populaire.

JBC pour www.initiative-communiste.fr

La France insoumise et la sortie « inéluctable » de l’UE et de l’euro – Pierrick Tillet

En réponse à une tribune de Coralie Delaume et Aurélien Bernier parue dans Marianne, le collectif Citoyens pour un peuple souverain, très lié à la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, apporte une précision importante quant à la position de la gauche face à l’UE et à ses traités. Selon le collectif, le plan de sortie « inéluctable » de l’Union européenne et de l’euro est « prêt à l’emploi ».

Le déroulé de ce plan de sortie figure d’ailleurs sur le site des universités populaires de la France insoumise et s’articule autour de trois axes :

  • le rétablissement de barrières douanières aux frontières du pays ;
  • le retour au Franc ;
  • un moratoire sur la dette.

Loin d’être un simple repli nationaliste étriqué, ce plan de recouvrement souverain est ouvert à toutes les alliances volontaires, tant à l’échelon européen qu’à l’échelon mondial, avec les pays africains, par exemple.

Un plan B opérationnel et inéluctable

Deux scénarios possibles pour une sortie « inéluctable » de l’UE et de l’euro :

  • une sortie immédiate sitôt gagnée l’élection en cas de refus de toute discussion par l’Eurogroupe ;
  • une sortie repoussée après ouverture de “discussions de la dernière chance” (plan A) avec l’Eurogroupe et référendum national pour approuver ou non le résultat éventuel de ces discussions.

Deux étapes dans le plan B  pour organiser la sortie ordonnée de l’UE et de l’euro :

  • réquisition de la Banque de France pour imprimer des Francs ;
  • pendant l’inévitable période de transition, l’ancienne monnaie européenne continuera d’être utilisée sur le territoire nationale au taux de 1 franc = 1 euro, jusqu’à ce que le jeu des changes rétablisse l’équilibre et la compétitivité de notre pays.

Deux principes directeurs pour régir la mise en place de ce plan B :

  • rétablir une protection sociale et écologique élémentaire pour les citoyens de notre pays ( « en relocalisant notre économie et en instaurant une réindustrialisation écologique ») ;
  • substituer à la logique de compétition entre capitalismes nationaux une logique de partenariat avec les pays amis.

Il existe au sein de la France insoumise, reconnaît le collectif Citoyens pour un peuple souverain, toute une frange de militants persuadés que l’Eurogroupe ne saurait refuser les conditions imposées par la “cinquième puissance mondiale” pour changer les traités européens. Mais cette conviction de parvenir à une Europe “sociale” est parfaitement illusoire et crée une impression de malaise au sein de la gauche.

Une seule chose est à retenir, conclut le collectif, le plan B de sortie de l’UE et de l’euro est désormais parfaitement opérationnel. Et inéluctable.


la tribune publiée dans Marianne

Oui, la France insoumise est prête pour la sortie de l’Union Européenne et de l’euro !

Notre stratégie : être prêts à tous les cas de figure

Dans leur article sur le site de Marianne, Aurélien Bernier et Coralie Delaume demandent à la France insoumise de rompre avec le mythe réformiste de « l’Europe sociale » et s’inquiètent d’une réorientation de notre discours sur les traités européens. Notre collectif Citoyens pour un Peuple Souverain s’étant précisément constitué afin de contribuer, au sein de la France insoumise, au Plan de sortie de l’UE, nous estimons être les mieux placés pour pouvoir répondre à leurs inquiétudes.

Le point essentiel à nos yeux est le suivant : le Plan de sortie de l’Union Européenne et de l’euro est prêt à l’emploi. Qu’importe donc s’il n’est encore pour certains camarades qu’une hypothèse de travail, puisque nous estimons que la réalité le rendra inéluctable.

Ce Plan, dont les détails sont rendus publics sur le site des universités populaires de la France insoumise, se décline en trois grands axes : le rétablissement de barrières douanières aux frontières du pays, le retour au Franc et un moratoire sur la dette. Comme tant d’autres insoumis, nous le popularisons dans des conférences citoyennes dans tout le pays. La philosophie est très simple : si les autres gouvernements refusent de nous suivre, nous mènerons à l’échelle de notre pays une politique écologique et sociale en attendant que d’autres pays veulent nous rejoindre. Et comme nous sommes internationalistes, nous tendrons la main à tous les pays du Monde – sans d’ailleurs privilégier l’échelon européen et notamment nous proposerons une alliance d’égal à égal aux pays africains francophones à qui nous rendrons leur souveraineté monétaire en abolissant le franc CFA.

Le déroulé du Plan de Sortie

Notre Plan de sortie pourra se déclencher à deux étapes : soit immédiatement après notre élection au cas où les pays de l’Eurogroupe refuseraient toute discussion, soit à l’issue d’éventuelles négociations dont les résultats seront dans tous les cas soumis à référendum, avec une sortie de l’UE en cas de vote contre. Immédiatement, nous réquisitionnerons la Banque de France pour imprimer des Francs, tout en continuant à utiliser durant la période de transition l’ancienne monnaie européenne au taux de 1 franc = 1 euro sur le territoire nationale. La dévaluation du Franc et la réévaluation de l’euromark qui s’ensuivront redonneront de la compétitivité à nos entreprises, même si il est à noter que nous ne faisons pas de cet « avantage concurrentiel » un des objectifs de notre politique car nous ne sommes pas dans une logique de compétition entre capitalismes nationaux. Notre programme prévoit en effet de transformer intégralement notre modèle économique en relocalisant notre économie et en instaurant une réindustrialisation écologique (éoliennes, photovoltaïque, économie de la mer…) grâce à un plan d’investissement massif et à l’instauration de barrières douanières ciblées.

Ainsi, les premières cibles de notre protectionnisme écologique et social seront les entreprises qui délocalisent, comme par exemple Whirlpool pour laquelle notre candidat aux législatives François Ruffin se bat. Notre objectif n’est donc pas de favoriser le capitalisme français mais l’intérêt des travailleurs qui sont sous notre juridiction (et nos alliés éventuels). L’effet multiplicateur de notre programme de relance de 100 milliards d’euros (devenus des Francs) sera alors renforcé, puisque les consommateurs achèteront en priorité des produits fabriqués en France ou dans les pays qui auront choisi de s’allier avec nous.

Certaines mesures protectionnistes sont d’ailleurs prévues dans notre programme dans tous les cas de figure, puisque par exemple à notre arrivée au pouvoir « nous augmenterons immédiatement les droits de douane pour les pays aux droits sociaux limités (travail des enfants, absence de droits syndicaux, etc). Nous prendrons des mesures de rétorsion commerciales contre les paradis fiscaux ». Il s’agit là de mesures profondément internationalistes, puisqu’elles favorisent la constitution d’États sociaux dans toutes les parties du Monde (sans d’ailleurs privilégier l’échelon européen).

Nos différences avec les projets concurrents de sortie de l’UE (comme celui du FN par exemple) portent donc en premier lieu sur les objectifs, mais pas seulement. Nous assumons également que tout projet de « Frexit par la gauche » implique une confrontation avec le capitalisme mondialisé, et ses valets français, et donc un rapport de force exigeant le soutien de la population. Cette confrontation nécessite de se libérer des marchés financiers, notamment via un contrôle des changes et des capitaux afin de se protéger des attaques spéculatives, ainsi que de nous financer auprès de la Banque de France renationalisée. Nous avons également prévu un moratoire de la dette publique, à partir d’un audit citoyen, afin de déterminer quelles en sont les parties illégitimes sur lesquelles nous pourrions faire défaut. Peu nous importe alors si jamais les marchés nous réclament des taux d’intérêts plus élevés, puisque nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de la confrontation et à rompre avec la mondialisation néolibérale et son système financier que nous jugeons illégitime. Cette position nous distingue clairement de celle de Marine Le Pen qui estime notamment que rembourser la dette serait « un devoir éthique pour un Etat de droit», et se retrouve ainsi menacée de mise en faillite de la France si jamais elle arrivait au pouvoir.

Notre Plan de sortie, dont nous n’avons donné ici qu’un bref aperçu, est ainsi pensé pour s’appliquer dans tous les cas de figure, et parer à toute éventualité.

Mais alors, d’où vient l’impression de malaise ?

Certes, certains économistes de la France insoumise cités par Aurélien Bernier et Coralie Deleaume croient réellement que notre Plan de sortie n’aura pas besoin d’être utilisé, ni d’ailleurs que les marchés nous attaqueront. Il ne s’agit pas pour eux d’un double discours tactique, mais d’une conviction profonde sur la possibilité de réformer l’Europe, qui paraît à notre collectif absolument illusoire. Mais qu’importent ces illusions, puisque de toute façon le Plan est prêt à l’emploi et que la réalité le rendra inéluctable!

Pour faire une métaphore éclairante, supposons un individu s’apprêtant à sauter dans le vide en se munissant d’un parachute. Imaginons également qu’une voix divine ait assuré à notre individu qu’au moment où il sautera dans les airs, il se mettra miraculeusement à flotter et qu’il n’aura donc pas besoin d’activer son parachute. Vous aurez beau tenter d’argumenter avec lui, sa conviction intime restera inébranlable tant qu’il n’aura pas fait sa propre expérience du saut dans les airs. La divergence relève ici de la croyance personnelle et, étant profondément laïques, nous ne nous lui demanderons pas de changer son intime conviction… Du moment qu’il adopte un comportement rationnel en prenant son parachute « au cas où » ! Cette garantie nous suffit. Et a fortiori, puisque le programme de la France insoumise prévoit un référendum sur le résultat d’éventuelles négociations qui permettra au peuple français de trancher si nécessaire. Que demander de plus ?

Pour mesurer le chemin parcouru depuis la campagne du Front de Gauche en 2012, il faut revenir au diagnostic parfaitement posé par Aurélien Bernier dans son livre La gauche radicale et ses tabous. Pendant des décennies, depuis le tournant de la rigueur de François Mitterrand au nom de la construction européenne, le mythe réformiste de « l’Europe sociale » a littéralement ensorcelé les consciences de gauche, du PS à LO, en passant par les Verts, le PCF et le NPA. Le tournant européiste de la gauche a de plus été accentué par le choix malheureux de Jean-Pierre Chevènement, héraut du souverainisme de gauche, de tendre la main aux « républicains de droite » y compris libéraux. Ainsi s’était longtemps installée à gauche l’idée que la défense de la souveraineté nationale conduirait inéluctablement à l’abandon des idéaux de gauche. Pourtant, le flambeau de la sortie de l’UE et de l’euro « par la gauche » a été brillamment repris au sein du Front de Gauche, et notamment par la plate-forme alternative Clarté et Courage Politique qui reçut en mars 2015 le soutien de plus de 45% des membres du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Quelques mois plus tard, la crise grecque devait confirmer cette analyse et la rendre de plus en plus évidente auprès des militants de la gauche radicale.

Ainsi, une nouvelle génération militante a émergé et a compris qu’au fond, peu importait si certains camarades refusaient de croire à l’inéluctabilité de la sortie, du moment qu’ils étaient prêts à préparer ce scénario et à laisser la réalité trancher. Nous avons également obtenu dans le cadre des contributions programmatiques de la France insoumise une avancée qui avait été refusée en Juillet 2015 par la direction du PG, à savoir que le résultat d’éventuelles négociations dans le cadre du Plan A soit soumis à référendum. Par conséquent le peuple français aura la possibilité de refuser les aménagements éventuellement obtenus, et ainsi d’enclencher automatiquement notre Plan de sortie. Que de chemin parcouru depuis 2012 !

Voilà pourquoi tout en rejetant tout comme Aurélien Bernier et Coralie Delaume le mythe réformiste de « l’Europe sociale », nous estimons qu’à un mois du premier tour l’urgence est de continuer à préparer tous les scénarios possibles dans le cadre de la France Insoumise, y compris avec ceux qui ne sont pas persuadés de l’inéluctabilité du scénario de sortie. Coralie et Aurélien, rejoignez-nous, vous serez accueillis à bras ouverts!

 

En vidéo : comment la France Insoumise construit son plan B

 

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